Deux lieux parisiens à la mémoire d’Albert Jacquard et de Rita Thalmann
Sur la proposition des écologistes, deux lieux parisiens vont prendre le nom de Rita Thalmann, historienne française du nazisme et de la Shoah, et d’Albert Jacquard, généticien reconnu et grand humaniste engagé. Les deux vœux (disponibles en pièce jointe) ont été votés ce matin par le Conseil de Paris.
Conseil de Paris des 14 et 15 octobre 2013
Vœu relatif à l’attribution du nom de Rita Thalmann à une place ou un site à Paris
déposé par Yves Contassot, Sylvain Garel et les élu/es du groupe Europe Ecologie – Les Verts et Apparentés
Considérant que le 18 août 2013 disparaissait Rita Thalmann ; Considérant que cette historienne française né à Nuremberg en 1926 au sein d’une famille juive très pratiquante dut quitter le territoire allemand à l’arrivée des Nazis au pouvoir pour s’installer à Dijon ; Considérant le décès tragique de ces parents, mort du père à Auschwitz après son arrestation à Grenoble, mort de la mère durant son internement en l’hôpital psychiatrique sous le régime de Vichy ;
Considérant la qualité de ses recherches et son apport historique dans l’étude du nazisme, de la Shoah et de la Seconde guerre mondiale et plus spécifiquement du statut de la femme durant la période concernée ; Rita Thalmann était professeur émérite d’histoire et de civilisation germanique à l’université de Paris-VII ;
Considérant son engagement d’abord au Parti Communiste Français, puis à la LICRA, elle fonda le Centre d’études et de recherches internationales et communautaires (CERIC) et siégeait au sein du Comité national de réflexion et de propositions sur la laïcité à l’école ; Considérant l’apport de ces ouvrages sur La nuit de cristal (1972), Etre femme sous le IIIe Reich (1982), La mise au pas de la France 1940-1944 (1991) sans oublier son autobiographie publiée chez Berg International en 2004 Tout commença à Nuremberg ;
Aussi, sur proposition d’Yves Contassot, de Sylvain Garel et des élu/es du groupe Europe Ecologie – Les Verts et Apparentés, le Conseil de Paris émet le vœu que : Le Maire de Paris rende hommage à cette historienne en donnant à une place, un site ou une bibliothèque le nom de Rita Thalmann.
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Conseil de Paris des 14 et 15 octobre 2013
Voeu pour la dénomination d’un lieu parisien en hommage à Albert Jacquard
déposé Jacques Boutault, René Dutrey, Sylvain Garel et les éluEs du groupe Europe Ecologie – Les Verts et Apparentés
Le 12 septembre dernier nous avons appris avec tristesse le décès d’Albert Jacquard à l’âge de 87 ans à son domicile parisien (6e arrondissement).
Polytechnicien, Albert Jacquard a d’abord travaillé au ministère de la Santé publique avant de rejoindre l’Institut national d’études démographiques (INED) en 1962.
Il perfectionne sa formation de généticien à l’université de Stanford aux Etats-Unis, où il étudie la génétique des populations et la complète par un doctorat en génétique et en mathématiques.
Cette expérience a forgé chez lui sa conscience politique et son combat contre les injustices. Il s’est attaché sans relâche à combattre les arguments prétendument scientifiques des théories racistes. Membre du Comité consultatif national d’éthique, il se prononce en tant que généticien, contre l’exploitation à des fins commerciales du génome humain et du brevetage généralisé du vivant.
Scientifique reconnu, il était un grand humaniste et un militant actif. Pourfendant le racisme, les inégalités et le libéralisme (qu’il qualifiait de «catastrophe pour l’humanité»). Antinucléaire, il était défenseur de la « décroissance joyeuse ».
A partir de mai 1990, lors du campement de familles expulsées, place de la Réunion Albert Jacquard va s’engager avec détermination et courage dans la cause des “sans”. Il participe à de nombreuses luttes avec le DAL, dont il était Président d’honneur, et avec l’Abbé Pierre. Il participe à l’occupation du Quai de la gare en 1991, à la réquisition du 41 Avenue René Coty en 1993 ou à celle du 7 rue du Dragon en 1994. Il était encore là le 16 mars 2013 marchant aux cotés des mal-logés pour réclamer la baisse des loyers et l’arrêt des expulsions. Il participe à l’occupation de l’église Saint Bernard à Paris en 1996 avec les sans papier, et l’association Droits Devant, dont il était co-président.
Il soutient aussi les handicapés, les chômeurs, et de nombreuses luttes sociales pour les droits.
Sa pensée l’apparente aux grands intellectuels humanistes et écologistes du siècle comme Théodore Monod ou André Gorz. Combattant infatigable contre les inégalités et la discrimination, il pensait qu’il fallait réinterroger le droit de propriété : « le pouvoir de tout acheter, la surpuissance que donne l’argent sont contraires à l’idée même de démocratie ».
Humaniste, anti-libéral, visionnaire, et profondément non violent, il était auteur de nombreux ouvrages. Nous lui devons, des livres Eloge de la différence, qu’il publie en 1978 véritable manifeste contre les inégalités, ou la Légende de demain (2001) dans lequel il affirme que nous sommes à la croisée des chemins. « Ce siècle, écrit-il peut être celui de la barbarie ou de l’humanisme. L’épuisement des ressources naturelles, l’inégale répartition des richesses nous mettent au pied du mur : c’est maintenant que nous faisons les choix pour demain ».Il disait aussi : » Je suis ce que mes rencontres avec les autres m’ont fait devenir ».
Ses livres rencontrent un large public séduit par sa capacité à vulgariser sans dénaturer des sujets philosophiques et scientifiques.
Albert Jacquard était très apprécié de ses proches et tous ceux qui l’ont connu le considère comme un personnage exceptionnel, peut-être parce qu’il s’appliquait à lui-même ce qu’il jugeait bon pour tous et faisait partie de ces rares intellectuels qui savent lier la pensée à l’action.
Notre Ville s’honorerait à rendre un hommage mérité à Albert Jacquard.
Aussi, sur proposition Jacques Boutault, René Dutrey, Sylvain Garel et des éluEs du groupe Europe Ecologie – Les Verts et Apparentés, le Conseil de Paris qu’un lieu parisien soit