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Actu Environnement : Stop au gaspillage alimentaire

200 actions anti-gaspi sont menées ce jeudi 16 octobre. Objectif : réduire de moitié la nourriture gâchée d'ici 2025, prévu dans le Pacte national lancé en juin 2013 par Guillaume Garot. Ce dernier estime "insuffisants" les engagements volontaires.

Actu Environnement

Ce jeudi 16 octobre se tient la deuxième journée nationale de lutte contre le gaspillage alimentaire en France. Cette journée de sensibilisation des "consomm'acteurs" est prévue dans le Pacte national anti-gaspi, présenté en juin 2013 par le ministère de l'Agriculture visant à réduire de moitié le gaspillage de nourriture d'ici 2025. Plus de 200 actions sont menées dans l'Hexagone.

En France, 7 millions de tonnes de déchets alimentaires sont gâchées chaque année. Chaque foyer jette en moyenne 20 à 30 kg de nourriture par an (dont 7 kg encore emballés), soit l'équivalent de 400 euros pour une famille de quatre personnes, rappelle le ministère dans une campagne publicitaire. Le pacte national, lancé par Guillaume Garot, député socialiste de la Mayenne (ex-ministre délégué à l'Agroalimentaire), associe tous les acteurs de la chaîne alimentaire (production agricole, transformation industrielle, grande distribution, restauration collective et familles).

Don alimentaire

Trente-et-un signataires (collectivités, producteurs, industriels, distributeurs, restaurateurs, associations de consommateurs et de solidarité,...) se sont engagés depuis le lancement du Pacte. Parmi ces signataires, l'Association nationale des industries agroalimentaires (Ania) a annoncé ce jeudi avoir supprimé sur les emballages des produits à longue durée de vie, la mention "date limite d'utilisation optimale (DLUO)" (remplacée par "A consommer de préférence avant"), prévu dans le Pacte. L'Ania a également procédé à la mise à jour du guide sur le don alimentaire ANIA/FCD/FNSEA/SOLAAL à destination des opérateurs économiques souhaitant contribuer à l'aide alimentaire "car il est nécessaire de penser aux plus démunis pour qui la valeur de l'aliment est si importante", a-t-elle souligné.

Les enseignes membres de la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD) (Auchan, Carrefour, Casino, Dia, Intermarché, Leclerc, Monoprix, Simply Market et Système U), ont signé "plus de 1.600 conventions" avec les organismes de don alimentaire. "Ces conventions encadrent le don dans près de 4.500 magasins", a précisé la FCD.

Les fruits et légumes moches sont aussi bons

   
   

A l'occasion de cette journée, Intermarché a également renouvelé son opération "Fruits et légumes moches" vendus 30% moins chers que les produits calibrés. Le distributeur "a pris le parti de réhabiliter les fruits et légumes disgracieux, en les traitant comme une variété à part entière" et ainsi les remettre sur le marché.Chaque année, des milliers de kilos de pommes, d'abricots déformés, de cerises à peine fendues, de tomates biscornues sont en effet jetés par les producteurs "qui n'ont pas de débouchés valorisants pour ces fruits et légumes moins jolis et pourtant exquis", souligne le ministère de l'Agriculture. En France, 30% des fruits et légumes n'arrivent pas du champs à l'assiette. A l'instar d'Intermarché, un collectif de producteurs de fruits et légumes a également lancé ce jeudi l'opération "Gueules cassées" en partenariat avec 300 points de vente. "Au plan national, ce seul jour de mise en avant permettrait de réhabiliter de plus de 10.000 tonnes les produits aujourd'hui gaspillés", indique le collectif.

Autre initiative : le réseau Restau'co (réseau de la restauration collective en gestion directe, ex-CCC), également signataire, accompagne notamment 42 collèges et 70 lycées à l'analyse et la diminution du gaspillage alimentaire. "Grâce à une méthode d'accompagnement adaptée à la restauration collective (comprenant un guide, des tableaux de suivi du gaspillage et des actions en lien, une formation du chef de cuisine pilote et un accompagnement pendant un an), Restau'co a constaté une réelle diminution des pertes alimentaires et un vrai engagement des cuisiniers, très sensibles à cet enjeu".

Des engagements encore "insuffisants"

Mais Guillaume Garot souhaite "aujourd'hui que soit intensifiée et généralisée" la lutte anti-gaspi. "Les engagements volontaires pris dans le cadre du Pacte, aussi nombreux et nécessaires soient-ils, ne seront pas suffisants à eux seuls pour atteindre l'ambition fixée de diminuer de moitié le gaspillage en France d'ici à 2025", a-t-il prévenu sur son blog. L'ex-ministre estime qu'il faut "lever les verrous qui existent encore". Cela passe par "la clarification des règles pour les dons alimentaires et pour les dates de consommation, par de nouvelles mesures pour l'achat des collectivités publiques, par la généralisation du « doggy bag », par l'éducation des enfants à la cantine et par la mobilisation de la grande distribution et des commerces…", a-t-il réitéré.

Dans le cadre du projet de loi sur la transition énergétique adopté le 14 octobre par l'Assemblée, un amendement présenté par Ségolène Royal, ministre de l'Ecologie, prévoit que l'Etat et ses établissements publics, ainsi que les collectivités territoriales mettent en place avant le 1er septembre 2016 une démarche de lutte contre le gaspillage alimentaire au sein des services de restauration collective dont ils assurent la gestion. Les écologistes ont également "permis l'inscription des performances de réduction de gaspillage alimentaire dans les plans départementaux de déchets", a souligné Brigitte Allain, députée EELV de Dordogne.

"Maintenant que le texte du projet de loi a été adopté à l'Assemblée nationale, il reste à espérer qu'un sénateur ou une sénatrice s'empare du sujet pour déposer un amendement réintroduisant des actions ambitieuses sur les dates limites inscrites sur les aliments, et que le gouvernement finisse par mettre en cohérence ses actes et ses paroles en le soutenant", estime toutefois l'association Zero Waste France (ex-Cniid).

Brigitte Allain a annoncé qu'elle déposera une proposition de loi "dans les prochains mois" visant à "obtenir des réalisations concrètes afin d'enrayer ces dérives de notre système de sur-production et de sur-consommation". La députée écologiste "inscrit son action sur le gaspillage alimentaire dans une dynamique globale d'échange avec les acteurs « de la fourche à la fourchette » : producteurs, coopératives, associations, banques alimentaires, distribution commerciale et consommateurs".