Et maintenant, le troisième tour

Enfin. Le soir que nous attendions depuis 5 ans maintenant est enfin arrivé, nous voilà libérés du sarkozysme. Certains ont cru à ses promesses. Le résultat sans appel de ce soir montre l’ampleur de la désillusion.

Nous nous réjouissons du retour de la gauche à l’Élysée. La tâche qui attend François Hollande est immense. Cependant, ce résultat montre plus le rejet de Nicolas Sarkozy que l’adhésion franche au projet de François Hollande. Que ce soit pour les électeurs d’Éva Joly, ceux de Jean-Luc Mélenchon ou de François Bayrou qui se sont reportés sur le candidat socialiste, il s’agit clairement d’un vote par défaut, même si c’est un vote motivé et confiant : la situation ne pourra être que meilleure.

 

Nicolas Sarkozy a cassé le pays, l’a divisé, il a monté les catégories socio-professionnelles les unes contre les autres, il a livré les richesses collectives aux financiers, à ses proches. La tâche qui attend désormais la gauche est immense. Les écologistes vont y prendre leur part et tout le monde sait que notre poids est bien supérieur à nos résultats lors des scrutins présidentiels.

 

Gauche traditionnelle et droite ont alterné au pouvoir depuis des années. Le bilan économique de la gauche est indéniablement meilleur, car la coopération, la solidarité, sont bien plus efficaces que la compétition. Pour autant, ni la gauche ni la droite n’ont été en mesure de répondre aux attentes fondamentales. Pour la première fois, les générations qui viennent savent qu’elles vivront dans de moins bonnes conditions sanitaires et économiques que celles de leurs parents. Nous leur laissons la planète dans un état lamentable et pour la première fois, la question de la survie de l’espèce humaine est posée. Malgré l’augmentation permanente des richesses matérielles, nous sommes toujours plus déprimés, toujours plus pessimistes.

 

Les politiques productivistes réduisent les êtres humains à des systèmes digestifs. Notre place dans la société est réduite à ce que nous sommes capables de consommer. L’écologie propose de remplacer le « pouvoir d’achat » par le « pouvoir de vivre ». Nous ne voulons pas vivre plus mais vivre mieux. L’écologie place le savoir, la culture, les relations sociales, l’harmonie avec notre environnement naturel et humain au cÅ“ur des préoccupations. Ce choix de société est le seul à pouvoir assurer la sauvegarde de l’humanité.

 

Il s’agit d’une urgence sociale et environnementale que nous devons porter, à l’Assemblée Nationale comme dans la rue. La gauche traditionnelle est bien plus à même de l’entendre que la droite, mais pour qu’elle l’entende il faut massivement voter pour les candidats écologistes lors des prochaines législatives, et il faut, dès à présent, préparer le troisième tour social pour ne pas laisser retomber la pression et imposer des choix importants à François Hollande, que ce soit la transition énergétique, la sixième République, ou encore sur la construction européenne, l’agriculture, les transports publics, la répartition des richesses à l’échelle mondiale… Si nous ne voulons pas d’un retour violent du nationalisme et de la destruction sociale dans 5 ans, nous ne devons pas laisser la gauche se compromettre avec le libéralisme.

 

Ce soir, réjouissons-nous de la défaite de Nicolas Sarkozy mais n’oublions pas de préparer le troisième tour.