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  1. Et si les irrigants parlaient « autonomie alimentaire » et pas « agri business » ?

    Le 10 janvier 2012
    Contrairement à ce que l’on veut faire croire à la population, les retenues de substitution sont surtout remplies par des prélèvements dans les nappes aquifères, et donc dans des réserves qui alimentent les cours d’eau en période d’étiage. Dans certains cas, il n’est même pas possible de les remplir car le niveau des nappes en hiver est insuffisant.

    Les caciques de l’irrigation en Poitou-Charentes poursuivent un projet d’après-guerre largement dépassé, en réclamant avec bruit des retenues de substitution. Ce modèle a engendré une artificialisation des milieux (produits chimiques dangereux pour la santé des agriculteurs et des consommateurs, semences standards, races animales standardisées et élevées hors sol), la dégradation des ressources en eau au niveau qualitatif et quantitatif, une consommation croissante d’énergie, la concentration des moyens de production (mécanisation exacerbée, agrandissement, endettement, diminution du nombre d’emplois agricoles…).

    Ce modèle profite avant tout aux géants de l’agrochimie et de l’agroalimentaire. Il est en revanche coûteux pour le contribuable en termes d’aides publiques et de coûts de réparation sanitaires et environnementaux.

    Selon la FAO (l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), en 2006, les cultures destinées à l’alimentation animale occupaient environ un tiers des terres arables.

    L’essentiel des cultures irriguées en Poitou-Charentes est destiné à l’alimentation animale et à l’exportation.

    Ces politiques à court terme ne peuvent constituer une solution responsable ni pour les finances publiques, ni pour les milieux naturels, ni pour le développement des territoires ruraux qui devront être, demain, pourvoyeurs d’aliments sains et d’emplois non délocalisables.

    Les solutions aux questions alimentaires ne se situent pas dans la pérennisation de ce modèle agricole dépassé, mais dans la prise en compte d’agricultures diversifiées.

    L’objectif est de passer au plus vite à un modèle conçu avec les paysans, par et pour les citoyens et les consommateurs et de privilégier l’autonomie alimentaire.

    Europe Écologie Les Verts dit NON à ces réserves de substitution présentées et aux importants moyens de promotion qui leur sont accordés actuellement. Nous préférons une réorientation complète des politiques agricoles pour plus de responsabilité, d’équité et de respect de nos ressources communes : aider l’agriculture biologique, l’élevage à l’herbe, les systèmes de culture aux assolements diversifiés (il faut réhabiliter l’agronomie trop souvent oubliée), les exploitations à taille humaine revitalisant nos territoires et créant des emplois, la réhabilitation de nos marais qui retiennent l’eau, un tourisme éco-responsable dans des milieux vivants.

    Pour Europe Ecologie Les Verts Poitou-Charentes,
    Stéphane Trifiletti, porte-parole régional, tel. 06 58 53 66 25
    Didier Coupeau, secrétaire régional, 06 37 64 66 99

  2. Discours d’Eva Joly : voeux à la presse et aux journalistes

    5 janvier 2012

    Mesdames, messieurs, cher-e-s ami-e-s,

    Permettez-moi de sacrifier à la tradition des vœux en vous souhaitant une belle et heureuse année pour vous et vos proches. 2012 s’annonce riche en rebondissements pour les spécialistes politiques que vous êtes.

    À vous toutes et tous, journalistes, je vous souhaite en 2012 de pouvoir exercer votre métier dans la plus grande liberté. Permettez-moi d’avoir une pensée pour pour vos soixante-huit confrères qui, à travers le monde en 2011 ont exercé leur métier au péril de leur vie, ainsi que pour les cent soixante-et-onze qui demeurent à ce jour emprisonnés. J’ai une pensée particulière pour les dissidents chinois et militants des droits de l’Homme qui ces dernières semaines ont été nombreux à être arrêtés.

    Et j’aimerais dédier ces vœux aux opposants russes, qui sans relâche depuis plusieurs semaines défendent la liberté et la démocratie.

    Permettez-moi encore, à ce propos, de vous demander d’être le relais d’un message personnel aux Françaises et aux Français !

    Je souhaite aux Françaises et aux Français, cette année, de prendre en main leur destin et celui de leurs enfants et petits-enfants, en votant, le 22 avril prochain, pour un triple changement : un changement de Président, un changement de perspective et un changement de République.

    À toutes celles et tous ceux qui, depuis des années maintenant, agissent quotidiennement pour une planète vivable, pour une démocratie vivante , et une société plus juste je veux dire solennellement : « Ensemble, changeons la donne en 2012 ! Vous pouvez compter sur moi. Moi, j’ai besoin de vous ».

    Changeons de Président d’abord ! Il est temps de mettre fin à cinq années de gaspillages et de mensonges. Gaspillages et mensonges autour d’une nouvelle manière d’aborder la question écologique. Le Grenelle de l’Environnement avait été un espoir, vite rangé aux oubliettes par Nicolas Sarkozy. Gaspillages et mensonges autour de la gestion de la dette publique. Ce sont les cadeaux fiscaux et les errements de la politique économique qui sont les premiers responsables de l’accroissement phénoménal de la dette publique de la France. Gaspillages et mensonges autour du chômage et du pouvoir d’achat. Le « travailler plus pour gagner plus » est devenu « chômer plus pour gagner moins ». Gaspillages et mensonges autour des enjeux de société. Logement, sécurité, école : les effets d’annonce ont fait office de politique, au mieux sans résultat, au pire en remettant gravement en cause la qualité des services publics.

