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  1. Réponse d’Eva Joly aux questions d’ATTAC le 3 novembre 2011

    Madame Trouvé,
    Tout d’abord merci pour votre questionnaire qui permet à chaque candidat d’entrer dans le détail de ses propositions sur les sujets financiers. Ceux ci sont déterminants mais, je trouve, trop peu présents dans le débat politique.

    Néanmoins, nous ne devons pas oublier que la crise financière est l’expression d’une crise plus globale, sociale et écologique qui oblige nos sociétés à revoir leurs modes de production et de consommation. Le développement de la finance a permis de mettre en place des mécanismes complexes pour capter une richesse produite par ailleurs, de déconnecter le lieu de production de richesse et celui de son exploitation. Par exemple, le crédit « subprime » a permis de prolonger le ythme de consommation des ménages américains en remplaçant des salaires par un accès facilité au crédit. Le ralentissement de la croissance en 2007, la hausse des taux d’intérêts, la hausse du prix de l’essence ont provoqué des défauts de paiements en chaîne et une crise systémique.

    Par ailleurs, vous parlez souvent du G20 dans votre questionnaire. Pour moi, le G20 ne doit pas être le lieu des décisions importantes pour l’humanité du fait de l’exclusion d’un trop grand nombre de pays. Je défends le multilatéralisme et l’ONU, comme lieu privilégié de négociation.

    1 Régulation financière

    Je partage votre constat sur la trop grande faiblesse de la réponse actuelle à la crise financière de 2008, dont nous ne sommes toujours pas sorti. Elle est la résultante de la nouvelle ère du capitalisme, le néolibéralisme dont les méthodes et les objectifs sont bien identifiées : marchandisation généralisée étendue à toute la planète, liberté d’action des investisseurs et des grandes entreprises multinationales. Je récuse cet intégrisme libre-échangiste qui s’est traduit par l’ouverture de toutes les frontières commerciales, la disparition des obstacles aux échanges de bien et de services, indépendamment de toute considération sociale, écologique et de droits humains. Mon niveau d’ambition est simple : instaurer de nouvelles règles du jeu face à la vague néolibérale au début des années 80 pour s’opposer à la domination du capital sur le travail et la nature, et à la domination des pays riches sur les autres.

    Malgré les grands discours les combats concrets pour encadrer la finance avancent peu. La pseudo « fin des paradis fiscaux » s’est révélée un leurre , les bonus ont retrouvé leur niveau d’avant la crise, les produits dérivés sont toujours échangés de manière opaque, de nouveaux produits continuent de voir le jour, comme les fameux ETF, qui accentuent l’empreinte de la finance sur l’économie réelle, ou le « trading de haute fréquence (HFT) » dont les volumes ont plus que triplé depuis 2008 !

    Dans ce contexte mes priorités seront les suivantes :

    – Séparer les activités de « banques d’affaires » et de banques de dépôts. L’argent du contribuable ne doit en aucun cas servir à sauver la partie « finance de marché » des banques. Le seul moyen de garantir cela est de séparer les activités. Mais en menant cette réforme à bien il faudra être attentif à ce que ne soit pas le pretexte pour abandonner toute réforme de la finance de marché. Ce n’est pas parce que cette activité ne doit pas être sauvée par l’argent du contribuable qu’elle doit prospérer librement car elle est par ailleurs largement prédatrice de l’économie réelle.

    – Par ailleurs, nous proposons la création d’un pôle public bancaire autour de la banque postale. Mais nous devons aussi empêcher que l’épargne populaire soit captée par la finance de marché. C’est pour cela que nous prônons également la création d’un pôle financier public autour de la Caisse de Dépôts et Consignation. Le démantèlement de Dexia va dans ce sens.

    – Interdire les CDS notamment sur les dettes souveraines. Ces produits sont profondément pervers car ils reposent sur la fiction selon laquelle les marchés peuvent s’auto assurer alors que nous le voyons tous les jours les vrais assureurs des risques pris ce sont les contribuables ou les Banques centrales. Nous sommes ainsi dans la situation absurde où des banques européennes vendent de l’assurance contre le risque de faillite de l’Italie alors que l’on sait que ces memes banques feraient immédiatement faillite si l’Italie venait à devoir faire un défaut partiel.

    – Adopter en France l’équivalent de la loi FATCA votée par Obama en 2010 pour obliger toutes les institutions financières qui ouvrent un compte à un citoyen français ou à une entreprises à capitaux majoritairement français de le déclarer au fisc. Cette loi, qui entrera en vigueur aux Etats Unis en 2013, est un coup de massue sur le secret bancaire. Ce sera mon modèle pour la France.

    – Elargir la liste française actuelle des paradis fiscaux et conditionner l’octroi de la licence bancaire au retrait de la banque des paradis fiscaux. Pour les pays étant susceptibles d’être sur la liste mais ayant une véritable activité économique (Philippines, Libéria, Suisse, Liban…) les banques devront prouver le lien entre leur présence et une activité économique réelle.

    – Mettre fin à la fuite en avant des transactions ultra courtermistes en instaurant un temps minimum pour chaque transaction. Je note d’ailleurs que la taxe sur les transactions financières, si elle voit vraiment le jour, sera un outil puissant contre ces transactions.

    – Limiter le levier (niveau d’endettement rapporté aux fonds propres) des fonds spéculatifs (hedge funds) ce qui diminuera considérablement leur pouvoir.

    Mon programme comporte des dizaines d’autres mesures pour remettre la finance à sa place. Certaines peuvent se prendre directement au niveau national (séparation des banques de dépôt et d’affaires) d’autres doivent se prendre au niveau européen (interdiction des CDS par exemple). Je constate en tant que députée européenne le grand écart qui existe entre les discours de régulation du capitalisme financier et les positions de négociation de la France à Bruxelles. Je prends l’engagement devant vous de faire de ces questions une priorité absolue si je suis élue Présidente. Je m’engage également à me battre pour une modification des traités européens de façon à limiter davantage la circulation des capitaux. Mais je note quand même que la jurisprudence actuelle de la Cour de justice prévoit expressement qu’il est possible de limiter la liberté de circulation des capitaux car cette liberté « n’est pas absolue ». Si certains choix ne sont pas fait c’est d’abord par l’absence de volonté politique des gouvernements en place, soumis aux exigences des marchés.

    2 Financement des urgences sociales et écologiques

    Tout d’abord permettez moi de marquer mon accord sur la façon dont vous mettez en avant les urgences écologiques et la nécessaire transition écologique. Trop souvent la crise actuelle fait oublier cette urgence alors qu’il s’agit, à nos yeux, d’une dimension absolument incontournable de toute politique de « sortie de crise ». Car la tache qui est devant nous n’est pas de restaurer les équilibres antérieurs mais bien d’inventer un nouveau modèle de développement. La crise écologique est le résultat des choix productivistes et de la priorité donnée aux profits . Il y a urgence à changer d’ère. La conscience d’un monde aux ressources limitées, épuisables doit commander les choix collectifs. Il ne s’agit pas d’une simple alternance mais d’un enjeu de civilisation.

    Le financement des investissements nécessaires à la conversion écologique de notre économie représente un montant annuel d’environ 50 milliards d’euros. La plus grande partie de ces investissements, environ les deux tiers, relèvent des acteurs privés (ménages et entreprises). L’enjeu pour l’Etat est, à ce niveau, de mettre en place des normes écologiques plus ambitieuses qui obligent les entreprises à investir et à innover pour continuer à vendre leurs produits sur le marché.

