Jean-Louis Borloo, Pinocchio de l'écologie - avril 2008
Par nicole rouaire le mardi 22 avril 2008, 09:01 - Le Pinocchio de l'écologie - Lien permanent
Il était moribond depuis déjà longtemps : cette fois, c'est
définitivement confirmé, le Grenelle est mort et enterré... En officier des
basses oeuvres, Jean-Louis Borloo, ministre de l'Ecologie, du Développement et
de l'Aménagement Durables. Les élus Verts du Conseil régional lui décernent le
titre du Pinocchio de l'écologie pour ce mois d'avril (rappel : ce titre
est décerné à ceux qui parlent d'écologie mais n'en font pas), un titre
amplement mérité après l'adoption de la loi sur les OGM.
Jean-Louis Borloo, un spécialiste en
éco-blanchiment
- La Semaine du développement durable s’achève alors que le
Grenelle de l’environnement s’est petit à petit transformé en Azincourt de
l’écologie. Pour nombre d’entreprises et pour le gouvernement, la Semaine du
développement durable est la semaine de l’écoblanchiment. Cet
événement, dont les intentions sont louables, se transforme en cache-sexe de
l’inaction gouvernementale en matière d’environnement. Tout en culpabilisant
les citoyens et en leur proposant une expiation facile de leurs péchés par des
petits gestes individuels, on oublie de leur expliquer que nombre de politiques
publiques que l’on choisit de mener sont antiécologiques. Comment permettre aux
citoyens de faire les «bons gestes» dans de telles conditions ?
Petit inventaire des ratés du Grenelle... (à partir d'un communiqué des
Verts du 8 avril 08)
- TRANSPORTS : l’écopastille permet aux constructeurs
automobiles de communiquer sur les vertus soi-disant écologiques de leurs
véhicules, de fait un peu moins polluants. Pendant ce temps, le gouvernement
annonce en catimini que les prix des billets de train vont
augmenter nettement et ponctionne une partie des bénéfices de la SNCF. Quant au
fret ferroviaire, il est compromis par la fermeture de 262 gares de
marchandises. On continue de construire des autoroutes malgré
les engagements du Grenelle. L’aéroport Notre-Dame-des-Landes
(à côté de Nantes) piloté par des collectivités territoriales et autorisé par
le ministre de l’écologie, il cristallise à lui seul toutes les contradictions
de nombre d’hommes politiques en matière d’environnement (rappel un a/r
Paris-Marseille émet 93 kg de CO2 en avion par personne contre 3,6 kg en
train). A quoi bon mettre en place localement un plan climat et réduire la
place de la voiture, si dans le même temps, l’ensemble de ces efforts est
réduit à néant par la construction d’un aéroport ?
- OGM : la loi en faveur des OGM a été votée avec la bénédiction de M.
Borloo qui a notamment soutenu un amendement du Sénat permettant de vider de sa
substance l'amendement Chassaigne voté par l'Assemblée huit jours plus tôt
(art.1)
Enfin, on notera que le gouvernement, après avoir octroyé 15 milliards d’euros
de cadeaux aux riches, réduit son budget de 7 milliards d’euros par mesure
d’économie. Quels postes seront touchés ? Entre autres, la santé et le
logement, alors même que l’isolation du bâti est un défi majeur pour résoudre
les problèmes liés au changement climatique.
Et depuis le Grenelle, l'écologie est devenu encore plus qu'avant un
simple argument marketing... Deux exemples récents :
- ENTREPRISE PUBLIQUE : le logo d'EDF évoque une
éolienne. Or la production éolienne en France est anecdotique, freinée qu'elle
est par la résistance politico-administrative organisée par EDF. L’entreprise
préfère développer à tous crins le nucléaire, quels qu’en soient les
coûts : démantèlement, problème des déchets dont on ne sait que faire,
dépendance à l’uranium de la France et surtout risques mortels que l’on fait
encourir à la population (plusieurs catastrophes évitées de justesse depuis
quinze ans). Pendant ce temps, en Allemagne, le secteur des énergies
renouvelables a créé 250 000 emplois. Il dépassera bientôt l’industrie des
machines-outils et de l’automobile en termes de chiffre d’affaires.
- SECTEUR PRIVE : le secteur automobile. La publicité du
4x4 Outlander Mistubishi précise : «Conçu et développé au pays du
protocole de Kyoto». Le comble lorsque l’on sait qu’un 4x4 pollue en
moyenne 1,5 fois plus qu’un véhicule standard. Malheureusement, c’est bel et
bien l’ensemble du secteur automobile qui pratique aujourd’hui
l’écoblanchiment, et les constructeurs français ne sont pas en reste.