L’UFC Que Choisir vient de publier une enquête révélant que près de deux millions de personnes en France consomment de l’eau polluée. Et si les grandes villes distribuent toujours une eau potable, c’est au prix de solutions techniques coûteuses (1 milliard d’euros par an!) ou d’abandon pur et simple de certains captages. Une situation inacceptable, surtout pour nous, écologistes, qui gardons dans notre coeur le verre d’eau de René Dumont !
Dans plus des deux tiers des cas, cette pollution est celle des nitrates et des pesticides utilisés par l’agriculture intensive. Cette pollution perdure dans les sols, met en danger la santé des agriculteurs, et se retrouve jusque dans nos assiettes.
C’est le modèle agricole productiviste qu’il faut changer de toute urgence ! Il en va de l’intérêt de tous les Français, agriculteurs compris. L’Union Européenne ne cesse de rappeler à l’ordre le gouvernement français mais rien n’y fait. Alors que les problèmes sont parfaitement connus, l’usage des pesticides n’a pas diminué en 10 ans ! La santé de nos concitoyens serait-elle donc si peu de chose ?
L’absence de politique environnementale et sanitaire à la hauteur des enjeux est d’autant plus acceptable qu’à toutes les échelles, des solutions existent pour permettre d’alimenter tous les habitants de la planète de manière durable et respectueuse de la biosphere.
En plein Paris, l’action en la matière est inévitablement modeste, mais elle n’en est pas moins réelle : grâce à l’action élus écologistes à la mairie, Yves Contassot puis Fabienne Giboudeaux depuis 2008, il n’y a plus de produits phytosanitaires dans les parcs et jardins ; le bio progresse dans les cantines, sous l’impulsion de Jacques Boutault qui a ouvert la voie dans le 2e ardt. Mais nous pouvons agir en tant que consommateurs, en faisant le choix du bio, de produits de l’agriculture raisonnés, en étant attentifs à la saisonnalité et à la proximité.
Mais le gros du combat se joue à l’assemblée nationale et au niveau européen. Il faut réorienter en profondeur les politiques publiques pour protéger l’eau et les sols, biens communs par excellence, des prévarications et pollutions. Mettre en oeuvre un moratoire sur les OGM, soutenir (financièrement et par la formation professionnelle) les conversions au bio, arrêter les pesticides en une génération, développer et labelliser les circuits courts ou les Amap, développer le bio dans la restauration collective, en commençant par 100% de bio dans les crèches et les maternelles, faciliter l’accès des plus démunis aux produits frais, distribuer les surplus agricoles aux associations caritatives, éduquer à l’alimentation et au goût, remunicipaliser partout les services de l’eau : les mesures écologistes sont prêtes ! Ce qui fait défaut c’est la volonté de les mettre en œuvre, la volonté de résister aux lobbys. Et c’est justement pour cela que le vote écologiste est utile : cette volonté d’avancer malgré les résistances et la pression des interêts privés, c’est une des caractéristiques des écologistes, une des valeurs qui fondent notre campagne, au même titre que celle d’Eva Joly.