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  1. La commémoration du 7 octobre ne doit pas effacer les crimes d’Israël

    Au lendemain des commémorations du 7 octobre, Mounir Satouri souligne qu’il ne faut pas éclipser les massacres qu’Israël commet depuis un an, ainsi que les crimes commis bien avant ce jour tragique.

    Hier, nous commémorions les massacres du 7 octobre. Il était essentiel de rendre hommage aux victimes de cette horreur et de rappeler notre détermination à sauver les otages encore retenus par le Hamas. Mais attention : L’émotion que nous partageons ne peut pas invisibiliser le fait qu’Israël mette la région à feu et à sang, alimentant une spirale de haine extrêmement menaçante pour sa propre sécurité à long terme.

    Israël continue sa guerre contre les journalistes : Il y a deux jours, l’armée israélienne a tué un jeune journaliste palestinien de 19 ans, ciblé PARCE QUE journaliste. C’est le 168ème à être tué.

    En parallèle, Israël continue sa guerre contre l’ONU dans le plus grand mépris du droit international : L’armée israélienne a tué 220 employés de l’UNRWA en Palestine et 2 employés de l’agence de l’ONU pour les réfugiés au Liban. Antonio Guterres a été banni du pays. La Knesset est en train d’interdire l’UNRWA en Israël. Ce mépris, il existe aussi ici au Parlement européen : Hier, l’extrême droite a tenté d’affaiblir le financement de l’UE pour l’UNRWA et de geler les fonds destinés à l’Autorité palestinienne.

    Pendant ce temps-là, l’armée israélienne continue les massacres à Gaza, en Cisjordanie et au Liban. Et, loin de respecter la décision de la Cour internationale de justice, la colonisation bat son plein dans les territoires occupés. Plus de 45 000 morts à Gaza, plus de 2000 morts au Liban : quand s’arrêtera-t-on ?

    Plus que jamais, il est temps pour les états membres de l’UE de passer des paroles aux actes. De suspendre l’accord d’association avec Israël et d’instaurer un embargo sur les armes.

    L’impunité ne peut plus durer.

    Mounir Satouri

  2. Pas de tribune pour les ennemis de la démocratie

    Contre la venue de Viktor Orbán au Parlement européen

    Réaction de Mélissa Camara, députée européenne, membre de la délégation Europe écologie, membre de la commission des libertés civiles de la justice et des affaires intérieures

    La présidence hongroise du Conseil de l’Union européenne n’est pas un blanc-seing pour faire entrer des autocrates dans le Parlement européen, qui doit demeurer un vecteur de l’État de droit et une boussole face à des États qui se tournent vers l’illibéralisme et l’autocratie.
    En effet, si de nombreux·ses chef·fes d’État ou de gouvernement de pays ayant cette présidence, sont, par le passé, venu·es s’exprimer devant les eurodéputé·es, Viktor Orbán n’est pas le bienvenu.
    D’abord empêchée à la session plénière de juillet 2024, je refuse que sa venue soit le théâtre de propos LGBTQI+phobes, racistes, anti-avortement. Nous ne devons pas lui donner une tribune dans laquelle il remettrait en cause l’indépendance des médias, l’indépendance de la justice face au politique et dont le maître mot serait la corruption.
    Quand l’extrême droite est au pouvoir, elle attaque toujours l’État de droit et les libertés fondamentales comme c’est le cas de l’Italie de Giorgia Meloni, de la Slovaquie de Robert Fico. Or ici, l’UE se doit d’être garante de ceux-ci contre des instances dirigeantes des États membres de l’UE, de plus en plus noyautées par l’extrême droite.
    Je me tiendrai toujours aux côtés des associations et des défenseur·es d’une Hongrie démocratique. Je me battrai tout au long de mon mandat pour une société libre, pour les droits des femmes, des exilé·es et des LGBTQI+.
    Un Europe démocratique, c’est une Europe qui ne tend pas la main aux autocrates.

    Contexte:

    Ce mardi 8 octobre 2024, le Parlement européen déroule le tapis rouge à Viktor Orbán.
    Il a présenté à la presse les priorités de sa présidence cet après-midi et répondra aux questions des élu·es demain matin en salle plénière.
    À la tête d’un régime illibéral, qu’il a créé de toutes pièces touchant à la liberté de la presse, aux ONG, aux droits LGBTQI+, à l’indépendance de la justice, de la banque centrale, des médias etc, Orbán n’est pas le bienvenu dans la maison européenne de la démocratie.

