« C’est possible : on fabrique, on vend, on se paie ! »
C’est dans le cadre du Tour de France des écologistes pour l’Europe que Sandrine Bélier, tête de liste Europe Ecologie dans l’Est, Antoine Waechter et leurs colistiers de Franche Comté iront, ce vendredi, à la rencontre des acteurs de sociétés coopératives et de l’économie sociale et solidaire. Cette étape se fera à Besançon, ville symbole de l’autogestion à travers l’affaire LIP.
L’usine Lip, usine horlogère, va traverser les années 70 dans une atmosphère de conflit ouvrier. En effet, le 12 juin 1973, les ouvriers de LIP apprennent qu’un plan social de grande ampleur se prépare dans leur usine. Il n’en faut pas moins pour mettre le feu au poudre. Les ouvriers se mettent en grève et saisissent l’usine et les stocks de montres. L’affaire LIP commence.
Ce qui a marqué l’histoire des mouvements ouvriers, c’est le mode de grève bien particulier des ouvriers. Pour la première fois de l’histoire, les ouvriers grévistes vont travailler à leur propre compte, produire des montres dans leur usine, puis les écouler lors de ce qu’ils appellent « des ventes sauvages ». Une véritable autogestion se met en place dans l’usine LIP. Ce mode de gestion durera tout l’été 1973 et cessera avec l’intervention musclée des forces de l’ordre, qui chassent les ouvriers de l’usine de Palente à Besançon. La lutte se poursuit et a un impact dans la France entière, notamment lors de la grande marche Lip du 29 septembre 1973 qui réunit plus de 100 000 personnes à Besançon.
La grève se poursuit jusqu’aux accords de Dôle de janvier 1974. Mais le conflit se poursuit jusqu’au milieu de l’année 1976. LIP sera liquidé en septembre 1977 et les ouvriers créeront six coopératives dont les Industries de Palente.
L’affaire LIP est ancrée dans l’histoire car ce mouvement social a montré qu’un autre mode de gestion de l’entreprise était possible. C’est d’ailleurs ce qu’ont craint les politiques de l’époque et c’est ce qui les a poussé à mettre à mort l’entreprise. On se souvient de Pierre Messmer, alors premier ministre, annonçant « Lip, c’est fini ! ».
Ce dont les politiques avaient le plus peur durant l’affaire LIP, c’est la multiplication de l’autogestion des entreprises par les employés, sans dirigeant.
Mais il est important de remettre les choses en perspective. Si l’autogestion représente un idéal libertaire dans l’inconscient collectif, c’est bien la force des choses qui a poussé les ouvriers de LIP à mettre en place l’autogestion. Cette action collective est un acte « d’auto-défense » pour les leaders syndicaux de l’époque.
Alors fabriquer, vendre et se payer en autogestion, est-ce aujourd’hui possible, pour paraphraser le célèbre slogan des LIP ?
Historiquement, l’autogestion s’est développée par l’impulsion des associations ouvrières des débuts de la révolution industrielle, avant de devenir le credo de l’internationale ouvrière inspirée des thèses marxiste. Si l’autogestion a une connotation politique particulière, elle est devenue dans le monde de l’entreprise, un modèle d’organisation démocratique collectif alternatif face à une économie financière en crise, des fermetures et licenciements quotidiens et un chômage de masse.
Les sociétés coopératives et les sociétés coopératives d’intérêts collectifs sont en quelque sorte les héritiers de LIP et ce qui s’apparente le plus à l’autogestion au sein des entreprises. Ce mode d’organisation est devenu un mode alternatif de gestion d’une activité. Plus humaines, plus adaptées au tissu local, ces sociétés coopératives sont l’une des solutions aux crises que traverse notre économie.
C’est pour parler de ces sociétés coopératives et présenter nos propositions que Sandrine Bélier, tête de liste Europe Ecologie Est pour les élections européennes, sera présente vendredi, Place de la Révolution à Besançon à partir de 8h30.
On vous y attend nombreux.
Q.G-F
Retour sur l’affaire LIP avec les archives de l’INA
Rétro du conflit Lip : diffusé le 28/12/1973
Une réponse à “Besançon : Autogestion, économie sociale et solidaire et coopératives”
à Besançon, l’autogestion en action | Europe Écologie 2014
[…] « Autogestion, économie sociale et solidaire », sur le site EE Grand Est […]