Soutien à Kokopelli
Par nicole rouaire le mercredi 6 février 2008, 08:00 - Voeux, discours, communiqués - Lien permanent
L'association Kokopelli vient d'être condamnée à verser 12.000 € au grainetier
Baumaux et 23.000 € à l'État et la Fédération nationale des professionnels des
semences potagères et florales (FNPSP). Ce jugement bafoue la liberté de
ressemer sa récolte et la biodiversité cultivée.
Les élus Verts d'Auvergne avaient fait adopter par l'assemblée
régionale un voeu de soutien à Kokopelli en janvier 2007. Ils invitent
chacun(e) à signer la pétition en ligne destinée à mobiliser les autorités
responsables (voir le détail de la cyberaction)
Communiqué de Kokopelli
Les verdicts sont tombés, l’Association Kokopelli est lourdement condamnée
:
- 12.000 € pour le grainetier Baumaux
- 23.000 € pour l’état et la fédération des industriels de la semence
(FNPSPF).
Il faut être réaliste: les semences que défend l’association Kokopelli, étant
maintenues dans l’illégalité par une volonté politique, nous ne pouvions pas
gagner ces procès. Malgré les directives européennes, les avis de l’ONU, du
Sénat, de scientifiques, d’agronomes affirmant l’urgence de sauvegarder la
biodiversité végétale alimentaire, l’état français refuse de libérer l’accès
aux semences anciennes pour tout un chacun. C’est ce qui permet aujourd’hui aux
magistrats d’infliger ces lourdes peines à l’association Kokopelli.
COMMENT AGIR ? Une cyber @ction est signable en ligne http://www.cyberacteurs.org/actions/action.php?id=194
Détails sur cette affaire, par Kokopelli
Procès de la SAS Baumaux pour concurrence déloyale, M. Baumaux verra donc son
bénéfice de 800.000 € augmenté de 10.000 € et recevra 2.000 € pour ses frais.
L’état français recevra 17.500 € au motif que KOKOPELLI vend des semences
illégales, 5.000 € seront consacrés aux frais et à l’information du bon peuple
sur les pratiques dangereuses de l’association KOKOPELLI. Les semences qui ont
nourri nos grands-parents et qui servent à nous nourrir aujourd’hui par le jeu
des croisements, sont donc devenues illégales et dangereuses. Nous avons eu
droit au grenelle de l’environnement : il faut sauver la
biodiversité ! alors pourquoi condamner une association qui sauvegarde
avec ses adhérents et ses sympathisants, plus de 2500 variétés en risque de
disparition ? Pourquoi condamner ces semences dont la FAO reconnaît
qu’elles sont une des solutions pour assurer la souveraineté alimentaire, face
aux dérèglements climatiques et à l’augmentation de la population
mondiale ? Pourquoi les mêmes variétés, selon qu’elles sont vendues par
KOKOPELLI ou d’autres opérateurs entraînent condamnation ou mansuétude ?
Pourquoi les grandes surfaces vendent des fruits et légumes issus des variétés
interdites à KOKOPELLI, en toute impunité (en tout cas à notre
connaissance).
Les condamnations infligées à KOKOPELLI ne sont donc pas à chercher dans la
nature des semences que protège l’association, mais dans ses actions.
L’association propose aux jardiniers, aux paysans, d’être autonomes et
responsables, face au vivant. Dans notre société du tout marchandise, c’est
intolérable. Le plus grand grief (sous jacent) fait aux semences anciennes ou
de pays, est d’être reproductibles et qui plus est adaptables à de très
nombreuses conditions de cultures, sans le soutien de l’agro chimie. Voilà la
faute de KOKOPELLI : conserver le levain des savoirs populaires,
agronomiques et génétiques. A l’heure où l’on veut nous faire croire que le
tout hybride, OGM, chimique, énergie fossile, sont les seules possibilités
d’assurer notre alimentation, propager l’autonomie semencière par l’exemple est
devenu répréhensible. Ce qu’il faut retenir de ces condamnations, c’est la
volonté affichée d ‘éradiquer les alternatives techniques et semencières
autonomes.
Depuis 15 ans, KOKOPELLI protège la diversité de nos jardins, de nos champs, de
nos assiettes, tout en essayant de faire évoluer le cadre juridique vers une
reconnaissance de la valeur agronomique et culturelle des variétés
reproductibles : L’ETAT FRANÇAIS NOUS A FAIT ECHOUER. Aujourd’hui, la
disparition potentielle de KOKOPELLI ouvre un boulevard à l’uniformisation
culturelle et productiviste agricole. La disparition de la « vraie »
biodiversité basée sur la variabilité génétique d’une multitude de variétés
locales ne sera jamais, et de très loin, compensée par la multiplicité de
quelques variétés clonées. Il est intéressant de noter la similitude des
actions et de la répression envers les faucheurs volontaires, les amis de
l’ortie, les défenseurs de l’herboristerie et KOKOPELLI : chacun cherche à
sa façon, à protéger et promouvoir la vie et la continuité des savoirs. Pour
notre gouvernement, tout cela est devenu répréhensible ! Face à ses
contradictions, entre ses déclarations enflammées du Grenelle de
l’Environnement et les condamnations qu’il obtient contre les défenseurs de la
biodiversité, gageons que l’état français mettra un point d’honneur à prendre
en réelle considération le devenir des générations futures.
L’association KOKOPELLI a toujours proposé la résistance fertile non violente
et le dialogue, peut-être étions-nous trop en avance ? Mais maintenant,
sauver la biodiversité est d’une extrême urgence. Si l’agriculture
productiviste que protége le gouvernement se trompe, vous trompe, nous trompe,
quelle stratégie de repli aurons-nous ? Si nos élus ont contribué à
éradiquer notre patrimoine semencier alimentaire ? La solution est dans
votre camp, mesdames et messieurs nos gouvernants. Une fois, vous avez pu
revendiquer « responsables, mais pas coupables ». Devant la faim du
peuple, cet argument ne tient pas. N’obscurcissez pas l’avenir, il l’est déjà
suffisamment. Mais peut-être faut-il lancer un appel : aux semences,
citoyens !
Raoul Jacquin
Ce communiqué est consultable sur notre site http://www.kokopelli.asso.fr/index.html Association Kokopelli