    Il s’agit par exemple des normes de consommation des véhicules, de tous les biens intermédiaires, des normes d’isolation des batiments, etc… Reste environ 15 à 20 milliards d’argent public qui doit venir financer les investissements publics verts, aider les ménages les moins aisés à modifier progressivement leur consommation et aider certaines entreprises ou certains secteurs à convertir leur mode de production. Ces investissements peuvent avoir plusieurs sources de financement : une fiscalité écologique basée sur une taxe sur les énergies non renouvelables (énergie et fossiles) et une réorientation de dépenses publiques existantes. Pour plus de détails sur tous ces aspects je vous renvoie au contre budget que j’ai présenté récemment . J’insiste sur le fait que ces investissements peuvent se réaliser sans endettement public supplémentaire.

    Pour en venir plus spécifiquement à vos propositions :

    – Sur les eurobonds: nous sommes favorables aux euro-obligations car il est cohérent lorsque l’on détient la même monnaie de mutualiser également les émissions de dettes publiques. Nous sommes donc favorables à un trésor européen émettant des obligations européennes pour financer les nouvelles dettes des Etats de la zone euro.

    – Le bénéfice de ces euro-obligations sera double: un taux d’intérêt moyen plus faible, ce qui permettra de protéger de la spéculation des pays comme l’Espagne ou l’Italie et un meilleur (ou plus grand?) rapport de force avec les marchés financiers. Mais cette mutualisation de l’endettement doit aller de pair avec une plus grande mutualisation des politiques budgétaires, non pas à la demande des traders comme semble le supposer votre question, mais à la demande des pays comme l’Allemagne qui risque de voir leur propre taux d’intérêt augmenter. Cette mutualisation ne veut pas dire forcément une austérité généralisée mais un plus grand contrôle des engagements pris.

    – Une modification du statut de la BCE est nécessaire, notamment pour lui permettre d’acheter des eurobonds et des titres de la dette publique des États européens. La crise récente a montré que dans des situations de crise, une banque centrale doit jouer le rôle de prêteur en dernier ressort. La BCE a été obligée de ne pas respecter à la lettre les traités : il faut en tirer les conséquences institutionnelles en réformant le statut de la BCE, en établissant un contrôle démocratique du parlement Européen sur la BCE.

    – faire contribuer davantage les grandes entreprises, dont le taux d’imposition effectif n’est que de 8 %, est une nécessité absolue. La lutte contre les paradis fiscaux, le renversement de la charge de la preuve en matière de prix de transfert, l’imposition d’un taux d’imposition plancher sur le bénéfice brut, la réduction du crédit d’impot recherche, etc. font partie des propositions que je défends dans mon contre budget.

    – Faire contribuer les catégories privilégiées est aussi une nécessité après des années d’une logique fiscale absurde consistant à favoriser les plus riches : fiscalité plus juste sur la succession des grands patrimoines, salaire maximum, forte taxation des revenus au-delà de 500 000 euros par an ou encore intégration des revenus du capital dans l’impôt sur le revenu. Voilà quelques unes des mesures qui figurent dans mon contre budget.

    – Arrêter le recours au marché financier : le fait que les Etats soient obligés de passer par les banques privés qui placent ensuite la dette publique sur les marchés financiers pour se financer est effectivement un problème majeur. Je suis tout à fait favorable au retour à des emprunts publics qui permettent de retisser un lien direct entre l’Etat et ses citoyens et qui contournent les marchés financiers. Je suis également favorable à un financement direct par la BCE mais uniquement de certains investissements utiles à la conversion écologique. En effet, je ne vois pas pourquoi la banque centrale devrait financer les dépenses militaires nationales ou l’investissement dans l’aéroport Notre Dame des Landes ! Enfin pour contourner les marchés financiers et réduire ainsi leur pouvoir actuel je suis favorable à la création d’un grand Livret Vert en complément du Livret A, géré par un pole financier public dont la mission serait de financer à bas taux les investissements verts des ménages (isolation des bâtiments…) et des entreprises.

    3. Banques

    Concernant les banques j’ai déjà évoqué un certain nombre de mesures fortes dans le point 1 de votre questionnaire.

    Je suis entièrement d’accord avec vos trois premières propositions. Je suis favorable à une sélectivité du crédit qui différencie le taux d’intérêt en fonction de l’utilité sociale et écologique du projet. Je pense également, et c’est un point important dans le débat actuel sur l’éventuelle recapitalisation des banques européennes, qu’il ne peut y avoir d’argent public sans prise de contrôle public. La mise sous tutelle des banques est un impératif politique majeur. L’austérité pour tous sauf pour les banques ce n’est tout simplement pas supportable. Mais je note comme vous que par le passé le simple contrôle public n’a pas suffit à modifier le comportement des banques et que les statuts actuels des banques coopératives et mutualistes ne sont pas non plus un modèle. Nous devons donc inventer une nouvelle organisation qui permet une représentation plus large des différentes parties prenantes. Le statut de Scic étant un héritage du passage des écologistes au gouvernement nous étudierons cette possibilité avec beaucoup d’intérêt.

    Concernant le dernier point, je suis ouverte à une discussion plus avancée car les banques françaises disposent déjà de beaucoup d’obligations françaises dans leurs comptes via notamment l’assurance vie. Je ne vois pas à ce stade en quoi une obligation supplémentaire serait de nature à changer la donne. D’autant que, comme vous, nous plaidons pour un développement des emprunts populaires.

    4. Dette

    J’estime que si la dette est une réalité qu’il faut combattre, le discours sur la dette repose en grande partie sur un mensonge, celui transmis par le biais des pressions faites par les Agences de notation, expression des marchés financiers, dont le discours récurrent est la lutte contre les dépenses publiques. Ce raisonnement, qui consiste à faire payer par les populations la crise financière due aux spéculateurs et aux cadeaux consentis aux grandes entreprises, nous enfonce dans la récession et sacrifie les investissements nécessaires à la conversion verte de l’économie.

    Comme vous le savez j’ai voté contre la réforme du Pacte de stabilité et de croissance au Parlement européen. Ce nouveau pacte entraine en effet toute l’Europe dans une austérité généralisée synonyme de régression sociale et de renoncement écologique. Pour autant je ne crois que la dette en soi soit une valeur écologique. Tout dépend de l’utilisation qui en est faite. S’endetter en baissant les impôts pour financer des dépenses militaires revient à créer à nos yeux une dette publique contre productive. Je ne défends pas les logiques keynésiennes pour elle-même. Toute dépense n’est pas bonne en soi parce qu’elle générerait de l’activité, source de revenu. Cette lecture orthodoxe de Keynes est dangereuse car elle ne tient pas compte des finalités de ces activités et des conséquences sociales et environnementales.

    Je constate que les causes de l’excès de dette publique sont triples : d’abord les baisses d’impôts réalisées depuis l’an 2000 qui coutent environ 100 milliards d’euros par an à l’Etat en manque à gagner. Revenir rapidement sur ces baisses d’impôts qui n’ont pour l’essentiel que bénéficier aux plus riches est une priorité. Deuxième cause : Depuis les années 70, les gouvernements ont décidé d’emprunter uniquement sur les marchés financiers pour éponger leurs déficits au lieu d’avoir recours aux banques centrales. Ils se sont mis sous leur emprise exclusive. Troisième cause : la dette de crise. Depuis 2008, la dette publique moyenne a augmenté de 20 points dans la zone euro. Parce que l’Etat a du jouer les pompiers pour sauver les banques puis sauver l’économie dans son ensemble. Il serait logique d’isoler ces 20 points de dette et de la faire rembourser progressivement par le secteur financier au moyen de différentes taxes (sur les profits, les bonus, les transactions financières…). Faire cela permettrait de redescendre immédiatement sous le seuil des 60 % en France et à des niveaux soutenables dans les pays les plus endettés. Le seul cas où une restructuration de la dette publique me semble inévitable est celui de la Grèce. Je soutiens depuis 2010 déjà la nécessaire restructuration avec non remboursement aux créditeurs privés d’environ la moitié de la dette actuelle.

    Je suis donc très favorable à votre demande d’audit et je m’engage à la mettre en oeuvre si je suis élue présidente.