    Hier encore, c’est par l’illusion et le mensonge que Nicolas Sarkozy s’est adressé aux salariés de SeaFrance. Je prends trop aux sérieux et je me sens trop proche du mouvement coopératif et de l’économie sociale et solidaire, pour laisser croire, comme le Président de la République, qu’il suffirait que les salariés versent leurs indemnités de licenciement pour rendre durable une reprise en SCOP. Dans cette affaire, comme trop souvent, le seul emploi que Nicolas Sarkozy a semblé vouloir sauver, c’est le sien.

    Battre Nicolas Sarkozy le 6 mai prochain est donc un objectif prioritaire pour la candidate écologiste que je suis.

    J’invite donc aujourd’hui François Hollande, François Bayrou et Jean-Luc Mélenchon à préparer dès à présent une dynamique de second tour et à s’engager à un désistement réciproque pour celui ou celle d’entre nous qui sera qualifié-e à l’issue du premier tour.

    Mais une défaite de Nicolas Sarkozy n’aura d’effet véritable sur la vie des Françaises et des Français que si nous construisons une alternative et pas simplement une alternance.

    Changer de perspective, voilà la grande affaire de cette élection présidentielle. Car nous entrons dans un monde nouveau. Et ce monde nouveau implique des politiques nouvelles.

    Nous le savons maintenant, la planète est limitée en ressources énergétiques et naturelles. Cette finitude doit changer notre vision du monde. Nous savons que nous sommes engagés dans une course contre la montre pour éviter la catastrophe écologique.

    L’année 2010 avait été l’année la plus chaude que l’humanité a enregistrée. 2011 a été en France l’année la plus chaude depuis plus d’un siècle. Partout dans le monde les tragédies climatiques se multiplient. Notre niveau de prédation sur les ressources naturelles n’a jamais été aussi élevé, mettant en péril notre capacité à nourrir l’humanité et à faire vivre pêcheurs et agriculteurs dignement. Chacun le pressent même si beaucoup s’y accrochent : le modèle économique de croissance à crédit, par l’endettement des ménages et des États, ou plus gravement encore par l’endettement vis-à-vis de la planète, est condamné. Je sais que cette réalité est encore difficile à accepter pour certains d’entre nous. Mais mon devoir est de dire la vérité. Pas de vendre aux Français des illusions dangereuses qui se retourneront contre eux. Je veux protéger les Français, pas les bercer d’illusions.

    Cette nouvelle donne écologique, c’est aussi un opportunité historique de création d’emplois. Et je suis triste de voir mon pays passer à côté de cette nouvelle révolution industrielle. Je pense aux plus de 15000 emplois sacrifiés par ce gouvernement dans l’industrie photovoltaïque. Les salariés et les dirigeants des entreprises des énergies renouvelables que j’ai rencontrés – Sol Ouest en Bretagne, ou encore Photowatt et Bosch en Rhône-Alpes, comptent sur nous et attendent avec impatience un changement de gouvernement pour espérer poursuivre leur activité et donner libre cours à leur enthousiasme et leur dynamisme industriel. Je veux leur dire : vous pouvez compter sur moi.

    Ces derniers jours, de nouveaux rapports ont encore une fois démontré que le mythe du nucléaire sûr et pas cher s’est aujourd’hui effondré. La sortie du nucléaire est pour moi un impératif moral. C’est aussi un choix de bon sens économique : avec les nouvelles normes de sécurité et en intégrant le coût du démantèlement, le prix de revient du kilowatt-heure nucléaire est maintenant supérieur à celui de l’industrie éolienne. Cette réalité économique n’est pas une lubie d’écologiste. Ce sont les derniers chiffres dont on dispose. La lubie, elle est du côté du lobby pro-nucléaire et de tous ses disciples, à droite comme à gauche.

    Permettez-moi maintenant de vous donner ma première réaction sur la TVA sociale.. La TVA sociale est pour moi une mauvaise réponse à deux vrais enjeux qui me tiennent à cœur : élargir le financement de la protection sociale pour ne pas la faire peser uniquement sur le travail, et mettre fin à la désindustrialisation de la France qui est un des points noirs du bilan de la droite au pouvoir depuis dix ans.

    Pourquoi la TVA sociale est-elle une mauvaise réponse ? Parce que c’est un très gros cadeau aux entreprises, qui sera payé par tous les consommateurs. Car qui peut croire que les entreprises vont répercuter dans leur prix la baisse des cotisations sociales ? Le MEDEF a déjà annoncé qu’il entendait bien en conserver une grande partie pour gonfler les marges des entreprises. Et la TVA est, on le sait, l’impôt le plus injuste. Avec la TVA sociale c’est la deuxième hausse de la TVA en quelques semaines après l’augmentation du taux réduit à 7 %. Je le rappelle : cette augmentation va rapporter 1,8 milliards d’euros à l’État. 1,8 milliards d’euros : autant que le manque à gagner lié à la réforme de l’ISF. Ce sont les plus pauvres qui vont financer la réforme de l’ISF pour les plus riches. Ça, c’est la réalité des réformes fiscales de Nicolas Sarkozy, qui restera jusqu’au bout le Président des riches.

    Comme je vous l’ai dit, la TVA sociale est une mauvaise réponse. Pour élargir le financement de notre modèle social, je propose d’augmenter la CSG en la rendant progressive ; ce qu’elle n’est pas aujourd’hui. Cela permettra d’introduire une plus grande équité dans le financement et de faire contribuer les revenus du capital, puisque comme vous le savez l’assiette de la CSG porte sur tous les revenus et pas seulement ceux du travail.

