1) Etat des lieux des politiques en faveur de l’Occitan en Auvergne :

** Une mission pérennisée pour Gustave Alirol : En janvier 2011, R. Souchon confiait une mission à G. Alirol afin de conduire « l'évaluation, l'expertise et l'analyse des actions menées par la Région Auvergne et par le TRANSFO en matière de politique linguistique et culturelle en faveur de l'occitan pour aboutir à des propositions visant à améliorer le dispositif régional existant ». Depuis quelques mois, et suite à la remise du rapport de G. Alirol, contenant un certain nombre de propositions , cette mission est pérennisée et le rôle de G. Alirol, en tant qu’élu référent (sous la responsabilité exécutive de Nicole Rouaire vice-présidente à la culture) en matière d'animation de la politique régionale en faveur de la langue et de la culture occitanes, a été officialisé.


** Une politique qui se met en place sans budget spécifique : La Région a ainsi acté, lors de la session de décembre 2012, la construction d’une nouvelle politique en faveur de l’occitan, sans toutefois de budget dévolu à proprement dit. Certes, un schéma triennal (2012-2014) de développement de la langue et de la culture occitanes a été voté par les élus régionaux lors de la Commission permanente du 23 avril 2012. Cette convention, co-signée par les 11 structures occitanes ayant décidé de collaborer avec la Région, engage annuellement le CR Auvergne sur une somme de 60 000€ pour le financement des projets retenus. Mais d’autre part, plusieurs programmes régionaux contribuent aussi directement ou indirectement au financement d'actions relatives à la langue occitane : emplois tremplins, aide à l'AMTA, programme édition, actions menées par le PNR Livradois-Forez, aide à la création du spectacle vivant, …


** Une évolution lente mais des avancées notables, parmi lesquelles :
Conférence régionale de la langue et de la culture occitanes prévue fin 2013 : en cours de préparation avec le rectorat, les associations, et les collectivités locales. Elle permettra notamment de recueillir les attentes et les propositions de chacun, peut-être même des engagements.
Enseignement de l’Occitan : des discussions sont entamées entre le Conseil Régional et le Rectorat pour relancer l’enseignement de l’occitan.
• Par ailleurs, une « Calandreta » (école associative laïque bilingue) pourrait également voir le jour à Clermont-Fd en 2014. Elle nécessitera l’appui de l’Etat. Elle viendra s’ajouter aux 2 calandretas existantes à Aurillac et au Puy.

2) Actions législatives en manque d’ambition :

** Acte III de la décentralisation : Le troisième texte du projet de loi sur la décentralisation, relatif au développement des solidarités territoriales et de la démocratie locale, consacre un seul article aux langues "régionales", un article qui ne concerne de plus que les activités d’éveil extra-scolaires organisées par les collectivités territoriales dans les établissements scolaires hors du temps d’enseignement. Ces activités pourront désormais porter sur la connaissance des langues et cultures "régionales". Le texte ne prévoit rien sur la place de l’État et des collectivités dans une future politique publique en faveur des langues régionales. Il ne prévoit rien non plus en matière de coordination de l’enseignement de l’occitan au niveau de l’ensemble des régions qui ont la langue occitane en partage. Autre inquiétude suscitée par ce projet de loi : la mise en place de Métropoles contre les Régions et les conséquences induites : l’oubli des territoires et la complexification du « mille-feuille » territorial.


** Loi pour la Refondation de l’Ecole : sous la pression des acteurs et des élus régionalistes et écologistes, le texte voté vendredi 24 juin au Sénat donne enfin de la place aux langues régionales alors que le texte initial ne prévoyait rien. L’article 27 bis permet enfin la reconnaissance par la loi de l’enseignement des langues, et dans les langues, puisqu’il consacre l’existence du droit à l’enseignement bilingue français-langue régionale. L’article 27 bis dispose en effet que « Les langues et cultures régionales appartenant au patrimoine de la France, leur enseignement est favorisé prioritairement dans les régions où elles sont en usage. Cet enseignement peut être dispensé tout au long de la scolarité dans l'une des deux formes suivantes : 1) Un enseignement de la langue et de la culture régionales ; 2) Un enseignement bilingue en langue française et en langue régionale. Les familles sont informées des différentes offres d'apprentissage des langues et cultures régionales. »

