La couverture médiatique locale des prochaines législatives semble assez mal partie. Cela ressemble à la méthode « Coué » : on vous dit, « ceux là sont sortants, ils sont UMP, ils seront réélus, leurs circonscriptions sont inébranlables… » et on vous assure que c’est mathématique, par projection des résultats des Présidentielles.
Pourtant, avec une telle méthode, impossible d’expliquer les résultats des écologistes en Haute Savoie depuis la dernière présidentielle : autour de 20% aux Européennes, aux Régionales, et bien plus aux Cantonales… Mais personne ne s’en soucie. Chez les observateurs locaux, c’est “business as usual” ! On mise sur les chevaux connus, les vieux routiers de la politique, ceux qui portent la cravate et qui sont en place. Surtout pas de neuf, pas de surprise. Et pas de femme, si possible !
La politique : c’est mathématique, ou automatique ?
Ça marche comment la démocratie ? Mathématiquement ? Ainsi donc, à un mois et quelques jours du premier tour des Législatives (10 juin), le jeu serait déjà plié ? C’est toujours pareil, c’est automatique, en fait. Et en proclamant les choses, en les assurant pliées d’avance, on fausse encore plus le jeu. Surtout dans les pages du seul et unique grand quotidien qui couvrira la campagne.
Un exemple : ce matin j’ouvre mon quotidien haut savoyard et, dans les pages intérieures, je tombe sur un sujet qui me concerne : un panorama des candidats en lice pour la prochaine campagne des élections Législatives sur les deux circonscriptions du grand bassin annecien, en Haute-Savoie. Et là, une première phrase sans ambiguïté : « les deux circonscriptions semblent inébranlables »… Et en photo, pour enfoncer le clou : quatre candidats hommes, les deux sortants et leurs adversaires PS.
Un choc ! on est au XXIe siècle, et les certitudes médiatiques du XXe sont toujours là : seuls des hommes blancs de plus de cinquante ans, notables et sortants, symboles des deux partis habituellement en place seraient en capacité – aujourd’hui et demain – de répondre aux urgences de leurs territoires et de la France ?
Petite surface et grande surface
La « surface médiatique », l’espace pris par une personnalité, n’est pas neutre. C’est comme un produit bien ou mal mis en rayon de supermarché. Le produit mis tout en haut ou tout en bas de l’étagère sera à peine vu, donc peu, ou pas acheté. Certains bénéficient d’une plus grande surface que d’autres, donc. Et, bien sûr, Bernard Accoyer, député sortant, et qui vient de descendre de son perchoir, a une réelle avance de surface médiatique ; à la fois par le cumul des années de présence et celui des mandats en cours. Mais cela ne gêne personne, tous ces mandats, toutes ces responsabilités qu’il ne peut pas assumer ?
Certes, François Astorg – pas tout à fait dans le moule – et moi – femme ! – ne sommes pas dans la cible habituelle. Quelques lignes pour nous, contre de grandes photos et un article qui nous place à peine en position d’outsider, avec un brin de condescendance et d’ironie amusée…
Mais pourtant, François a fait un score important aux dernières Cantonales (48%)… Et, pour rappel, j’ai été élue aux Régionales et je suis en charge à la Région des politiques Montagne et Tourisme. Je connais et je pratique le terrain au quotidien. J’ai une vision et une détermination pour ces territoires. J’y apporte autant qu’un député en financements ciblés, en expertise… Et côté scores, l’écologie n’a pas à envier le PS, dans le coin : les chiffres réalisés en Haute-Savoie – et par moi aux élections régionales (20,89 %) ne peuvent par être balayés d’un revers de main ou d’un trait de plume. C’est le meilleur score écologiste en France ! L’écologie fait jeu égal avec le Parti socialiste depuis trois élections, dans ce bassin de vie.
Et, puisque personne ne semble l’avoir noté, je rappelle que je suis aujourd’hui la seule opposante de poids confirmée par son parti, face au député sortant ; puisque le PS n’a pas investi de candidat et peine à choisir une femme (parité oblige !) pour se présenter. CQFD : les Socialistes bien en peine… Est-ce un handicap, que d’être femme, en politique ? Apparemment, en Haute Savoie, oui !
Sans cravate, on respire mieux
Ce département a besoin d’en finir avec les vieilles recettes, avec les poncifs et les certitudes du passé. Nous sommes déjà dans le monde de demain et certains ne s’en sont pas aperçus. Les femmes compteront dans cette élection parce que quand elles s’engagent, elles le font pour des convictions, pas pour profiter des ors de la République !
Messieurs les journalistes et autres commentateurs, réveillez vous ! Nous sommes au XXIe siècle. La démocratie ne peut pas être reléguée au rayon du supermarché ! Ou alors ce sera volontaire : d’abord annoncer que pour cette élection, les jeux semblent pliés et que les sortants sont les futurs gagnants, pour ensuite, s’auto féliciter d’autant de clairvoyance…
C’est aussi contre ce genre de prédiction par la force de l’habitude que je veux agir et me présenter. Créer la surprise ! Et montrer que d’autres façons de voir le monde et de faire de la politique sont possibles. Je le sais. Je le fais à la Région.
Aujourd’hui, c’est donc en tant que femme et porteuse d’idées nouvelles en politique que je suis la mieux placée pour renverser un système politique bloqué, vieillissant et poussiéreux. Je ne porte pas la cravate. Mais cela me donne plus d’air, plus d’allant, pour ouvrir de nouvelles voies. Voilà pourquoi je porte haut mon slogan de campagne : Une femme, pour ouvrir la voie. Sans cravate, on a plus de liberté et de volonté.