    Quant à la lutte contre la desindustrialisation, c’est pour moi une priorité. C’est l’un des symboles les plus forts de la faillite de la droite au pouvoir. Nous avons devant nous une nouvelle révolution industrielle, celle de l’écologie. Nous pouvons réindustrialiser la France grâce à l’économie verte. Je crois que vous le savez maintenant, parce que ce n’est pas la première fois que je vous le dis, il y a déjà beaucoup plus d’emplois en Allemagne dans les énergies renouvelables qu’en France dans le nucléaire. C’est là que sont les emplois industriels de demain, dans la chimie verte, dans la sidérurgie pour construire des éoliennes, dans la construction de rames de train, dans l’innovation pour produire les biens très peu consommateurs d’énergie dans tous les domaines.

    2012 sera aussi bien sur une année déterminante pour l’Europe. L’Europe a rendez-vous avec son histoire. Et je le dis solennellement : il n’y aura pas de sortie de crise sans une double alternance en France en 2012 et en Allemagne en 2013. Je fais partie de ceux qui critiquent l’incapacité actuelle de l’Union à combattre le pouvoir des marchés financiers et à construire démocratiquement une voie de sortie de crise. Mais je voudrais dire à ceux qui en concluent qu’il faudrait moins d’Europe, qu’ils font une erreur grave et dangereuse pour notre présent et notre avenir. Regardez l’obscénité national-populiste d’un Viktor Orban qui, en Hongrie, instrumentalise les peurs et les fantasmes ancestraux pour remettre en cause les piliers d’une démocratie chèrement acquise. La politique de Viktor Orban nous rend encore plus douloureuse la disparition de Vaclav Havel.

    Ce que nous préparons aujourd’hui, par nos décisions en cette période historique, ce sont les années 30. Mais quelles années 30 : 1930 ou 2030 ? La paix est trop précieuse pour oublier qu’elle peut aussi être fragile.

    La paix, c’est en Syrie qu’elle est aujourd’hui menacée. Tant que la dictature de Bachar el-Assad sera en place, j’apporterai ma voix et tout mon soutien aux démocrates syriens qui chaque jour luttent et tombent sous les coups de la répression. Le silence ne peut plus durer.

    Enfin, la troisième dimension du changement en 2012 c’est le changement de République.

    Nicolas Sarkozy nous avait promis une République irréprochable. Nous savons ce qu’il en est advenu. Je suis prête à relever le défi d’une République irréprochable. Cette République irréprochable, elle a pour nom la fin de l’immunité judiciaire du chef de l’État, la fin du cumul des mandats, la fin d’un mode de scrutin majoritaire particulièrement injuste, la fin du laxisme qui domine, à droite comme à gauche, face à toutes les formes de corruption.

    L’écologie, c’est aussi un rapport différent au pouvoir. C’est une approche qui ouvre la voie à la démocratie participative, à la prise en compte du temps long par rapport au temps électoraliste dans la délibération publique. La République exemplaire, ce n’est pas la suspicion généralisée, c’est l’espoir permanent pour les Français de peser sur les décisions politiques, de peser sur leur destin.

    Mesdames, messieurs,

    Il nous reste un peu plus de 100 jours avant le premier tour de l’élection présidentielle. Il reste 100 jours au peuple de l’écologie pour se mobiliser en faveur de la seule candidature qui défende la transition écologique. Il reste 100 jours pour convaincre tous ceux qui veulent une République exemplaire qu’un vrai changement de pratiques est possible. 100 jours pour montrer le chemin à tous ceux qui veulent une vraie alternance en phase avec les enjeux du nouveau monde.

    Je nous souhaite que le mois d’avril ait en France un parfum de jasmin. Je souhaite qu’il soit l’occasion d’un véritable printemps démocratique.

    Je vous remercie et suis à votre disposition pour répondre à vos questions.

     Photo : Xavier Cantat

     

  3. Eva Joly soutient Xavier Mathieu

    Amiens, le 4 Janvier

    « Ces gens-là trouvent-ils normal que je me retrouve entre Marc Dutroux et Emile Louis dans un fichier ? », s’interroge Xavier Mathieu. L’ancien salarié de Continental était ce mercredi 4 janvier entendu en appel pour avoir refusé de se soumettre à un prélèvement ADN. Eva Joly était venue le soutenir : « Ce n’est pas la place des syndicalistes ou des faucheurs volontaires de se retrouver dans les fichiers. La loi sur les prélèvements ADN a été détournée, elle ne devait concerner que les crimes et délits les plus graves. Cette loi doit être modifiée », a–t-elle déclaré.

    Le syndicaliste CGT et porte-parole des ouvriers de Continental dans la lutte contre la fermeture de l’usine de Clairoix avait pourtant été relaxé en première instance. La décision était d’importance car depuis 2003, Nicolas Sarkozy avait fait étendre la possibilité de fichage génétique à tous types d’infraction, le refus de se soumettre au prélèvement ADN devenant un délit en lui-même. « Le parquet aux ordres a fait appel de cette décision », regrette la candidate : c’est aussi l’acharnement de l’Etat contre les luttes sociales que la candidate était venue dénoncer à Amiens.

    Vous pouvez retrouver ici le duplex réalisé sur I-Télé : « Eva Joly soutient le leader des Conti »

     Informations complémentaires sur le fichage ADN :

    Créé en juin 1998 pour recenser l’ADN des condamnés définitifs pour infractions sexuelles, le FNAEG (Fichier National Automatisé des Empreintes Génétiques) a été étendu en 2001, 2003 et 2010 à de nombreux autres crimes et délits. En 10 ans il est passé de 2000 empreintes à plus d’1,7 millions. Les trois quarts des traces appartiennent à des personnes ayant un jour été mise en cause et non condamnées.

    Dans les Indicateurs de performance des politiques publiques de sécurité, il était indiqué qu’en 2011 plus de 50 % des personnes simplement mises en cause (avant condamnation éventuelle) dans des affaires judiciaires devaient faire l’objet d’un prélèvement d’ADN.