    Mélissa Camara

  3. Commémoration du 7 octobre 2023 : agissons contre l’antisémitisme et pour la paix en Israël, en Palestine et au Liban

    Le 7 octobre 2023, les hommes du Hamas attaquent plusieurs villages et bases militaires le long de la frontière avec Gaza. Ils tuent 350 policiers et militaires et plus de 760 civils, dont nombre de femmes et d’enfants, notamment sur le site du festival Nova, consacré « aux amis, à l’amour et à la liberté infinie » et dans le kibboutz de Kfar Aza, où vivaient nombre de militant·es de la paix, notamment Vivian Silver qui travaillait quotidiennement avec la population gazaouie. Les hommes du Hamas ont également perpétré des agressions sexuelles et viols sur des femmes israéliennes. Ils repartent avec 251 otages, dont 97, comprenant deux français Ohad Yahalomi et Ofer Kaldero, sont encore entre les mains de l’organisation terroriste un an plus tard, certains ayant été retrouvés abattus lors des opérations militaires sur place. 

    Les Écologistes expriment toute leur compassion et solidarité aux victimes ainsi qu’aux familles des victimes assassinées ou retenues en otages. Victimes, otages, familles: nous ne vous oublions pas.

    Ce massacre a essentiellement tué des israélien·nes juif/ves mais aussi des travailleurs étrangers. Il constitue la plus grande attaque contre des juifs depuis la Seconde Guerre mondiale.

    Depuis lors, nous constatons une déferlante des faits antisémites en France, en hausse de 300 % entre le premier trimestre 2024 et celui de 2023, dont le viol d’une mineure juive à Courbevoie en juin ou encore la tentative d’incendie contre la synagogue de la Grande Motte en août. Ce déferlement de haine nuit à l’impératif de combattre d’un même élan toutes les discriminations racistes et xénophobes qui ciblent nos concitoyen·nes, dès lors qu’ils et elles sont ramené·es à leurs origines ethniques, culturelles ou à leur religion supposée. En France, comme ailleurs, la lutte contre l’antisémitisme et contre l’islamophobie doivent s’amplifier.

    En représailles aux attaques terroristes du Hamas, le gouvernement d’extrême-droite de Benyamin Netanyahu a organisé l’offensive la plus meurtrière dans le conflit israélo-palestinien, dans des proportions telles que la Cour Internationale de Justice évoque le risque plausible de génocide. Cela va faire un an que les palestinien·nes sont soumis aux bombardements incessants de l’armée israélienne (plus de 40 000 morts sont identifiés, dont une immense majorité de femmes et d’enfants). Aujourd’hui, le conflit s’étend au Liban.

    Les Écologistes rappellent leur engagement pour un cessez-le-feu immédiat et permanent à Gaza et dans les territoires occupés par l’armée Israélienne, ainsi qu’au Liban, l’arrêt et le démantèlement des colonies, pour la libération inconditionnelle des otages israéliens encore entre les mains du Hamas, la libération des prisonniers politiques, pour le respect des résolutions de l’ONU et pour une solution à deux Etats, Israël et Palestine.

    Aminata Niakaté et Sophie Bussière, porte-paroles nationales
    Le groupe de travail “lutte contre l’antisémitisme” des Écologistes

  4. Le département des alpes maritimes cogéré par la droite et l’extrême droite

    Réaction de Marine Tondelier et de Juliette Chesnel-Le Roux (Présidente des élu·e·s écologistes à la ville de Nice et à la métropole Nice Côté d’azur) à la cogestion des Alpes Maritimes entre LR et E.Ciotti :

    “Nous sommes sidérées. Les Républicains des Alpes-Maritimes ont choisi le déshonneur : ils ont décidé de siéger au sein du même groupe que M. Ciotti et ses acolytes qui ont pourtant renoncé à tout républicanisme en s’alliant avec l’extrême droite. 

    M. Ciotti conserve la stratégique présidence de la Commission des finances et ses comparses siègent dans l’exécutif du département. C’est donc la première fois que la droite qui se prétend républicaine va co-gérer un département français avec l’extrême droite. 

    Nous sommes dépitées. D’autant plus que se tient ce dimanche la rentrée du RN au palais Nikaïa à Nice… M.Ciotti n’aura qu’à traverser la rue pour déverser sa haine d’un cénacle à l’autre. 

    Avec cette rentrée et son alliance avec M. Ciotti, le RN place clairement le Sud-Est dans sa stratégie de conquête du pouvoir. M.Ciotti est l’idiot utile de cette stratégie, prêt aux pires compromissions pour conquérir la ville de Nice en 2026. 

