Passage en DSP des cantines : la parole aux agents

Nous sommes déjà intervenus à plusieurs reprises sur cette décision politique d’externaliser toutes les demi-pensions des collèges du Rhône.
Aussi, je ne reviendrai pas sur ce que nous avons déjà dit et qui reste d’actualité notamment sur la qualité des emplois. J’en profite pour vous rappeler que nous sommes toujours intéressés par votre analyse faisant état de 4 millions d’économie.
Notre intervention aujourd’hui porte sur 3 points :
• Premier point : aucun collège en DSP ne demanderait à revenir en régie alors que des collèges en régie demanderaient le passage en DSP
• 2ème point : le différentiel de coût viendrait du fait que les repas sont servis 144 jours et que les agents sont payés – sous-entendu en chômage partiel – le reste du temps, ce qui, effectivement ne pourrait se passer dans une société commerciale bien gérée.
• 3ème point : le passage en DSP rend-il possible demain un retour en arrière et question subsidiaire : l’externalisation de la restauration ne risque-t-elle pas d’entraîner l’externalisation d’autres services assurés par les agents territoriaux ?
Premier point : la demande des collèges et le consensus des équipes éducatives.
En CTP, il a été dit que les collèges sont choisis selon trois critères : la demande des collèges, des dysfonctionnements ou des départs à la retraite. Par exemple, lors de la première délibération, on nous a dit que le collège de Grigny avait demandé à l’unanimité la DSP.
La lecture attentive de comptes rendus de CA et les contacts avec les membres des équipes présentent une tout autre version.
Grigny d’abord : oui, en décembre 2011, la FCPE vous a écrit pour vous faire part de leur mécontentement concernant la cantine et je tiens à saluer la prompte réactivité des services puisqu’au CA du mois suivant, la DSP était soumise au vote.
Seulement, quelques temps après, la FCPE vous adressait un courrier pour signifier que ce point, non inscrit à l’ordre du jour, n’avait pas permis de le préparer et surtout que seule cette solution aux dysfonctionnements avait été proposée alors que le courrier de décembre concernait un seul agent qui posait problème, puisque lors des remplacements de cette personne la situation se rétablissait. Aussi, la FCPE souhaitait l’ouverture à d’autres solutions privilégiant le maintien de personnes titulaires et privilégiant les circuits courts et les produits biologiques. J’espère d’ailleurs que cette dernière demande de produits bio a bien été prise en compte. « Au lieu de changer une personne, dit la fédération, vous nous avez proposé de changer toute l’équipe ».
Quant aux autres CA, je n’aurai pas le temps de les citer tous, mais vous le savez, c’est quasi majoritairement le mécontentement envers cette décision de notre assemblée. Mais là encore, faudrait-il compter comme volontaire un collège comme Lucie Aubrac, alors que, je cite le compte rendu du CA, suite à « la demande du collège », la proposition du CGR de passer en DSP récolte 15 voix Contre et une seule voix Pour, celle de la demande, je suppose.

Dans les collèges de Thizy et d’Amplepuis, je pense que vous en avez eu connaissance, les CA désapprouvent la décision, par 12 voix Contre 1 Pour à Amplepuis où la motion adoptée souligne la qualification et la compétence des agents comme à Thizy où le CA vous demande « Pourquoi remplacer un service qui fonctionne bien et qui donne toute satisfaction à ses usagers ? ».
Mêmes discours aux CA de Pablo Picasso où l’on pointe par ailleurs le sous-effectif des agents cette année, au collège de Condrieu, au collège Jean Renoir, au collège de Bans, au collège Louis Jouvet, au collège de Chassieu, au collège de Soucieu-en-Jarrest, au collège Maurice Leroux à Villeurbanne.
En conclusion, si aucun collège en DSP n’a demandé son retour en régie, comme vous le soulignez régulièrement, force est de constater qu’aucun collège n’a demandé son passage en DSP, c’est, dans de rares cas, le CGR qui devant des dysfonctionnements comme il en existe dans tous les services, a répondu : Passage en DSP !

Deuxième point : les 144 repas. Monsieur le Président, vous nous avez impressionnés avec ce chiffre. Seulement, vous en conviendrez, il s’agit des jours ouvrés travaillés 8 heures qui donnent droit à 18 jours et demi de RTT et n’oublions pas les 34 jours ouvrés de congé annuel. Ouf, ça va mieux, nous voilà à 197 jours pour 220 jours ouvrés annuels environ. Mais que font les agents les jours ouvrés restants ?
Une grande partie est consacrée à l’entretien du matériel et aussi aux projets d’amélioration, à la préparation des menus de la rentrée, aux commandes, aux fiches de production. Hors de la présence des élèves, il y a des tâches à effectuer, si ces temps des vacances scolaires où ces taches peuvent se faire n’existaient pas, il faudrait des effectifs supplémentaires.
Avec les DSP justement, ce sont ces temps qui seront les premiers laminés pour générer du profit.
Et si le matériel n’est pas aussi bien entretenu, le CGR qui en a la charge, trouvera peut-être que cela coûte bien cher et vous aurez un prestataire qui vous soufflera que c’est moins couteux en cuisine centrale, dans un deuxième temps bien sûr.
Enfin, troisième point, en cas de mécontentement demain quant à la DSP, quand vous n’aurez plus les anciens cuisiniers reconvertis quelquefois en contrôleurs des sociétés prestataires, le retour en régie directe se heurtera à l’absence de savoirs faire ou à la difficulté d’intégrer des contrats privés et on restera en DSP. Et le risque sera grand que l’externalisation se diffuse aux agents assurant l’entretien des salles de classe et des parties communes car ces postes sont optimisés grâce aux services de restauration qu’ils viennent renforcer lors du service de repas.
En conclusion, je donne la parole à la dizaine d’agents, aides cuisiniers et chef de cuisine que j’ai rencontrés, qui m’ont parlé de l’engagement des équipes pour votre expérimentation en produits locaux et qui m’ont dit leur amertume aujourd’hui, qui ont pointé que si 1/3 de l’énergie mise aujourd’hui pour passer en DSP avait été mise à résoudre les quelques difficultés et à optimiser le service de restauration, il vous serait difficile d’arguer quelques intérêts à ce passage, et qu’enfin, ils ne vivent pas les choix qui leur sont proposés, pour beaucoup, comme une opportunité, car pourquoi accepter une reconversion sur un autre métier quand son métier n’est en aucun cas supprimé mais donné à un salarié extérieur pour des raisons de coût.
Je vous remercie

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