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  1. « Sans tricher » : extraits du livre d’Eva Joly

    Les écologistes m’ont choisie comme candidate à la présidence de la République. Les Français ont le droit de savoir qui je suis, d’où je viens, ce que je crois : c’est l’objet de ce livre.

    Je suis née en Norvège et, à vingt ans, je suis devenue française. Cela me donne un regard particulier sur notre pays : on aime toujours plus fort ce que l’on a choisi.

    J’ai eu la chance de connaître plusieurs vies. J’ai été secrétaire dans un pool de dactylo et haut fonctionnaire au ministère des Finances. J’ai connu la justice des citoyens ordinaires et enquêté sur la corruption des dirigeants. J’ai beaucoup voyagé et je sillonne désormais les villes et les villages français.

    Comme tout un chacun, j’ai fait des erreurs et j’ai traversé des épreuves. Mais au long de ces années, ma boussole a toujours été la même : ne pas tricher, ni avec moi-même, ni avec les autres. C’est pour cela que je choque parfois. Je refuse les codes et le mensonge ordinaire.

    La France a beaucoup changé, plus profondément que ne le disent les hommes politiques. C’est cette France-là dont je porte aujourd’hui la voix.

    La trahison de « ceux qui savent »

    J’ai longtemps cru – pour de bon – que la richesse et la culture allaient ensemble ; que ceux qui « avaient » étaient les mêmes que ceux qui « savaient ». J’ai pensé ainsi jusqu’au jour, assez tardif, où j’ai commencé à comprendre que l’ordre des choses n’était pas forcément celui-là. Les possédants ne sont pas toujours les meilleurs, loin s’en faut. Ils sont le plus souvent égoïstes ; ils se désintéressent du monde. Cette prise de conscience a culminé avec mon instruction de l’affaire Elf. Ce fut violent. J’étais sidérée de découvrir à quel point j’avais été naïve. Et docile… Au moment de l’affaire Elf, quand j’ai pu apercevoir le dessous des cartes des multinationales, je suis tombée de haut. […] Ma vision du monde a commencé à changer. J’ai acquis la conviction que les décisions politiques n’étaient pas prises dans l’intérêt collectif. J’ai décidé qu’il fallait tout faire pour corriger ce désordre, arrêter cette immense tromperie, même si, comme chacun, je savais que cela prendrait du temps : le monde est un énorme paquebot dont on ne peut pas modifier le cap du jour au lendemain. En tout cas, l’indignation qui m’a saisie a décuplé mon énergie. Voilà d’où vient ce que mes ennemis appellent ma « dureté ».

    Mon arrivée en France

    J’avais vingt ans quand je suis arrivée en France. L’occasion s’était présentée de perfectionner mon français en partant un an comme jeune fille au pair. J’ai saisi ma chance. Quel bonheur ! Aujourd’hui, la Norvège est un pays riche, grâce au boom du pétrole en mer du Nord, et les gens sont connectés au reste du monde. Mais dans les années 1960, entre la Norvège et la France, c’était le jour et la nuit. Par rapport au Paris enchanteur que je découvrais, mon pays natal m’apparaissait pauvre et rugueux, étroit d’esprit. Je revois encore les marchés remplis de fruits, de légumes et de fleurs, les cafés, les boutiques et les vitrines éblouissantes, les rues pavées d’histoire, la culture, la séduction et l’humour des Français que je croisais, les cinémas et les librairies à chaque coin de rue. Les Québecois emploient l’expression « tomber en amour ». Je suis littéralement tombée en amour avec ce pays. Je suis d’ascendance viking sur vingt générations au moins. Mais une partie de moi, de mes rêves, mes aspirations à « la vie bonne » dont parlait Montaigne, cette partie-là a immédiatement résonné avec la France, a fait corps avec elle.

    Au cœur de l’État

    Pendant l’affaire Elf, j’ai découvert à mon insu la puissance des apparences et l’efficacité de la rumeur, le plus vieux média du monde. Pour être cru, le mensonge le plus éhonté utilise un élément frappant, qu’il interprète de manière délirante. Ma double nationalité (élément atypique et authentique) devenait le point de départ d’une rumeur selon laquelle j’appartenais à la CIA, tête de pont d’une offensive des pétroliers étrangers contre les intérêts français ! […] Presque tout le dossier de presse de ces années d’emballement médiatique est une saga où le vrai et le faux, le délirant et l’authentique ont fini par créer une fiction ayant l’apparence de la vérité. J’ai pris l’habitude de vivre dans deux réalités – la vérité judiciaire et la vérité médiatique – qui ne se rejoignent que trop rarement. Entrée en politique, je n’ai pas été dépaysée par ce double registre, intrinsèque à la vie politique, où les confidentiels des hebdos, les échos du Canard enchaîné, le buzz politique nourrissent une bulle artificielle. Des « snipers verbaux », dans l’ombre, agissent pour leurs chefs en racontant tout et n’importe quoi. Parfois, ce sont les acteurs de la vie politique eux-mêmes qui, « en off », recréent la réalité qui leur déplaît.