    Enfin, j’ajoute un élément essentiel pour les écologistes et sur lequel je serai attentive à votre position. Nous ne pensons ni possible ni souhaitable de revenir à des taux de croissance du PIB de 2 à 3 % par an. Dès lors nous devons poser la question de la dette dans un contexte de croissance faible. C’est pour cela que je ne suis pas favorable à une fuite en avant dans l’endettement public au motif que l’on remboursera demain grace aux « fruits de la croissance ». Ces fruits nous le savons sont de plus en plus empoisonnés, tant pour la planète que pour l’humanité. Cette nouvelle donne écologique doit nous amener à revoir en profondeur notre rapport à la dette, en y intégrant la dette écologique et une logique de soutenabilité globale, environnementale, sociale et financière. Par ailleurs, nous devons revoir notre manière de mesurer la croissance. Une croissance qui ne permettent pas la réduction des gaz à effets de serre, de réduire notre empreinte écologique condamnerait nos sociétés à une impasse. Une autre société est possible. Je me refuse à me satisfaire d’une alternance avec la droite mais je me bats pour une véritable alternative pour 2012.

    Eva Joly

     

     

  2. Attentat contre Charlie Hebdo le 2 novembre 2011

    Le jour de la publication d’un numéro spécial intitulé « Charia Hebdo », l’hebdomadaire Charlie Hebdo a été la victime d’un incendie criminel.

    Parallèlement le site internet du journal faisait l’objet d’une attaque de « hackers » se présentant comme des intégristes islamistes.

    Europe Écologie – Les Verts tient en premier lieu à exprimer sa plus profonde solidarité à l’ensemble de l’équipe de Charlie Hebdo.

    EELV espère que les auteurs de ces attaques seront rapidement identifiés afin que la toute la lumière puisse être faite sur leurs motivations réelles, aucune hypothèse, y compris celle d’une pure provocation, ne pouvant en l’état être écartée.

    EELV rappelle son attachement à la liberté de la presse sans laquelle il n’est pas de démocratie vivante et condamne avec la plus grande fermeté ces actes criminels qui tendent à empêcher par la peur, la libre expression de toute pensée critique ou humoristique à l’égard du fait religieux.

    Après les récentes tentatives menées par des intégristes catholiques pour empêcher « au nom de Dieu » la tenue d’un spectacle culturel à Paris, EELV s’inquiète de ce regain d’intolérance et de violences qui a pour effet de nourrir la haine au sein de la communauté nationale et de porter atteinte au principe de laïcité.

    Pascal DURAND
    Porte-Parole EELV

    Pour aider Charlie Hebdo, abonnez-vous !

  3. Jean Collon et Didier Coupeau sur France 3

    Jean Collon, délégué régional aux élections dans « La voix est libre » du  29 octobre 2011 sur France 3.

    Dans la même émission, portrait de Didier Coupeau, secrétaire régional.

     

  4. Manif de soutien aux grévistes de la Fonderie du Poitou

    Ce jeudi 21 octobre, en manifestant devant la mairie de Châtellerault puis dans les rues du centre ville, les employés des Fonderies du Poitou d’Ingrandes ont continué à mobiliser toutes les énergies.

    Plusieurs milliers de soutiens dont bien sûr les ex « New Fabris » victimes l’an passé du même type de casse industrielle et une inter-syndicale soudée.

    Bernard Thibault, leader national de La CGT, venu soutenir les grévistes qui en sont à leur septième semaine de grève, a rappelé la nécessité que Renault, principal utilisateur des culasses de moteur, redevienne propriétaire de cette fonderie dont il était le fondateur… avant de la vendre… et que 4 repreneurs se soient succédés depuis l’an 2000. Aucun n’a perdu d’argent.

    Cette reprise industrielle se justifie aussi par les milliards accordés par l’État français en soutien à l’industrie automobile. On ne peut pas vouloir cesser la casse industrielle de la France et ne pas agir pour maintenir des outils performants.

    Le dernier repreneur, le Belge Montupet, après avoir été aidé par l’État et les18 mois de délai passés sans pouvoir intervenir sur le plan social, a frappé fort en demandant la baisse de 25% des salaires.

    Bernard Thibault, qui était la veille à Bruxelles pour une réunion européenne, a rappelé que, partout en Europe, ce genre de comportement patronal était de mise et que la solidarité devait donc aussi s’organiser à ce niveau.

    Bonne nouvelle pour les grévistes : un administrateur judiciaire a été nommé et 6 mois sont accordés pour trouver un repreneur.

    La fonderie peut redémarrer en 2 jours souligne Patrick Mochon, l’un des responsables CGT qui avait accueilli Yannick Jadot député EELV européen et une délégation régionale le lundi 10 octobre et qu’une petite délégation d’EELV présente à la manifestation est de nouveau venue encourager.

     Rédaction Jean COLLON
    Photos Jean-François BARRÉ

     

  5. En finir avec les politiques de l’eau à court terme

    20 octobre 2011

    Cet automne, sur l’ensemble du Poitou-Charentes, les niveaux des nappes sont dans plus de la moitié des cas inférieurs à la moyenne. Les niveaux des rivières atteignent encore des seuils très inquiétants sur la Charente et la Vienne ainsi que sur leurs affluents (dans tous les cas, débits mensuels inférieurs à la moyenne de 50 à 100%)

    Cette situation met en évidence l’échec de la gestion de l’eau qui ne permet pas une coexistence dans les temps longs des différents usages.

    Les majorités UMP des départements de la Vienne et de la Charente-Maritime, en lien avec la FNSEA, continuent de proposer la mise en place, avec de l’argent public, de retenues de substitution. Contrairement à ce que l’on veut faire croire à la population, ces retenues ne seraient pas remplies par de l’eau de pluie (ou très peu) mais par des prélèvements dans les nappes aquifères et donc dans des réserves qui alimentent les cours d’eau en période d’étiage. Dans certains cas, il ne sera même pas possible de les remplir car les niveaux en hiver sont insuffisants dans ces nappes.

    En Charente-Maritime, est envisagée la construction d’un « néo barrage de la Trézence ». Le Conseil Général 17 recrute actuellement un ingénieur chargé de mission pour ce projet.

    Europe Écologie Les Verts rappelle que le Conseil d’État avait rejeté, sur le fond, le premier projet de barrage qui était incapable de répondre aux objectifs de qualité, notamment pour le bassin ostréicole de Marennes-Oléron.

    A nouveau, des études coûteuses vont être menées contre toute rationalité et bon sens, alors qu’elles pourraient être orientées vers la mise en place de réelles alternatives (1) (2) . Tout cela au profit d’une minorité d’agriculteurs, c’est à dire de quelques irrigants intégristes intensifs.

    Ces conseils généraux, enfermés dans des schémas de pensée d’un autre siècle, oublient que la loi sur l’eau française de 2006 et la directive européenne Eau de 2000 nous engagent vers un bon état écologique des cours d’eau pour 2015… (à la clef : des pénalités qui seront payées par tous les citoyens si l’objectif n’est pas atteint).

    Ces politiques à court terme ne peuvent constituer une solution responsable ni pour les finances publiques, ni pour les milieux naturels, ni pour le développement des territoires ruraux qui pourtant pourraient être, demain, pourvoyeurs d’aliments sains et de nombreux emplois non délocalisables.

    (1) Nous rappelons qu’en Deux-Sèvres le département, propriétaire d’un site de barrage abandonné près de Ménigoute, l’a transformé positivement en y installant la formation Universitaire l’IFFCAM (Institut Français de Formation au Cinéma Animalier), vecteur d’un vrai développement rural.

    (2) Sur le site de La Trézence dont le CG17 est propriétaire, tout projet de développement est refusé, notamment l’accompagnement vers des productions biologiques alors que nous sommes déficitaires pour ces aliments, y compris dans nos cantines scolaires.

