Si l’adoption d’un Agenda 21 en novembre 2007 a apporté une réelle transversalité aux différentes actions régionales, nous pensons que pour l’avenir, la Région doit accroître ses politiques transversales et concertées, afin de concilier équilibre de l’environnement et développement rural.

Des enjeux élevés pour l’eau

La DCE* fixe l’atteinte du bon état écologique des milieux aquatiques à l’horizon 2015. L’Auvergne (sous bassin Allier - Loire amont, Dordogne, Lot) est caractérisée par sa situation de tête de bassin. Cette situation particulière du territoire implique un niveau d’exigence élevé du fait de la sensibilité et de la vulnérabilité des milieux d’une part, et des conséquences de leur dégradation sur l’aval d’autre part. Les enjeux sont autant en termes de quantité que de qualité.

Mobiliser tous les outils, permettre une nouvelle gouvernance

Le rôle de la Région Auvergne est d’inciter à une gestion raisonnée des ressources en eau à l’échelle des bassins versants hydrographiques et/ou hydrogéologiques, territoires pertinents pour appréhender ces problèmes. Pour atteindre le bon état écologique de l’eau en 2015, elle a mobilisé tous les outils, en veillant à ce que les instances soient les lieux d’une concertation élargie :
- dix SAGE sont en cours d’émergence ou d’élaboration, avec une aide de la région aux étude et à l’animation, les CLE* faisant avancer le concept de "parlement de l’eau" à l’échelle locale,
- un contrat de rivière qui repose sur trois volets : la reconquête de la qualité de l’eau (assainissement, lutte contre les pollutions), la mise en valeur patrimoniale et touristique d’une vallée, ainsi que la sensibilisation du public,
- un contrat territorial ciblé sur la ressource en eau, proposé par l’Agence Loire-Bretagne. Il permet de mettre en œuvre des actions ciblées de façon relativement simple et efficace,
- un schéma de développement durable de la rivière Allier, rédigé par la région, avec un programme d’actions hiérarchisées en 2009, grâce en partie aux crédits prévus au Plan Loire Grandeur Nature.
La région a enfin contribué au financement de l’établissement public Loire.

L’irrigation n’a plus sa place dans nos programmes

Du fait de son relief, des évolutions des marchés et des politiques agricoles, l’Auvergne joue la carte de la valeur ajoutée. Cela répond à la demande exprimée par les Auvergnats lors des Assises régionales : poursuivre une logique de développement durable et promouvoir des modèles de développement innovants. Elle soutient fortement les productions de qualité (productions sous label et agriculture biologique), à l’exclusion de toute autre et les bonnes pratiques agricoles (mesures agri environnementales, lutte contre les pollutions diffuses issues de l’élevage). Elle a adopté une politique de gestion durable de l’eau en agriculture. Décidée lors de l’Agenda 21, cette orientation a été concrétisée en 2008 par un appel à projets exemplaires sur le thème de l’eau et un second en 2009 sur le thème de l’autonomie en eau des exploitations. Dans le même esprit, la région ne finance plus l’irrigation(1). Pour engager toutes ces politiques, la région mobilise le monde agricole. Si les aides de la PAC sont régionalisées, il faudra qu’elles prennent en compte beaucoup plus le territoire, sa réalité, ses besoins.

L’environnement dans la balance

La Région a mis en œuvre le principe d’éco conditionnalité des aides. C’est l’une de sa politique emblématique. Instituée au titre de l’Agenda 21 de la région, l’éco conditionnalité est un critère déterminant pour garantir que l’argent régional ne contrevient pas aux principes de développement durable. Appliquée progressivement à tous les programmes, elle oriente déjà la délivrance de subventions en économie, en tourisme, en matière de logement et de bâtiments, en aménagement du territoire, en agriculture…
D’autres actions régionales concourent au même objectif. D’autres viendront avec le plan Biodiversité et le plan Climat, outils d‘accompagnement de la décision politique accentuant l’engagement de la région en faveur du développement durable. Les constats sur lesquels ils sont assis soulignent par exemple l’importance des pollutions d’origine agricole. Il faut en prendre acte et considérer que, pour l’avenir, toute politique agricole doit tenir compte des équilibres environnementaux et sociaux.

Mais si on peut s’engager sur la préservation sectorielle des ressources, il faudra opter demain encore plus pour des politiques transversales et concertées.


1 - Elle finance par contre des retenues collinaires lorsque celles-ci se substituent à des retenues préexistantes dont l’impact négatif avait été reconnu




Sur le même sujet, voir les trophées de l'eau remis récemment par l’agence de l’eau Loire-Bretagne. Parmi les lauréats, quelques acteurs auvergnats de l'eau =
Concours "Economie d'eau", l'association SOS Loire Vivante (Haute-Loire), "EcEAUnomie" au Puy-en-Velay. SOS Loire Vivante a réalisé une action de sensibilisation des habitants de l’agglomération du Puy-en-Velay aux économies d’eau. Les animations menées ont informé près de 10 000 personnes sur les mesures d’économies (gestes économes, matériel économe en eau…) qu’elles pouvaient mettre en place dans leur habitat.

Concours "Gestion des cours d'eau et des milieux naturels aquatiques", le syndicat interdépartemental de gestion de l'Alagnon et de ses affluents (Cantal), l'arasement du seuil de Stalapos sur l'Alagnon à Murat. Les seuils en rivière constituent des obstacles à la libre circulation des poissons migrateurs. C’est le cas rencontré par le syndicat intercommunal de gestion de l’Alagnon et de ses affluents qui a arasé en 2008 le seuil de Stalapos.

Concours "Actions innovantes de sensibilisation et de concertation sur l'eau et les milieux aquatiques " Mention spéciale du jury : le syndicat mixte de la vallèe de la Veyre (Puy-de-Dôme), "Rivières d'hier, d'aujourd'hui et de demain", photographies et paroles d'habitants. L’information et le dialogue avec les acteurs de l’eau d’un territoire sont le plus souvent des préalables à la réussite d’actions menées pour la protection de l’eau et des milieux aquatiques. Une telle démarche, initiée en 1999, et mise en œuvre en 2005, se déroule sur la Veyre, à l’initiative du syndicat mixte de la vallée de la Veyre (SMVV) dans le cadre du contrat de rivière. L’une des actions fortes de communication est l’exposition photographique: «Rivières d’hier, d’aujourd’hui et de demain, photographies et paroles d’habitants», réalisée en 2007 et récemment complétée.