    Retour en Norvège

    En pleine interrogation sur mon avenir, j’ai été invitée à donner une conférence devant les ambassadeurs de l’OCDE. L’ambassadeur de Norvège m’a sollicitée : « Je pense, m’a-t-il dit, que tes idées trouveront un écho chez le ministre de la Justice et le ministre des Affaires étrangères. Ce sont des gens biens. » À l’époque, le gouvernement norvégien était de centre-droit. L’ambassadeur a ajouté : « Les sujets que tu évoques passionnent nos ministres. Est-ce que ça t’intéresserait de venir aider le gouvernement à lutter contre la corruption et le blanchiment international ? » J’ai aussitôt accepté, alors même que je n’avais jamais imaginé revenir un jour en Norvège. Cela faisait 37 ans que je vivais en France avec mes enfants. Je me sentais – et je me sens toujours – française à part entière.

    Trop française pour la Norvège

    En juillet 2011, lorsque j’ai proposé la suppression du défilé du 14 juillet sous sa forme actuelle, uniquement militaire, le Premier ministre François Fillon a immédiatement répondu avec une élégance dont chacun se souvient. « Je réagis avec tristesse, a-t-il déclaré. Je pense que cette dame n’a pas une culture très ancienne des traditions françaises, des valeurs françaises, de l’histoire française. » À sa façon, il insinuait que je n’étais pas « vraiment » française, en laissant entendre que c’était embarrassant, voire rédhibitoire pour une candidate à la fonction présidentielle. Cette remarque condescendante a été, hélas, plus ou moins validée par une bonne partie des médias. Française depuis près d’un demi-siècle, j’ai trouvé indigne qu’un Premier ministre introduise un distinguo entre plusieurs catégories de Français. Mais, dans le même temps, la remarque m’amusait. Je me disais intérieurement : s’il savait ! Je pensais à ces innombrables réflexions que l’on me fait désormais chaque fois que je retourne en Norvège. Dans mon pays natal, la presse me reproche… d’être « trop française » ! Et pas seulement à cause de ce prétendu accent français qui apparaît maintenant quand je parle norvégien. Je crois surtout que mon rapport personnel à la société norvégienne est devenu plus ambivalent que je ne l’imaginais moi-même en retournant travailler pour le gouvernement norvégien. Je suis séduite par leur sens collectif, et mon attachement à sa nature sublime demeure. Dans le même temps, j’éprouve à Oslo une sensation d’étouffement. Je suis devenue trop française pour la Norvège.

    La cohésion sociale se délite

    Les nantis défendent le plus souvent un modèle économique néolibéral, spéculatif et financiarisé qui ne se préoccupe ni d’éthique, ni parfois même de légalité. La volonté obsessionnelle de privatiser, puis de marchandiser ces biens que l’on considérait autrefois comme des richesses communes à la disposition de tous comme l’air, l’eau ou les espaces naturels, est antiécologiste par principe. Et je ne parle même pas du productivisme à tous crins dont les tenants du néolibéralisme se font les avocats, surtout en agriculture. La première conséquence de tout cela, c’est la quasi-disparition du concept de bien commun, et même de monde commun. Dans des sociétés fracturées, déstructurées et profondément inégalitaires, la cohésion sociale se délite. Or, elle est absolument nécessaire pour amorcer le grand virage écologique qui s’impose et refonder de façon démocratique notre modèle de développement. Elle en est la condition même. Certains s’imaginent que l’écologie s’arrête à la défense de la biodiversité, à la surveillance des glaciers ou à la sauvegarde de la faune marine. Ce sont des objectifs importants, mais croire que l’écologie pourrait être apolitique ou transpolitique est une naïveté. Le concept d’écologie politique que nous défendons consiste à remettre l’écologie au centre, puis, à partir de ce centre, à apporter des réponses aux questions de société, qui sont le plus souvent des questions politiques.

