Mon intervention _ Réunion Thématique avec Isabelle Delannoy : « Comment construire une prospérité économique, écologique et sociale du territoire ? »
Retrouvez ci-dessous le texte de mon intervention lors de la réunion thématique organisée par la liste "L'esprit Bergerac", dans le cadre des élections municipales à Bergerac.
J'interviendrai le 19 mars prochain, à la réunion publique de la liste « Vivre Mieux à Bergerac », de Lionel Frel (EELV) salle Jean Barthe à 20h30
"Comment construire une prospérité économique, écologique et sociale du territoire ?"
 Mesdames et Messieurs,
Je vous remercie pour cette invitation à cette réunion sur des thématiques chères aux écologistes : La construction d'une prospérité économique, écologique et sociale pour le territoire.
Je tiens à vous remercier, vous qui assistez à cette rencontre, car c'est le signe fort que les modèles de développement en Bergeracois, sont au cœur de vos préoccupations.
La prospérité, c'est le terme que vous avez employé, peut se définir comme une période de croissance économique où l'on retrouve une bonne qualité de vie de la population, avec un faible taux de chômage, une économie florissante, une certaine stabilité politique, un accès au soins et aux différents services qui font que l'on se sent bien dans un territoire.
Cela vous laisse rêveur, je n'en doute pas.
Ce sont bien les défis face à nous. J'en suis consciente, en tant que citoyenne, et en tant qu'élue qui œuvre au quotidien pour ce « vivre mieux ensemble », pour la transition vers de nouveaux modèles de développement économique, plus respectueux des populations et de l'environnement. Il n'y a en effet de prospérité durable que si elle est partagée, à la portée de tous et dans l'intérêt public.
Le constat aujourd'hui est unanime. Le système très linéaire – extraire – fabriquer – consommer – rejeter - sur lequel repose notre économie actuelle est à bout de souffle. Nous sommes de plus en plus dépendants de matières qui sont, nous le savons tous, de plus en plus rare. Il ne profite qu'à quelques uns et ses méfaits crée l'illusion d'opulence et détruit la qualité de vie des plus démunis et des territoires les plus fragiles.
Nos modes de développement et de consommationne sont pas durables, car ils mobilisent trop de ressources naturelles et impactent fortement l’environnement et le climat , et donc notre santé et notre avenir.
Les défis sont donc bien là  : inventer, explorer, mettre en place un nouveau modèle de développement économique, écologique, mais aussi social.
Il ne s'agit pas d'un retour en arrière, comme certains veulent le caricaturer, où nous serions tous, chez nous, à partager un repas de cueillette à la lueur d'une bougie.
Il s'agit bien de prendre en compte les réalités actuelles et de prendre conscience de la fin du modèle issu de la révolution industrielle. Ce modèle dépassé, qui puise sans mesure dans les ressources, a permis à notre société de bénéficier d'une certaine prospérité matérielle, pour reprendre le terme évoqué dans le thème de cette réunion.
Dans notre pays, suite aux souffrances dues aux guerres et dans un esprit républicain, cela s'est fait dans la volonté d'une équité sociale, qui a permis à l'issue des heures les plus sombres de notre histoire de mettre en place un système d'éducation, de santé, de retraites et de sécurité sociale que le monde entier, dont nos voisins européens, nous envie.
Mais, nous avons oublié que les ressources naturelles sont limitées. L'état de la planète est bel est bien dégradé, et les sociétés de consommation se sont développés sur un concept de coûts de fabrication bas qui ne reposent de fait que sur l'exploitation des matières premières et fossiles, mais surtout sur celle d' hommes, de femmes et d'enfants, travailleurs sans droits. Car il ne faut pas oublier, que les civilisations du Nord ont bâti leur croissance sur le dos de celles du Sud.
Aujourd'hui, ce modèle se retourne contre nous et le chômage qui sévit dans notre pays et encore plus en milieu rural et ici a Bergerac ne doit rien au hasard.
