Grand Stade : Pas de garantie d’emprunt pour un projet privé !
Monsieur le président, chers collègues,
Vous nous demandez dans ce rapport d’accorder la garantie d’un emprunt de 40 Millions d’euros de la société privée foncière du Montout, pour boucler le montage financier du Stade des Lumières. Ce n’est pas ici le débat Pour ou Contre le stade, mais un débat d’engagement financier. Pour les écologistes, cet engagement financier du Conseil Général est inacceptable à plusieurs titres :
D’abord, depuis plusieurs mois, vous répètez que le Conseil Général a des contraintes budgétaires, et qu’il doit se recentrer sur ses compétences premières, notamment la solidarité. Rappelons aussi que vous allez probablement augmenter les impôts pour faire face aux dépenses sociales croissantes. Soulignons que 40M€ c’est quasiment le budget annuel des collèges et le budget de la politique d’insertion.
Il est vrai qu’un stade privé de 60 000 places est une priorité au moins aussi importante que les personnes handicapées, les personnes âgées en perte d’autonomie, les publics en insertion, l’aide à l’enfance, les collèges : les contribuables apprécieront.
– Ensuite, depuis 2007, le président de l’OL et celui du Grand Lyon répètent que le Grand Stade est un équipement privé qui se fera sans argent public et sans aide économique, hormis pour les accès. Or, aujourd’hui, l’OL a besoin de l’aide financière indirecte d’une collectivité : nous aurait-on menti ?
– Depuis le début, Jean-Michel Aulas répète qu’il n’a pas de problème de financement pour le stade, qu’il aura des emprunts bancaires, et qu’il vendra le nom du stade pour 100M€ (« naming »). Or, dans votre rapport, sont indiqués des emprunts (200M€), une émission obligataire (80M€ dont 50% à garantir par le CGR) et de l’auto-financement (120M€) : aucun naming et aucun business plan, aucune mention d’aucune recette !
Vous garantiriez un emprûnt sans que la foncière du Montout ne produise aucun document financier.
Car, en guise de document financier de l’OL pour étayer la demande, deux lettres de M. Aulas à votre attention (l’une du 15 novembre, l’autre du 16- à noter la rapidité d’instruction de ce dossier : aussi vite que la délibération du financement du demi échangeur voté au Grand Lyon en début d’année en 10 jours !!). Donc ces lettres ne sont que des documents de communication mais pas un dossier sérieux ! (14 pages de rappel de l’historique du projet…). Mais rien sur l’emprunt obligataire, rien sur le taux de rémunération de cet emprunt ! Donc, à ce jour, nous ne savons rien de la crédibilité financière de ce dossier et des raisons de ces difficultés à boucler le plan de financement: l’OL a-t-il vraiment les moyens de construire son stade ? Pourquoi Aulas, qui a une fortune personnelle conséquente, ne garantit pas lui-même cet emprunt ? Il semble prêt à mettre de l’argent dans le rachat de TLM : pourquoi pas dans le financement de son Stade ?
– Enfin, compte tenu des incertitudes sur la fiabilité du projet, s’engager dans la garantie d’emprunt, c’est prendre le risque sérieux d’une perte de 40M€ d’argent public : si le risque se réalise, comme personne n’achètera un stade, le CG rentrera au capital de la filiale du Montout à hauteur de 20 %. Ce sont vos propos, M. le président… Autant dire que cet argent n’ira pas aux politiques départementales.
J’ajouterai enfin que la situation financière du Conseil Général est fragilisée par ses emprunts toxiques. Le président du groupe socialiste nous alerte régulièrement à ce sujet. Ce dossier comporte donc de vrais risques financiers, juridiques et politiques et nos concitoyens ne comprendront pas vos choix, M. le président.
Alors, vous allez me dire « il y a ceux qui votent pour le passé et ceux qui votent pour l’avenir les grands projets d’infrastructures ! » eh bien nous disons, les projets d’avenir, ce sont des projets moins consommateurs d’espaces agricoles, de ressources financières, moins producteurs de gaz à effet de serre, ce sont ces projets qui attendent d’être soutenus pour une société de la transition écologique ».
Il est encore temps de retirer ce dossier, M. le président !
Si vous le maintenez, nous voterons contre cette décision irresponsable.