Accueil à l'Assemblée TRIBUNE "agriculture industrielle" : 1 000 Vaches ou 500, c'est toujours non!

TRIBUNE "agriculture industrielle" : 1 000 Vaches ou 500, c'est toujours non!

1 000 Vaches ou 500, c'est toujours non!

Publication: 02/03/2013 06:00

Tribune de José Bové, député européen, Barbara Pompili, députée de la Somme et François Veillerette, conseiller régional de Picardie.

Le 1er février dernier, le préfet de Picardie a signé l'arrêté autorisant l'installation d'une exploitation de 500 vaches sur les communes de Drucat et Bugny-Saint-Maclou (Somme).

Cette autorisation fait suite à une demande déposée par l'entrepreneur Ramery, spécialiste du BTP, qui souhaitait initialement exploiter une ferme de 1 000 vaches laitières et leur suite, couplée à un méthaniseur.

Depuis 2011, les associations telles que NOVISSEN, certains élus locaux et de nombreux citoyens se sont mobilisés afin de dénoncer les menaces que comporte ce projet pour les voisins de l'usine, les éleveurs locaux, l'environnement et la condition animale.

La réduction de 1 000 à 500 vaches est la preuve que les arguments avancés étaient fondés. Ils n'ont malheureusement été que partiellement entendus. Ainsi, les mesures de protection de l'environnement ont été renforcées afin d'apporter certaines garanties. Mais qu'on le veuille ou non, une exploitation de 500 vaches reste une aberration inacceptable. Et la course au foncier pour épandre le lisier entrainera, comme c'est le cas aujourd'hui en Allemagne, une explosion des prix des fermages agricoles.

De plus, ne nous leurrons pas : les 500 vaches ne sont qu'une étape ! Rien n'empêchera demain l'entreprise Ramery de demander une extension de l'élevage à 1 000 vaches, ou même plus, comme dans les sinistres fermes usines polonaises ou états-uniennes qui peuvent regrouper jusqu'à 30 000 têtes ! Le méthaniseur est d'ores et déjà calibré pour plus de 500 bêtes, et la capacité de l'exploitation pourra être augmentée dès que des surfaces d'épandage supplémentaires seront trouvées.

C'est le parfait contre-exemple du modèle agricole que nous souhaitons pour la Picardie comme pour le reste de la France.

Cette usine enfermant 500 vaches sur du béton ne correspond en rien à un modèle adapté au territoire et apparaît plus comme un projet agro-industriel financier opportuniste que comme un outil d'un développement rural, local, durable. La production de lait ne devient plus qu'un prétexte pour développer une activité de méthanisation particulièrement lucrative.

Ce projet tente d'apporter une fausse réponse à un vrai problème : celui des conditions de vie et de travail des éleveurs laitiers. Il est évident que ces éleveurs ne peuvent pas être abandonnés à leur sort, dans une situation qui se détériore fortement. Mais pour nous élus écologistes, la solution n'est pas la fuite en avant dans un modèle agro-industriel. Elle réside au contraire dans le maintien et le développement d'unités de production à taille humaine, respectueuses des éleveurs, des animaux, de l'environnement tout autant que de la qualité des produits. Encourager ce type d'agriculture familiale permet à la fois de garantir un taux d'emploi plus élevé et de limiter les impacts environnementaux.

La garantie d'une qualité de vie et d'un revenu décents pour les éleveurs doit être au centre de l'action publique. Cela passe par une prise en compte des augmentations de charges, une amélioration de la qualité ainsi que le raccourcissement des échanges entre paysans et consommateurs, pour que la valeur ajoutée ne soit pas captée par quelques grands groupes industriels.

L'affaire de la viande de cheval chez Findus le prouve : le modèle agricole mondialisé où les intermédiaires se multiplient a atteint l'absurde. Il est temps de relocaliser nos échanges, surtout dans le secteur agricole.

Au niveau européen, nous militons pour le maintien d'outils de régulation économiques européens et français (en particulier les quotas laitiers). En région nous soutenons des outils d'accompagnement aux élevages existants.

C'est dans cette démarche que doivent s'inscrire les réflexions tant à l'échelle européenne avec la réforme de la PAC qu'au niveau national avec la future loi agricole annoncée à la fin de l'année 2013.

C'est aujourd'hui que se joue l'avenir de l'agriculture. Nous, écologistes, sommes déterminés à défendre des modèles agricoles respectueux de l'Humain et de l'environnement, qui répondent aux enjeux de demain.

 http://www.huffingtonpost.fr/jose-bove/scandale-viande-agroalimentaire_b_2790312.html?utm_hp_ref=france
bové