    Mon entrée en politique

    En novembre 2007, je sortais d’une conférence à Paris, et je devais donner une conférence à l’ONU. Le timing était très serré et j’écrivais mon discours dans l’avion. J’ai eu soudain le sentiment que toutes ces paroles étaient utiles mais vaines. Certes, mon discours allait sans doute plaire et, même, choquer au bon sens du terme. Il n’empêche qu’au bout du compte, on allait me dire qu’il n’était pas possible de faire quelque chose, sauf à changer le monde ! Un ami m’accompagnait dans l’avion. Je partageais avec lui cet accès de découragement. Il m’a demandé brusquement : « As-tu déjà pensé à faire de la politique ? » Je n’y avais jamais songé, parce que c’était en dehors de ma compétence. Dans mon esprit, ceux qui font de la politique sont dans le bain depuis toujours, ils ont fait partie des Jeunes Populaires ou des Jeunes Socialistes… Mais, peu à peu, l’idée s’est imposée à moi que je devais peut-être passer du rôle de conseil à celui d’acteur opérationnel ; celui qui – via les lois, les textes – prend part au devenir du monde. […] C’est à ce moment-là que Dany Cohn-Bendit m’a téléphoné. Il venait de fonder Europe Écologie, pour lancer une dynamique politique écologique au-delà du pré carré traditionnel des Verts. Je me souviens de notre premier rendez-vous. Dany m’a dit : « Nous allons créer un grand parti démocratique pour la transparence, contre les paradis fiscaux, tes combats sont les nôtres, tu as ta place parmi nous. » J’étais enthousiasmée par son projet, sa chaleur humaine, son énergie. Nous sommes littéralement tombés dans les bras l’un de l’autre. Il est arrivé dans ma vie comme un frère choisi.

    J’ai vu Fukushima

    J’ai quelques bonnes raisons d’être optimiste sur la sortie du nucléaire. Au cours des dix dernières années en France, la culture antinucléaire a fait d’énormes progrès. La réflexion s’est approfondie et les données scientifiques sont mieux diffusées. Du coup les slogans insensés et les mensonges que martèlent le lobby nucléaire et les décideurs qu’il manipule sont plus vite décryptés qu’auparavant. Je dirais que ces mensonges sont devenus solubles dans la démocratie. Les médias ne sont pas tous aussi dupes qu’autrefois. Les nouveaux outils de communication (Internet, les réseaux sociaux, les blogs spécialisés) permettent de déconstruire en quelques heures les énormités qui, hier encore, étaient assenées impunément. Je pense aux éclats de rire qui, en novembre 2011, ont salué les affirmations tonitruantes de Nicolas Sarkozy ou Jean-François Copé destinées à ridiculiser les antinucléaires. Les déclarations mensongères sur le coût réel de l’électricité nucléaire, les communications grotesques, comme celle du patron d’EDF, Henri Proglio, sur les emplois qui seraient menacés par l’abandon de la filière, tout cela a été immédiatement relevé et démenti par les médias. Pour la première fois depuis un demi-siècle, en France comme en Allemagne, le lobby nucléaire commence à perdre la main. De toutes mes forces, je le combattrai. Parce que j’ai vu Fukushima. Je ne veux pas que mes petits-enfants grandissent avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête. Ce qui s’est produit à Tokyo peut demain toucher Paris ou Lyon.

    Remettre le monde à l’endroit

    J’avais vingt-quatre ans en 1968. Si je ne devais retenir qu’un seul des superbes slogans de cette période, je choisirais celui-ci : Cours, camarade, le vieux monde est derrière toi ! Ma candidature à l’élection présidentielle est le trait d’union entre l’allant des années de croissance, les combats contre l’injustice des années de folie financière et l’énergie des années 2010, en pleine recomposition des forces du monde. La Déclaration des 99%, promue par les jeunes occupants de Wall Street, a renforcé ma conviction quant à la légitimité et la nécessité du mouvement écologiste dans la mesure où elle associe réformes civiques, réformes financières, rejet de la guerre du profit, préservation de la planète, prise en compte des générations futures et circulation de l’information. Notre projet et l’aspiration de la jeunesse du monde entier se rejoignent. Dans cette course à l’imagination, à la créativité et au partage, nous ouvrons un chemin vers l’avenir. Tenir bon, inventer et agir. C’est la seule voie qui vaille, j’en suis certaine.

    La France coule dans mes veines

    La France a d’abord été pour moi un rêve. Et au fond de moi ce rêve est toujours vivant : quoi qu’il arrive, je resterai cette jeune femme éblouie de marcher là où Voltaire et Rousseau ont marché, d’écouter la langue d’Apollinaire et de René Char, de savourer la lumière d’Anjou et les ciels de Bréhat, de refaire le monde dans une brasserie de Montparnasse. La vie ne ressemble pas à un arbre généalogique. Chaque mère apprend cela dès qu’elle tient un nouveau-né dans ses bras. Aussitôt, elle se sent liée à jamais avec lui. Plus que les ancêtres, nos enfants sont nos vraies racines et notre point d’attache. Mes enfants sont nés en France et la question de leur nationalité ou de leur culture ne s’est pas posée. Les fjords sont simplement pour eux des souvenirs de vacances, associés à la douceur de leurs grands-parents. Lorsque Marine Le Pen me traite de francophobe et quand la droite dure me décrit comme un cheval de Troie de la nation française, c’est qu’ils n’ont rien compris. Une mère donne tout à ses enfants et rêve du meilleur pour eux. Mes enfants et mes petits-enfants sont mes racines françaises.

