Que Valéry Giscard d'Estaing parte en croisade, lance au poing, contre « l'essor irresponsable de l'éolien » et parle d’un « gaspillage inacceptable de fonds publics » ne manque pas de sel. Est-il nécessaire de rappeler comment, avec l'aide de son « meilleur économiste de France » et Premier ministre, il a claqué quelques milliards de Francs dans les années 70 avec l'affaire des « avions renifleurs ». Il n'était nullement besoin d'être polytechnicien pour comprendre que l'opération serait aussi efficace que de rechercher le pétrole à l'aide d'un pendule et d’un chien truffier ! N’abusons pas non plus de la situation pour lui reprocher un « léger » dépassement de budget (quelques millions d’Euros d’argent public) dans la resplendissante réussite de l’opération Vulcania en Auvergne. On sent que l’homme parle d’expérience…

Mais là où tout prend de l’ampleur, c'est lorsqu'on voit l'attelage Giscard-Boiteux (sans jeu de mot de ma part) venir au secours des paysages. Nous leur devons tout de même la magnifique politique du tout-électrique, nos paysages se sont retrouvés proprement « habillés » de centaines de milliers de pylônes de toutes tailles et de cordes à linges tout azimuts. Et pour chaque centrale nucléaire une enquête publique et paysagère à due être mise en place à grands frais et en toute concertation, il n’est que d’aller au Bec d'Ambès voir la Dordogne et la Garonne se rejoindre pour voir l’état d’un des plus beaux paysages du Sud-ouest si joliment décoré par l’usine nucléaire du Blayais et une raffinerie de pétrole…

En 1974, sans consulter la population française ni même le Parlement, Pierre Messmer, Premier ministre, et Giscard décident de la construction du parc nucléaire en France. La technologie "graphite gaz" est abandonnée au profit des réacteurs à eau pressurisée ; les réacteurs sous licence américaine Westinghouse sont choisis. Aujourd'hui encore, 54 de nos 58 réacteurs sont américains. Pour la toute petite histoire, les droits de licence des réacteurs Westinghouse pour la France sont propriété du groupe Schneider, qui fait à cette occasion une gigantesque et fructueuse opération financière. Il se trouve que la Dulcinée du Don Quichotte en question est membre de la famille Schneider. Mais chut, il y a des choses à ne pas dire trop fort, cela pourrait couvrir le bruit des éoliennes.

Mieux, en bon amnésique l’Immortel oublie de dire que tous les financements de la recherche en matière d’énergie ont été dirigés sur le nucléaire et donc rien pour les autres (éolien, solaire, géothermie…). Aujourd’hui, trente années plus tard nous sommes dépendant de sociétés danoises, allemandes ou espagnoles où cette filière représente des milliers d'emplois. A qui la faute sinon à ces visionnaires, économistes de bazars, qui prédisaient la fin du pétrole dans les années trois mille et des brouettes, l’énergie gratuite et patati et patata…

Le pire, c’est que tout cela passe pour de l’expertise de haut-vol, de la vérité révélée, et que lorsque des experts pareils se mettent à vaticiner ils trouvent des auditeurs. Il y a des jours comme ça où on en viendrait à désespérer.

Allez bon vent et « Au revoir » (comme disait l’ex…).