  4. « Nuit de l’égalité » avec Eva Joly au Bataclan le 11 janvier

    À partir de 20h, le mercredi 11 janvier au Bataclan, une soirée faite de débats, d’échanges, de projections et de spectacles pour qu’avec Eva Joly, l’égalité devienne une réalité en 2012.

    La promesse d’égalité que la République a faite il y a plus de deux siècles est chaque jour piétinée et bafouée.

    Emploi, logement, santé, alimentation, eau…

    Tels sont nos biens communs dont plusieurs millions de nos concitoyens sont aujourd’hui privés. Une vie digne maintenant et l’égal accès à une planète vivable et saine, pour nous et les générations à venir, c’est vital, c’est la première pierre d’un monde juste.

    Quelque soit notre origine, notre lieu de naissance ou de vie, notre genre, notre orientation sexuelle, ou notre couleur de peau, nous devons avoir les mêmes droits. La loi ne doit plus être un obstacle, mais la garantie de cette égalité. Elle doit garantir concrètement la fin des discriminations et l’égalité réelle.

    Tous différents, tous égaux, c’est notre France, notre République.

    Pour que la République tienne enfin sa promesse d’égalité, votez juste !

    NUIT DE L’ÉGALITÉ
    Bataclan : 50 boulevard Voltaire, Paris 11e
    Métro : Oberkampf (lignes 5-9), Filles du Calvaire (ligne 8 )

    Page Facebook de l’événement :
    https://www.facebook.com/events/315651148455596/

     

  5. Bonne année !

  6. « Je suis la seule candidate à avoir choisi la France » (Europe 1)

    Eva Joly, candidate écologiste à la présidentielle, est notre invitée ce matin sur Europe 1. Je ne sais pas si vous nous écoutiez hier à la même heure, mais voici ce que disait Marine Le Pen à votre sujet :

    « Permettez-moi de vous dire qu’à chaque fois qu’Eva Joly ouvre la bouche, ça devient un gag. Toutes ses propositions sont délirantes, et elles sont, très souvent, francophobes en plus. »

    Francophobe, voilà un mot qui est lourd. Est-ce que vous aimez la France, Eva Joly ?

    J’ai choisi la France, j’y vis depuis bientôt cinquante ans, et je suis la seule candidate à avoir choisi la France. Je voudrais dire que face à la crise, l’agressivité et la haine de Madame Le Pen ne servent à rien, elle ferait mieux de travailler ses programmes. Je suis prête à débattre avec elle, quand elle voudra, et nous verrons bien qui aime vraiment la France.

    Vous voudriez débattre de quels sujets, par exemple ?

    De la crise, mais aussi de l’angoisse et la colère justifiée des salariés, des retraités, des jeunes qui ne rentrent pas sur le marché du travail. Madame Le Pen ne propose que la haine comme solution, et ça ne va pas loin.

    Vous nous dites que les propos sont outranciers, mais c’est tout de même un sujet, surtout dans une élection présidentielle, l’amour de ce pays. Le patriotisme ça a un sens en France, ça a toujours existé. Est-ce que c’est un sujet pour vous ?

    Je pense que l’imaginaire historique est un sujet. Je pense qu’aujourd’hui les Français ne se reconnaissent pas tous dans un défilé militaire pour incarner la nation. Je pense qu’il y a d’autres symboles, ce défilé est très suranné. La France, c’est bien d’autres choses, et nous avons beaucoup d’autres preuves de notre amour pour ce pays qu’un défilé militaire.

    Vous pourriez donc en débattre, c’est ce que vous proposez à Marine Le Pen ?

    Nous pouvons débattre de tous les sujets de société.

    Pourquoi y a-t-il une telle hostilité à votre égard ? Il n’y a pas que Marine Le Pen. Comment est-ce que vous l’analysez, comment vous l’expliquez ?

    Ce n’est pas à moi de l’expliquer. Je porte un programme très novateur, avec de véritables solutions face à la crise.

    Mais ce n’est pas votre programme qui pose problème, c’est votre personnalité, vous le savez très bien.

    On n’entend pas ce que je dis, parce qu’il y a effectivement beaucoup de parasitage. Mais il me semble aussi que ce parasitage est derrière moi, et ce n’est pas à la fille héritière d’un tortionnaire en Algérie de décider qui est français ou non.

    Est-ce que cela vous fait douter ?  

    Non, pas du tout.

    Est-ce que vous irez jusqu’au bout ?

    Oui.

    Malgré ce que dit par exemple votre ami Daniel Cohn-Bendit, qui depuis le début dit qu’il faudra à un moment se retirer pour aider François Hollande dans la course au premier tour ?

    Avec la crise aujourd’hui en Europe, Dany et moi avons lancé une invitation à tous les leaders de l’opposition pour faire des propositions et des contre-propositions. Aujourd’hui, c’est important d’avoir une candidate écologiste.

    Parlons de cette idée : on se met tous autour d’une table, Sarkozy, Hollande, Bayrou, Mélenchon…

    Non, je propose une réunion des leaders de l’opposition.

    Donc vous voulez discuter avec Marine Le Pen dans un studio, mais pas pour parler de sujets sérieux ?

    Non, pas pour parler de l’Europe, car elle est excluante, et passe son temps à opposer les Français les uns aux autres.

    Dans cette réunion avec tous les leaders de l’opposition, qu’est-ce qu’on se dirait ?

    On chercherait la solution pour l’euro, autrement que dans l’austérité ajoutée à l’austérité. On la cherche dans les euro-bonds, dans un accord sur une concertation fiscale, et une lutte contre la fraude au niveau européen.

    Je reviens à Marine Le Pen, vous avez parlé d’une « milliardaire tortionnaire » ?

    Non, j’ai dit qu’elle avait hérité de son père, qui était tortionnaire. C’est un héritage dont on ne peut pas être fière.