    Après avoir alerté en vain MM. Lisnard et Sauvadet, nous en appelons à une clarification des instances nationales de Les Républicains : valident-elles cette alliance honteuse ? Les Alpes-Maritimes sont-elles le laboratoire d’une stratégie nationale en vue des municipales ? Nous ne laisserons pas faire. Notre territoire doit rester une terre d’accueil, de partage et de solidarité, et l’emblème de la liberté, de l’égalité et de la fraternité. Les écologistes et la gauche se sont toujours battus pour cela, loin des pathétiques personnages qui veulent être califes à la place du calife.« 

  5. Martinique : l’heure n’est plus aux palabres

    Depuis plusieurs jours, la Martinique traverse une période préoccupante de graves tensions. Face à l’augmentation du coût de la vie, des manifestations ont dégénéré, notamment dans les quartiers populaires de Fort-de-France et du Lamentin. Ces événements témoignent de l’exaspération croissante des martiniquais.e.s face à des inégalités qui les frappent de plein fouet. Les forces de l’ordre, déployées en nombre, tentent de rétablir le calme dans des conditions difficiles.

    Les principales causes sont pourtant connues par la population et par le gouvernement : des monopoles qui poussent les prix vers le haut faute de concurrence (signe que la loi Lurel n’est pas bien appliquée), l’absence d’une politique d’incitation, de soutien et de diversification des productions locales, l’augmentation significative des coûts de fret et de stockage, une fiscalité nationale et locale importante (la TVA est appliquée sur de nombreux produits importés pourtant exonérés de l’octroi de mer). 

    Par son manque de réactivité, l’Etat a laissé s’enliser un mouvement au départ pacifique et mobilisateur. C’est dans un tel contexte que se sont produites des violences et des exactions.  Face à cela, le préfet a décidé de mettre en place un couvre-feu à compter du mercredi 18 septembre et jusqu’à nouvel ordre, dans les quartiers les plus affectés par ces événements et a déployé de nouveaux contingents de CRS venus de Guadeloupe et de Guyane.

    Si nous déplorons des blessés tant du côté des manifestants que des policiers, ainsi que des dégâts matériels, nous tenons toutefois à réaffirmer notre soutien aux revendications légitimes des martiniquais.e.s pour l’égalité et pour la justice. Car, effectivement, les Antilles françaises sont touchées de manière disproportionnée par le coût des produits importés de première nécessité, qui est au minimum jusqu’à 40 % plus élevé que dans l’Hexagone.

    Cette situation est devenue invivable et appelle une réponse immédiate et adaptée des pouvoirs publics car l’économie locale et les martiniquais.e.s sont les principales victimes. Clairement, la solution ne peut se résumer à un énième recours à un couvre-feu et à une répression de CRS, mesures qui ont déjà marqué l’histoire coloniale face aux mouvements réclamant la liberté. Dans son discours de politique générale le Premier ministre n’évoque la question de la vie chère outre mer qu’en quelques mots en se référant aux commissions mises en place dont on sait leur faculté à enterrer les problèmes et des discussions avec les élu.e.s locaux.

    L’heure n’est plus aux pseudos commissions et aux palabres. Il est urgent d’agir avec toutes les parties prenantes, et de ramener le calme dans les cités. Nous appelons le gouvernement à engager immédiatement une concertation avec l’ensemble des acteurs locaux afin de mettre en œuvre des solutions structurelles à la crise en Martinique, et dans l’ensemble des territoires dit d’Outre-mer.

    Cette concertation doit prendre en compte les demandes des citoyen.ne.s en lien avec la réalité vécue par les foyers ultramarins, pour rappel, la population ultramarine vit en moyenne avec un niveau de vie et de pauvreté monétaire d’1/3 en dessous du seuil métropolitain. Elle doit concerner les filières de distribution (commerçants, grossistes, transporteurs, importateurs, …), et  de production locale (agriculteurs, agro transformateurs), les collectivités locales, l’Etat et l’Union européenne.

    C’est  un véritable plan économique et social qui doit être mis en place pour sortir les Outre-mer de la situation accentuée par les effets de l’inflation, de maintenir un différentiel entre produits locaux et produits importés, de soutenir les filières locales, d’obtenir une transparence dans la formation des prix et de lever l’opacité sur les marges brutes dans la grande distribution, enfin et surtout de déployer le Pacte des Solidarités (2024-2027).

    Les Écologistes continueront à porter la voix des populations ultramarines, qui subissent de plein fouet les conséquences d’un modèle économique et social inégalitaire. La justice sociale et environnementale pour les territoires dit d’Outre-mer est une priorité pour notre groupe et pour notre parti, et nous resterons vigilant.e.s quant à l’évolution de la situation en Martinique et dans l’ensemble des territoires ultramarins.

    Aminata Niakaté et Sophie Bussière, porte-parole Les Écologistes
    Groupe écologiste et social à l’Assemblée nationale
    La Commission « Outre-Mer » Les Écologistes

  6. Déforestation : von der Leyen ouvre la porte à tous les reculs

    C’était l’un des textes clés et des plus consensuels du Pacte vert, il est aujourd’hui en danger. Mercredi 3 octobre, Ursula von der Leyen a annoncé rouvrir l’examen du règlement européen visant à lutter contre la déforestation importée pour reporter d’un an sa mise en œuvre. 