    Je pense parfois à cette phrase de l’écrivain Romain Gary : Je n’ai pas une goutte de sang français, mais la France coule dans mes veines.

    Sans tricher – Éditions Les Arènes

  2. L’avenir des paysans, c’est la transition écologique, pas la pression des lobbys

    Ce matin à la première heure, une cinquantaine de militants des Jeunes Agriculteurs ont déversé des bottes de paille devant le Ministère de l’Écologie, pour protester contre « la surenchère environnementale » et dénoncer la politique de Nathalie Kosciusko-Morizet.

    Eva Joly, candidate Europe Écologie Les Verts à l’élection présidentielle a déclaré : « Au-delà des clivages politiques, j’apporte tout mon soutien à Nathalie Kosciusko-Morizet et je l’invite à tenir bon face à la pression du lobby agro-alimentaire. L’avenir des paysans et de l’agriculture française passe par la transition écologique et la mise en place d’un nouveau modèle agricole. »

    Eva Joly vise depuis le début de la campagne à nouer un dialogue constructif avec l’ensemble des paysans et des agriculteurs et a publié hier une lettre ouverte en réponse au président de la FNSEA.

    Elle présentera aujourd’hui en compagnie de José Bové ses propositions pour l’agriculture, l’alimentation et le monde agricole à Caen, lors de la convention Agriculture d’Europe Écologie Les Verts ; elle répondra aux inquiétudes exprimées par les agriculteurs en proposant un avenir durable et non pas une politique de court terme.

  3. Eva Joly visite le quartier du Mirail

    Aujourd’hui, Eva Joly était en déplacement au quartier du Mirail, en banlieue toulousaine. Les quartiers populaires, grands oubliés de 2012, ont disparu des radars politiques après le grand bluff du Plan Marshall pour les banlieues annoncés par Sarkozy. Désormais l’ascenseur social n’est plus en panne, il est en chute libre. Eva Joly s’est exprimée sur le sujet :

    « Je connais l’énergie des quartiers populaires. Et je ne supporte plus le gâchis qui en est fait. Je ne supporte plus de voir les ambitions découragées par les parois de verre qui entourent la jeunesse des quartiers. Je ne supporte plus de voir le dévouement des acteurs de terrain dilapidé par l’abandon de l’État.

    Pour un retour effectif de la République sur ces territoires et un accès égal à ses services publics, je souhaite créer un ‘bouclier service public’. Je pense notamment au droit à l’accès à la formation pour les jeunes, un tremplin vers l’emploi. Mon objectif est qu’il n’y ait plus aucun jeune sans solution d’avenir, sans projet professionnel.

    Ma conviction est qu’il faut remettre les habitants au coeur de la politique de la ville. Ils doivent pouvoir décider des politiques publiques qu’ils jugent les meilleures pour eux-mêmes. Cela commence par exemple par un droit d’objection dans les operations de démolition pilotées par l’Agence Nationale de Rénovation Urbaine. »

  4. Précarité énergétique : un million de familles attendent encore le tarif social !

    Par ce temps de grand froid, la facture d’électricité va être salée pour beaucoup de familles, alors que 3,5 millions d’entre elles souffrent déjà de ne pouvoir se chauffer correctement. Le ministre de l’énergie Eric Besson avait promis en octobre dernier d’attribuer automatiquement le tarif social de l’électricité aux Français qui y ont droit. Pour Eva Joly, candidate des écologistes à l’élection présidentielle :

    « Nous sommes en février et un million de foyers sont toujours privés du tarif social, alors qu’ils remplissent les conditions. Une fois de plus, on en est resté à l’effet d’annonce. Je demande au gouvernement de sortir en urgence les décrets nécessaires. »

    Eva Joly propose une tarification progressive, pour garantir à tous un accès aux services énergétiques, tout en décourageant le gaspillage. Le premier kWh d’électricité ou de gaz sera accessible aux plus démunis, tandis que le gaspillage le sera beaucoup plus.

