La généralisation des téléphones portables et des communications sans-fil ouvre la voie à de nouveaux usages et de nouveaux échanges, mais pose aussi de nouvelles questions sur le plan sanitaire. Le principe de précaution devrait en toute logique être appliqué. Mais lorsque des millions d’euros sont en jeu, les industriels renâclent, jouent sur les incertitudes scientifiques, et de nombreux décideurs politiques hésitent à s’engager. En tant qu’écologistes, nous ne nous trompons pas de hiérarchie : la santé doit toujours être le premier facteur de décision.
Laurent Audouin et Laurence Graffin, candidats écologistes dans la 2ème circonscription de Paris, soutiennent le Collectif de la Rue Lobineau depuis le début de leur combat et les ont accompagné sur le terrain. Par ailleurs, les deux sénateurs écologistes de Paris, Jean Desessard et Leila Aichi, se sont saisis de la question et ont alerté les pouvoirs publics, ce qui a contribué à l’obtention d’un arrêt temporaire des travaux pendant la renégociation de la Charte entre la ville de Paris et les opérateurs. C’est à l’initiative de Leila Aichi, sénatrice EELV, que se tiendra, le lundi 4 juin entre 18h et 20h, un colloque pour interdire les antennes relais dans un rayon de 100m autour des crèches. Le collectif, des scientifiques, des politiques et vos deux candidats écologistes seront présents pour vous expliquer la proposition de projet de loi reposant sur le principe de précaution.
Les ondes électromagnétiques, un nouveau type de pollution
Il est désormais bien établi que les ondes-électromagnétiques sont susceptibles d’affecter certaines fonctions biologiques de l’organisme ; les seuils d’effet mesurables sont en revanche l’objet de débats scientifiques. Miroslav Radman, généticien et professeur de biologie à la faculté de médecine René Descartes expliquait ainsi sur France Inter en juin 2011: “Depuis les ondes des portables et des antennes, il y a une fracture des protéines au niveau cellulaire. (…) Une fois oxydées, les protéines font subir à l’ADN une mutation. Cette mutation peut donner un cancer.”. Un collectif de scientifiques nommé « l’appel du 23 mars », réunissant de Pr Dominique Belpomme, cancérologue à l’Hôpital Européen Georges Pompidou, le Pr Franz Adlkoffer (Allemagne), le Pr Lennart Hardell (Suède), le Pr Pierre Le Ruz (France), et le professeur Henri Pujol, président de la Ligue nationale contre le cancer, a déclaré qu’une exposition longue et importante aux ondes électromagnétiques pourrait être à l’origine, chez les enfants notamment, de « problèmes de santé majeurs dans les année à venir ».
La logique voudrait que les seuils d’exposition soient abaissés à des niveaux très faibles afin de minimiser les risques. Ainsi, dans certains comtés d’Autriche, le seuil a été limité à 0,6V par mètre ; au Luxembourg, ce même seuil a été abaissé à 3V par mètre. Mais la France applique toujours les recommandations de l’Union Européenne et de l’OMS, soit 41V/m ou 58V/m en fonction de la bande de fréquence des antennes. De nombreuses associations, comme Robin des Toits, et des collectifs militent pour que le seuil soit abaissé en France, l’objectif étant une valeur de 0,6 V/m pour lesquelles se dessine un consensus d’inocuité.
La rue Lobineau, un cas d’école
En décembre 2011, l’entreprise de téléphonie mobile Bouygues décide d’installer des antennes relais sur le toit du 5 rue Lobineau, dans le 6ème arrondissement. La copropriété de l’immeuble, constituée en grande majorité de personnes n’habitant pas sur place, a voté oui au projet, qui assure une rémunération de 13 000 euros par an. Mais un collectif de riverains s’est rapidement constitué pour bloquer ce projet, s’inquiétant de ses conséquence sanitaire, notamment pour les enfants : l’immeuble est en effet voisin d’une crèche municipale et d’une halte-garderie. Nous nous sommes rapidement portés à leur rencontre pour les aider dans leur lutte.
Les habitants se sont dès lors relayés pour bloquer l’installation du matériel et diffuser l’information autour d’eux. Face à cette résistance courtoise mais ferme, Bouygues n’a eu d’autre choix que de suspendre l’installation de l’antenne. Victoire du collectif ? Oui, mais pour combien de temps… La mobilisation ne peut pas être éternelle : la loi doit se porter à la rescousse.
Agir pour réduire les pollutions électro-magnétiques
En tant que candidats écologistes dans la 2ème circonscription de Paris, nous proposons, en accord avec les demandes du collectif de la rue Lobineau, d’abaisser le seuil d’exposition aux ondes électromagnétiques à 0,6V/m. Plus largement, nous souhaitons que l’électro-hypersensibilité (intolérance aux champs électromagnétiques) soit reconnue comme une pathologie à part entière afin que les malades soient pris en charge.
Le législateur doit également agir pour réduire les incertitudes scientifiques : nous proposons la création d’un Institut National de recherche de santé environnementale et d’un Institut de veille environnementale, qui assurerait l’indépendance des médecins du travail, de manière à anticiper sur les risques liés à la dangerosité de certains produits, et de tous les scientifiques qui travaillent sur ces questions. Les « lanceurs d’alerte », ces professionnels qui détectent et dénoncent des problèmes de santé publique, de lobbyings, ou de fausse expertise, doivent être protégés par la création d’un statut ad-hoc.
Cette affaire de la rue Lobineau vient allonger la liste des scandales provoqués par des entreprises trop peu soucieuses de la santé et de l’environnement : le sang contaminé, l’amiante, les pressions habituelles des industries de la « mal-bouffe », du tabac, de l’alcool et du médicament, et plus récemment, l’affaire du médiator. Tous ces scandales démontrent que la logique purement commerciale est à bout de souffle. Il est temps d’aller au-delà de la dénonciation, et de construire ensemble des solutions aux dysfonctionnements actuels qui ne permettent pas une expertise indépendante, souvent faussée par de trop puissants lobbies. Les écologistes proposent de sortir de la confusion entre l’expertise technique et les intérêts industriels dans les cabinets ministériels, dans les agences d’Etat ou les commissions d’experts. Enfin, nous proposons une décentralisation et la création d’une véritable « démocratie sanitaire », afin de donner un réel pouvoir de gestion et d’expertise à des organisations d’usagers