    Une prise de risque inconsidérée eût égard aux menaces croissantes des droites européennes de vider totalement ce texte de sa substance. Mais déjà, une atteinte importante aux droits des producteurs et populations qui attendent ce texte depuis longtemps, et aux forêts du monde qui ne cessent de se consumer.

    Mettant de l’eau dans son vin, la Présidente de la Commission européenne publie également et en même temps les très attendues règles de mise en œuvre de cette législation, indispensables à ce que les entreprises puissent respecter leurs obligations. Ces règles, prêtes depuis plus de 6 mois, attendaient tout simplement d’être signées. Le retard pris dans la publication de ses lignes directrices ayant été l’argument principal de ceux qui attaquaient cette loi, leur divulgation ce jour constitue au fond un tour de passe passe pour mieux cacher une nouvelle reddition sur la transition écologique.

    Rappelons que l’Union européenne est responsable, à travers sa consommation, de 16% de la déforestation dans le monde et est encore aujourd’hui, alors que l’Amazonie continue de brûler, la première importatrice de déforestation dans le monde.

    Marie Toussaint

  7. Jeux d’hiver 2030 : une garantie financière de l’Etat aux allures de chèque en blanc

    Le 2 octobre, le Premier ministre Michel Barnier a décidé d’apporter la garantie financière de l’Etat pour l’attribution des Jeux d’hiver de 2030 aux Alpes françaises. Un timing surprenant à seulement quelques heures d’un discours de politique générale insistant sur la situation compliquée des finances publiques françaises.

    Après ces déclarations, il est difficile de comprendre comment un chef de gouvernement peut s’imaginer provisionner ces garanties dans les 6 années à venir. Face à une situation budgétaire compliquée, chaque décision doit être prise au bénéfice de l’intérêt général, or signer cette lettre de garantie signifie que nous nous engageons à livrer ces Jeux quoiqu’il en coûte et à couvrir un éventuel déficit à l’issue de la compétition. 

    Sur le plan financier, une interrogation centrale demeure : qui va payer quoi ? Nous rappelons qu’aucune délibération financière n’a été votée par les conseils régionaux en Provence-Alpes-Côte d’Azur et Auvergne-Rhône-Alpes ce qui empêche de connaître les clefs de répartition et de savoir quel montant ces Régions devront engager. De plus, il est bien connu que les budgets de Jeux sont constamment plus élevés que prévu. S’engager sur quelque chose d’aussi volatile alors que notre pays affronte une dette record est de la pure folie.

    Ni le Premier ministre, ni les présidents de Régions n’ont jugé bon d’associer les collectivités locales aux différentes étapes, de la candidature à la signature des garanties financières. Ce déni de coopération et de compétences est une erreur manifeste quand on sait combien la mobilisation d’un territoire dans son ensemble sera incontournable.

    Il y a quelques jours, nous apprenions que Michel Barnier souhaitait une relecture minutieuse du dossier de candidature bouclé à la va-vite quitte à informer le CIO que la lettre de garantie pourrait connaître un léger décalage dans le temps. Quand on connaît la passion déraisonnée de l’actuel Premier ministre pour les Jeux d’hiver, cette hésitation de dernière minute illustre bien les doutes que nous sommes un grand nombre à partager autour de ce projet mal ficelé.

    Une fois de plus, ce type de décision se prend en l’absence de concertation citoyenne et dans le flou démocratique le plus total. Les sommes engagées sont pourtant colossales et devront être prélevées sur d’autres politiques publiques pour que ce projet soit mené à bien.

    Signatures :

    Aminata Niakaté et Sophie Bussière Porte-paroles nationales des Écologistes
    Cyrielle Chatelain Députée de l’Isère Présidente du groupe Écologiste à l’Assemblée
    Guillaume Gontard Sénateur de l’Isère Président du groupe Écologiste au Sénat
    Grégory Doucet Maire de Lyon
    Eric Piolle Maire de Grenoble
    Thomas Dossus Sénateur du Rhône
    Mathilde Ollivier Sénatrice des Français hors de France
    Raymonde Poncet Monge Sénatrice du Rhône
    Nicolas Bonnet Député du Puy-de-Dôme
    Marie-Charlotte Garin Députée du Rhône
    Jérémie Iordanoff Député de l’Isère
    Marie Pochon Députée de la Drôme
    Boris Tavernier Député du Rhône
    Cécile Michel et Maxime Meyer Co-président⸱es du groupe Les Écologistes au conseil régional AURA
    Margot Savin et Ali Karakiprik Co-secrétaires régionaux des Écologistes Rhône-Alpes
    Géraldine Boÿer Co-secrétaire régionale des Écologistes Provence-Alpes-Côte d’Azur
    Sophie Boussemart et Nicolas Jean Pricaz Co-secrétaires régionaux des Écologistes Pays de Savoie
    Louis D’Eramo et Sylvie Léger Co-secrétaires régionaux des Écologistes Auvergne
    Louise Pahun et Alban Perret Co-responsables de la commission “Sports, loisirs et tourisme” des Écologistes 

  8. 2019/2024 : du Pacte vert à l’alliance brune

    Juste après les résultats de l’élection européenne de juin qui a vu une progression des groupes d’extrême droite et un recul des groupes « progressistes » au Parlement européen, la question de la présidence de la Commission européenne et de la reconduction – ou pas – d’Ursula von der Leyen (VDL) s’est posée.

