Manger mieux, vivre mieux – Pour des produits de qualité, respectueux des savoir-faire et patrimoines locaux
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Brigitte Allain, rapporteure de la mission d’information sur les circuits courts et la relocalisation de notre alimentation
L’organisation des filières agricoles, intensives et très verticales, répondant aux exigences des industries agroalimentaires et de la grande distribution, a eu pour effet indirect d’amoindrir la qualité et la typicité des productions. La dynamique de relocalisation des systèmes alimentaires questionne ces schémas qui ont ôté au monde agricole, une part de sa richesse et de sa diversité. Les circuits courts et de proximité permettent de repenser les modèles en termes de qualité de la production et de savoirs-faire.
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Mêler circuits courts, de proximité et productions de qualité : un enjeu essentiel
On a aujourd’hui une forte demande en produits locaux : pour les français, c’est une garantie de dynamisme pour le territoire mais aussi de qualité des productions (dans un sondage publié par Ipsos en février 2014, la vente directe apparaît comme le premier gage de qualité pour les consommateurs). Or, si la relocalisation des filières se conjugue souvent avec du bio, de l’agriculture durable ou des produits labellisés (AOP, IGP), le simple fait d’être local n’est pas une garantie de qualité pour autant.
Les filières de proximité sont amenées à se développer. Il faut donc veiller à éviter les dérives, avec des produits locaux de qualité médiocre vendus à des prix supérieurs simplement pour être estampillés « local ». La Fédération nationale des Agriculteurs Bio (FNAB) insiste sur le risque de concurrence entre productions bio et productions locales, notamment dans l’approvisionnement des collectivités, alors que les exigences de qualité ne sont pas du tout les mêmes, avec une labellisation et un contrôle très stricts des produits Bio.
La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) souligne par ailleurs la nécessité de définitions claires et de cahiers des charges précis, afin d’éviter la vente de produits sous une fausse étiquette locale. Un affichage clair sera une garantie de la provenance du produit pour les consommateurs.
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Un lien évident entre savoir-faire et relocalisation
Développer la diversité des patrimoines agricoles locaux, c’est redonner du sens à notre rapport au territoire.
La marque Bio Sud-Ouest France, lancée par les Conseils régionaux d’Aquitaine et de Midi-Pyrénées permet de valoriser une production et un approvisionnement local, de soutenir les opérateurs bio régionaux et d’apporter une identification claire aux produits bio et locaux. La règlementation bio européenne certifie le mode de production et de transformation des produits et la marque Bio Sud-Ouest France assure l’origine locale.
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L’artisanat au cœur des circuits courts et relocalisés
Christian Le Lann, président de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat de Paris l’a clairement exprimé : que serait le maillage alimentaire sur nombre de territoires sans les artisans ? A la fois consommateurs, responsables de la fraîcheur et de l’hygiène vis-à-vis du client, experts dans la valorisation, la transformation et la promotion des produits , grâce à leurs savoir-faire, leur rôle et leur impact sur le territoire ne sont ni à démontrer, ni à minimiser. Un artisan sur quatre travaille en partenariat avec un exploitant agricole dans l’intégration de produits locaux (lait, beurre, fruits ou viande).
Les bouchers de Bourg-en-Bresse se sont constitués en association pour intégrer le capital de l’abattoir de la ville au moment de sa privation. Ils ont ainsi pu maintenir l’outil de transformation et se donner les moyens de continuer à valoriser toute une chaîne de savoir-faire locaux : de l’élevage à la charcuterie, la préparation, en passant par la découpe.
A Nantes, l’atelier de découpe "De la terre à l’assiette" regroupe plus de 10 éleveurs et leur permet de vendre en direct une partie de leur production. Une cinquantaine de bouchers, charcutiers ou traiteurs utilisent cet équipement respectant les normes européennes, et permettant de valoriser des productions locales, des savoir-faire traditionnels.
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L'agrotourisme , une opportunité pour les territoires
Près de 10 000 fermes accueillent annuellement des touristes. Cela représente aujourd’hui 36 % des recettes de la destination France. Toujours en phase avec l'évolution des demandes de leurs hôtes, elles développent de nouveaux concept en lien avec l'économie locale : oenotourisme, stages de cuisine autour des recettes locales, randonnées pédestres, équestres, acro-branche, canyoning ...
Outre la beauté des paysages préservés par une agriculture paysanne, ce sont les traditions et culture locales qui ont fondé leur développement et qui en garantit la durabilité.
Les réseaux "Bienvenue à la Ferme" et "accueil paysan", forts de leurs agriculteurs adhérents, sont les ambassadeurs d’une agriculture durable et responsable, enracinée dans le territoire, la préservation du patrimoine naturel, forestier , agricole et rural est pour eux une priorité.
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