Le tableau peut paraître noir, je le concède, mais c'est justement l'opportunité de réécrire les choses dans la durée. Et c'est le sens de mon intervention aujourd'hui. Il s'agit de participer à une œuvre collective passionnante, d'organiser le vivre bien et mieux, pour tous et ensemble sur tous les territoires, d'ici ou d'ailleurs.
Je le dis souvent, c'est donc une œuvre de fourmi où chacun, chacune, élus, candidats, entrepreneurs, citoyens doit prendre sa part, en toute responsabilité.
Nous avons trop l'habitude de fonctionner à court terme, alors qu'en regardant loin et en prenant en compte les enjeux dans le long terme, nous pouvons créer nos emplois d'aujourd'hui .
Car sur ce point tout le monde est d'accord, l'emploi est une priorité.
En tant qu'écologistes, nous pensons avec force qu'engager courageusement la transition écologique et énergétique est le moyen le plus sûr et durable de créer des richesses, de l'emploi et du progrès social. Nous attendons à ce titre avec impatience et attention le futur projet de loi sur la transition énergétique que présentera le Gouvernement cette année.
Poursuivre un programme nucléaire dépendant d'importations d'uranium, venant d'Afrique, sans connaître encore, après un demi-siècle comment démanteler et recycler les déchets, est un non sens économique comme écologique.
Soyons clair, il n'y aura de transition énergétique que si nous nous donnons des objectifs ambitieux chiffrés, datés, et si nous nous inscrivons résolument dans un modèle industriel et social pour les atteindre.
Fukushima nous enseigne que la prospérité dépend de choix politiques bien au delà de notre territoire immédiat. Trois ans après la terrible explosion de la centrale nucléaire d'un pays ultra moderne, sécurisé et riche ; quel est l'avenir de ce territoire et de son peuple, sinon la maladie, le handicap et les anomalies génétiques des êtres vivants touchés par cet accident et pour les enfants à naître ?
Toute ville en transition ne peut ignorer son environnement. Toute ville en transition organise sa capacité à la résilience.
Dans mon groupe parlementaire, François Michel Lambert, bon connaisseur du Bergeracois, est l'un des promoteurs principaux de l'économie circulaire au niveau national.
Président de l’Institut de l’économie circulaire, il incarne bien ainsi l'engagement d'Europe Écologie les Verts pour passer d’un modèle de réduction d’impact à un modèle de création de valeur, positive sur un plan social, économique et environnemental.
Madame Delannoy, je l'en remercie, présente, elle, le concept d'économie symbiotique qui semble converger vers les mêmes finalités.
J'aborde ici, l'économie circulaire car en s’inspirant du fonctionnement des écosystèmes naturels, elle prouve qu'une utilisation efficiente des ressources crée à la fois de la valeur économique, sociale et environnementale.
Les associations de réinsertion du Bergeracois et de nombreux territoires se construisent d'ailleurs sur ce concept parce qu'il est efficient, et qu'il redonne du sens à notre approche de l'économie et de l'emploi .
Le futur lycée des métiers que construit la région Aquitaine à Bergerac aura cette portée écologique et exemplaire pour les futurs concepteurs de tous nos bâtiments, puisqu'il est conçu à énergie positive.
Cette économie circulaire répond bien à la question Comment Construire une prospérité économique, écologique et sociale ?
Il ne faut pas croire que cela se résume à mettre en place des moyens de recyclages, même novateurs. Ce serait réducteur !
C'est un réel changement de mode de fonctionnement, de mode de pensée, de rénovation sociale. C'est mettre en place et transmettre de nouvelles valeurs.
Chaque kilo, chaque litre de ressources doit être préservé, utilisé à l'optimum, doit être transmis d'homme en homme, d'usage en usage, de génération en génération.
Pour réussir cette ambitieuse mais indispensable transition, la ressource la plus abondante et la plus noble est à notre disposition: l'intelligence collective.