    Encore un mot de l’actualité, et cette idée de Nathalie Kosciusko-Morizet et du gouvernement d’envoyer aujourd’hui les forces de l’ordre dans les aéroports. Cela concerne beaucoup de Français qui ont l’intention de partir en vacances dans les prochains jours. Il y a des milliers de voyageurs qui vont peut-être être concernés. C’est une bonne idée ?

    Je ne sais pas si le rôle de la police est de briser les grèves. Mais c’est vrai qu’il y a une situation insupportable dans le fait que les Français ne puissent pas rejoindre leur famille pour Noël. Mais le gâchis incroyable, c’est cette tradition de confrontation et non pas de dialogue. S’il y avait plus de dialogue social, on saurait faire autrement en cas de grève.

  7. Eva Joly : « Le travail doit être un vecteur de bien-être, pas de souffrance »

    Éva Joly, candidate d’Europe Écologie Les Verts à l’élection présidentielle, a effectué ce lundi (19 décembre) un déplacement à Dunkerque sur le thème de l’emploi. Après avoir discuté de la transition industrielle de la région vers les éoliennes en mer, elle est allée à la rencontre des victimes de l’amiante condamnées à rembourser une partie de leurs indemnisations.

    Pour Éva Joly, « mon contrat présidentiel ne sera pas seulement créateur d’emplois, il répondra aussi à l’augmentation inadmissible de  la souffrance au travail. Après les multiples régressions sur ce dossier, je veux inverser la tendance pour faire du travail un vecteur de bien-être, pas de souffrance ».

    Éva Joly s’est dite favorable à la réparation intégrale des préjudices pour les maladies et accidents professionnels. Dès 2012, elle souhaite relancer les négociations sur les retraites pour prendre en compte la pénibilité et adapter le travail des séniors, à l’image de ce que font les pays nordiques, et augmenter le budget de l’Agence Nationale de l’amélioration des conditions de travail.

    « La situation indigne de ces victimes de l’amiante est le symbole de la façon dont ce gouvernement traite les travailleurs. Non, les salariés malades ne sont pas des fraudeurs. Non, les seniors ne peuvent travailler plus longtemps si on ne répond pas à la pénibilité de leurs emplois. Non, on ne peut à la fois prôner le travailler plus et tailler aveuglément dans les budgets dédiés à l’amélioration des conditions de travail », a poursuivi Éva Joly.

    A propos des victimes de l’amiante, Éva Joly a déclaré : « les victimes de l’amiante ont mené un combat long et douloureux contre le lobby industriel pour faire reconnaître leurs souffrances. Je demande à Xavier Bertrand de faire preuve d’humanité et de renoncer au remboursement des indemnités. »

    Profitant d’une imprécision juridique, le Fonds d’indemnisation des victimes de l’amiante, sous tutelle de l’État, a fait condamner par la Cour d’appel de Douai dix-sept d’entre elles à rembourser une grosse partie de leurs indemnisations. La catastrophe sanitaire fera 100 000 morts d’ici 2030.

  8. Législatives 2012 : Les candidatures EELV en Poitou-Charentes

    L’ensemble des candidatures proposées, à la suite des votes consultatifs des adhérents du Poitou-Charentes lors des assemblées générales de circonscription puis du Conseil Politique Régional du 3 décembre dernier, instaure l’exacte parité femme/homme sur l’ensemble des 14 circonscriptions de la région où EELV aura des candidatures autonomes dans le cadre des accords nationaux avec ses différents partenaires (Parti Socialiste, Mouvement Écologiste Indépendant, Régions Et
    Peuples Solidaires).
    Dans la 15e circonscription « réservée » à EELV dans le cadre de l’accord avec le PS, celle de Châtellerault (86-04), ce sera finalement Véronique Massonneau qui portera les espoirs de la gauche et des écologistes de reconquérir cette circonscription face au candidat Nouveau Centre-UMP sortant.

    Véronique Massonneau, par son engagement écologiste de longue date et son expérience dans la profession bancaire (gestionnaire de clientèle) est parfaitement en mesure d’apporter les réponses dont le pays a besoin, dans le cadre du mandat de députée d’une circonscription chatelleraudaise particulièrement touchée par le crise financière et sociale. Actuellement elle occupe une difficile fonction de déléguée syndicale d’un grand groupe bancaire en Poitou-Charentes-Aquitaine. Elle
    est également commissaire financière nationale d’Europe Écologie Les Verts.
    EELV Poitou-Charentes mettra tout en œuvre pour la réussite de toutes les candidatures. Réussite nécessaire pour que l’écologie politique pèse son juste poids à l’Assemblée Nationale.
    Notons que la douzaine de professions représentées, la parité, ainsi que les âges divers de nos candidat-e-s, vont dans le sens d’une vraie représentativité. Les candidat-e-s ont prévu des présentations plus complètes selon leur disponibilités professionnelles.

    Pour Europe Ecologie Les Verts Poitou-Charentes,
    Didier Coupeau, secrétaire régional, tél. 06 37 64 66 99
    Jean Collon, délégué aux élections, tél. 06 79 55 09 74

    Voir tou-te-s les candidat-e-s

  9. Discours d’Eva Joly à l’Agora

    17 décembre 2011

    Cher-e-s ami-e-s,Mes pensées vont d’abord à celles et à ceux qui sont confronté-e-s aujourd’hui aux dégâts de la tempête en Bretagne et ailleurs. Je pense aux familles qui n’ont pas d’électricité, qui ont dû être relogées. Je pense aussi à la menace d’une marée noire qui, même si elle est limitée, montre que l’irresponsabilité continue à régner dans le transport maritime. Ces crimes écologiques majeurs ne sont toujours pas poursuivis avec vigueur devant les tribunaux alors que leurs conséquences sont désastreuses pour les habitants et leur environnement. Je proposerai dans mon projet la création d’une section au sein de la Cour pénale internationale chargée de poursuivre et réprimer sévèrement la délinquance écologique.

