Accueil à l'Assemblée Le Figaro : La fin de la notion de «bon père de famille»

Le Figaro : La fin de la notion de «bon père de famille»

 

«Dans ma vie, j'ai signé plusieurs contrats où je m'engageais à gérer le bien “en bon père de famille”, raconte Brigitte Allain, députée EELV de Dordogne. Ça m'a toujours dérangée: faut-il donc avoir un phallus pour bien gérer des biens?»
 

Dix-sept députés EELV ont fait adopter un amendement au projet de loi pour l'égalité femmes-hommes supprimant une loctution qu'ils considèrent «désuète».

 

 

C'est l'une de ces «expressions discriminatoires», survivance «inadmissible» d'une «société patriarcale», que traquent les écologistes. Emmenés par Brigitte Allain, dix-sept députés EELV ont déposé un amendement au projet de loi pour l'égalité femmes-hommes, demandant la suppression des termes «en bon père de famille». Une locution «désuète», figurant, notent-ils, «quinze fois dans les parties législatives des codes en vigueur». L'amendement a été adopoté mardi soir, lors de la seconde journée de débats sur le texte, à la grande satisfaction des écologistes.

«Dans ma vie, j'ai signé plusieurs contrats où je m'engageais à gérer le bien “en bon père de famille”, raconte Brigitte Allain. Ça m'a toujours dérangée: faut-il donc avoir un phallus pour bien gérer des biens? Quand on doit signer cela, c'est particulièrement révoltant, car on renie son identité de femme et sa capacité de gestion en tant que femme.»

Selon ces députés, l'expression «en bon père de famille», «régulièrement ­incomprise par les citoyennes et les citoyens», devrait être remplacée par «raisonnablement». En 1982, font-ils valoir, la loi Quillot sur les droits et les devoirs des bailleurs et locataires avait déjà substitué à l'obligation «de jouir des locaux en bon père de famille» celle d'en jouir «paisiblement»…

«Totalitarisme linguistique»

La ministre du Droit des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, a «regardé les choses de près avant de donner (son) accord à cet amendement». «Il s'agit de réécrire une notion qui est présente dans le Code civil depuis 1804 et remonte au droit latin, souligne-t-elle. Actualiser le droit s'impose parfois pour le mettre en conformité avec la réalité et le rendre compréhensible! Les citoyens, de nos jours, ont, dans leur immense majorité, tourné la page de la famille patriarcale et ne comprennent plus cette référence.»

Pour l'UMP Hervé Mariton, «on est en plein totalitarisme linguistique». «Remarquez, que la gauche veuille supprimer ce terme, vu sa gestion et sa vision du monde, c'est assez logique!» raille-t-il. Et le député de la Drôme de suggérer: «Pourquoi pas une réflexion sur le mot “patrie”, un terme féminin qui fait référence à une vertu et qui renvoie l'image du père, quand bien même on parle de la mère patrie?» Les Verts n'y avaient pas pensé. «Je n'ai tout de même pas la prétention de changer tout le vocabulaire!» rassure Brigitte Allain.