    Europe Écologie Les Verts Poitou-Charentes
    EELV, maintenant, pour construire demain…

    Contacts presse :
    Didier Coupeau, secrétaire régional, tél : 06 37 64 66 99
    Stéphane Trifiletti, porte-parole régional, tél : 06 58 53 66 25
    Béatrice Pailler, porte-parole régionale, tél. : 06 64 88 18 60

     Courrier de l’ouest – 23 octobre 2011

  6. Eva Joly en Bretagne pour dire au-revoir à la préhistoire énergétique

    Vendredi 14 Octobre Eva Joly était en Bretagne pour une journée de visites sur le thème de l’énergie et de la préservation des ressources.

     

    Première étape dans le pays du Mené, en Centre Bretagne. Eva Joly a salué l’action des agriculteurs, élu-e-s et habitant-e-s qui depuis plusieurs années sont engagés dans un plan ambitieux d’autonomie énergétique à partir des ressources de leur territoire : biomasse, énergie solaire et éolienne, maîtrise des consommations. C’est cette diversification des sources de production énergétique qui permet aujourd’hui au Pays du Mené de couvrir le tiers de ses besoins.

    Pays du Mené, 14 octobre 2011, visite du site Geotexia

    « Contrairement à ce qu’affirment M. Besson, les écologistes comptent bien sur toutes les énergies renouvelables pour mettre en œuvre la transition énergétique. Les projets du Mené sont exemplaires, parce qu’ils sont coopératifs et portés par les citoyens.  Ils démontrent concrètement que la transition énergétique permet de concilier développement des énergies renouvelables et de l’emploi rural. Le pays du Mené est un laboratoire du changement ». 

     

    L’après-midi était consacré à une rencontre avec les chercheurs de l’IFREMER dont les travaux et expertises ont vocation à permettre une meilleure connaissance des océans et de leurs ressources. L’action de l’IFREMER, menacée faute de budget, est essentielle pour agir en faveur de la préservation de nos océans. Eva Joly a ainsi rappelé la nécessité de faire de la recherche un véritable « contre-pouvoir », indépendant des gouvernements et des logiques de profit. « L’alternance à laquelle travaillent les écologistes devra donner lieu à des mesures d’urgence pour lutter contre la précarité et restaurer une visibilité budgétaire pour la recherche en France ».

    A la rencontre des pêcheur à Lorient, 14 octobre 2011

    Dans le prolongement de cette rencontre, Eva Joly s’est rendue sur le port de Lorient pour échanger avec les marins-pêcheurs : « Ce qui tue la pêche, c’est le libéralisme de l’Union Européenne qui favorise les grands armateurs au détriment de la pêche artisanale. Écologistes et pêcheurs ont aujourd’hui des intérêts communs pour préserver la ressource et je ne peux que saluer les efforts menés à Lorient en ce sens. Je veux faire avec les pêcheurs comme je veux faire avec les agriculteurs : trouvons un terrain d’entente et mettons en place des politiques publiques énergiques et intelligentes pour développer une pêche artisanale durable et respectueuse des droits sociaux des marins.»

     

    Le samedi 15 octobre au matin, Eva Joly a pu visiter un chantier de réhabilitation de logements sociaux. Là aussi, l’action concrète en faveur de l’écologie donne des résultats : la réhabilitation a permis de diviser par 4 la consommation énergétique des logements, autant de charges en moins pour le budget de leurs habitants. « L’action en faveur de la protection de notre environnement est intimement liée à l’action en faveur des plus modestes. Pour aider ceux qui souffrent du prix de l’énergie, je mettrai en œuvre un plan massif de rénovation en profondeur des bâtiments. » 

     

    Manifestation contre le nucléaire à Rennes, 15 octobre 2011

    Eva Joly s’est ensuite rendue à Rennes où elle a été accueillie sous les applaudissements par les militant-e-s d’Europe Écologie Les Verts Bretagne réuni-e-s en congrès régional.

    Elle a ensuite pris la tête du cortège pour la manifestation anti-nucléaire de Rennes qui a réuni plus de 15 000 personnes en compagnie de Cécile Duflot, des deux sénateurs bretons, Ronan Dantec et Joël Labbé, et des conseiller-e-s régionaux Europe Écologie Les Verts Bretagne. « Le nucléaire est une énergie de la préhistoire. Le danger qu’il fait peser sur les populations n’est pas acceptable. La sortie du nucléaire permettra la création de centaines de milliers d’emplois. La transition énergétique est créatrice de nouvelles richesses, nous voulons tourner la page du nucléaire pour construire l’avenir.»

     

    Eva Joly est en campagne, sur le terrain, auprès de ceux qui démontrent au quotidien que l’écologie apporte dès à présent les solutions de demain.

  7. Discours d’Eva Joly : « Vive la République ! »

    Chers amis,

     

    Le succès de nos primaires cet été et celui des primaires du Parti socialiste cet automne montrent que nos concitoyens aiment faire entendre leur voix dès lors qu’un débat leur est offert.

     

    L’espoir de nos concitoyens nous porte, mais il ne doit pas nous remplir d’illusions. 

    C’est un changement d’époque que nous voulons voir naître.

     

    Depuis cinq ans, une nouvelle force s’est levée, rassemblant près de 3 millions de voix aux élections européennes puis régionales. C’est la force de l’écologie politique qui porte un projet d’espoir pour faire face à l’épuisement des ressources énergétiques, le dérèglement climatique, l’impasse et les risques du nucléaire, la réduction massive des inégalités, la gestion rigoureuse des finances ou la redéfinition d’une République exemplaire.

     

    Je veux placer ma candidature au centre du débat qui s’ouvre, en proposant aux Français écoeurés par la multiplication des affaires, indignés par l’état du monde que nous proposons à nos enfants et petits-enfants ou tout simplement dubitatifs sur l’éternel affrontement gauche-droite un autre choix que celui de la résignation.

     

    Soyons clairs. Notre camp est celui de l’opposition irréductible à un Président de la République qui a ruiné la France et enrichi les riches. Mais soyons tout aussi clairs. Notre combat est celui d’une véritable alternative à un système économique et politique qui nous a mené à la faillite financière, au désenchantement démocratique et  à la catastrophe environnementale. C’est pourquoi j’entends incarner une autre voie, celle du choix écologique, exigeant et déterminé.

     

    C’est au nom du possible que je me suis engagé. C’est parce que je sais que nous pouvons encore redonner ses lettres de noblesses à l’action politique.  Le sens et la finalité d’une action politique, c’est de changer l’ordre établi : d’oser changer le monde.

     

    Il est devenu trop rare que les engagements soient sincères, que la révolte ou la générosité n’apparaissent pas calculées… Aujourd’hui,  le calcul des postures semblent avoir remplacé celui de l’intérêt général.

     

    Changeons ! Tel est le contrat que je propose aux Français.

    Changeons de vision pour intégrer l’avenir de la planète à nos choix politiques. Changeons de perspective pour redonner espoir à toutes celles et ceux menacés de misère ou de déclassement par une austérité annoncée, fût-elle peinte en rose. Changeons de comportement, comme nos concitoyens ont déjà massivement commencé de le faire pour prendre en mains la question écologique et la question démocratique.

     

    Changeons de République.

     

    ******

     

    La République que je vous propose, c’est celle des biens communs.

     

    Nous vivons à crédit. Notre consommation des ressources excède ce que la planète peut fournir pour l’année. Nous ne cessons donc de creuser notre dette écologique. Le phénomène s’accéllère.

     

    Et pourtant, les gouvernements, de droite comme de gauche, se sont détournés de notre avenir. Rien n’a été fait cette année non plus pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Les ressources naturelles continuent d’être gaspillées mettant en péril notre avenir, celui de nos enfants et de nos petits enfants.