3) Recul politique et renoncement de François Hollande à faire ratifier la Charte Européenne des langues régionales et minoritaires

Alors que la France défend l’exception culturelle sur la scène internationale, elle la refuse à l’intérieur de ses frontières sous prétexte que la République est une et indivisible. L’Etat « peine à admettre la réalité linguistique des territoires de la République » d’après G. Alirol. En effet, suite à un avis négatif du Conseil d’Etat, F. Hollande a renoncé à faire ratifier au Parlement français la Charte européenne des langues régionales et minoritaires, (contrairement à l’engagement n°56 de son programme présidentiel) qui aurait notamment engagé la France à « mettre à disposition les formes et les moyens adéquats d’enseignement et d’étude des langues régionales ou minoritaires à tous les stades appropriés » (article 7 de la Charte).

« Cette charte est pourtant un standard obligatoire pour tous les nouveaux adhérents de l’UE et son orientation correspond à l’esprit du traité de Lisbonne » d’après F. Alfonsi : l’unité dans la diversité, autrement dit la sauvegarde du patrimoine culturel. Pour P. Molac « ce blocage de la France vient d’un archaïsme jacobin, analogue à celui qui avait empêché la reconnaissance des syndicats jusqu’en 1884 ». G. Alirol souligne que le gouvernement "se réfugie derrière l'argument -qui n'en est pas un-, qu'on ne peut pas ratifier le texte car c'est contraire à la Constitution française. Or la révision de la Constitution est indispensable si on veut donner un véritable statut à nos langues. » Pour la réviser, les 3/5 des voix du Parlement sont nécessaires et il faudrait donc rassembler non seulement toutes les voix de la gauche, mais aussi des voix du centre et de la droite, une option que F. Hollande n’a pas voulu prendre mais qui reste ouverte au niveau parlementaire.

4) Union européenne, langues régionales et politiques de cohésion

Sans reconnaissance officielle des langues et des cultures régionales par la France, et sans une ratification de la Charte européenne des langues régionales et minoritaires, il est presque impossible de faire entendre les voix occitanes, bretonnes, corses, basques, alsaciennes etc. sur la scène européenne. Les projets menés par les acteurs et les défenseurs des langues et des cultures régionales en France peinent à obtenir des crédits européens.

François Alfonsi a fait le point sur l’évolution en cours de la politique des fonds structurels de l’Union Européenne qu’il a suivie de près. C’est son groupe Verts-ALE qui a obtenu la mise en place des « régions intermédiaires/ en transition » qui pourront continuer à bénéficier des fonds européens dans la nouvelle architecture. Et parmi elles : l’Auvergne


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François Alfonsi, Député Européen PNC/RPS, Groupe Vert/ALE François ALFONSI est député européen de la circonscription Sud-Est et maire d'Osani en Corse. Il est membre du Parti de la Nation Corse. Il est membre de la Commission Développement régional et suit de près le cadre législatif de la future politique de cohésion. Il est aussi membre suppléant de la commission culture et de la commission finances. Au niveau des groupes de dialogues, il est co-président de l’intergroupe pour les Minorités, membre fondateur du Friendship Berbère et membre du Friendship Basque. Enfin il est co-président du groupe de travail sur les langues régionales au Parlement Européen.

Paul Molac, Député UDB/RPS de la 4ème circonscription du Morbihan, Groupe Ecologiste Paul MOLAC est député de la circonscription de Ploërmel (Morbihan), apparenté Union démocratique bretonne (UDB). Il a été auparavant président de Div Yezh, association de parents pour l’enseignement du breton à l’école publique et le premier président du nouveau Conseil culturel de Bretagne, organisme consultatif à l'origine associatif et institutionnalisé cette année par le Conseil régional de Bretagne. A l’assemblée nationale, il est secrétaire de la commission des lois, co-président du groupe d’études sur les langues régionales.


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- La Montagne
- Le Progrès
- Info magazine
- Le Parisien