Questions & Réponses

Les scores de l’élection présidentielle vous placent désormais en situation de favorite pour la deuxième circonscription de la Somme où les électeurs ont placé François Hollande en tête, avec 54,48%. Vous avez de bonnes chances de battre Olivier Jardé et d’être élue le 17 juin ?

 Barbara Pompili : En effet, ces scores sont encourageants  mais l’élection n’est pas jouée d’avance. L’élection législative est une élection différente où ce sont des programmes et des personnalités différents qu’il faut départager.

Olivier Jardé est le député sortant. Il a été très présent sur le canton de Boves où il est Conseiller général.  Ce sont pour lui des atouts. Nous devons donc nous mobiliser pour que le changement voulu par les électeurs lors de l’élection présidentielle se confirme les 10 et 17 juin. Rien n’est joué, et il faut convaincre.

Comment comptez-vous convaincre les indécis, ou les électeurs qui hésitent à aller voter ?

Barbara Pompili : J’effectue une campagne de terrain, en allant à la rencontre des citoyennes et citoyens qui sont dans la circonscription. Les habitants de la circonscription me parlent de sujets très concrets de leur quotidien, mais qui sont de vrais sujets politiques. Par exemple, les plus âgé-e-s me parlent du montant de leurs retraites ou de la possibilité de prendre leur retraite de manière anticipée s’ils ont commencé à travailler à 16 ans. Les plus jeunes parlent davantage de la difficulté qu’ils ont à se faire une place sur le marché du travail. Le prix du logement et de l’énergie est également un gros sujet de préoccupation.

Mon rôle de candidate et, demain, mon rôle de parlementaire, consiste à écouter ces problèmes concrets, à voir comment il y sera répondu concrètement dans la future loi sur les retraites, ou dans le contrat de génération qui sera proposé au Parlement.

C’est bien une parlementaire de la majorité qui pourra faire ce travail efficacement, et non un député qui s’y opposera. Il est donc important que la prochaine majorité soit cohérente avec le choix des Français d’élire François Hollande à la tête de la présidence de la République.

L’UMP vante aujourd’hui les mérites de la cohabitation , c’est un bon argument ?

Barbara Pompili : C’est une grosse ficelle tactique qui n’abuse personne. La droite prend les électeurs pour des idiots en utilisant ce genre d’argument. Quand Nicolas Sarkozy ou Jacques Chirac ont été élus, ils ont demandé une majorité parlementaire et ont récusé toute idée de cohabitation.

Par ailleurs, la situation de crise économique, sociale et écologique est telle que le Président et le Parlement doivent pouvoir agir en cohérence.

Prenons des exemples concrets : le nouveau Président de la République est amené à discuter avec ses partenaires européens, et notamment avec Angela Merkel, de l’avenir de l’Union européenne.  Il doit se rendre au sommet Rio+20 où les enjeux d’un développement soutenable pour notre planète, en particulier les enjeux climatiques, seront négociés.  Il est clair qu’une cohabitation affaiblirait la position du Président nouvellement élu et plus généralement la position française pour peser sur ces négociations.

Olivier Jardé vous a attaqué personnellement sur son site internet. Il vous décrit comme une « apparatchik parisienne ».  Que répondez-vous ?

Barbara Pompili  : je côtoie Olivier Jardé régulièrement dans le cadre de la campagne. Il s’était au début présenté de manière affable et nous avions convenu que le débat politique devait éviter les bassesses  Je constate qu’il n’y a pas resisté, peut-être parce qu’il se sent en difficulté. Je trouve cela dommage car globalement cela dessert l’image des politiques auprès de nos concitoyens.

J’entends un certain nombre d’électeurs qui me disent « les politiques sont tous les mêmes ». Il est clair en qu’en mettant le débat à ce niveau, on met de l’eau à ce moulin en laissant croire que les élus se tapent dessus entre eux sans se préoccuper des problèmes concrets de la population.

Je pense qu’il faut rompre avec ce genre de pratiques, et c’est aussi l’une des raisons de ma candidature. C’est pourquoi je ne rentrerai pas dans ce genre d’attaques personnelles avec ceux qui  voudraient faire du pugilat. Je les laisse le faire seuls. Si c’est leur façon de faire de politique, ce n’est pas la mienne.

Mais je comprends qu’Olivier Jardé préfère m’attaquer personnellement, cela lui évite de parler des cinq années durant lesquelles il a soutenu la politique de Nicolas Sarkozy, qui n’ont pas été bonnes pour le pays.

Mais êtes-vous une « parisienne » ou une « parachutée » ? 

Barbara Pompili  :  Ces propos n’ont aucun sens. Je revendique haut et fort le fait d’incarner le changement sur la circonscription, Je suis un nouveau visage de la politique locale, c’est un fait. Je considère que c’est un avantage et je constate que les électrices et les électeurs de la circonscription sont moins préoccupés par cela que par les choix politiques qui peuvent changer leur quotidien.