Cette intelligence n'est rien sans une volonté politique qui doit inspirer une volonté citoyenne et individuelle. La pédagogie par l'exemple, mais aussi par la participation de tous, dans tous les actes de la vie et à tous les âges. Les enfants et les jeunes peuvent être mobilisables et mobilisés, dans cette démarche, qui mieux que nous tous, utilisent les nouvelles technologies et ont capacité à inventer l'avenir.
Les choses évoluent et les lignes bougent, on le voit tous les jours. Et les socialistes, au gouvernement, savent reconnaître et reprendre les idées précurseurs et novatrices de leurs amis écologistes.
Pour passer à l'action, à une économie circulaire, comment entrer dans du concret ? Il faudra sans nul doute oser changer de paradigme et à tous les échelons !
Trouver des nouveaux modes de gouvernance pour savoir partager les ressources, les valoriser au mieux. En effet, aux mains des spéculateurs, l'air, la terre, l'eau, les ressources minières et fossiles ne sont que des marchandises à brader!
C'est en cela qu'une collectivité locale, comme les politiques nationales, peuvent et doivent agir, pour protéger leur territoire et leur population dans la préservation de ces ressources, et non pas regarder seulement un coût d'investissement réduit et séduisant.
Trouver des réponses en terme de comptabilité, d'une part pour donner une juste valeur à la matière, et d'autres part pour évaluer les externalités positives et négatives des projets d'investissements publics et privés.
La protection des ressources naturelles et l'économie d'énergie devra passer par une politique fiscale rénovée et les écologistes y seront attentifs.
Savoir enfin transmettre, éduquer en montrant à chacune et chacun, en quoi l'intérêt collectif de cette mutation peut apporter bien être et confort individuel.
Au niveau national, législatif, en tant que députée, j'interviens au sein d'un groupe parlementaire de la majorité. Même si nous ne sommes pas toujours entendus-es à la hauteur de nos exigences, nous agissons en conscience et avec conviction pour tous les chantiers que je viens d'exposer.
La conférence environnementale a d'ailleurs souligné :
« Le développement de l'économie circulaire doit contribuer à changer nos modes de production et de consommation, à réorienter notre politique industrielle et à s'appuyer sur les initiatives des territoires. La réflexion doit porter sur l'ensemble du cycle de vie des produits, dans une chaîne allant de l'amont (la conception des produits) à l'aval (leur recyclage ou leur réemploi) en passant par l'utilisation du produit ».
Mais le changement de modèle ne se fera que par et avec les collectivités territoriales qui elles mêmes doivent s’inscrire dans les politiques publiques régionales, et s'appuyer sur les financements européens allant dans ce sens. Les contrats de plans État région, en discussion actuellement, fixeront également le cap.
Les collectivités, municipalités et intercommunalités, et c'est bien le sujet aujourd'hui, en pleine campagne électorale, doivent se réapproprier les ressources, les matières premières locales dans un esprit de coopération des territoires. La gestion de l'eau, de l'énergie, des moyens de déplacement, de l'organisation urbaine, de l'habitat, des déchets, du foncier, la protection des terres agricoles doivent être considérées avec cette esprit.
Cette prospérité dépendra de la coopération et de la complémentarité entre les territoires, et entre le rural et l'urbain. En se cens, le Schéma de cohérence territoriale est un formidable outil, et je salue le travail qui a été mené pour le SCOT du Bergeracois. Mais, ce SCOT doit être le gouvernail des années à venir et donc être en permanence un outil à mettre entre les mains du plus grand nombre. De ceux qui l'ont élaboré aux futurs élu-es en passant par tous les acteurs de son périmètre et au delà , pour une évolution en harmonie de tout le territoire.
