Écologiste et féministe kenyane, Wangari Maathai est née le 1er avril 1940 dans une famille de fermiers très modestes. Elle suit une scolarité, ce qui, à cette époque, est exceptionnel dans son milieu et dans son pays. Elle obtient même une bourse lui permettant de poursuivre des études supérieures aux Etats-Unis. En 1971, elle devient la première femme docteur en Médecine (vétérinaire) d’Afrique de l’Est et Centrale.
En 1979, lors du procès de leur divorce, son mari prétend que Wangari a trop de caractère pour une femme, qu’il ne peut pas la contrôler à sa guise. Il en déduit que le divorce doit être prononcé en sa faveur. Le juge lui donne raison. Wangari Maathai déclare alors à la presse qu’il s’agit soit d’un juge incompétent, soit d’un juge corrompu. Cette déclaration lui vaut son premier séjour en prison.
« Quand nous plantons de nouveaux arbres,
nous plantons les graines de la paix. » Wangari Maathai
Cette citation de Wangari Maathai est une belle illustration de l’écologie politique. Elle casse les clichés d’une politique prétendument réservée à des bobos privilégiés. On a beau le dire, mais c’est peu entendu, les premières victimes de la dégradation de l’environnement sont les personnes les plus fragiles socialement, politiquement et économiquement. Pour les écologistes politiques, écologie et social sont deux termes indissociables et parler d’une politique écologique et sociale revient à faire un pléonasme.
Wangari Maathai a lié combat environnemental et lutte sociale ; très tôt elle a compris que la raréfaction des ressources naturelles entraînait inéluctablement des tensions sociales, voire des conflits armés.
Pour lutter contre l’érosion du sol et la déforestation, Wangari Maathai a créé, en 1977, Le mouvement de la ceinture verte (The green belt movement) qui a, depuis, planté des millions d’arbres dans le monde. C’est pour cela qu’elle reçut le surnom de Mama miti (la maman des arbres en swahili).
Son mouvement a fait naître des milliers d’emplois, notamment pour des femmes qui sont les plus fragilisées parmi les fragilisés.
La reconnaissance d’un combat
Sous la très longue et très contestée présidence de Daniel Arap Moi (1978-2002) Wangari Maathai n’hésite pas à se mettre en danger en menant des actions de contestation non-violente. À plusieurs reprises, avec les militants de son mouvement, elle est brutalisée et victime de coups et blessures de la police, emprisonnements abusifs….
Élu en décembre 2002, le nouveau président kenyan Mwai Kibaki la nomme, en janvier 2003, vice-ministre de l’environnement. Ce poste ne l’empêche pas, par la suite, d’être critique vis-à-vis du Président, notamment lors des violences post-électorales du début de deuxième mandat.
En 2003, Wangari fonde le Mazingira, parti vert kenyan, membre des partis verts africains et mondiaux.
L’attribution du prix Nobel de la paix, le 8 octobre 2004, révèle enfin son travail, son combat, au monde entier. C’est une double première. C’est la première fois que ce prix est décerné à une femme africaine et c’est la première fois qu’il récompense un(e) militant(e) pro environnement. Plus qu’une consécration, ce prix a permis de mettre en lumière la richesse de l’écologie politique ; Wangari Maathai a, en effet, contribué à l’instauration de la démocratie, de la paix et du bien être des plus démunis.
« Nous n’avons ni le droit de fatiguer, ni de renoncer. » Wangari Maathai
Wangari Maathai a cessé son combat le dimanche 25 septembre 2011 ; terrassée par le cancer à 71 ans. Seule la mort pouvait l’arracher à sa lutte.
J’ai beaucoup lu et entendu que sa mort était une perte pour l’Afrique.
Je ne suis pas d’accord.
En matière d’écologie, nous sommes toutes et tous liés. Le combat que nous menons ici est bénéfique ici. Mais il l’est aussi là-bas. Il l’est partout … « Agir local, penser global. »
Ce n’est donc pas l’Afrique seule, qui a perdu une grande dame, c’est le monde entier.
David Mbanza
Conseiller municipal de Bois-colombes
Conseiller régional IDF