     

    Je ne suis pas née écologiste, je le suis devenue. C’est comme juge d’instruction et en instruisant l’affaire Elf, que j’ai pris conscience des désastres que pouvait causer un système qui court à sa perte. Car dans une grande affaire financière, où quelques uns ont détournés de grandes fortunes, il y a toujours une cause initiale : ici c’était le pétrole.

     

    C’est lorsqu’une ressource se fait rare, qu’elle devient l’objet de toutes les convoitises, de toutes les luttes de pouvoir et d’argent.

     

    Car les mêmes causes génèrent les mêmes effets. C’est à chaque fois l’absence de justice qui met en danger l’humanité.

    Lorsqu’une minorité s’accapare le pouvoir, c’est la démocratie qui est en danger.

    Lorsque que les ressources naturelles sont détournés au profit de quelques uns, ce sont les équilibres planétaires qui sont menacés.

    C’est au nom de la protection du bien commun que je me suis engagée auprès des écologistes. C’est au nom de ces biens communs que nous voulons changer la République.

    *****

    La République que je vous propose, c’est une République du long terme.

    Nos institutions doivent être repensées pour faire entrer l’avenir et les générations futures dans notre démocratie. Il ne doit plus être possible de prendre aujourd’hui des décisions que paieront demain nos enfants et nos petits-enfants.

    C’est au nom de l’avenir que nous disons non à l’aéroport de Notre Dame des  Landes et à tous les grands projets qui pour quelques intérêts politiciens menacent en fait l’aménagement de notre pays.

    Si les gouvernants avaient eu le souci du long terme, jamais la France ne se serait embourbée dans le péril nucléaire.

    Parce que nous ne voulons plus laisser l’énergie confiée aux mains du secret et de l’opacité.

    Parce que nous ne voulons plus d’une République sous tutelle d’Areva et d’EDF.

    Parce que nous ne voulons plus exposer nos enfants et nos petits-enfants, aux dangers de la sécurité et de la radioactivité, comme ce fut le cas, il y a encore quelques semaines à Marcoule.

    Permettez-moi de saluer les milliers de manifestants qui, dans toute la France ce week-end, ont dit une vérité simple : « Tchernobyl, Fukushima, plus jamais cela ! ».

     

    Et si le gouvernement ne veut pas l’entendre, nous le dirons encore. Monsieur Eric Besson m’a traité de menteuse préférant s’engluer dans la propagande d’Areva. Alors osons le débat citoyen, je propose à Eric Besson de tenir un débat public pour savoir quel avenir nous voulons proposer à nos enfants : l’aberration nucléaire ou les énergies renouvelables ?

     

    En vous quittant tout à l’heure, je vais m’envoler pour le Japon où j’apporterai mon témoignage d’amitié et mon soutien de militante aux habitants d’une région dévastée par une catastrophe sans précédent.

     

    Si je suis élue Présidente de la République, je proposerais qu’aux côtés de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, soit rédigée une Charte de la Terre, de la Mer et des Biens Communs, plus ambitieuse, plus courageuse et plus contraignante que ne le fut la Charte de l’Environnement.

    Cette Charte sanctuarisera le droit que nous avons toutes et tous à l’eau, à l’énergie propre, à l’air, à la terre. Et c’est muni de cette Charte que quelques jours après nous nous rendrons au Sommet de Rio +20, pour que celui-ci ne soit pas un moment au service des marchés, mais qu’il fasse de l’intérêt général planétaire notre loi commune.

    Et puisque nous parlons du monde, ne nous trompons pas de débat. Le sujet n’est pas de savoir si nous sommes pour ou contre la mondialisation, mais de savoir quel monde nous voulons pour demain. Je veux que nous léguions à nos enfants et nos petits enfants un monde plus juste.

    Notre République ne vit pas replié sur ses frontières et sur l’égoisme des nations. Nous rêvons d’un monde juste qui donne les mêmes droits et les mêmes opportunités à tous les habitants de la planète.

    Si j’étais Présidente, je défendrais une préfèrence sociale et environnementale. L’Europe n’est pas là pour sauver le parachute doré des dirigeants de Dexia mais pour protéger ses habitants. La relocalisation, on peut la mettre en place dès maintenant.

     

    Nous voulons produire mieux, moins et plus près pour permettre à tous d’avoir accès à la qualité et à son autonomie.

    Ce n’est pas un toilettage de l’Europe dont nous avons besoin, encore moins une Europe des mots creux et plus jamais d’une Europe qui traite au même rang les banquiers et les chefs de gouvernement.

    Les écologistes sont l’un des moteurs du progrès eu Europe. Ils sont présents dans tous les pays de l’Union. Avec les Verts allemands, je défendrais dès l’année prochaine une nouvelle étape du fédéralisme européen.

    *****

    La République que nous voulons est exemplaire et impartiale. Elle ne confond pas l’argent public et l’argent privé. Elle ne se fait ni au profit de quelques uns, ni aux dépends du plus grand nombre. Elle est celle de la même loi pour toutes et tous et de l’égalité réelle.

     

    Il ne suffit pas, en effet, de dénoncer les dérives d’un système gangrené par la corruption à tous les étages de notre édifice démocratique. Encore faut-il dire quelles seraient les mesures que nous nous engagerons à prendre une fois l’écologie politique au pouvoir.

     

    La première, c’est de dire que la loi doit être la même pour toutes et tous. Je supprimerais l’immunité pénale du chef de l’Etat : car il n’est pas de citoyen qui ne doit pouvoir se placer au-dessus des lois.

     

    La deuxième mesure a trait au contrôle des élus du peuple dont le mandat doit être exemplaire en matière de transparence financière. Dès maintenant, je propose à tous les candidats de mettre sur la place publique toutes leurs dépenses de campagne en temps réel pour redonner confiance aux citoyens. Mais disons le aussi, car pous nous, c’est une évidence, tout élu mis en examen dans un délit financier devrait être mis immédiatement en congés de ses mandats. Si il est condamné, il devra être rendu inéligible pendant une durée de dix ans.

     

    La troisième mesure qui fonde notre patrimoine commun, ici comme dans toute l’Europe, est la revendication d’un mode de scrutin plus juste, permettant la représentation des forces politiques en fonction de leur réelle audience auprès des électeurs. Je veux parler des élections législatives à la proportionnelle. J’ai eu beau écouter attentivement ce que disait les différents candidats à la primaire socialiste, je n’ai pas eu le sentiment d’une clarté limpide y compris du côté des soi-disants tenants de la VI° République qui se sont vîtes convertis au cumul des mandats. Nous, nous revendiquons clairement le principe de la proportionnelle comme une alternative immédiate à la simple alternance démocratique.

     

     

    La quatrième mesure est le non-cumul des mandats. Je constate que nos amis socialistes progressent à pas de tortue sur le sujet alors même que les Français, à juste titre, rejettent massivement les dégâts de la professionnalisation à outrance de la politique en mettant volontiers dans un même bateau les uns et les autres. Ce qui est en jeu est tout simplement une forme de réenchantement démocratique qui suppose à la fois d’interdire le cumul de plusieurs mandats mais aussi de favoriser toutes les formes de démocratie citoyenne pour peser sur l’activité des élus.

     

     

    La République que nous voulons, c’est une refondation écologiste de nos institutions et de ses valeurs. Je veux proposer une double réconciliation. Je veux réconcilier l’écologie avec la république, au nom de l’intérêt et du bien commun et je veux réconcilier la république avec les citoyens, pour qu’elle redevienne la voix de chacun et chacun et devienne une démocratie réelle.

     

    *****

    La démocratie a cédé devant la toute puissance de la puissance de la finance.

    Nous sommes les 99% clament les américains qui défilent à New York.

    Nous sommes les 1% écrivent par provocation sur le banderole les traders de Chicago.Ce slogan est une vérité. Les 1% d’hyper riches et les 10% les plus riches de nos concitoyens ont vu en vingt ans leurs revenus exploser et leurs impôts diminuer.

