2. Doter l’Europe d’une stratégie offensive et défensive dans la mondialisation

L’automne 2011 a consacré l’affaiblissement de l’Europe parmi les puissances du globe. Au sommet de Bruxelles, en pleine tourmente des dettes souveraines, elle s’est tournée vers la Chine pour abonder son Fonds de stabilité financière (FESF). Au G20 à Cannes, incapable de parler d’une même voix, c’est en présence du Président des Etats-Unis d’Amérique qu’elle s’est réunie. Nous sommes profondément pro-européens. C’est pourquoi, avec tous les progressistes du continent, nous disons que rien n’est possible sans l’Europe, mais que rien ne sera possible avec l’Europe telle qu’elle va. La prochaine législature contribuera à un nouveau souffle européen.

 

Face aux agressions des spéculateurs, les Européens doivent agir ensemble. Le FESF se déploie trop lentement, son plafond évolue de façon chaotique et les montants qui lui sont affectés semblent insuffisants pour dissuader durablement la spéculation – l’exemple grec l’a prouvé. Nous voulons repenser le rôle et les missions de la Banque centrale européenne (BCE) afin de l’autoriser à racheter des emprunts d’Etats et donc de monétiser les dettes, mais aussi à émettre des euroobligations pour financer les investissements du futur (réseaux et infrastructures de transports, d’énergie, de santé…). Ainsi, assainissement des comptes publics, relance économique et transition écologique seront conciliés.

 

L’Union européenne doit renouer avec sa promesse fondatrice : investir dans l’avenir et protéger les peuples. Face aux marchés financiers, loin de la passivité des dirigeants conservateurs, nous agirons pour relancer et réorienter l’Europe. En plaidant pour des politiques communes ambitieuses : conversion écologique génératrice d’emplois verts, Communauté européenne des énergies, politique industrielle partagée, Politique agricole rénovée. En engageant l’indispensable harmonisation fiscale, avec une assiette commune et un taux minimum d’impôt sur les sociétés, et la nécessaire convergence sociale par le haut, avec l’instauration d’un salaire minimum tenant compte de la réalité économique et sociale nationale. En dotant l’Union d’un euro stable et justement évalué : la monnaie unique doit favoriser l’industrie européenne et sa mutation écologique, non l’affaiblir face aux Etats-Unis, à la Chine, l’Inde ou la Corée du Sud. C’est le sens d’une politique de change menée par la BCE sous l’impulsion d’un Eurogroupe renforcé, prélude à un véritable gouvernement économique de l’Europe. En défendant les valeurs et les intérêts des Européens dans les instances multilatérales : nous y affirmerons avec force l’exigence d’un nouveau panier des monnaies favorable au développement et décourageant la spéculation d’une part, d’autre part le principe de réciprocité commerciale dans les échanges afin que les entreprises et les pays qui souhaitent vendre leurs productions en Europe respectent les normes sanitaires, sociales et environnementales en vigueur dans l’Union. De même, nous ferons du renforcement des liens avec l’Afrique une priorité : les deux rives de la Méditerranée ont vocation à relever ensemble les défis de la sécurité alimentaire, du changement climatique, de l’accès à l’eau, de la transition énergétique, des migrations, de la défense des libertés et des droits. Tournons la page du funeste discours de Dakar prononcé par le Président sortant !

 

L’Europe doit se donner les moyens d’agir avec réactivité et efficacité. Nous plaidons pour l’augmentation du budget communautaire avec la création de nouvelles ressources propres : outre la taxe sur les transactions financières et l’émission d’eurobonds pour des euro-projets, la France proposera à ses partenaires l’instauration d’une taxe carbone aux frontières de l’Europe. Quant aux institutions, elles ne sont pas adaptées à la course de vitesse engagée entre la sphère politique et les marchés. Le sursaut pour les peuples européens passe par un renforcement du fédéralisme pour les Etats européens, c’est-à-dire une intégration budgétaire et une coopération économique accrues au sein d’un groupe pionnier d’Etats euro-volontaires. Cette évolution ne se fera pas contre la démocratie, mais par elle : les parlements nationaux devront être régulièrement consultés et les prérogatives du Parlement européen renforcées face à la Commission. Plus que jamais, l’Europe a besoin de la fraternité et de la solidarité franco-allemandes. En janvier 2013, nous célébrerons le 50ème anniversaire du Traité de l’Elysée qui cimenta l’unité entre nos deux nations. Aujourd’hui, à elles deux, elles forment le troisième PIB mondial : mettons cette puissance au service d’un nouveau modèle pour sortir de la crise. 2012 en France, 2013 en Allemagne : seules les réponses de la gauche et des écologistes permettront un nouveau départ pour l’Europe.