Loup y es-tu ?

Les attaques du loup, qui s’était particulièrement acharné l’année dernière contre une exploitation en particulier, avaient déchainé les passions. Un an après, rien ou presque n’a changé. Les brebis seront bientôt à nouveau dehors, à portée de crocs et les attaques de l’année passée semblent ne pas avoir provoqué beaucoup de changements. Ceci dit, voilà dix ans que le retour du loup est annoncé et que rien n’avait déjà bougé.

Il faut aujourd’hui accepter l’idée que l’installation permanente du loup dans le massif est inéluctable. Il est sans doute là, en ce moment. Il ne fait pas parler de lui parce qu’il y a du gibier sauvage et que les moutons ne sont pas encore sortis. Vouloir l’empêcher de revenir, faire du massif du Jura une bulle étanche est un leurre. Certains préfèrent refuser d’anticiper, refuser d’accepter cette évidence, pour mieux aller à l’affrontement. Ce n’est pas ma philosophie.

C’est sans doute une déformation professionnelle des écologistes, mais nous cherchons toujours la solution à long terme : comment permettre la cohabitation de l’élevage, notamment ovin, et des grands prédateurs ? Je ne suis pas un « pro-loup », je suis un écologiste qui considère que les Humains vivent mieux quand ils sont en cohérence avec leur environnement naturel et humain. Je ne défends pas le loup parce que c’est le loup, je défends un modèle de société.

Depuis l’année dernière, des adhérents et des coopérateurs d’Europe Écologie les Verts de Franche-Comté travaillent sur cette question précise, vont à la rencontre des éleveurs, des naturalistes … pour justement anticiper et proposer des solutions politiques acceptables par tous. J’en avais déjà parlé sur mon blog personnel ici.
Nous étions cette semaine à la rencontre de la Confédération Paysanne du Doubs, pour une discussion particulièrement riche. Aujourd’hui, je participais avec d’autres membres de l’AMAP (association pour le maintien d’une agriculture paysanne) de Pontarlier à un chantier pour aider Maurice Tissot, éleveur ovin en bio, à refaire entièrement la clôture de l’un de ses 4 parcs à brebis. Un travail d’équipe très convivial et efficace.

L’élevage ovin du Jura n’a rien à voir avec celui des Alpes ou des Pyrénées, les mesures de protection ne peuvent être copiées. Il va falloir un temps d’adaptation. Ces mesures de protection sont loin d’être scandaleusement onéreuses. C’est un investissement qui peut tout à fait être fait mais qui pas dans l’urgence. La clôture montée aujourd’hui et que Maurice Tissot électrifiera, devrait tenir, selon lui, une ou deux générations. Nous sommes loin de l’obsolescence programmée.

Amélioration des surveillances des troupeaux, des clôtures, protection des brebis par des colliers d’alerte, aide-bergers, chien patou capables de passer d’un parc à un autre … Les éventualités et les expérimentations à mener ne manquent pas. Je pense également qu’il faut pouvoir accélérer la mise en place du protocole autorisant les tirs d’effarouchement (pas de « prélèvement » !). Il faut avoir le courage de mener ces expérimentations et ne pas tomber dans le piège de l’immobilisme. Il faut refuser le discours de ceux qui veulent intimider les éleveurs acceptant les mesures de protections en les accuser d’accepter le retour du loup.

 

Aujourd’hui, nous avons une crainte : l’été 2012 commence quasiment comme avait commencé l’été 2011, sans réelle protection mise en place à part de l’initiative propre des éleveurs et sans soutien de l’État, comme si on faisait tout pour que l’été se passe mal avec de nouvelles attaques répétées, et ceci afin de profiter de l’émotion légitime pour mieux tenter de justifier l’extermination du loup. Les premières victimes de ce mauvais scénario seraient les éleveurs ovins.