     

    Face à cette injustice, le renouveau démocratique ne pourra pas voir le jour sans la mobilisation des citoyens.

     

    J’appelle donc tous ceux que l’avenir démocratique de notre pays concerne  à se mettre en mouvement. Peu importe d’ou ils viennent, s’ils sont attachés à la démocratie, à la justice et à l’écologie. Humanistes sincères, démocrates convaincus, altermondialistes de toujours, socialistes, et même sarkozystes repentis.

    Je m’adresse à tous ceux qui veulent changer la république aidez nous, dans cette campagne à bouleverser le paysage politique en vous servant de ma candidature comme levier du changement.

    Votre bulletin de vote peut changer la donne.

    Depuis des mois maintenant, un souffle planétaire s’est levé pour refuser l’absence de démocratie, et la misère. Il y a plus de sagesse dans la voix d’un indigné de Madrid, Londres ou de la place Tahrir que dans les sentences des agences de notation.

     

    Les peuples se soulèvent en de nombreux endroits du monde contre un système qui pollue la planète, ruine les hommes et détruit l’avenir au seul bénéfice d’une poignée de privilégiés.

     

     

    C’est dans les pas de ce mouvement planétaire que je mène campagne. Je suis avec détermination la voie étroite qui mène au nouveau monde et dont les écologistes ont été les précurseurs. Je ne suis pas seule.  Nous sommes des millions.

     

    Nous ne voulons plus d’une France recroquevillée sur elle même, frileuse et défensive.

     

    La France pour laquelle je me bats  est Européenne, ouverte sur le monde.

    La France pour laquelle je me bats est une nation citoyenne et ambitieuse qui mêle sa destinée au combat pour la justice et l’écologie partout sur la planète.

    La France pour laquelle je me bats est ainsi libérée du pouvoir des lobbies et de l’argent, indépendante dans le concert des nations,  engagée au côté des peuples qui luttent pour leur liberté.

     

    La France pour laquelle je me bats sera écologiste : pionnière dans la lutte contre le réchauffement climatique, elle sort du nucléaire, développe des centaines de millier d’emplois dans la conversion écologique de l’économie et tourne le dos au culte de la croissance, du consumérisme et du productivisme.

    La France que j’aime et que je sillonne chaque jour est à la fois forte de son histoire, riche de ses colères et de son énergie.

    *****

    J’ai choisi la France, par amour du pays, par amour de ses valeurs et par amour d’un homme.

     

    J’ai pris au mot la France, sa tradition des droits de l’homme et sa promesse d’égalité

     

    J’ai aimé la France, un pays où une jeune fille au pair devenue secrétaire, pouvait être magistrate et aujourd’hui députée européenne candidate à l’élection présidentielle.

     

     

    Ce que la France m’a donné, je veux aujourd’hui le lui rendre. Il n’y a pas de plus beau devoir que d’être utile à son pays.

     

    C’est le sens de ma vie depuis trente ans dans ce pays, c’est le sens de ma candidature à l’élection présidentielle. Ce n’est pas une aventure solitaire,  c’est un chemin que nous ferons ensemble. Nous allons donner à voir à toutes les Françaises et les Français, le changement que nous voulons voir naître dès 2012 dans notre pays.

     

    Et lorsque j’entends certain dissimuler leurs renoncements derrière la petite musique du vote utile, je veux dire à toutes les Françaises et les Français : la question qui se pose n’est pas celle du vote utile, mais celle du vote juste.

     

     

    Un bulletin de vote n’est pas un simple rejet. C’est d’abord le choix d’un projet.

     

    Le vrai changement, il commence aujourd’hui. Il commence avec vous.

    Vive l’écologie, Vive la  république, Vive l’Europe, vive la France !

  8. Invitée d’Europe 1 soir le 6 octobre

    Eva Joly était l’invitée d’Arlette Chabot dans « Europe 1 soir ». Elle revient sur son projet de budget pour 2012, ancré dans la réalité, et sur les primaires des candidats socialistes.

    Regardez la vidéo ci-dessous.

     

     

     

     

    Primaires PS : "pas la place" des… par Europe1fr

    Primaires PS : "pas la place" des… par Europe1fr

     

    Pour Eva Joly, les militants écologistes n’ont pas à voter à la primaire PS

    LEMONDE.FR avec AFP | 06.10.11 | 20h06   •  Mis à jour le 06.10.11 | 20h14

    Eva Joly, candidate Europe Ecologie-Les Verts (EELV) à l’élection présidentielle, a estimé jeudi 6 octobre sur Europe 1 qu’aller voter à la primaire socialiste n’était peut-être « pas la place » des militants écologistes.

    Interrogée sur ce scrutin, dont le premier tour a lieu dimanche, Mme Joly a déclaré : « Nous ne sommes pas assez nombreux pour peser vraiment » dans cette primaire. « Il me semble que ce n’est pas notre place », a-t-elle encore dit.

    La journaliste l’interroge : « Vous dites à tous ceux qui auraient envie de choisir entre Martine Aubry, François Hollande et les autres : ‘Vous avez une candidate, c’est moi, ce n’est pas la peine de se mêler des affaires du PS’ ? » « C’est à peu près ça », a acquiescé Mme Joly.

    « JE NE CHOISIS PAS » UN CANDIDAT SOCIALISTE

    Invitée à exprimer une préférence sur le candidat PS qui sortira de la primaire, l’ancienne magistrate a répondu : « Je ne choisis pas. Moi, je porte le projet écologiste et je devrais faire avec le candidat socialiste » qui sera désigné par ce scrutin. « La seule chose que j’observe, c’est la qualité de ces primaires », a-t-elle toutefois ajouté au lendemain du dernier débat télévisé entre les six candidats du PS avant le premier tour de la primaire.

    « Je les trouve tous très bons » et « l’existence de ces primaires enrichit le débat démocratique en France et devrait inciter l’UMP à faire pareil », a encore dit Mme Joly, alors que le premier ministre François Fillon a justement estimé mercredi  que la primaire était un « processus moderne qui convient à droite comme à gauche ».

    « URGENT DE NÉGOCIER LES POINTS DURS DE NOTRE ACCORD » AVEC LE PS

    Si le candidat socialiste l’emportait en 2012, Mme Joly a expliqué que la possibilité de rentrer dans un gouvernement de gauche « dépendrait » des « conditions » proposées par ce parti.

    « Une fois la désignation [du candidat PS] faite, il est urgent de négocier les points durs de notre accord », a estimé l’eurodéputée.

    « Vous allez vous vendre très cher, c’est ça ? », lui est-il demandé. « Je pense, oui », a répondu Mme Joly. La candidate EELV a par ailleurs dit qu’elle n’avait « pas de nouvelles, personnellement » de Nicolas Hulot, son adversaire malheureux à la primaire écologiste.

  9. Redonner confiance à la communauté de l’enseignement supérieur et de la recherche.

    Discours prononcé par Eva Joly, le 1er octobre 2011 à Lyon, aux assises de l’enseignement supérieur et de la recherche.

    Seul le prononcé fait foi.

     

     

    Certains considèrent que l’exercice d’une campagne présidentielle consiste à faire semblant de tout savoir. C’est une vanité puérile. Je considère pour ma part que c’est une chance de pouvoir se nourrir de la réflexion de ses propres amis.

    Je voulais vous remercier de votre implication et me réjouir de la qualité de votre travail. Tout cela va être un matériau précieux pour affiner les propositions que je vais présenter aux Français.

    ESR & Contre-pouvoirs

    En préparant cette convention, en discutant avec les experts, une chose m’a
    frappée: les similitudes qui existent entre les problématiques de la justice – et
    vous savez que j’y suis sensible – et celles de l’enseignement supérieur et de la
    recherche.