    Je suis heureuse d’être parmi vous alors que vous êtes en train de décider du projet qui servira de boussole pour notre mouvement pour les prochaines échéances. Je présenterai mon Contrat écologiste pour la République en février 2012 et il est évident que la matrice de ce contrat est déjà présente pour l’essentiel dans le projet auquel les coopérateurs comme les adhérents d’EELV ont collaboré. La précampagne est terminée. Nous allons maintenant rentrer en campagne.

    Mais avant de parler de notre projet je voulais revenir sur ces dernières semaines. J’ai entendu des voix ces derniers temps qui disaient : « Eva, ce n’est pas une politique professionnelle, Eva vient de la société civile ». Oui c’est vrai. Je ne suis pas une professionnelle de la politique. Et j’en suis fière.

    J’ai entendu des voix qui disaient : « Eva ne tiendra pas ». Vous avez vu ce que j’ai dû subir durant les deux derniers mois. Je sais que cela va continuer. J’y suis prête. Ma détermination est sans faille. Face aux attaques sur ma personne, sur mon histoire, sur mon accent, je ne cèderai rien, je ne lâcherai rien. Je sais que vous non plus.

    Et à ceux qui ont spéculé il y a quelques semaines sur ma détermination à aller au bout, je leur dis, tranquillement : ne spéculez plus car vous allez perdre !

    Revenons maintenant à l’essentiel, à notre projet. Nous avons déjà obtenu une victoire dans cette campagne, celle de mettre au cœur du débat public la question de la sortie du nucléaire. Nous allons bien entendu continuer et montrer que la transition énergétique est le levier de la nouvelle société que nous proposons aux Français. Ce débat citoyen qu’il faut conduire et trancher démocratiquement, en toute transparence, je vous le promets, nous allons le continuer et le gagner.

    Et l’urgence ecologique n’est pas seulement de prendre la décision de sortir du nucléaire. C’est aussi d’empecher le déréglement total de notre climat. Le somet de Rio+20 sera le premier rendez-vous du futur Président de la République, je veux dire le premier rendez-vous de LA future Présidente de la République ! En mai prochain la délégation de la nouvelle majorité présidentielle montrera la voie au monde réuni au Sommet de la Terre Rio+20 en proposant des solutions pour stopper la crise écologique, la destruction de la biodiversité, diminuer de 40 % les émissions de CO2 d’ici 2020 pour éviter de dépasser les 2 degrés d’augmentation de la température, qui produisent déjà de graves dommages mais au delà desquels la situation risque de devenir incontrôlable.

    Cher-e-s ami-e-s ,

    L’année 2011 se termine comme elle avait commencé. Elle accouche d’une situation où l’indignation et la colère des peuples résonnent face à une crise globale sans précédent qui mine jour après jour des populations qui n’en peuvent plus de subir la crise, des populations qui se sentent délaissées, abandonnées, livrées pieds et poings liés à la folie de l’emballement des marchés. L’Europe et la France se replient sur une forme de fatalisme où la facilité et la démagogie l’emportent sur le devoir d’indignation et de propositions. On ne peut plus continuer comme ça. Le projet de civilisation que propose l’écologie politique marque une différence avec tous les autres. Il refuse le court-termisme et la soumission à la religion de la croissance. Il a pour seule règle d’or de ne laisser personne au bord du chemin. Je le dis solennellement, ma seule régle d’or sera de ne laisser personne au bord du chemin.

    Ma règle d’or c’est l’article 25 de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1848 qui dit  : « Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation, l’habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services médicaux nécessaires. Elle a le droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte de moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté ». Et bien la gravité de la situation actuelle nous contraint d’appliquer cette règle d’or. C’est ce que je vous propose aujourd’hui à travers les quatre orientations que je vais développer avec vous durant les quatre prochains mois.

    Premièrement, un plan d’urgence social-écologiste pour répondre à la récession.

    Nous refusons de rentrer dans les logiques mortifères : celle de l’austérité, celle du déni de la réalité. Notre contrat présidentiel proposera de garantir le pouvoir d’achat, l’emploi et la défense des droits sociaux  en agissant sur plusieurs leviers.

    – Dépenser moins pour vivre mieux. Ce qui grève la consommation des ménages, ce sont les dépenses contraintes, imposées, obligatoires : le loyer, le chauffage, l’alimentation, le transport. Ces postes correspondent chacun à une vision dépassée de l’organisation de la société, où des lobbies puissants veillent à ne pas remettre en cause leurs privilèges. Je propose d’inverser la tendance. C’est aux consommateurs, aux citoyens de définir les règles du jeu dans ces secteurs ; pas aux propriétaires, aux industriels de l’automobile ou aux compagnies agro-alimentaires, ni aux groupes de l’énergie. Nous pouvons gagner l’équivalent d’un treizième mois si nous imposons de nouvelles règles du jeu.

    – Par exemple, sur le blocage des loyers. On me dira : « vous n’y pensez pas ! ». Mais sachez-le, c’est possible. Il y a même un pays où ça fonctionne. Un petit pays exotique… qui s’appelle l’Allemagne. En Allemagne quand un propriétaire loue son appartement il ne peut pas choisir librement le loyer. Il doit se caler sur le loyer de référence du quartier. Ainsi il ne peut pas y avoir de flambée des prix. Puisque cela fonctionne en Allemagne pourquoi cela ne pourrait-il pas fonctionner en France ?