  5. Nicolas Sarkozy drague les entrepreneurs, Eva Joly réagit

    Dans un discours sans surprises au Salon des Entrepreneurs le mercredi 1e février, le Président sortant a tenté de défendre son maigre bilan et ses nouvelles mesures annoncées en matière d’économie et d’emploi.

    Reproduisant sa perpétuelle diatribe contre les 35 heures, reprenant sa posture de prétendu opposant aux élites, au monde de la finance et de protecteur face aux délocalisations, M. Sarkozy s’est plu à affirmer être l’unique promoteur de l’activité et des entreprises en France.

    « Quand on mène une politique de cadeaux fiscaux aux plus riches, on n’encourage pas l’investissement, mais la rente, a rappelé Eva Joly. Quand on multiplie les niches fiscales au profit des grands groupes, quand on laisse le taux réel de l’impôt sur les grandes sociétés tomber à moins du tiers du taux officiels, on favorise les grandes entreprises qui délocalisent et non les PME qui, elles, créent des emplois de proximité. Quand depuis la crise de 2008 on n’a cessé de se féliciter de la situation du crédit, on ne peut à deux mois des élections se mettre à tancer les banques devant les caméras pour regretter le gel opéré en direction des PME ».

    Face à la vacuité des injonctions présidentielles, Eva Joly a détaillé les principes et mesures de son « Pacte pour les entreprises locales » : « Aider au développement des entreprises locales, c’est rétablir une progressivité réelle de l’impôt sur les sociétés, en fonction du niveau des bénéfices. Tout le sens de notre pacte est de soutenir les entreprises pourvoyeuses de métiers attachés aux territoires et par lesquelles la transformation écologique de l’économie se fera ».

    Pour appuyer la phase d’amorçage par les créateurs d’entreprises et soutenir le développement des PME, Eva Joly défend « la mise en place d’une banque publique de financement des entreprises, ancrée dans les régions, qui offrira des garanties contre les accidents de trésorerie, des prêts de durée assez longue, des interventions en fonds propres ». Elle sera le complément aux actions pour réorienter l’activité économique vers la transition écologique de notre pays : aide à l’innovation, soutien aux filières industrielles liées notamment aux énergies renouvelables, aux circuits-courts, aux nouveaux matériaux, aux transports non-polluants, à la fabrication sur mesure, appui à la formation initiale et professionnelle…

  6. Claude Guéant réanime une proposition de loi ultra-sécuritaire

    Mercredi 1er février, l’Assemblée nationale a donné son feu vert pour la création d’un fichier centralisé des « gens honnêtes », permettant de croiser les données biométriques de 45 millions de Français. Une atteinte sans précédent aux libertés publiques, un rêve pour monsieur Guéant.

    Sous le fallacieux prétexte de lutter contre les usurpations d’identité et la fraude, ces cartes d’identité comporteront, dès 2012, deux puces électroniques RFID : une puce « régalienne » qui stockera les données biométriques de son propriétaire et une puce de signature électronique à vocation commerciale, toutes deux gérées par le ministère de l’Intérieur. Ce système permettra de croiser l’identité du citoyen avec son comportement de consommateur. Il sera également possible de lire le contenu de la carte à distance, sans contact, grâce à la technologie RFID. N’importe quelle personne possédant un lecteur de puces RFID pourra capter les données figurant dans la carte, ouvrant ainsi le champ à toutes les dérives possibles.

    Pour Eva Joly, « La mise en œuvre de cette carte entraînera un fichage de tous les citoyens de plus de 15 ans d’une ampleur jamais égalée en France. Ce nouveau fichier viendra s’ajouter aux 80 fichiers de police déjà existants, dont 45 % n’ont aucune base légale.

    Pire que le Big Brother d’Orwell, les responsables de cette loi ne comprennent pas que créer un tel fichier, c’est créer le risque de voir ses dispositions étendues à des problématiques dont on se prémunit pour le moment : un peu à la façon dont le gouvernement a agi avec le fichier ADN confinés aux délits sexuels et maintenant étendus à plusieurs millions d’individus dont des syndicalistes en lutte comme Xavier Mathieu.

    Par ailleurs, il est une chose qu’ils ne saisissent en rien. À l’heure du tout numérique, ce fichier ouvre le risque au hacking de toutes les données rassemblées sur l’identité des Français par des individus mal intentionnés. La numérisation des fichiers, comme l’Internet, est à double-tranchant, c’est une évidence. D’un côté, nous avons la chance de voir un partage augmenté des savoirs et des réseaux démultipliés, de l’autre, l’augmentation des possibilités d’attaque et d’usurpation. Croire qu’il sera possible un jour de contrôler cet Internet sous le principe de la censure est un leurre.