    La principale de ces similitudes tient dans le fait que la recherche, les
    universités, comme la justice, sont des lieux très importants de contre-
    pouvoirs. Ce sont des lieux de défense des fondements d’une démocratie. Les
    juges, les étudiants, les jeunes, les chercheurs, les artistes doivent pouvoir faire
    preuve d’impertinence, inventer et ré-inventer, critiquer. Ils ouvrent le champ des
    possibles, ils ouvrent des voies. Et aujourd’hui peut-être encore plus qu’hier, nous
    avons besoin de ce regard décalé, indépendant, de ces nouvelles voies.

    Pour ceux qui douteraient encore de l’importance de ces espaces de liberté, pensez
    aux économistes qui doivent s’écarter des chemins orthodoxes pour comprendre la
    crise, pour avoir un nouveau regard sur la croissance économique et les conditions
    de notre prospérité. Pensez aux lanceurs d’alerte dont le rôle a été tellement
    important, crucial même pour mettre dans le débat public des interrogations
    fondamentales. Pensez à Gilles-Eric Seralini, André Cicolella, Rachel Carson.
    Grâce à eux sont sortis des analyses contradictoires, gênantes, sur l’amiante,
    l’éther glycol, les OGM ou l’état de l’environnement. Pensez aussi aux révoltes ou
    aux révolutions douces qui sont nées ou ont grandi avec la jeunesse ou dans les
    universités: Mai 68, le Printemps arabe, les révoltes grecques, le Chili…

    tous à l’enseignement supérieur, dans de bonnes conditions, et tout au long
    de la vie. Je veux garantir les conditions du dialogue et non de la dépendance
    entre l’enseignement supérieur, la recherche et le monde de l’entreprise. Je
    veux une recherche qui ne soit ni sous le joug du marché, ni sous celui de
    l’Etat. Je veux inventer, avec vous, une nouvelle gouvernance qui laisse plus
    de place aux territoires, à la société civile, à la jeunesse.

    La jeunesse

    Vous connaissez comme moi les chiffres de la précarité étudiante, vous connaissez
    comme moi les parcours épuisants de ces jeunes qui cumulent études, emplois,
    stages, logement précaires. Vous savez aussi comme moi que l’on peut rater ses
    études pour de mauvaises raisons et subir ensuite longtemps en termes de carrière
    professionnelle les conséquences de cet échec.

    Face à cela, je pose deux principes fondamentaux? L’accès de tous à de
    bonnes conditions d’étude et le droit inaliénable à reprendre des études

    Depuis 10 ans la proportion d’une classe d’âge qui accède aux études supérieures
    a diminué de 3 points en France alors qu’elle augmentait de 4 points dans le
    même temps en Allemagne. Alors pour renverser cette tendance, il faut donner les
    moyens financiers aux étudiants. Cela passe par une allocation d’autonomie. Cela
    a un double avantage: créer plus de justice et permettre l’indépendance des jeunes.

    Vous le savez, les jeunes français sont parmi les plus stressés du monde. Ce stress
    est lié à l’élistisme, à l’hyper sélection et à l’absence de droit à l’erreur. Je veux
    donner le droit à l’erreur, le droit de rater, le droit de recommencer, de partir de
    travailler et de revenir. C’est pourquoi, couplé à l’allocation d’autonomie, je
    reprends l’idée d’un crédit formation de 8 années. Un crédit utilisable tout au
    long de la vie.

    L’émancipation de la jeunesse passe aussi par le logement. Véritable clé de
    voute des conditions de vie étudiantes, le logement étudiant ne doit pas être le
    grand oublié des politiques d’aménagement du territoire, la dernière priorité du
    financement des universités. On sait aujourd’hui que le CROUS est exsangue.
    Engageons nous à construire 50 000 logements sur le quinquennat.

    Évidemment cela va sans dire mais cela toujours mieux en le disant un accès
    de tous aux études supérieures ne peut se concevoir que dans un système
    d’enseignement supérieur gratuit. Mais l’accès à tous signifie aussi une réforme
    en profondeur des méthodes pédagogiques. Nous devons adapter les méthodes

    pédagogiques à tous les publics. Ce n’est en effet pas qu’aux étudiants de
    s’adapter au système d’enseignement mais au système de prendre en compte la
    diversité de ses publics. Compléter les cours magistraux, développer le travail en
    équipe, le monitorat, le tutorat… Les pistes sont nombreuses. Cela passe par une
    révision des taux d’encadrement, par une harmonisation et un rapprochement entre
    grandes écoles et universités.

    Les grandes écoles… Permettez moi de revenir sur une précédente intervention
    que j’ai pu faire sur ce sujet. J’ai dit lors d’une précédente convention d’EELV
    que je souhaitais la suppression des grandes écoles. Quelques personnes ont trouvé
    ce propos excessif. C’est vrai que c’est une option assez radicale… Alors je vais
    préciser pourquoi la situation actuelle m’est clairement insupportable.

    Je ne suis pas opposée à l’excellence. Donner les moyens de leur art et de leur
    talent aux plus brillants d’entre nous, c’est aussi permettre l’exploration et
    la découverte de nouveaux horizons pour notre société. Mais l’excellence ne
    peut pas être l’alibi du pire.

    Je refuse que l’excellence soit l’alibi de la ségrégation. Notre système
    d’excellence – dans les grandes écoles en particulier est aujourd’hui un système de
    reproduction des classes sociales qui exclut les classes populaires, les jeunes des
    banlieues et ceux issus de l’immigration.

    J’ai regardé avec sympathie l’idée du « concours ZEP » à sciences Po. Le
    simple fait d’avoir pris en compte cette réalité est déjà un acquis. Mais je pose
    une question et je souhaite la mettre en rapport avec la problématique qui a été
    développée ici sur l’innovation pédagogique dans l’enseignement supérieur. Ces
    jeunes des ZEP à sciences po réussissent aussi bien que les autres. C’est donc très
    bien. Mais pourquoi donc conserver un mode de sélection à l’entrée qui les exclue.
    C’est le contenu des concours « classiques » qu’il faut réformer puisqu’il
    empêche de reconnaître le talent de tous ces jeunes « moins bien nés ».

    Je refuse une excellence qui conduit à la ségrégation. Je refuse une excellence
    qui sert d’alibi à la pénurie. Un certain nombre de nos grandes écoles forment
    une jolie carte postale de l’enseignement supérieur français. Mais cette carte
    postale cache mal une réalité plus triste. La réalité c’est que notre effort en la
    matière est inférieur à la moyenne de l’Union européenne. La réalité, c’est qu’un
    étudiant « coûte » moins qu’un lycéen et pratiquement deux fois moins qu’un
    élève de grande école. J’ai le sentiment là aussi d’un gâchis considérable.

    Je refuse une excellence qui serve d’alibi à un système qui ne prend en
    compte aucun des parcours de vie. Je vous ai dit mon regret d’un système qui
    ne donne pas droit à l’erreur. Les grandes écoles en sont l’incarnation, avec un
    concours couperet qui fige les élites de demain. C’est une autre cause du gâchis
    des intelligences, des talents et des volontés.

    Alors, faut il supprimer les grandes écoles ? En tous cas, je crois qu’il faut les
    réformer, dans le cadre d’une grande refonte de notre système d’enseignement
    supérieur qui permette l’accès de tous et toute la vie.

    Un dialogue ES & entreprises

    Il faut garantir cet accès. Il faut aussi garantir les conditions du dialogue entre
    l’enseignement supérieur et le monde de l’entreprise. Le dialogue et non la
    dépendance.

    Les universités sont des lieux d’éducation et non uniquement de formation à un
    emploi. Non, les programmes ne doivent pas être co-construits avec les entreprises
    comme le propose la commission européenne au parlement. Non, nous ne devons
    pas avoir des licences professionnelles d’assistant gestionnaire RH en PME ou
    de collaborateur comptable spécialisé en technologies de l’information. Oui au
    développement de l’apprentissage mais non à l’hyper spécialisation sur un type
    d’emploi et un seul parce qu’après il n’y a plus de possibilité de reconversion.

