Et maintenant, voter Hollande

Voyons le bon côté des choses : il devrait ne plus nous rester que 15 jours à subir le sarkozysme.

Car l’enseignement principal du scrutin d’hier, c’est bien le résultat du parti de la haine, du repli et de la peur. Ce résultat plus qu’inquiétant ne s’explique pas que par la campagne présidentielle, mais par un terreau fertile depuis trop longtemps. Déjà lorsqu’il était ministre mais encore plus durant son mandat de président de la République, Nicolas Sarkozy a attisé les haines, a pointé les étrangers comme boucs émissaires, a renforcé les communautarismes… Rien que pour cette raison, il est indispensable de ne surtout pas le reconduire à la tête de l’État.

L’élection présidentielle, par sa forme, ne permet pas d’aborder le fond. Elle se concentre sur les petites phrases, sur des débats franco-français comme si le reste du monde n’existait pas, sur les polémiques stériles et sur le nombre d’autocollants collés par les uns ou les autres. Durant cette campagne, Éva Joly a été attaquée comme rarement une candidate l’aura été. Pour ne prendre qu’un exemple local, l’Est Républicain a publié la photo de la seule affiche que les militants écologistes du Haut-Doubs avaient collée en dehors des panneaux autorisés pour critiquer notre manque de respect de l’environnement. La pollution permanente et incroyable d’autres candidats n’a – visiblement – pas choqué, même lorsque c’était sur des panneaux de signalisation routière.

Suite à une primaire ouverte, les écologistes ont choisi Éva Joly pour les représenter, une femme exceptionnelle qui a vaincu une partie de la Françafrique, qui a activement participé au redressement de l’Islande avec le peuple et contre les banques, qui a monté un réseau international de juges anti-corruption, qui a su, mieux que personne, démontrer le lien entre corruption, pillage des pays du tiers-monde et destruction de l’environnement. Mais Éva Joly n’est ni sénatrice, ni députée depuis 30 ans, elle ne sort pas du sérail politicien. Si vous ajoutez à cela le vote utile, la xénophobie latente de la société française, qui malheureusement ne se limite pas aux électeurs de l’extrême-droite, et l’incapacité chronique des écologistes à parler d’une seule voix pour soutenir leur candidate, vous trouverez les raisons principales de notre faible résultat.

Ce faible résultat pourtant, ne représente pas pour autant un rejet de nos idées. Éva Joly a su poursuivre une campagne digne, sur le fond, malgré les quolibets et les sarcasmes. En refusant la démagogie, les simplismes, nous avons pris notre part du combat contre l’extrême-droite.

 

A mes yeux, le vote FN n’est plus un vote de protestation mais bien un vote d’adhésion. Depuis plus de 30 ans, ce sont toujours les mêmes recettes productivistes qui nous sont proposées pour sortir de la crise. Depuis 30 ans, la relance de la consommation, l’aveuglement volontaire face à la raréfaction des ressources, l’individualisation, n’ont pas rendu les Français plus heureux ni mieux portants. Bien au contraire. Face à l’absence de perspective, beaucoup se réfugient dans le vote FN.

Pourtant, le vrai changement, c’est l’écologie. Le vrai changement, c’est de renouveler totalement notre rapport à la production, aux relations sociales, c’est de considérer que la culture, la protection du vivant, les relations humaines, sont prioritaires. Vous aurez la possibilité de l’exprimer dès les prochaines législatives. Il s’agit d’une urgence sociale et environnementale absolue.

Mais en attendant, dans 15 jours, il faut déjà voter Hollande.