L’ÉTAT SOLLICITÉ POUR PROTÉGER LA PLAINE AGRICOLE DE L’AGGLOMÉRATION D’AGEN FACE À UN PROJET INDUSTRIEL LARGEMENT CONTESTÉ
COMMUNIQUÉ DE PRESSE 26-02-15
Collectif de défense des terres fertiles de Sainte-Colombe-en-Bruilhois (47)
Ce mercredi 25 février, 42 élus locaux, nationaux et européens, 8 partis politiques, 4 syndicats (dont 2 agricoles) et diverses organisations et associations ont adressé un courrier commun au Premier ministre. Ils demandent ensemble au gouvernement d'annuler un projet de zone industrielle porté par l'agglomération d'Agen qui menace près de 500 hectares de terres agricoles hautement fertiles et irriguées (infrastructures comprises) sur les communes de Sainte-Colombe-en-Bruilhois et de Brax (47). Le plan local d'urbanisme de Sainte-Colombe a été annulé le 10 février dernier par le tribunal administratif de Bordeaux pour défaut de concertation. Pourtant, l'agglomération d'Agen entend démarrer les travaux dès cette année. Face à cette tentative de passage en force, les nombreux signataires de ce courrier demandent à l'État d'intervenir d'urgence.
Le Salon de l'Agriculture 2015 attire, comme chaque année, des milliers de visiteurs sensibles aux questions liées à leur alimentation quotidienne. La préservation des terres agricoles face à l'étalement urbain représente, dans ce domaine, un sujet de préoccupation de plus en plus partagé. L'Observatoire national de la consommation des espaces agricoles (ONCEA) a signalé dans son rapport du 15 mai 2014 que « la fourchette de consommation moyenne de l’espace varie depuis 2000 de 40 000 à 90 000 hectares par an » (soit près d'un stade de football toutes les 5 minutes ou d'un département français tous les 7 ans).
Le projet de la Technopole Agen Garonne (TAG), s'il est mis en oeuvre, risque d'illustrer ce gaspillage des terres
nourricières de manière particulièrement dramatique. L'implantation de cette zone industrielle et logistique aurait pour conséquence de détruire directement 220 hectares de sols de première qualité agronomique au sein des communes de Sainte-Colombe-en-Bruilhois et de Brax (47) auxquels il faut rajouter de nombreux équipements complémentaires.
L'impact total est évalué entre 400 et 600 ha selon les scénarios. En plus d'être hautement fertiles, ces terres alluviales sont irriguées par une nappe souterraine de première importance. Bétonner untel site agricole est donc un non sens absolu à l'heure où l'ONCEA et le Ministre de l'Agriculture tirent la sonnette d'alarme face à l'« artificialisation » du territoire et où les ressources en eaux d'irrigation sont de plus en plus recherchées. Aussi, depuis plusieurs mois, le « Collectif de défense des terres fertiles de Sainte-Colombe-en-Bruilhois » se mobilise pour préserver cette plaine fertile avec l'appui de l'association « Filière Paysanne1 ».
De nombreux élus et responsables politiques locaux, nationaux et européens soutiennent cette mobilisation : ils viennent pour cela le cosigner un courrier commun adressé au Premier ministre. Parmi ces cosignataires, on compte deux anciennes ministres, Cécile DUFLOT et Corinne LEPAGE. À leurs côtés, on trouve des députés européens comme José BOVÉ ou Patrick LE HYARIK et de nombreux députés, sénateurs et élus territoriaux de familles politiques diverses. La société civile n’est pas en reste avec la présence de fédérations nationales telles que les Amis de la Terre, Terre de Liens, ou l'UNCPIE2, des syndicats locaux - Confédération Paysanne, FSU, MODEF ou Solidaires - et de nombreuses organisations et associations du Lot-et-Garonne, d'Aquitaine et d'autres régions.
Ensemble, ils demandent au Gouvernement et au Préfet de Département d'annuler le projet de la TAG et la déclaration d'utilité publique (DUP) qui l'accompagne, pour éviter le démarrage des travaux prévus dès cette année par le Président de l'agglomération d'Agen, Monsieur Jean DIONIS (également maire d'Agen). Cette suspension de la DUP est indispensable pour permettre une réelle concertation autour de ce projet élaboré sans tenir compte des nombreuses réserves émises. Le Plan Local d'Urbanisme de Sainte-Colombe-en-Bruilhois vient d'ailleurs d'être annulé par le tribunal administratif de Bordeaux, le 10 février dernier, pour défaut de concertation. Monsieur DIONIS n'entend pas pour autant modifier son projet et déclare officiellement que « le calendrier du chantier n’est pas remis en cause ».
Un « Plan de développement économique alternatif » visant à implanter la TAG dans une zone plus adaptée est
pourtant proposé par le Conseil Général du Lot-et-Garonne depuis novembre 2013 avec le soutien de nombreux acteurs locaux. Des solutions solides sont donc sur la table. Face à la volonté de passage en force du maire d'Agen et de son équipe, l'intervention de l'État et l'annulation de la DUP sont largement attendus afin que le dialogue puisse enfin avoir lieu conformément aux principes de la démocratie participative.
Contact presse : Jean-Christophe ROBERT - 06 17 47 88 78 - filiere.paysanne@gmail.com
1 L'association Filière Paysanne a lancé, en avril 2014, l'appel national de l'« Union Fertile » pour renforcer la préservation des terres nourricières dans le cadre de la
récente loi d'avenir agricole.
2 UNCPIE : Union Nationale des Centres Permanents d'Initiatives pour L'Environnement