    Le groupe Verts/ALE a, dans sa grande majorité, choisi de soutenir cette reconduction et lui a apporté environ 44 voix, ce qui a permis sa réélection acquise à 41 voix de majorité. Le groupe considérait qu’il fallait la soutenir car, en cas d’échec, toute candidature alternative aurait été pire (ce que nous ne saurons jamais…).

    Par ailleurs, argument plus sérieux, il s’agissait de tendre la main au Parti populaire européen (PPE – droite) et à Renew Europe (centre), composant avec les socialistes européens la coalition sortante, pour leur proposer de s’appuyer plutôt sur le groupe Verts/ALE que sur l’un des groupes d’extrême droite au Parlement européen pour sécuriser une majorité. L’idée étant de poser les conditions d’un « cordon sanitaire » vis-à-vis des différentes nuances de bruns qui prospèrent désormais au Parlement.

    Nous, délégation française, nous faisions peu d’illusions à ce sujet. Le PPE – et Renew – ont, à plusieurs reprises, montré qu’ils préfèrent, au fond, s’entendre de manière plus ou moins assumée avec tout ou partie de l’extrême droite plutôt que de devoir composer avec les Verts et un groupe social–démocrate dont la place serait alors plus centrale. Par ailleurs, pour dire vrai, les socialistes n’ont pas vraiment bataillé pour qu’une plus grande place soit accordée au groupe Verts. Ils ont renoncé depuis bien longtemps à disputer le leadership européen au groupe de droite PPE et voient une présence des Verts dans une éventuelle majorité comme une concurrence dans la répartition des miettes que la droite consent à leur laisser.

    Dernier argument qui a pesé sur la volonté de proposer une coopération du groupe Verts/ALE à VDL : tenter de préserver autant que possible le « Green deal » face aux assauts populistes qu’il subit.

    Est-ce que ce « pari » de la majorité du groupe Verts a fonctionné ?

    À l’heure où nous constatons la composition de la Commission proposée par VDL et les répartitions des responsabilités dans son organigramme, grâce aux lettres de missions qui sont rattachées aux différents commissaires, on peut largement en douter.

    VDL a décidé de créer six postes de commissaires qui auront le titre de Vice-président·es exécutif·ves. Ce dispositif permet d’escamoter l’effacement des femmes dans cette nouvelle Commission, en attribuant à certaines d’entre elles des « vice-présidences » faibles – ou « sous contrôle ».

    Elle permet aussi de distribuer quelques médailles en chocolat aux socialistes sous-représentés en nombre de commissaires (j’y reviendrai).

    Les autres commissaires, en fonction de leurs « portefeuilles », sont placés sous l’autorité de telle ou telle vice-présidence. C’est un aspect à bien avoir à l’esprit pour comprendre les différentes menaces qui vont peser pour les thématiques sociales, écologiques ou portant sur les droits humains dans la future commission.

    Le Pacte vert effacé, une écologie diluée et sous tutelle

    Lors de la précédente mandature, une vice-présidence menée par un social-démocrate était en charge du « Green Deal » – ou « Pacte vert » en français.

    Le terme de « Green Deal » a purement et simplement été supprimé des intitulés du nouvel organigramme de la Commission. Nous découvrons, maintenant que les langues se délient sur les tractations qui ont conduits à ce point d’arrivée, que cette commande avait été expressément passée à VDL par son groupe PPE.

    En remplacement du concept de « Green Deal », c’est le terme de « clean transition » – auquel a été ajouté, selon les différents portefeuilles les notions de « compétitivité » ou de « croissance » – qui est désormais utilisé. Les mots « productivité » ou « simplification » sont également mis en avant.

    Les compétences en lien avec l’écologie sont réparties sous la responsabilités de nombreux commissaires.

    Ce « dépeçage » de l’écologie a pour but de mieux pouvoir la digérer… Non pas pour la mettre en œuvre, mais pour la diluer et au final, l’effacer.

    L’élément de langage de la Commission consiste à dire que grâce à cette architecture, l’écologie sera partout.

