Interpellation des Chapelands sur l’école : ma réponse

Monsieur Pierre Bourgeois, maire de Chapelle-des-Bois et Madame Anne-Chantal Teste Pauwels, présidente des « Amis de l’école » ont adressé un courrier aux candidats aux élections législatives dans le Haut-Doubs pour connaître leur position.

Vous trouverez ci-dessous leurs questions et ma réponse :

 

Monsieur,

o Considérez-vous l’éducation comme une vraie priorité pour l’avenir de la France ?

o Considérez-vous que la gestion de l’éducation ne puisse être réalisée que de façon globale ou admettez-vous que cette « gestion » puisse être différenciée selon les territoires (qu’ils soient sociaux ou géographiques ou encore les deux à la fois) ?

o La mise en œuvre sur le terrain des circulaires ministérielles étant soumise au bon vouloir de l’administration locale, seriez-vous prêt à transformer la circulaire NORMENE 1135387C « Sur les écoles situées en zone de montagne » en une loi qui seule peut être opposable à l’administration ?

o Dans le cas très précis de notre école, pourra-t-on compter sur votre soutien sans faille, afin de faire reconnaitre le bien fondé de notre combat ?

 

 

 

 

Monsieur le Maire,
Madame la présidente des « Amis de l’école »

Vous avez interpellé les candidats aux prochaines élections législatives sur le cas de l’école de Chapelle-des-Bois, et plus généralement sur leur conception du rôle de l’éducation. Je vous remercie de cette démarche et je vous renouvelle également ma sincère admiration pour la mobilisation exemplaire dont vous témoignez.
Vous m’excuserez si je déborde parfois du cadre des questions que vous avez adressées aux candidats : en effet, l’enjeu que vous soulevez est d’une importance capitale aux yeux des écologistes.

Tout d’abord, vous savez que les membres d’Europe Écologie Les Verts n’ont pas attendu les élections pour défendre la scolarité en milieu de montagne et les postes d’enseignants en général. Certains d’entre nous ont participé à la marche que vous aviez organisée le 6 mars 2011, d’autres sont impliqués dans les collectifs de Frasne, de Labergement-Sainte-Marie ou d’autres écoles du Haut-Doubs… Certains faisaient partie des délégations qui ont rencontré Mme. Bisot à Besançon ou M. Larue, lors des occupations d’école. Je me suis moi-même déplacé pour aller rencontrer ces différents collectifs pour entendre les revendications. J’étais également présent lors des différentes manifestations dont celle d’avril 2011 à Besançon, au cours de laquelle les forces de l’ordre avaient fait usage de gaz lacrymogène contre les parents d’élèves et leurs enfants.

Si Europe Écologie Les Verts a toujours été massivement mobilisé, c’est bien parce que nous pensons que l’éducation et, au sens large, la culture, sont les biens les plus précieux. Nous voulons encourager tous les acteurs – parents, enseignants, éducateurs, responsables associatifs, spécialistes de l’enfance, hommes et femmes de culture et de médias – à travailler ensemble, à tous les niveaux, en se mettant à l’écoute de l’exigence fondatrice de toute véritable démocratie : comment former des citoyens capables de construire du bien commun ?
Pour cela, nous voulons que l’État définisse clairement un système qui garantisse, pour tous, le droit à l’éducation et à la formation… mais que, partout, les équipes pédagogiques puissent mener à bien leurs propres projets, que les territoires puissent définir leurs dispositifs de formation.
Il s’agit de substituer à un modèle individualiste inefficace, basé sur la compétition, une vision coopérative de l’éducation, fondée sur le partage de la culture et des expériences. Une vision où des professionnels reconnus puissent se mobiliser avec des citoyens solidaires pour préparer un avenir vivable.

Je cite le projet 2012 défendu par tous les candidats EELV de France :

« Le modèle de développement que défendent les écologistes s’appuie sur l’intelligence et la créativité humaines. L’éducation doit donc être au centre de la vie sociale et concerne autant l’école que la famille et les relations entre les générations, le tissu social et associatif, les médias et les écrans, qui entourent jeunes et adultes et conditionnent représentations et comportements. Nous souhaitons donc une véritable mobilisation de l’ensemble de la société pour promouvoir, tout au long de la vie, la coopération à la place de la compétition, la confiance et la sécurité plutôt que la sélection et l’exclusion. Les écologistes défendent le retour de l’éducation au rang des priorités nationales, mais pas pour revenir au statu quo. Leur projet s’appuie sur trois principes, qu’il faut faire vivre dans l’éducation de demain : l’autonomie, la solidarité et la responsabilité. »

Tel est le cadre global dans lequel nous inscrivons l’ambition éducative.

Par ailleurs, les écologistes sont fondamentalement fédéralistes et régionalistes. Ils savent l’importance de la diversité des situations locales et font confiance aux échelons régionaux. C’est donc tout logiquement que nous défendons bien entendu le principe d’une adaptation des fonctionnements selon les milieux. L’Éducation, comme nombre d’autres secteurs fondamentaux, ne peut pas se traiter de la même façon en zone urbaine, en zone rurale ou en zone de montagne. La loi montagne de 1985 reconnaît une spécificité montagne, un droit à la différence et la nécessité d’adapter des dispositions générales aux particularités de nos territoires. Je m’engage bien entendu à défendre ce droit à la différence et donc, très logiquement, à demander à ce que la circulaire sur l’école en montagne puisse être transformée en texte de loi avec une publication la plus rapide possible du décret d’application. L’application de cette circulaire a été très aléatoire, vous êtes malheureusement bien placés pour le savoir.

Les cinq ans du gouvernement Sarkozy ont été un véritable cauchemar pour l’Éducation : plus de 80.000 postes supprimés, les enseignants pointés du doigt, la mise en place de la marchandisation de l’Éducation. Lors des mobilisations de défense, un point m’a particulièrement frappé : la majorité des parents d’élèves avaient parfois le sentiment de mener un combat injuste avec l’idée que défendre le poste de son école, c’était entrer en compétition avec une autre école rurale. La droite a su jouer de la division pour imposer sa destruction du système éducatif. En effet, il ne s’agit pas de sauver un poste ici, un autre là : il s’agit de sauver et réformer l’Éducation Nationale dans son ensemble. Vous pourrez bien entendu compter sur mon soutien le plus total, mais plus généralement, vous pourrez compter sur mon soutien global à la défense de toutes les écoles. Si Chapelle-des-Bois retrouve ses deux classes mais que dans le même temps, d’autres écoles ferment, je ne pourrais pas m’estimer satisfait. Je ne doute pas que cela soit également votre position.

 

Veuillez agréer, Monsieur le Maire, Madame la Présidente, l’expression de ma plus sincère considération.
François Mandil

 

=> Pour en savoir plus sur le projet Éducation de Europe Écologie les Vert :  Une éducation apaisée pour une société émancipatrice