    La constitution d’un tel fichier est donc une ‘bombe à retardement’ pour les droits de l’Homme ;  je ne fais que citer François Pillet, le rapporteur UMP affecté à cette proposition de loi. Un tel fichier a d’ailleurs déjà existé, c’était le ‘fichier des gens honnêtes’ créé en 1940 par le maréchal Pétain et supprimé à la Libération en 1944 car il portait une atteinte évidente au principe de liberté individuelle.

    Je m’emploierai donc à combattre cette loi liberticide et dangereuse pour chacun d’entre nous, les honnêtes gens de la République. »

  7. Lettre ouverte au président de la FNSEA

    Monsieur le Président,

    J’ai lu avec intérêt votre lettre ouverte « espérance et progrès » appelant les candidats à donner de l’importance au sujet agricole et à concilier compétitivité et humanité.

    Je pense, comme vous, que l’agriculture doit prendre toute sa place dans cette campagne, et je ne peux que souscrire à l’idée « d’avoir un nouveau contrat entre agriculture et société, agriculteurs et citoyens ». C’est d’ailleurs ce que je proposerai aux citoyens, dès vendredi 3 février, lors d’un grand rassemblement d’Europe Écologie – Les Verts sur l’agriculture à Caen, où je dévoilerai mes orientations pour ce secteur.

    Monsieur le Président, j’apprécie les démarches comme la vôtre, celles qui visent à interpeller la société sur les enjeux qu’elle doit affronter. Je vais y répondre avec sincérité. Mais la même sincérité m’amène à vous dire que j’y répondrai en n’oubliant pas ce que l’organisation que vous présidez n’est pas neutre dans le débat que vous initiez. Elle crie actuellement sur tous les toits qu’il faut « relâcher la pression sur les mesures environnementales ». Elle incarne une certaine vision du monde agricole, une agriculture intensive dont nous voyons aujourd’hui les limites. Je n’ai aucune raison de ne pas croire en l’honnêteté de votre interpellation alors je vais assumer les désaccords que nous pouvons avoir.

    Je pense que le modèle agricole actuel ne peut plus durer. Ce modèle, mis en place après la seconde guerre mondiale, a rempli puis dépassé les objectifs qui lui étaient assignés : augmenter la production pour assurer la souveraineté alimentaire. Pour cela la France et l’Europe ont construit progressivement un solide arsenal d’outils qui se sont mutuellement consolidés avec le temps : mécanisation, sélections variétale et animale, agrandissement des exploitations, spécialisation des cultures et des territoires, utilisation d’intrants chimiques…

    Ce modèle que vous défendez a eu et a encore un coût social et un coût environnemental qui ne cessent de croître : effondrement du nombre d’agriculteurs et du nombre de fermes, désertification des campagnes, effondrement de la biodiversité, pollution des eaux, marées vertes, érosion, inondations, atteintes à la santé des agriculteurs, suicides élevés en milieu agricole, artificialisation des sols, invasion des marchés du Sud avec nos produits subventionnés…

    Aujourd’hui, sous le prétexte de nourrir le monde, nos exportations de céréales ou de « bas » morceaux des volailles, empêchent certains pays de développer leur agriculture. A l’inverse, nos importations de soja ou de bœuf font de certains pays émergents des porte-avions commerciaux vers l’Europe. Ils servent des intérêts qui ne sont pas ceux de leurs paysans, pas plus que ceux des paysans de nos territoires d’élevage, mais ceux de puissantes multinationales. Le système se boucle aujourd’hui par l’achat massif de terres arables par des pays comme la Chine et des multinationales qui se prêtent au jeu. Les terres sont là, elles sont exploitées mais elles ne profitent jamais à ceux qui vivent sur ces territoires.
    Mais ce n’est pas seulement l’environnement ou la souveraineté alimentaire de nombreux pays que le modèle que vous défendez a ruiné. C’est aussi l’image des agriculteurs et leur santé. Les agriculteurs méritent mieux que de se défendre d’être des pollueurs qu’il faut faire payer. Ils méritent mieux que d’angoisser en se demandant si les pesticides qu’ils utilisent ne sont pas en train de les rendre malades.

    Le projet que je propose vise à sortir de cette impasse, à redonner sens au métier d’agriculteurs. Il s’agit toujours de produire, bien sûr, mais en accord avec la nature et avec les hommes. La mal-bouffe doit être une période révolue : je crois en l’amour des agriculteurs pour leur terre et leur s produit s . Il faut installer des agriculteurs jeunes et moins jeunes qui ont un projet en accord avec la société, au lieu de poursuivre la logique d’agrandissement actuelle. Il faut aider l’ensemble des agriculteurs à vivre la transition nécessaire et progressive vers l’agro-écologie. Certains sont déjà prêts, d’autres beaucoup moins. Il faut respecter les rythmes de chacun mais… sans faire du sur-place.