    La réalité est qu’au final, elle n’est nulle part…

    Si une des vice-présidences sociale-démocrates – accordée à l’Espagne – porte sur l’écologie, son intitulé, comme exprimé plus haut, interroge. « Clean, just and competitive transition ».

    Le « Green » devient « clean ». Et le « deal » devient « transition ». Très bien pour le concept de « just » mais la notion de « competitive » interroge… Jusqu’à présent, lorsque ce terme est préféré à celui de « sobre » ou « résilient », on sait ce qu’il advient. Dans la langue de Bruxelles, « compétitivité » est le boulet productiviste et libéral que l’on attache au pied de la transformation écologique de notre système de production et de consommation pour « l’équilibrer », c’est-à-dire le neutraliser…

    Les quatre commissaires sous la responsabilité de cette vice-présidente sont deux PPE (en coalition avec l’extrême droite dans leurs propres pays, les Pays–Bas et la Suède) auxquels il faut ajouter le commissaire hongrois envoyé par Orbán. Le dernier des quatre est socialiste, chargé du « climat »… Mais sans autre contenu concret que le « logement ». Ce commissaire au logement était la demande des sociaux–démocrates. Ils l’obtiennent. Notons que le logement – un sujet certes essentiel – n’est pas une compétence européenne.

    À côté de cela, Stéphane Sejourné hérite d’une vice-présidence exécutive à l’industrie…

    Cette répartition me fait fortement douter de la capacité de la VP socialiste à pouvoir peser sur la « transition » puisque le volet industriel, celui de la simplification des réglementations et celui du marché intérieur, sont placés en dehors de son périmètre, dans celui de Séjourné.

    Enfin, les dossiers agricultures, pêche, océans et transports, qui sont répartis auprès de 3 commissaires (deux PPE et un Chypriote sans étiquette) seront sous l’autorité du vice-président exécutif néo-fasciste italien Raffaele Fitto, imposé par Meloni et accepté par VDL, dont l’intitulé du portefeuille est « cohésion et réformes »… Tout un programme.

    D’un point de vue réglementaire et budgétaire, il n’est pas nécessaire de développer à quel point ces domaines ont des implications écologiques immédiates et concrètes absolument majeurs…

    Une coalition bleue et brune qui normalise et banalise l’extrême-droite

    Les équilibres de cette nouvelle commission sont éloquents :

    • Les Socialistes passent de 9 commissaires à 4.
    • La droite PPE passe de 9 à 14.
    • L’extrême droite néo-fasciste de Meloni passe de 1 à 2.
    • L’extrême droite RN–Orbán passe de 0 à 1.
    • Renew passe de 4 à 5.
    • Les écologistes de 1 à 0.

    Mais au-delà de ces équilibres, la nouveauté est l’importance des portefeuilles accordés à l’extrême droite.

    En s’appuyant sur elle, le PPE renforce sa mainmise sur les institutions européennes. Elle réduit l’influence des socialistes à peau de chagrin, celle des Verts à néant et elle met les Renew sous tutelle.

    L’épisode de l’éviction de Breton par VDL illustre ce phénomène, avec un PPE qui se permet d’imposer à la France le retrait d’un commissaire qui avait à plusieurs reprises manifesté son indépendance vis-à-vis d’orientations de VDL… Je ne développe pas cet aspect, plusieurs articles ont bien expliqué les choses.

    Revenons-en à la Commission.

    Comme je l’ai dit plus haut, le vice-président exécutif néo-fasciste italien aura la mainmise sur les commissaires en charge de l’agriculture, des transports et de la pêche et des océans.

    On ne peut pas dire que ce soit un portfolio mineur. La cohésion et l’agriculture, c’est une part très importante du budget européen…

    Par ailleurs, le commissaire nommé par Orbán aura en charge – certes sous la responsabilité de la VP socialiste mais qui sera très isolée – la santé et la condition animale. À ce titre, il est possible – quand on lit sa lettre de mission – qu’il soit en charge de la production bio et de la question des nouveaux OGM… Ajoutons à cela que satisfaire la demande des Verts de la création d’un·e commissaire en charge de la condition et du bien-être animal pour finalement la confier au commissaire d’extrême droite illibérale nommé par Orbán relève davantage de la provocation que de la concession.

    L’analyse de ces équilibres et de cette architecture illustre que VDL et le groupe PPE ont fait le choix de s’appuyer sur les extrêmes droites pour contenir et détricoter les politiques écologiques en tenant en joue ses « partenaires » socialistes et centristes et en cornerisant les Verts. L’idée étant de se garantir des majorités conservatrices–réactionnaires en signant un « agreement » avec l’extrême droite.