Pour répondre sans détour à la question : j’habite à Amiens depuis plus de six ans. Ma vie s’est partagée avec Paris car j’y travaillais, et surtout pour que ma fille puisse vivre de façon équilibrée avec sa mère et son père, qui réside toujours à Paris.  J’ai donc partagé mon temps entre Paris et Amiens ces dernières années, et je ne m’en suis jamais cachée.

M’attaquer sur ce point, c’est attaquer les centaines de familles recomposées qui cherchent un équilibre pour le bien-être de leurs enfants, et attaquer les centaines d’Amiénois qui travaillent à Paris tous les jours.

J’aime cette ville et je suis heureuse de vivre dans cette région. Elle mérite d’être défendue pour ses qualités. J’ai bien entendu Nicolas Sarkozy parler des frontières et de l’identité, en opposant les gens les uns aux autres. J’ai le sentiment d’entendre à nouveau cette petite musique.  Je préfère les valeurs universelles et l’ouverture aux autres.

Un dernier point : être qualifiée de « parisienne » me fait sourire, car je suis née et j’ai grandi dans le bassin minier, à 70 km d’Amiens, à Liévin et à Lens.

Vous avez pourtant été candidate aux élections à Paris ?

Oui, et ce n’est pas un secret ! Cela a été pour moi une expérience d’être candidate dans le quinzième arrondissement de Paris aux  législatives en 2007 et aux municipales en 2008, dans des terres de mission pour la gauche et les écologistes.

Il était normal pour moi de conforter le travail des équipes avec qui je militais depuis des années et qui m’avaient demandé d’être candidate, même si j’avais déjà un pied à Amiens à l’époque.

Mais avec le temps, cela n’avais plus de sens d’avoir ma vie personnelle à Amiens et une vie politique (héritée de ma vie d’avant) à Paris. Je n’ai pas été candidate aux européennes ou aux régionales. Lors des dernières élections, j’ai davantage pris part à la campagne en Picardie pour les régionales de 2010.

A cette époque, Christophe Porquier était tête de liste aux régionales pour Europe écologie. Il est aujourd’hui vice-président de la région Picardie. C’est aussi votre compagnon à la ville…

Barbara Pompili  : C’est exact. C’est notre rencontre qui m’a amenée à vivre à Amiens, où Christophe vit depuis 26 ans et où il milite chez les écologistes depuis la création des Verts. Depuis plus de six ans, nous avons fondé ensemble une famille qui s’est recomposée avec nos enfants. Il est bien sûr à mes côtés dans cette campagne, en tant que militant et élu local, parmi les autres militants qui me soutiennent.

Pour vous, est-ce un problème de ne pas avoir de mandat local ?

Barbara Pompili  : Comme pour le « parachutage », c’est le type d’arguments employés par celles et ceux qui voudraient faire du monde des élus une petite chasse gardée où rien ne change, et où l’on retrouve toujours les mêmes.

Je conteste profondément cela.  Pour M. Jardé, il faut être Adjoint au maire, Conseiller général, Député… et même tout cela à la fois. Il s’est même présenté aux dernières élections régionales pour démissionner aussitôt de ce mandat. Ce n’est pas sérieux.

On ne peut pas exercer correctement son mandat dans ces conditions, lorsqu’on est en campagne électorale permanente.

Je suis opposée au cumul des mandats car ce n’est pas bon pour la démocratie. Il est bon qu’un député puisse exercer pleinement son travail à l’Assemblée nationale et dans sa circonscription.  C’est pourquoi je compte exercer un seul mandat si je suis élue, celui de députée.

Etre élu local, c’est aussi une expérience…

Barbara Pompili  : C’est indéniable, mais je ne postule pas à un mandat local. Je souhaite être députée, pour voter demain les lois de la Nation et le budget de l’Etat.

J’ai travaillé 10 ans à l’Assemblée nationale, dont cinq ans comme Secrétaire générale adjointe d’un groupe parlementaire, où siégeaient des députés écologistes, communistes, Parti de gauche et ultra-marins. J’ai une bonne expérience du travail parlementaire.

Mais c’est aussi un ancrage local, une implantation sur le terrain…

Barbara Pompili  : C’est quelque chose qui vient avec le temps, mais je suis tous les jours sur le terrain. Les parents de l’école St Leu ont pu voir que mes engagements étaient suivis dans le temps quand une classe était menacée.

Il y a encore quelques mois, j’étais simple citoyenne, ici à Amiens. Je suis dorénavant candidate et déjà au contact quotidien des hommes et des femmes qui vivent dans notre circonscription, des réalités qu’ils rencontrent. J’aime ce contact avec les gens. Et lorsque je me rends au Faubourg de Hem, dans le quartier St Pierre, à Boves ou à Pont-de-Metz,…  on ne me demande pas de présenter des justificatifs, mais on me parle de politique, des choses qu’il faudrait changer, de ce qu’il faudrait préserver.

