Repenser l’énergie

Windscale/Sellafield en 1957 et en 2005 en Angleterre. Harrisburg en 1979 en Pennsylvanie. Tchernobyl en 1986 en Ukraine. Fukushima hier. En 2011. Des « zones d’exclusion nucléaire » de trente kilomètres en Ukraine. De vingt kilomètres au Japon. Non, le nucléaire n’est pas sans danger. Pourtant, des alternatives existent, à la condition de s’en donner les moyens et, aussi, à la condition de courage politique.

Il ne s’agit pas de vouloir « sortir du nucléaire » en claquant des doigts.

La question de l’énergie se situe au carrefour de plusieurs problématiques et influence le choix de la société que nous voulons construire. Elle pose aussi la question du rôle et de la place de l’État. La révolution industrielle est née de la maîtrise de la vapeur. La deuxième de l’usage du pétrole, la troisième du nucléaire. Et nous voyons au quotidien les mutations fondamentales que ceci a entraîné. Production à grande échelle, apparition de matériaux nouveaux, rétrécissement des distances… La maîtrise de la production de l’énergie est à la base de l’entrée dans la modernité.

On ne pourra passer à la « phase quatre » sans une réelle politique de recherche.

Il faut envisager une politique de la recherche orientée vers les énergies du futur. Regardons le développement du nucléaire : la mise en place en 1957 de l’Euratom a donné au secteur nucléaire européen un coup d’accélérateur extraordinaire. Pourquoi ne pas conclure un même traité, au sein de l’Union européenne pour les énergies du futur ? La réponse aux problématiques de l’énergie du futur doit être collective : associer l’Union Européenne, les États et les entreprises privées.

Encourager la création d’un lobby industriel des énergies nouvelles est une clef pour développer ces énergies. Car le secteur industriel doit comprendre que développer ces énergies peut être rentable, y compris à court terme. Il ne faut donc pas s’inscrire contre l’industrie, mais penser avec elle les conditions d’un changement.

La recherche de solution doit donc être collective. Il n’est pas normal que l’Union européenne soit à la traîne, alors que la Chine est devenue le constructeur leader de cellules photovoltaïques… L’Europe doit être le fer de lance de la quatrième révolution industrielle.

 

La question de l’énergie est à la fois une question politique, citoyenne, économique et industrielle. Elle mérite d’être pensée globalement. Et c’est à nous, collectivement, de faire le choix. Rester dans l’incertitude, ou avancer vers l’efficacité et la sécurité.