    « Toute ressemblance… »

    Bien entendu, cette situation rappelle la situation française – et celle de nombreux pays européens – où la droite et le centre se tournent volontiers vers l’extrême droite pour signer, dans le meilleur des cas, des pactes de non-agression, plutôt que de devoir se tourner vers la gauche et les écologistes…

    Le cas de ce qui se passe dans l’institution européenne est de ce point de vu éclairant : même quand le camp progressiste fait preuve d’esprit « constructif », en allant même jusqu’à renier une partie de ses valeurs, comme on l’a vu sur le Pacte sur la migration et l’asile, le résultat est le même. Ce choix politique de la collusion avec l’extrême droite n’est donc pas le fruit de circonstances conjoncturelles.

    Au niveau continental, un axe politique structurel se constitue entre l’extrême droite, la droite et les centristes pour garantir une assurance vie à leur agenda libéral–conservateur–autoritaire.

    Pour les droites et le centre, les convergences politiques souhaitées s’élaborent avec l’extrême droite, et cela quel que soit l’attitude des gauches ou des écologistes.

    La guerre aux pauvres et aux plus vulnérables

    Au-delà des éléments déjà évoqués, la disparition d’un commissaire chargé des questions sociales, qui existait depuis des décennies, dans l’architecture de la Commission est là encore éloquente.

    De la même manière, la place accordée à des commissaires de premier plan issus de pays qui remettent en question les droits des femmes, des personnes migrantes ou des personnes LGBTQ+ signe une désertion en rase campagne sur le plan des valeurs.

    Dans cette affaire, on assiste bien à une coalition idéologique qui s’attaque à l’écologie comme au acquis sociaux et aux droits humains.

    La lecture que je propose est volontairement anglée sur ce que je considère comme révélateur d’un point de vue politique.

    D’un point de vue « technique », je n’ignore pas qu’une lecture plus « positive » de cette architecture est possible. L’idée selon laquelle, par exemple, la dispersion « façon puzzle » des sujets écolos permettrait de saisir des opportunités pour obtenir des avancées est parfois proposée. Il y a aussi une présentation de cette nouvelle Commission consistant à dire que cette vice-présidence socialiste à la « transition propre, juste et compétitive » serait une garantie significative pour sauvegarder l’ambition d’un « Green Deal » désormais même plus nommé, un peu comme Voldemort, dont on ne doit pas prononcer le nom…

    Je pense, hélas, que pour cette Commission, il s’agit désormais de nourrir la conception d’une écologie sans normes ni règles de protection de l’environnement ou de la santé – présentées comme les ennemis de l’innovation et de la compétitivité ; une écologie compatible avec la croissance grâce au techno-solutionnisme, une écologie compatible avec le libre–échange. Bref, une écologie marketée et sculptée par les lobbys qui présenterait sous un jour favorable les intérêts installés.

    Cette vision n’est pas sans contradictions… On voit mal, par exemple, comment combiner la poursuite à marche forcée des traités de libre-échange et le « protectionnisme » ou la défense de notre souveraineté agricole…

    Mais c’est bien cette logique qui inspire, par exemple, le récent rapport Draghi qui, certes, invite à des investissements européens massifs, mais qui ne conditionne pas vraiment leurs usages et qui ne dit pas qui va les payer (ce qui est rarement un bon signe pour les plus fragiles et pour nos services publics) … Tel un nouveau Diafoirus, le Docteur Draghi prescrit la même potion amère déjà mainte fois administrée. Celle qui fait mine de déplorer les effets dont on chérit les causes.

    Bref, retour au « business as usual » : voilà en quelques mots la feuille de route de la nouvelle Commission VDL.

    Et maintenant ?

    S’il y a bien un enjeu à saisir le momentum sur une nécessaire réorientation de la « puissance » Europe au service d’une transition écologique et sociale, l’architecture de cette Commission et son centre de gravité politique soulèvent plus d’inquiétudes que d’espoirs.

    Alors que notre énergie et nos capacités d’action budgétaire, réglementaire, industrielle et intellectuelle devraient être orientées vers un changement de modèle dont le « Green Deal » constituait l’esquisse, on assiste à une régression qui va plonger l’Union européenne dans un repli et une sclérose qui pourraient durablement fragiliser ses bases démocratiques et humanistes.

    À ce stade, le groupe Verts/ALE doit, de mon point de vue, faire preuve de lucidité.

    Le choix de soutenir un second mandat de VDL pour permettre, comme expliqué plus haut, de bâtir un cordon sanitaire robuste avec les extrêmes droites et préserver autant que possible la dynamique du « Green Deal » a montré ses limites.

    Le meilleur service à rendre à l’écologie – et à la clarté du débat politique dans l’institution comme en dehors – est de refuser de rester prisonnier de ce pari.

    Je veux bien concéder que la famille verte a fait preuve de responsabilité en allant au bout d’une logique de responsabilité vis-à-vis d’une coalition – et d’un PPE – qui avait donc le choix de la direction dans laquelle elle souhaitait se tourner.