J’aime cet état d’esprit. Une campagne électorale, c’est aussi l’occasion de faire des milliers de rencontres, avec des personnes qui ont parfois une vie difficile, de grandes difficultés. Je suis là pour tenter de leur redonner espoir. C’est le sens de ma présence sur le terrain.

Si je suis députée demain, je souhaite conserver ce lien étroit avec la population dans la circonscription et les représenter dignement à l’Assemblée nationale.

Quelles sont vos relations avec le Parti socialiste ?

Barbara Pompili  : Nous avions une campagne présidentielle avec des candidats et des projets différents.

Par ailleurs, nous avions un accord électoral et politique sur les législatives.

Les liens se sont donc tissés progressivement et la confiance s’est installée.

J’ai rencontré plusieurs fois Claude Gewerc, Christian Manable et Gilles Demailly ainsi que les responsables amiénois du Parti socialiste. Le Parti Radical de Gauche de la Somme a également fait le choix de soutenir ma candidature et Guillaume Bonnet a l’a exprimé récemment.

Nous avons fêté ensemble la victoire de François Hollande le 6 mai. Les choses sont désormais bien engagées, et chacun a conscience que c’est en serrant les coudes que nous allons gagner ensemble la bataille des législatives au mois de juin.

Je suis fière de porter cette dynamique d’union de la gauche et des écologistes dans la deuxième circonscription.

 

Qu’avez vous pensé de la campagne d’Eva Joly et de son score à l’élection présidentielle ?

Barbara Pompili  : Eva Joly a fait campagne dans des conditions difficiles mais elle a porté la parole écologiste avec courage et détermination. J’ai soutenu sa candidature et j’en suis fière. Des électrices et électeurs que je rencontre aujourd’hui me confient parfois avoir voté écologiste lors des précédents scrutins – les européennes et les régionales – mais avoir choisi de voter utile pour la présidentielle afin de tourner la page Sarkozy.

Le poids politique des écologistes dans le pays ne se mesure pas uniquement avec le scrutin présidentiel. Et même s’il était inférieur aux résultats des autres scrutins, le score réalisé par Eva Joly a contribué à la victoire de François Hollande le 6 mai.

Aujourd’hui nous passons à une autre étape avec l’objectif d’un groupe écologiste au parlement, dans une majorité de gauche qui va dans le même sens que le Président de la République qui vient d’être élu.

Quelle sera votre première action de parlementaire si vous êtes élue le 17 juin ?

Barbara Pompili  : Si la majorité parlementaire est celle du Président de la République, le calendrier parlementaire débutera par une session au mois de juillet. Les questions économiques et notamment fiscales devraient occuper une bonne partie de l’agenda. Ma première préoccupation sera de répondre au souci de justice sociale. Pour redistribuer, renforcer les services publics, relancer les investissements, il faut une réforme fiscale juste et efficace, qui prenne en compte la dimension écologique.

Avez-vous l’intention de défendre des dossiers spécifiques sur la circonscription ?

Barbara Pompili  : Une circonscription, c’est un territoire, et ce sont les collectivités qui sont élues pour prendre en charge les dossiers locaux. Mais il est évident qu’un-e député-e doit apporter son soutien à des projets pour qu’ils aboutissent.

Mon action portera en priorité sur les services publics. Trop de classes d’écoles et de postes d’enseignants ont été supprimés. 12 classes encore cette année à Amiens, en général dans des quartiers où les enfants ont besoin de l’école plus qu’ailleurs. C’est le résultat d’une politique injuste envers les plus défavorisés.

Au-delà de l’école, d’autres services publics méritent d’être soutenus : les conditions de travail et les effectifs de la police nationale à Amiens, les moyens indispensables pour l’enseignement supérieur et l’hôpital public sont des choix budgétaires et des choix de société auxquels je serai particulièrement attentive au niveau national et sur le territoire de ma circonscription.

Comment comptez-vous utiliser votre « réserve parlementaire » ? 

Barbara Pompili  : Le député sortant distribue des enveloppes aux élus locaux pendant la période des vœux pour financer des projets communaux.  Je trouve cette façon de faire assez choquante. Imagine t-on le Président du Conseil général ou régional faire les cérémonies de vœux pour distribuer de l’argent public dans des enveloppes et en être remerciés ? Elle me choque d’autant plus que les budgets des collectivités et des associations ont été malmenés au niveau national par le même député qui vient ensuite distribuer ses petites enveloppes. Cette pratique doit changer.

Mon utilisation de la réserve parlementaire sera publique et publiée sur internet chaque année. Je donnerai la priorité à des projets associatifs… et ils sont nombreux dans la circonscription.

Le mot de la fin ?

Barbara Pompili : La politique a besoin de se renouveller. François Hollande a besoin d’une majorité qui mettra en œuvre sa politique. Je crois que les électrices et les électeurs de la 2ème circonscription veulent  très majoritairement le changement. Je souhaite traduire cette volonté et cet espoir.