    Saviez vous que, début septembre, la faculté de médecine de bordeaux a organisé
    avec le laboratoire Sanofi une réunion pour les internes de médecine générale ?
    Une réunion qui compte dans la validation de leur cycle d’étude. Je ne peux me
    résoudre à la forte présence des laboratoires pharmaceutiques dans la formation
    initiale de nos futurs médecins, car je veux que l’on tire ensemble les leçons du
    médiator. Je ne peux me résoudre à un dialogue qui devienne une dépendance.

    Dialogue Recherche & entreprises & Etat

    C’est vrai pour l’enseignement supérieur, c’est vrai aussi pour la recherche.

    La recherche est sans aucun doute le socle de la compréhension et de l’évolution
    de notre société. Certes, une partie de son débouché s’oriente naturellement vers
    l’économie. A cet égard, une coopération avec les entreprises est utile. Nous ne
    vivons pas dans un monde éthéré. Quand je place la transition écologique de notre
    économie au cœur du projet que je propose à notre pays, c’est aussi parce que
    j’ai conviction que notre recherche va nous donner les moyens de transformer

    l’économie, de changer les procès de production, de faire évoluer les rapports
    sociaux au sein des firmes, de changer notre rapport au travail et son organisation.

    Mais une fois dit cela, je veux aussi rappeler la nécessité absolue d’une autonomie
    et de l’indépendance de la recherche. Une recherche caporalisée, par le marché
    comme par l’état, c’est une recherche en voie de fossilisation. Je pense
    évidemment à la recherche fondamentale. Mais je dis aussi cela parce que je vois
    bien que le gouvernement a conduit ses réformes avec l’idée d’une recherche qui
    doit obéir.

    Les chercheurs aujourd’hui doivent sans cesse répondre à des appels à projet de
    l’Etat. Ils sont transformés en super VRP, mallette à la main pour aller chercher
    des contrats, des crédits auprès des entreprises ou de l’Agence Nationale de la
    Recherche. La recherche n’a pas vocation à être sous le joug de l’état. Elle n’a
    pas vocation à être sous l’omnipotence des marchés.

    Indépendance par rapport aux marchés : les moyens financiers et le CIR

    Forcément, en période de crise budgétaire, la question se pose : a-t-on les
    moyens de se priver de financements privés ? Ma réponse est : oui, nous
    avons les moyens. Surtout si nous réformons des outils comme le crédit impôt
    recherche.

    Au départ l’idée du CIR n’est pas mauvaise: développer la recherche au sein
    des entreprises en leur permettant de diminuer leurs impôts. Le problème est
    que ce crédit ne fait l’objet d’aucun contrôle quant à la réalité des recherches
    effectuées. Résultat : un gigantesque effet d’aubaine et une nouvelle niche fiscale
    qui bénéficie encore aux grandes entreprises. Vous vous demandiez où trouver
    l’argent pour lancer les réformes? Eh bien voilà une piste. Diminuer ce crédit
    impôt recherche en le recentrant sur les PME et en le soumettant à des conditions
    sociales et environnementales. Car je préfère aider les entreprises qui produisent
    localement et n’ont pas les moyens de recourir à des chercheurs. Car je sais que les
    PME jouent un rôle majeur dans l’innovation. Car je préfère aider à l’émergence
    de modes de production durables plutôt qu’au développement du dernier 4×4
    diesel.

    Crédit impôt recherche, ANR, plan campus, plan pour les investissements
    d’avenir… Il y a des moyens. Mais ils sont dédiés à la logique du « big is
    beautifull », car la France rêve encore du retour des grands projets, comme
    au XXe siècle. Car la France reste jacobine.

    Une nouvelle gouvernance de enseignement supérieur et la recherche

    L’enseignement supérieur et la recherche ne doivent pas avoir à choisir
    entre le contrôle par les entreprises ou celui de l’Etat. Je veux inventer avec
    vous une nouvelle gouvernance, qui donne toute sa place aux territoires, à la
    société, à la jeunesse.

    Commençons par faire discuter ensemble la science et la société. Faire
    dialoguer science et société est important pour ne pas tomber dans le piège
    scientiste de la solution facile du progrès technique. La recherche est là
    pour développer nos technologies mais aussi pour nous donner les clés des
    changements de comportements, d’organisation qui nous permettrons de voir
    l’avenir sereinement. Créons les conditions du dialogue. Pourquoi financer autant
    la recherche/innovation à destination des entreprises et non à destination des
    associations? Il n’est pas moins légitime qu’une partie des budgets de la recherche
    soit destinée à répondre à la demande sociale. Voyez le succès du dispositif
    PICRI, les Partenariats institutions-citoyens pour la recherche et l’innovation, en
    Ile-de-France. Souvenez vous de l’émergence de groupes de « profanes éclairés »
    quand apparut le sida. En écho aux labels Carnot, attribués aux laboratoires
    publics particulièrement engagés dans des partenariats avec les entreprises, je veux
    que soit créé un nouveau label, avec les financements ad hoc, pour les laboratoires
    qui coopèrent activement avec le monde associatif. Je veux développer les «
    boutiques de science », les Conférence débats ouverts à tous dans les universités.

    Je veux des universités coopératives et coopératrices. Je veux des universités
    fortes pour pouvoir nouer des partenariats sereins avec les entreprises et les
    pouvoirs publics, discuter avec les collectivités territoriales tout en restant
    indépendantes et maitresses de leur destin. Cela passe par le développement de
    réseaux régionaux, au sein desquels la recherche de synergie, la mutualisation
    priment sur la compétition.

    Je veux renouveler la démocratie au sein des universités. Développons le
    référendum d’initiative étudiante, augmentons la place des étudiants et des élus
    des personnels dans les Conseils d’administration. Nos universités fonctionnaient
    sur un système d’auto-gestion, d’auto-determination, des immenses coopératives.
    Relançons cette dynamique.

    Car ces dernières années, sous couvert d’autonomie, c’est surtout une chaîne de
    commandement qui s’installe – terme moins politiquement correct pour décrire
    une « gouvernance forte ». Pour dire les choses encore plus crument : il y a risque
    réel d’une retour en force de ce que l’on appelle le mandarinat. C’est une vision
    cohérente avec la brutalité du pouvoir tel qu’il est conçu par Nicolas Sarkozy.

     

    Conclusion : les urgences et les Etats Généraux

    Quelques mots, pour conclure, sur la méthode. La cascade de réformes de ces
    dernières années a « assommé » les acteurs de terrain. Il faudra donc des
    mesures rapides et fortes pour leur redonner confiance. Il faudra un vaste plan
    de résorption de la précarité. Il faudra rediriger les moyens de l’ANR et du CIR. Il
    faudra augmenter les bourses étudiantes et travailler sur la démocratie interne.

    Mais je veux aussi recréer les conditions d’une réflexion globale sur l’ESR. A la
    brutalité du Président actuel, à la course à l’échalote des réformes, je veux opposer
    le temps de la discussion et de la décision, avec tous les acteurs. Je veux des
    Etats généraux de l’ESR avec les chercheurs, les enseignants, les syndicats, les
    entreprises, les étudiants, les associations, les citoyens. Je veux que la grande
    communauté de l’ESR redevienne actrice de son évolution, et non plus
    victime. Car je fais confiance à cette communauté.

    Redonner rapidement confiance à la communauté de l’enseignement
    supérieur et de la recherche. Puis lui faire confiance pour se transformer.
    Redonner confiance à la société et faire confiance à la société. Voilà un
    concept qui serait une réponse radicale au sarkozysme.

  10. Samedi 8 octobre

    Mission du jour !

     

     

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