    Mais désormais, les choses sont claires. Et il faut dire avec force qu’il n’y a pas de « et en même temps » possible avec l’extrême droite et l’écologie.

    De ce point de vue, la vice-présidence exécutive accordée au candidat de Meloni et l’absence de vice-présidence explicitement dédiée à la continuité du « Green Deal » constituent une ligne verte qui devrait être consensuelle, non seulement entre tous les Verts, mais aussi pour tous les démocrates et progressistes européens.

    La bataille pour l’avenir que nous voulons pour l’Europe ne fait que commencer.

    C’est sur des bases solides et armés de valeurs sûres que nous devons la mener.

    David Cormand

  9. Garantissons l’accès à l’IVG partout en France

    2024 marque une avancée historique

     En 2024, la France est devenue le premier pays au monde à constitutionnaliser la “liberté garantie à la femme de recourir à une interruption volontaire de grossesse”. Cette victoire est le fruit d’un long combat mené par la société civile, ainsi que par les partis du NFP,  et plus particulièrement par la sénatrice écologiste, Mélanie Vogel.

    Bien que cette avancée soit un motif de célébration, elle reste incomplète. La “liberté garantie” ne précise pas les conditions dans lesquelles peut s’exercer le droit à l’avortement. C’est pourquoi nous réclamons des gages supplémentaires en termes de moyens humains, matériels et logistiques, afin d’assurer un accès réel à l’IVG sur l’ensemble du territoire, que ce soit en zones urbaines, rurales ou dans les Outre-Mer.

    Des obstacles persistent en France

    Des difficultés persistent quant à l’accès à l’IVG, notamment en termes de gratuité, de choix de méthode, de proximité, de rapidité et de confidentialité.

    Les femmes se heurtent encore trop souvent à :
    – Des dépassements d’honoraires injustifiés,
    – Des établissements limités dans leurs offres de méthode, ne pratiquant que l’IVG médicamenteuse (possible seulement jusqu’à 9 semaines d’aménorrhée, contre 16 pour l’IVG chirurgicale),
    – Des déserts médicaux et des délais d’attente trop longs,
    – Des atteintes à la confidentialité.
    – La clause de conscience du corps médical qui continue de complexifier les parcours d’accès

    Certaines populations, notamment les hommes trans, les femmes issues des communautés des gens du voyage ou les femmes migrantes, rencontrent des obstacles plus difficiles encore d’accès à l’IVG et à son suivi.

    Le contexte international reste alarmant  

    L’opposition au droit à l’avortement continue de croître, aussi bien en Europe qu’à l’échelle mondiale. En mars 2024, le président argentin, Javier Milei, a déclaré que l’avortement, bien que légal en Argentine, était pour lui un “meurtre”. Aux États-Unis, l’annulation de l’arrêt Roe vs Wade continue d’avoir des répercussions dramatiques, particulièrement pour les femmes précaires, sans moyens de se rendre dans un État où l’IVG reste autorisée. Le taux de mortalité des femmes enceinte a augmenté de 56 % au Texas depuis l’interdiction de l’IVG en 2001. Dans de nombreux pays, l’accès à l’IVG demeure tout simplement inexistant.

    Des signaux inquiétants en France

    Michel Barnier, nommé Premier ministre le 5 septembre, avait voté en 1982 contre le remboursement de l’IVG. Bruno Retailleau (ministre de l’Intérieur) et Laurence Garnier (secrétaire d’État à la Consommation) ont voté contre la constitutionnalisation de l’IVG.  Ces nominations sont des signaux préoccupants qui requièrent notre vigilance et notre mobilisation pour que les conditions d’accès à l’IVG ne soient pas entravées. 

    Les Écologistes défendent :

    • La garantie de pouvoir avorter partout en France jusqu’à la 16ème semaine d’aménorrhée et de pouvoir choisir la méthode jusqu’à la 9ème semaine,
    • L’assurance d’une production nationale et européenne des médicaments nécessaires à la contraception et à l’IVG,
    • L’adoption d’une législation européenne permettant un accès sécurisé à l’IVG dans toute l’Union européenne.
    • L’application de la loi du 4 juillet 2001, permettant des séances d’éducation à la vie affective, relationnelle  et sexuelle dans les établissements scolaires,
    • La contraception gratuite pour toutes

    Nous appelons à la mobilisation le 28 septembre, journée mondiale du droit à l’avortement 

     Parce que les femmes doivent pouvoir disposer librement de leur corps, nous appelons à rejoindre les manifestations organisées partout en France le 28 septembre, à l’initiative des associations, pour défendre ce droit fondamental.

    Aminata Niakaté et Sophie Bussière, porte-paroles nationales

    La commission féminisme des Écologistes

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