La 4G arrive et il faut aussi compter avec le développement de Free Mobile. L’opérateur dispose aujourd’hui d’un millier d’antennes actives et doit en installer 2500 d’ici la fin de l’année. Mais les riverains sont extrêmement réticents.
Avant le combat des Robins des Toits, les choses se passaient dans une certaine indifférence mais aujourd’hui, de l’aveu même de l’opérateur, le rejet est quasiment systématique.
Dans les zones denses comme Paris où il y a beaucoup d’habitants et donc d’utilisateurs de téléphones portables, le nouvel opérateur ne peut pas compter que sur les antennes d’Orange, il doit installer son propre parc d’antennes. Or les places sont chères sur les toits et les riverains soutenus par leurs élus locaux, souvent, ne veulent pas de nouvelles implantations.
Et pourtant à Paris il y a une charte qui régit les implantations d’antennes-relais. Un opérateur doit aviser la mairie centrale de ces projets de déploiement, la mairie d’arrondissement doit donner son avis et il doit organiser une concertation avec les habitants. Free a donc organisé une réunion publique le 20 mars dernier et face au tollé des habitants son antenne ne serait pas en service.
- Mais aujourd’hui un opérateur peut installer une antenne-relais comme ça, sans en informer personne ?
Non, on occupe pas l’espace public comme ça : les propriétaires des toits sont informés, ils touchent même un loyer. Plusieurs agences nationales (celle des fréquences, de régulation des télécommunications) sont tenues au courant. Enfin en mairie, selon où l’endroit où se trouve l’antenne, les opérateurs demandent un permis de construire ou une autorisation de travaux.
Mais au nom de la santé publique et du principe de précaution, plusieurs villes comme Tourcoing, Montreuil où même des arrondissements parisiens avaient pris des moratoires interdisant toutes nouvelles implantations.
Les opérateurs avaient poursuivi en justice et ils ont parfois perdu au nom du respect du principe de précaution. Mais en octobre dernier une décision du conseil d’état va tout changer : le pouvoir de police du ministre de l’industrie prévaut sur celui du maire en matière d’antennes-relais. Aujourd’hui les moratoires des élus locaux sont donc caduques, reconnaît Célia Blauel, conseillère municipale verte du 14e arrondissement : « Aujourd’hui un élu ne peut plus interdire une antenne-relais au nom de la santé publique. Il ne peut le faire que si des règles d’urbanisme ou de voirie le permettent. Elles ne permettent pas de jouer sur le principe de précaution. »
Une décision à double tranchant pour les opérateurs : à la fois elle devrait faciliter leur implantation d’antennes mais elle leur met aussi à dos des élus et des habitants avec qui ils ont plutôt intérêt à dialoguer.
- Mais les inquiétudes sur la santé sont elles fondées ?
Alors là c’est la foire d’empoigne. Si vous écoutez le docteur en cancerologie Dominique Belpomme, il y a un vrai danger et il y a aujourd’hui un suivi des personnes électrosensibles dans les hopitaux, c’est à dire des personnes victimes de maux de tête de nausées ou d’autres troubles physiques et qui cherchent à comprendre si les ondes ont un rapport avec ces troubles.
Il y a aussi des messages de santé publique sur l’usage du téléphone portable : l’usage doit être modéré pour les enfants et les adolescents, les femmes enceintes doivent éloigner l’appareil de leur ventre. Il faut développer la pratique du kit oreillette…
Mais si vous écoutez le médecin André Aurengo, membre de l’Académie de médecine, les antennes et les ondes ne sont pas dangereuses pour la santé. Il n’empêche qu’en France, le seuil légal d’émission pour une antenne est entre 41 et 61 volt/ mètre même si la plupart du temps les niveaux sont bien plus bas.
- Pourtant aujourd’hui plusieurs associations voudraient donner une nouvelle limite à cette exposition ?
Oui c’est un combat porté par Robin des Toits et qui est assez bien passé chez les riverains d’antennes-relais. Ils estiment qu’ils accepteraient l’implantation d’antennes si on leur garantit qu’ils ne seront pas exposés à plus de 0,6 volts/ mètre soit 100 fois moins que la limite légale. Pour le directeur fréquences et protection de Bouygues telécom, Jean Philippe Desreumaux, aujourd’hui c’est impossible : « Lorsque l’on a simulé des expositions à 0,6 volt par mètre en tout point, on perd le réseau de téléphonie mobile à l’intérieur des batiments ».
Voila les professionnels de nouveau dans un nœud : entre l’obligation de fournir à leurs clients une bonne qualité de service mais sans antenne pas de service. Bouygues a 450 antennes rien que sur Paris et doit trouver une centaine de nouveaux sites à installer d’ici 2 ans. Il y a donc urgence a ce que les discussions aboutissent avec la mairie sur le sujet. Or en cette période électorale, c’est le silence sur les ondes…