L'agriculture, que je connais bien, a structuré un grand nombre de nos territoires, au travers de ce concept coopératif et d'éducation populaire qui permet à chacun de se développer en répondant à un besoin commun. Par la mise en place de projets alimentaires territoriaux, que par amendement, j'ai proposé et fait voter dans la loi d'avenir pour l'agriculture, l'alimentation et la forêt, peuvent s'imaginer de nouvelles ambitions locales et collectives pour une consommation de proximité, une nouvelle organisation de filières agroalimentaires valorisant nos productions et soutenant la baisse de l'utilisation des pesticides. C'est aussi l'occasion de revoir les modes de consommations alimentaires des établissements publics où sont nourris chaque jour les plus fragiles d'entre nous.
Cela n'implique pas de tourner le dos à une économie de production et marchande, bien au contraire, mais de se préoccuper globalement de la façon dont sont produites les denrées alimentaires, de leur transformation, leur acheminement, à leur sécurisation dans le respect des consommateurs, des producteurs, et des générations futures. N'oublions pas que si notre terre peut encore être généreuse, c'est grâce au respect de nos prédécesseurs.
En bergeracois, la filière industrielle peut se réinventer au travers de ces objectifs d'économie circulaire. Cela passe par la mise en place de filières moins gourmandes en matières premières. Par favoriser l’éco-conception des produits pour augmenter leur durabilité, leur réutilisation et leur réparabilité ainsi que leur recyclage.
L’écologie industrielle permet d’optimiser la circularisation des flux de produits et déchets et le développement d’une économie de l’usage. Des exemples existent, trop ponctuels encore, mais s'il revient au pouvoir politique de fixer la direction et d’établir les règles afin de favoriser une transition écologique reposant sur de solides bases économiques, c'est bien aux Maires et aux Présidents des intercommunalités d'insuffler et de soutenir des projets structurant leur territoire.
Cette stratégie, pour qu'elle soit durable, doit s'articuler avec de nombreux acteurs tels l'ADEME, les chambres consulaires, les syndicats de salariés et patronaux, les associations environnementalistes et de solidarité internationales qui sont riches en exemples de développement.
Au moment où nos industries sont en souffrance, il s'agit clairement de se poser les questions des enjeux et des besoins de demain pour mettre en place et soutenir une économie artisanale et industrielle durable, et créatrice d'emplois.
Quand un Centre de recherche, comme celui de l'Institut du Tabac de Bergerac, riche des compétences humaines et de son histoire, est menacé de disparition, il est de notre devoir collectif de lui trouver un avenir en adéquation avec nos orientations nouvelles: recherche pour une alimentation saine, recherche sur les plantes pour la santé ou d'autres applications...
Comme je le fais avec mes collègues au sein d'une majorité au niveau national, je vous invite sans polémiquer, à être responsable face aux enjeux de demain.
Vous le savez, ma position en tant que députée écologiste de la majorité n'est pas simple dans ce contexte des municipales à Bergerac, avec deux listes de gauche qui regroupent des hommes et des femmes qui m'ont accompagnée dans mon élection de juin 2012.
Mais au regard de tout ce que nous venons d'exposer, il faut s'engager avec responsabilité pour notre territoire dans une démarche volontariste en réponse aux attentes légitimes de nos concitoyens. Sur un territoire ou le niveau de vie est en dessous de la moyenne nationale, chaque conseillère, conseiller municipal-e, communautaire peut et doit apporter sa pierre, être considéré pour ce qu'il est et pour ce qu'il fait. Chaque citoyenne et chaque citoyen doit pouvoir s'intégrer et s'impliquer dans la mise en œuvre des projets et s'approprier une ambition collective pour bâtir une ville et une Communauté d'agglomération solidaires.
Il faudra savoir écrire un contrat et un projet commun pour Bergerac, et créer la synergie dans l'exécutif pour que chacune de ces composantes s'y retrouve, s'exprime et agisse en symbiose .
Je vous invite donc à dépasser les différences et à valoriser les convergences afin que se traduise concrètement, cette prospérité économique, écologique et sociale ici, en bergeracois.
Je vous remercie pour votre écoute.