Mes réponses à Dijonscope

Économie/Entreprise. D’après un sondage, 73% des dirigeants de PME ne font pas confiance à François Hollande pour relancer l’économie. Vous connaissez la situation sur la première circonscription : fermeture des laboratoires Abbott, difficulté du pôle Dyn’aéro. Quelles peuvent-être les réponses législatives pour soutenir les entreprises et encourager l’emploi ?

Ce sondage traduit l’inquiétude profonde non seulement des dirigeants de PME, mais plus généralement de l’ensemble de la population concernant la situation économique de notre pays dans un contexte de crise financière, sociale et écologique. L’analyse des écologistes c’est que les réponses à apporter à cette triple crise nécessitent de repenser nos modes de production et de consommation ; de redistribuer grâce à une fiscalité plus juste socialement, et de diminuer notre empreinte écologique sur les ressources naturelles et la préservation de la biodiversité. Dans ce cadre je propose la mise en place d’une véritable politique industrielle, novatrice, économe en énergie, porteuse d’emplois nombreux et non délocalisables, qui mise à la fois sur :

  • les nouvelles filières que sont les énergies renouvelables – notamment  solaire thermique, éolien, éolien offshore -
  • l’isolation des bâtiments permettant d’économiser une part importante de notre facture énergétique, le développement de transports non polluants, celui des nouveaux matériaux et de la chimie verte, l’économie numérique…

Les PME y joueront un rôle moteur, en effet, nous souhaitons un système de soutien à l’innovation qui n’aille plus prioritairement aux grands groupes mais qui soit au contraire orienté vers les PME innovantes – réforme du Crédit Impôt Recherche avec plafonnement, formation permanente-, nous mènerons la réforme de la fiscalité des entreprises pour y rétablir l’équité et nous favoriserons l’accès des PME à la commande publique.

Enfin nous portons également des propositions visant à faciliter l’accès des PME à des financements non discriminatoires en obligeant les banques commerciales privées ou publiques à séparer leurs activités de prêts de leurs activités spéculatives.

En ce qui concerne ABBOT, je condamne la pratique consistant à fermer ce site de Dijon alors que les résultats du groupe sont florissants. Il faut en finir avec cette logique qui fait des salariés servent de variable d’ajustement pour augmenter toujours plus les seuls profits des actionnaires !

 

Société/Sécurité. A Dijon, selon certains élus, ils existeraient des zones de non-droit, des quasis « ghettos » où règneraient l’insécurité comme la fontaine d’ouche (Lire ici notre article). Pensez-vous que la loi doit encourager la prévention ou accorder plus de moyens – aussi bien humains que financiers – à la police ?

Je ne pense pas qu’il faille aborder le débat sur la Fontaine d’Ouche sous cet angle et ce n’est certainement pas en stigmatisant ce quartier que l’on travaille à résoudre ses problèmes. On peut être lucide sur la situation de la Fontaine-d’Ouche sans pour autant la qualifier de « ghetto ». Les problèmes rencontrés par ce quartier sont similaires ceux à de nombreux quartiers construits à la même époque et les réponses à apporter sont davantage sociales : créer du lien social, accompagner les habitants et désenclaver le quartier. D’autant plus que la Fontaine d’Ouche possède de vrais richesses sur lesquelles il faut s’appuyer : des équipements sportifs et culturels nombreux et des espaces verts et naturels à proximité immédiate…

Je suis favorable à une politique équilibrée reposant sur la prévention : grâce au développement des actions de médiation sociale, et mettant fin à cette politique absurde du chiffre – J’ai conscience du malaise au sein de la police qui est aussi une conséquence de la RGPP – par la mise en place d’une police de proximité avec davantage de moyens humains et matériels et s’appuyant sur une meilleure connaissance du terrain, reposant aussi sur la répression notamment de toutes les formes de délinquance,sans oublier donc le renforcement de la brigade financière, la création d’une police environnementale…, et une politique accordant plus de moyens à la réinsertion.

Administration/Finances. En meeting en Côte-d’Or, François Hollande a annoncé vouloir engager une « grande réforme fiscale », avec notamment la création d’un fonds de péréquation entre les communes. Êtes-vous prêt à encourager ce dispositif législatif de solidarité entre les territoires ou considérez-vous qu’il s’agit d’une mise en concurrence ?

