Sortir de la crise du logement dans les grandes agglomérations et tout particulièrement à Paris est une priorité partagée de la nouvelle majorité. Afin que les loyers cessent d’augmenter démesurément, Cécile Duflot, ministre du logement et de l’égalité des territoires, vient d’annoncer la publication prochaine d’un décret prévoyant le gel du montant des loyers au seul indice IRL en cas de renouvellement de bail ou de changement de locataire. Cette mesure sera applicable dans les zones à forte tension sur les prix, donc tout particulièrement sur Paris. François Hollande avait fini par se convertir à cette idée au cours de la campagne présidentielle après qu’Eva Joly et les écologistes l’ait portée seuls durant plusieurs mois.
Aujourd’hui 61% des Suisses, 53% des Allemands, 50% des Néerlandais sont locataires et trouvent facilement à se loger sur un marché strictement contrôlé et à des prix très raisonnables. A l’inverse, en France, dans un marché jusque là totalement « libre », il était devenu quasiment impossible de se loger pour les jeunes, pour les retraités et pour beaucoup de ménages, qui doivent fuir Paris et les grandes agglomérations, alors même que les locataires sont largement minoritaires dans la population. Cette simple comparaison met en évidence la démagogie des arguments de ceux qui, comme le candidat François Fillon, prétendent que réguler les loyers entraînerait une réduction de l’offre de logements locatifs.
Il faut dire que depuis des années, les gouvernements de droite ont démontré leur absence de volonté d’assurer un des droits fondamentaux inscrits à l’Article 25 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme : assurer un logement décent à chaque citoyen. L’outil législatif mis en oeuvre aujourd’hui existe depuis la loi de 1989 : ils avaient donc toute latitude de s’en servir. Au lieu de cela, ils ont multiplié les législations de circonstance, suscitant à chaque fois des espérances trompeuses, mais ils ont été incapables de les faire respecter pour mettre fin à la spéculation immobilière et à la spirale inflationniste des loyers.
Cette mesure s’inscrit dans une démarche globale qui comportera deux autres points majeurs : la cession de foncier public à titre gratuit pour construire des logements et l’instauration d’un mécanisme de caution solidaire par les pouvoirs publics pour faciliter l’accès des jeunes au logement. Des réformes de plus grande ampleur viseront l’effort de construction, la rénovation thermique d’un million de logements par an, et une nouvelle étape de la loi SRU afin de porter le taux des logements sociaux de 20 à 25%