    Comme vous, M. Beulin, j’aspire à une société de confiance et d’espérance. Mais le progrès auquel je crois, et auquel de plus en plus de Français croient aussi, c’est celui de la transition écologique vers des modes de production et de consommation en harmonie avec le vivant, c’est-à-dire avec l’humain et la nature.

    Les écologistes – loin d’être des empêcheurs de cultiver en rond – peuvent apporter les idées qui sauveront l’agriculture.

    Eva Joly

  8. Conférence d’Eva Joly sur le coût du nucléaire

    Mardi 31 janvier, Éva Joly a convoqué une conférence de presse pour commenter le rapport de la Cour des comptes sur le nucléaire. Ce rapport intitulé Les Coûts de la filière électronucléaire avait pour ambition d’établir un diagnostic chiffré, précis et exhaustif sur le coût de l’énergie nucléaire. Un exercice inédit pour la Cour des comptes, qui estun premier pas vers l’ouverture d’un vrai débat sur la question de l’atome.

    Accompagnée de Michèle Rivasi, euro-députée, porte-parole de sa campagne, et de Denis Baupin, adjoint au maire de Paris, la candidate a souligné qu’en matière d’énergie, « l’heure du choix a sonné ».

    Ce rapport met à bas le troisième mythe qui édifiait l’inféodation de la France à l’énergie nucléaire. Après le mythe de l’indépendance énergétique, après le mythe de la technologie sûre, c’est désormais le mythe du nucléaire pas chère qui s’effondre.

    Grâce à ce rapport, on sait désormais que le nucléaire a déjà coûté à la France 228 milliards d’euros. Il est aussi établi que l’électricité produite par l’EPR de Flamanville, s’il voit le jour, sera plus onéreuse que celle produite par une éolienne. Et que pour prolonger la durée de vie des centrales il va falloir investir 50 milliards d’euros, qui s’ajoutent aux 10 milliards nécessaires pour mettre les centrales aux normes Fukushima.

    « Dès aujourd’hui, un choix s’impose aux français : poursuivre sur un sentier ruineux ou bien s’engager dans la transition énergétique ».

    Par ailleurs, la candidate écologiste a insisté sur l’incertitude concernant les coûts du démantèlement ou de la gestion des déchets, incertitude soulignée par la Cour des Comptes.

    « Nous sommes totalement ignorants en matière de démantèlement. Il suffit de voir l’expérience anglaise. Les coûts inconnus mais déjà prohibitifs de ces opérations ne peuvent que nous éclairer sur la route à suivre : le choix de la transition énergétique ».

    « La Finlande, peuplée depuis 9 000 ans, va devoir payer pour ses déchets pendant des centaines de milliers d’années. Le choix qui s’ouvre à nous aujourd’hui n’est pas seulement le notre, mais aussi celui des générations à naître ».

  9. A831 : le projet doit retourner au placard

    Suite aux préconisations environnementales de la Ligue de Protection des Oiseaux, le projet semblait dans une impasse financière. Mais le miracle des périodes électorales l’a brusquement fait ressortir du placard : l’État, le département de la Vendée et celui de la Charente-Maritime viennent de signer le protocole d’accord financier préalable au lancement de l’appel d’offres à concession.

    Un projet inutile
    L’A 831 est présentée comme une aubaine pour nos territoires. Pourtant, il semble nécessaire de revenir sur certains arguments :
    – Le gain de temps est ridicule : 20 minutes maximum entre Bordeaux et Nantes.
    – Le contournement de Marans ne nécessite pas une autoroute (et n’oublions pas que les convois exceptionnels ne roulent pas sur les autoroutes). Une route de délestage existe depuis début 2011 mais aucune pancarte ne l’indique ! C’est pourtant une solution simple, économe en terres agricoles, en finances publiques et pour le portefeuille des usagers.
    – La même promesse de désenclavement du Sud-Vendée avait été avancée lors de la construction de l’A83. Elle n’a pas été tenue ! Cette autoroute n’a pas permis l’installation d’entreprises créatrices d’emplois. Bien au contraire, Fontenay-le-Comte et les alentours pourraient devenir des villes-dortoirs au bénéfice de la Rochelle polarisant les emplois et les entreprises.
    – Les touristes sont déjà très nombreux sur la côte et dans le marais. Une nouvelle autoroute ne changerait rien. De plus, la mise en péril du marais poitevin et du marais de Rochefort est tout simplement absurde si l’on considère qu’ils sont des atouts majeurs de l’économie touristique.