 Que ce soit à l’échelle européenne ou de la nation française, nous sommes favorables à la solidarité entre territoires ce qui nécessite, en effet, la mise en œuvre de fonds de péréquation entre les communes « plus riches » et celles qui le sont moins. Cela nécessite d’établir des règles claires, transparentes et intégrant les critères du développement durable dans les territoires (équipements publics, sobriété énergétique, transports collectifs). Cependant, si une réforme profonde de la fiscalité locale est indispensable elle n’a de sens que dans le cadre d’une réforme plus vaste de l’ensemble de la fiscalité pesant sur les ménages. Ainsi, pour ne prendre qu’un exemple, nous sommes partisans d’utiliser la fiscalité pour faire baisser les prix de l’immobilier dans les centres urbains car les prix trop élevés en raison de la spéculation foncière poussent certains ménages loin des villes ce qui est préjudiciable au développement durable des territoires. C’est pourquoi nous proposons, par exemple, de renforcer la taxation des plus-values, d’intégrer la taxe d’habitation dans le calcul de l’impôt sur le revenu (ce qui la rendra progressive par rapport au revenu sur des bases claires) et en instaurant une contribution de solidarité urbaine sur les revenus locatifs perçus par les propriétaires.

 

Transport/Environnement. La futur Liaison Nord-Ouest du Grand Dijon (Lino) aura une influence directe sur la vie de la circonscription. D’une manière générale, l’État a-t-il encore les moyens de financer de tels projets ou faut-il faire des choix législatifs forts en matière d’infrastructures de transport ?

 Je souhaite l’arrêt d’une politique d’infrastructures portant sur des projets extrêmement coûteux financièrement et écologiquement, et dont l’intérêt économique n’est même pas prouvé. Le moratoire portant sur l’arrêt du projet de l’aéroport de Notre Dame des Landes va dans le bon sens. Nous devons repenser toute la politique des infrastructures des transports au travers du prisme du développement durable et privilégier désormais le report du transport du fret sur le ferroviaire, le fluvial et le maritime et travailler conjointement à l’aménagement du territoire pour ne plus éparpiller l’habitat , rapprocher les lieux de travail /domicile/approvisionnement et loisirs et privilégier des modes de transports alternatifs à la voiture individuelle.

La LINO est l’exemple de ce qu’il ne faut pas faire, 40 années a promouvoir, de la part de l’État et du conseil général, une voirie autoroutière sans prendre en considération la nécessité de limiter la circulation des poids lourds, défavorisant ainsi le fret ferroviaire et fluvial. La LINO serait aujourd’hui en deux fois deux voies sans le combat des écologistes qui ont souhaité que sa construction se fasse en deux fois une voie avec le minimum d’impacts environnementaux et avec un minimum de nuisances pour les riverains. Ces politiques de grandes infrastructures devraient être des politiques du passé. Elles sont hors de proportion en matière financière au moment où le budget de l’état est dans les plus grandes difficultés. Le moratoire portant sur l’arrêt du projet de l’aéroport de Notre Dame des Landes va dans le bon sens. Si un choix législatif devait être opéré il devrait porter sur le ferroviaire.

 Politique. Quelle loi allez-vous porter durant votre mandat si vous êtes élu(e) à l’Assemblée nationale ?

 Le coût de l’énergie et de l’eau ne cessent d’augmenter et de peser financièrement sur les ménages. Afin de lutter à la fois contre la précarité énergétique et le gaspillage de ces ressources si précieuses, je souhaite faire voter prioritairement une loi qui vise à mettre en place une tarification progressive sur les services de base que sont l’énergie et l’eau. Il ne s’agit pas seulement de permettre la préservation du pouvoir d’achat des ménages ou de préserver des ressources, mais également de lutter contre la précarité énergétique qui frappe de plus en plus de nos concitoyens.

Il s’agit de ne plus faire subventionner par les plus démunis la consommation d’énergie ou d’eau des consommateurs les plus fortunés; il n’est pas normal de payer le même prix pour le mètre cube d’eau nécessaire à la vie quotidienne que pour celui de remplir une piscine.

Cette loi conciliera ainsi justice sociale et sobriété. Cela tendra à favoriser une société du vivre mieux ensemble, et tournera le dos au laisser-faire individualiste qui encourage la cupidité de quelques-uns au détriment du bien-être de tous.