50 millions gaspillés pour un 2e centre de Congrès ?

L’affaire est connue, et elle ne plait pas beaucoup aux Annéciens. Bernard Accoyer – et, avec lui, les principaux élus de la C2A (Communauté d’agglomération d’Annecy) – rêve de se construire un Palais des Congrès, tout beau, tout neuf ! Sur sa commune à lui, au bord de lac. Tout cela pour avoir “son” palais, au mépris des efforts financiers demandés à tous les contribuables et de l’environnement.

Le projet coûterait 50 Millions d’euros (sans compter les dérapages et les coûts additionnels classiques). Pas moins. A une époque où on ne parle que de se serrer la ceinture ; à une époque où on ne renouvelle plus les postes d’enseignants parce qu’ils coutent trop cher, où l’on fait peser sur les contribuables moyens tout le poids de la dette.
50 millions d’euros pour marquer son empreinte, sur les bords du lac, à moins de 100 mètres de l’Impérial, son casino et son centre de Congrès, que l’on pourrait agrandir un peu, si besoin !
50 millions d’euros donc pour un second centre de congrès, à peine plus grand que le premier, et voisin de celui-ci. Christian Portzamparc, l’architecte, s’est même déjà déclaré intéressé… Pourtant le modèle économique du projet n’est pas posé, loin de là. Etudié en détail, il ne s’avère d’ailleurs pas rentable.
Au XXIe siècle, à deux pas de Genève qui en est bien pourvu, placer deux centres de congrès pour à, c’est peut être un peu – comment dire – superfétatoire.

Décidément, cette classe politique UMP n’a rien appris de ses erreurs. Après l’échec catastrophique des JO à Annecy (Annecy 2018) et les 30 millions dépensés, voilà une nouvelle idée folle, tout droit sortie d’un cerveau du siècle passé. Un projet qui viendrait encombrer les rives d’un lac que trois générations de maires n’ont eu de cesse de rendre au public. Le Pâquier, la presqu’île d’Albigny. Et les propriétés qu’il faudrait exproprier pour la gloire d’un seul homme, pour lui permettre de laisser sa trace.

C’est pourtant bien là toute la force et l’attrait d’Annecy, ce charme que recherchent aujourd’hui toutes les stations balnéaires et lacustres : offrir la plus grande continuité possible libre de toute entrave et de toute circulation automobile.
A l’heure où, sur une Côte d’Azur pourtant largement bétonnée, s’ouvre – entre
Villefranche et Nice, une exceptionnelle promenade ouverte aux piétons vélos, rollers, poussettes, fauteuils…). Le maire d’Annecy-le-Vieux veut faire l’inverse.

Alors, argument imparable, on nous assure vouloir enterrer une partie du bâti.
Et ses abords ? Qui les fréquentera ? Il y a moins de dix ans, l’ancien directeur de l’Impérial justement, venait régulièrement demander aux édiles de lui accorder la permission de privatiser une partie du parc pour y construire une piscine à l’usage des clients du palace 5 étoiles. Aucun maire n’a jamais cédé.
Mais dans l’accord qui lie aujourd’hui Jean-Luc Rigaut à Bernard Accoyer : « Je te permets de rénover Bonlieu en échange de la construction du nouveau palais des congrès », qui garantira l’intérêt de tous les Annéciens ?

C’est une aventure beaucoup trop hasardeuse.
Donner carte blanche à B. Accoyer, voter pour lui demain, c’est ouvrir la porte au grignotage des rives du lac, à des fins exclusivement privées.

Daniel DEBIOLLES

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Histoire d’une grande rive, ouverte à tous

Dans les années 1950 jusqu’en 1960 : une petite plage rikiki aux Marquisats, le long de la route et le Centre Colbert (voile) occupe l’emplacement actuel du centre d’aviron. Il est alors tout à la fois interdit d’entrer et de traverser ! En quelques années, les maires vont tout supprimer pour créer une plage aujourd’hui très fréquentée.
Au niveau du port actuel, un équipement des Dauphins annéciens (piscine dans le lac…) bloque également le bord du lac, il est démoli pour laisser place à une nouvelle piscine très en retrait du lac.
Installée en bord de route, l’ancienne MJC, va céder la place à une nouvelle construction en retrait du lac et de la route, sur la colline. De même, l’ancienne laiterie Menu, la Chocolaterie, l’ancienne Chambre d’Agriculture vont disparaitre. Seule fausse note, la construction du nouveau commissariat que chacun s’accorde désormais à vouloir faire sauter.
De la même manière, toutes les villas situées le long de l’avenue du Trésum et du
clos Balleydier (une demi-douzaine de maisons) seront détruites, sans aucune reconstruction (parking et clos Balleydier libres de toute construction).
Et encore :
- démolition du Casino Théâtre et construction de Bonlieu très en retrait du lac
- démolition de la villa Schmitt à l’entrée du parc de l’Impérial
- démolition de la station service côté Annecy le Vieux
- disparition des campings d’Annecy le Vieux
- récupération de la petite plage privée au Petit Port…

Et on en finirait avec cette belle dynamique d’ouverture du lac aux Annéciens ? Quel gâchis !