Bref, des élus territoriaux apportent ainsi la preuve qu’ils sont en capacité de formuler des solutions aux difficultés essentielles de l’architecture territoriale de la République et que cette modernisation institutionnelle est parfaitement concevable sans des montages à la fois incompréhensibles et non-fonctionnels dont le seul but pour le Pouvoir central, d’une réforme passée à une autre en devenir, n’est, en définitive et au delà des apparences, que de se maintenir quasiment intact.

Il faut donc espérer que le projet alsacien sera accepté par les citoyens d’Alsace le 7avril.

Pour autant, il ne deviendra définitif que par sa consécration législative, la fusion des collectivités existantes devant être décidée par la loi, après saisine du Parlement par le Gouvernement. Et là, au vu des atermoiements, reculades et autres tergiversations qui accompagnent l’actuel projet de décentralisation, le risque existe que l’essentiel soit remis en question…même si le PS alsacien s’est rallié au projet de nouvelle collectivité Le prix politique à payer dans cette éventualité serait cependant énorme.

Quoiqu’il en soit la démonstration aura été faite qu’existent des solutions réalistes, portées par les élus, pour répondre aux spécificités territoriales. Et la question est désormais posée à l’ensemble des élus des autres territoires : pourquoi n’utiliseraient-ils pas les outils institutionnels à leur disposition dans la législation en vigueur pour répondre aux exigences propres de leurs territoires et aux aspirations de leurs populations ? A quel titre (avec quelle légitimité démocratique) le pouvoir central pourrait-il s’y opposer ?

Au Conseil Régional de Bretagne, les élus du groupe UDB ont proposé une démarche identique à celle des collectivités alsaciennes (avec l’accord du Groupe EELV), intégrant de surcroît le réunification de la Bretagne.

Les Régions et territoires occitans, pour ce qui les concerne, peuvent trouver dans l’arsenal législatif existant en matière de coopération territoriale les moyens d’une coopération renforcée dans les domaines de compétences qu’ils voudraient bien retenir comme prioritaires pour leurs populations : transports interrégionaux, agriculture, soutien aux PME/TPE ou encore…la politique linguistique et culturelle (pour laquelle nos élus occitanistes portent d’ores et déjà des projets interrégionaux novateurs). Il y faut seulement une volonté politique, comme nous le montrent les élus d’Alsace.

Puisse le référendum alsacien ouvrir la voie à des initiatives, qu’en France, on ne peut plus guère espérer que de la base !

Gustave ALIROL