    – Créer un million d’emplois dans les énergies renouvelables, les économies d’énergie, les services, l’économie solidaire et les PME, notamment dans les domaines de l’innovation verte. Je présenterai au mois de janvier des élements chiffrés et précis pour montrer comment nous réaliserons cet engagement. La France est malade du chômage. La seule solution qui n’a pas encore été essayée est de développer l’économie verte. Partout où nos voisins ont commencé à le faire, ça marche. Mais pas en France à cause de l’aveuglement de la droite, et vous le savez aussi bien que moi, d’une partie de la gauche. Pendant toute cette campagne je le montrerai dans les territoires, je le démontrerai : l’économie verte c’est LE chemin pour sortir intelligemment et efficacement de la crise.

    Il n’y aura pas de plan d’urgence viable si nous ne nous attaquons pas immédiatement à la toute puissance des firmes transnationales et des marchés financiers, car leur soif de profit et leur mépris mettent la planète et l’humanité en péril. La nécessité de lutter contre la spéculation financière et de contrer la machine mortifère du capitalisme financier est maintenant reconnue par tous. Mais qui le fait vraiment ? Vous le savez, lorsque j’étais en Islande… je vais le dire, peut être immodestement, mais moi je sais vraiment comment ça marche. Je sais comment lutter contre les paradis fiscaux, je sais comment réglementer autrement les banques et toutes les pratiques toxiques des marchés financiers. Et cela ne vous a pas échappé : je sais résister aux lobbies, les lobbies du nucléaire comme ceux de la finance. Avec moi je peux vous le garantir les spéculateurs ne gagneront pas.

    Deuxièmement, nous voulons un pacte de fraternité pour en finir avec le mépris social.

    La crise stigmatise, la crise divise, la crise crée un apartheid invisible. Le mépris social s’installe. Tous les jours une catégorie de la population est montrée du doigt : un jour ce sont les fraudeurs sociaux, un jour les Roms, un jour les SDF, un autre les vendeurs à la sauvette, un jour les jeunes des quartiers, le lendemain ceux qui ne parlent pas bien français. Assez de ce climat pourri contre les pauvres, contre ceux qui sont différents !

    J’ai choisi de me présenter à l’élection présidentielle parce que je crois que nous ne pourrons résoudre les problèmes de notre temps que si nous les résolvons ensemble, que si nous comprenons que nous avons tous une histoire différente mais que nous partageons de mêmes espoirs, que nous sommes tous différents et que nous ne venons pas du même endroit mais que nous voulons aller dans la même direction, vers un avenir meilleur pour nos enfants et petits-enfants. Je le dis aux Français : nous gagnerons ensemble, ou nous perdrons ensemble. Mais ne nous ne gagnerons pas les uns contre les autres. Car nous avons un choix à faire pour ce pays. Soit nous acceptons une politique qui engendre les divisions ethniques, les conflits et le cynisme et donne les plus faibles en pâture pour les journaux télévisés du soir en exploitant  le moindre fait divers pour le transformer en loi d’affichage jamais appliquée. Soit nous nous faisons le choix d’une France cosmopolite, où on n’abaisse pas l’autre parce qu’il a un accent, où on ne regarde ni le prénom ni la couleur de peau pour attribuer un logement, où on ne regarde pas l’adresse mais la compétence pour embaucher. Nous voulons que les millions de personnes qui vivent dans les cités de banlieues, dans les quartiers populaires – quelles que soient leurs origines et leurs croyances – ne soient plus considérées comme des sous-citoyens dans ce pays qui est le leur. Ils ont droit à la justice, à l’égalité et à la dignité. Il n’est pas acceptable que l’accès aux droits fondamentaux, à la santé, à l’éducation, à l’emploi, au logement leur soit restreint, et que la seule réponse aux problèmes qu’ils rencontrent soit celle de la répression policière et sécuritaire qui aboutit souvent, en toute impunité, à des violences, voire des morts. Nous réaffirmons que tout être humain, parce que c’est un être humain, doit être reconnu dans son humanité. Nous refusons que l’on continue de priver un être humain de sa dignité en le privant de papiers. Hortefeux, Besson et Guéant n’ont eu de cesse de caresser le FN dans le sens du poil avec leur mot d’ordre bien de chez nous : expulsons français. Je leur réponds : la xénophobie d’Etat made in France, ça suffit comme ça !

    Troisièmement, nous voulons la République des biens communs.

    La transformation écologique, démocratique et sociale exige d’en finir avec le régime de la Ve République. C’est la démocratie toute entière qui doit être vivifiée. Nous voulons une nouvelle République laïque, ouverte sur la société telle qu’elle est, ouverte sur le monde, une démocratie politique, sociale et citoyenne qui élargisse le socle des droits fondamentaux, à commencer par les droits politiques comme nous l’avons vu la semaine dernière avec le scrutin historique du Sénat sur le droit de vote aux étrangers non communautaires. Ce n’est pas un hasard, si onze ans après Noël Mamère, ce soit une sénatrice écologiste avec un un accent, Esther Benbassa, qui a été la rapporteuse de cette proposition de loi.

    Nous devons en finir avec la corruption et l’indignité d’une partie de la classe politique, de droite comme de gauche. La corruption n’est pas un simple passe-droit. Elle contamine l’esprit même de la démocratie. Elle affaiblit ses défenses immunitaires. Elle décourage les citoyens. La société politique française s’autopersuade que le monde n’a pas changé, mais faute d’avoir pensé l’argent, l’argent s’est mis à penser à notre place, et la corruption s’est développée comme une gangrène. L’étonnement suscité par la condamnation, somme toute normale,  de Jacques Chirac montre que l’impunité est devenu la norme et la sanction contre les corrompus l’exception. Sa démission du Conseil constitutionnel devrait être immédiate. Comment quelqu’un qui a été condamné peut-il prétendre à être membre à vie de cette clef de voute de nos institutions ?