    Un projet écologiquement désastreux
    Lors du choix du tracé de l’A83, il avait été décidé de contourner Niort par le nord dans un souci de préserver le Marais poitevin. Mais aujourd’hui, traverser le marais et deux zones Natura 2000 ne poserait plus de problèmes ! Enfin, les mesures compensatoires de la LPO, seront-elles bien toutes prises en compte ? L’exemple de l’A28 ne nous rassure pas.

    Une aberration financière de 890 millions d’euros, soit près de 14 millions d’euros le kilomètre
    En cette période de crise, le projet sera financièrement très lourd pour les collectivités, déjà très endettées. Et comment justifier qu’après le Grenelle de l’environnement, certains élus continuent à privilégier l’autoroute au détriment des infrastructures ferroviaires ? La poursuite d’une politique de développement des déplacements routiers est à contre-courant de l’histoire. La ligne Bordeaux-Nantes doit absolument être modernisée et le grand port de commerce de La Rochelle a surtout besoin d’un meilleur raccordement ferroviaire et pas d’une autoroute. Au vu des montants engagés pour l’A831, le rail devrait encore une fois attendre !

    Europe Ecologie Les Verts souhaite que s’engage un débat public sur ce projet coûteux, aux conséquences irréversibles. Alors que nous savons tous que la réduction de notre dépendance aux produits pétroliers et la réduction des émissions de CO2 sont des enjeux d’avenir majeurs, nous soutenons le développement du transport ferroviaire (voyageurs et fret), dans un objectif de service aux populations, de développement et d’aménagement durables des territoires.

    Françoise Coutant, porte-parole des élu-e-s EELV au conseil régional Poitou-Charentes
    Didier Coupeau, secrétaire régional d’EELV Poitou-Charentes
    Brigitte Desveaux, candidate EELV dans la 1ère circonscription de Charente-Maritime
    Patrick Angibaud, candidat EELV dans la 2ème circonscription de Charente-Maritime

     

  10. « Sans hésitation et sans bémol », Eva Joly signe le Contrat de la Fondation Abbé Pierre

    Le mal-logement n’est pas supportable. L’abbé Pierre le disait déjà en 1956 ! Pourtant notre pays connaît depuis 40 ans une crise structurelle du logement.

    « Ma conviction, c’est que la crise du logement n’est pas une fatalité mais le résultat d’une politique. Et si nous voulons changer ce résultat, nous devrons changer radicalement de politique. Je m’engage à le faire », a déclaré Eva Joly avant de signer « sans hésitation et sans bémol » le Contrat social pour une nouvelle politique du logement de la Fondation.

    « Mes engagements sont clairs. Je veux instaurer une véritable impulsion de l’Etat en faveur du logement. Je veux encadrer le marché, construire et rénover. Et je veux prendre à bras le corps l’urgence de la situation. »

    Eva Joly s’est engagée à interdire les expulsions locatives sans solution de relogement, et de faire des sans-abris une priorité nationale. Elle a également proposé une forte hausse de la taxe sur les logements et les bureaux vacants.

    « L’État est aujourd’hui hors la loi sur le sujet du droit au logement. Ces termes durs ne sont pas de moi mais issus d’un rapport officiel sur le DALO. Comprenez donc que je m’indigne lorsque Benoist Apparu ose parler d’une ‘année exemplaire’ pour le logement » a déclaré Eva Joly.

    Encadrer

    « Je considère le logement comme un droit à valeur onstitutionnelle, et c’est pourquoi je crois que la puissance publique a vocation à intervenir pour réguler le marché. Elle doit le faire de manière souple, intelligente, équitable. Je propose ainsi d’encadrer les loyers, comme en Allemagne, et de poser un moratoire de trois ans sur les loyers pour y parvenir. »

    Construire

    « Pour cesser avec la pénurie de logement que connait la France depuis si longtemps, les écologistes prévoient la construction de 500.000 logements par an, dont 160.000 logements vraiment sociaux. Cette impulsion sera notamment donnée par le renforcement de l’objectif de logements sociaux de la loi SRU et des sanctions pour les maires qui ne l’appliquent. 25% sur l’ensemble du territoire, 30% en Île-de-France où les inégalités sont les plus marquées. »

    Rénover

    « Afin de lutter contre la précarité énergétique qui touche plus de 3,5 millions de ménages, les écologistes lanceront un grand plan de rénovation d’un million de logements d’ici 2020. Il permettra la création de 400 000 emplois. »

    Discours d’Eva Joly à l’occasion de la Convention EELV sur le logement à Arcueil

    Projet EELV sur le logement

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