    De l’affaire Takieddine à celle de Karachi, de Marseille à Liévin et Hénin-Beaumont, nous observons les mêmes processus délétères. Cela commence par le cumul dans le temps et dans l’espace des fonctions, la déconnexion des élus avec la réalité sociale, les petits arrangements entre amis, les passe-droits. Cela continue avec les voyages payés, les cadeaux acceptés, les prêts à taux zéro, les avances qui se transforment en dons. Deux mondes se créent : celui de ceux qui, dans cette république du copinage et des réseaux, se sentent au-dessus des règles, et celui de  la majorité des citoyens qui reconnaît la légitimité des contraintes sociales. Rendre la justice c’est rendre la primauté à ce monde-là. Car l’impunité détruit la confiance dans le contrat social. Je le dis ici avec solennité. Le quinquennat de Nicolas Sarkozy a poussé à bout la logique autoritaire et monarchique de la Vème République. Avec ses pratiques claniques, sa volonté d’étouffer systématiquement les affaires, ses méthodes barbouzardes comme dans l’affaire des fadettes, ses pressions contre les juges et les journalistes, son instrumentalisation de la police, sa connivence avec les grands patrons, le sarkozysme a une seule ligne : celle de la stratégie de la tension,  celle de la division des Français. Cette stratégie va redoubler d’intensité à l’occasion de cette campagne qui risque d’être une des plus sales que l’on ait connu. Raison de plus pour faire du départ de Nicolas Sarkozy un impératif national.

    Quatrièmement nous entendons que la France propose la refondation de la construction européenne sur des bases démocratiques, écologiques et sociales.

    La dernière forme du repli national c’est le retour à la vieille lune du « consommons et produisons français ». Autant les écologistes sont pour une relocalisation des activités, une production et une consommation de proximité et de qualité, autant ils se refusent à une vision hexagonale et chauvine du monde. Oui, il faut une réindustrialisation par le bas, par les PME innovantes et écologiques. Mais qui peut croire sérieusement qu’elle se fera contre ou dans le dos de l’Europe ? L’avenir de la France, de son industrie, de ses consommateurs passe par l’Europe. Ma préférence n’est pas une préférence nationale, mais une préférence sociale et environnementale. Contre les délocalisations à l’intérieur de l’Europe, il n’y a qu’une seule réponse cohérente, celle de l’harmonisation fiscale et, à terme, sociale.

    Les écologistes ne se résignent pas à la mort annoncée et programmée de l’Europe. L’année 2012 ne sera pas un mauvais remake de 2005 et du débat sur le traité constitutionnel. La vraie question aujourd’hui c’est le choix entre la sortie de l’euro et le saut fédéral de l’Europe. Le changement de traité ne permettra pas de résoudre la crise car il ne repose que sur le pilier de l’austérité, donc de toute façon il faudra le modifier pour en faire quelque chose qui permette vraiment de sauver l’euro. Mais il faut aussi agir tout de suite car la crise n’attend pas.

    Nous devons montrer qu’il est possible sans attendre les élections de proposer une sortie de crise par le haut. Avec Dany je prendrai rapidement une initiative importante pour proposer un autre chemin que celui offert par Merkel et Sarkozy dans le cadre des traités actuels. Nous ne pouvons nous permettre de continuer le luxe de nous complaire dans le spectacle de l’autodestruction de l’Europe. Il faut maintenant que les forces progressistes de l’Europe s’unissent pour, au-delà des enjeux politiciens, sauver l’Europe de la récession et de l’éclatement programmé.

    Cher-e-s ami-e-s,

    Dans cinq mois, chacun des citoyens français, femmes et hommes, va choisir et décider.

    Ces quatre mois sont très importants pour notre pays. Ces femmes et ces hommes, je vais aller les voir, les rencontrer, leur parler à la télévision et à la radio, sur Internet, dans la presse écrite, pour leur dire simplement ceci : changeons ! Un autre chemin est possible pour la France. Un chemin nouveau qui n’est ni celui de l’irresponsabilité et du nationalisme, ni celui de l’impuissance ou de la soumission aux marchés financiers. Je veux vous transmettre ici mon désir et ma volonté d’agir pour adopter la vision ambitieuse et partagée d’une France qui réussit, d’une Europe qui ne soit pas vassalisée, d’un monde débarrassé des paradis fiscaux et des dictatures comme en Syrie ou au Yemen, d’un monde de paix et de justice.

    Mais nous ne gagnerons pas sur l’antisarkosysme. Nous voulons tous que Sarkozy et son clan du Fouquet’s s’en aillent. Mais ce n’est pas pour que cinq ans plus tard la droite revienne sur les cendres des échecs de la gauche. C’est pour cela qu’il faut un changement qui ne soit pas simplement une alternance mais une véritable alternative.  C’est pour cela que j’appelle les Françaises et les Français à voter juste au premier tour de la présidentielle.

    Un vote juste qui se prononce clairement pour un projet de société et non pas pour un rafistolage du système.

    Un vote juste qui en finisse avec le nucléaire et les désordres climatiques, un vote juste pour que chacun mange à sa faim, pour que chacun ait un toit, pour que chacun ait droit au bien-être, au bien-vivre, à l’égalité, à la qualité de la vie.

    Ce vote juste qui refuse la défaite de l’humain, qui refuse le déclin écologique, économique et social, qui place la solidarité  au centre de notre maison commune, vous devez en être les messagers.

    Il n’y a que deux façons de faire avec la vie : on la rêve ou on l’accomplit. Le vote juste pour les Français, pour la France, pour l’écologie le 22 avril ce sera le rêve qui s’accomplira. Nous le voulons, nous le pouvons.  Je vous remercie.

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