Prenons en main notre filière audiovisuelle. Deomp dei !

Le projet d’accord pour le projet audiovisuel breton était soumis au vote. Ce protocole  permettra notamment de mutualiser la production de contenus… EELV se félicite du travail co-construit avec les acteurs de la filière et de l’engagement et la volonté de la Région de laisser une importance  aux langues de Bretagne dans ce dispositif. Toutefois, clairement réservés sur la  délégation de service public au privé, les élus EELV rappellent qu’ils sont d’abord favorables à l’émergence  d’une chaîne TV publique régionale de plein exercice.

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Yannik Bigouin

Yannik Bigouin

Monsieur Le Président,

Pour commencer je tiens ici à souligner deux éléments positifs qui seront suivis  d’un certain nombre de questionnements et d’interpellations.

Nous soulignons la méthode de co-construction. Mettre autour de la table des médias  concurrents n’est pas simple, trouver un axe commun de développement est une gageure,  pas encore abouti mais en bonne voie.

Second point positif : l’engagement et la volonté, sans ambages, de laisser une importante  aux langues de Bretagne dans ce dispositif. Si tous les vice-présidents de cette majorité  avaient cette volonté d’impliquer les langues dans leur politique nous pourrions tous et  toutes vous applaudir. Malheureusement, il n’en est rien et ce n’est pas faute de l’avoir  dénoncé ici à plusieurs reprises. Pauvres petites langues de France dont le directeur de  Radio France, dans son magnifique projet de restructuration, souhaite reléguer uniquement sur le numérique sous prétexte que les  émissions en breton ou en corse ne sont pas assez  rentables.

Mais revenons à notre audiovisuel breton : nous sommes clairement réservés sur la  délégation de service public au privé, car nous sommes d’abord favorables à l’émergence  d’une chaîne publique régionale de pleine exercice. Nous avons manifesté, pétitionné et rendu public la position de notre groupe depuis longtemps sur ce point.

Nous pensons en effet qu’un projet partagé entre la télévision publique et un certain  nombre de partenaires privés est une addition d’intérêts divergents qui risque d’aboutir à la production de contenus soumis, en termes éditoriaux, aux exigences du privé, en terme  d’audience par exemple, plutôt qu’à une logique de prise de risque, d’innovation et de  qualité. Nous craignons en outre une uniformisation éditoriale de la production  audiovisuelle en Bretagne, puisqu’elle fera l’objet de coproductions entre plusieurs  diffuseurs.

− Le projet permet de mutualiser la production de contenus, mais nous savons, dans  le même temps, que les télévisions locales privées sont en mauvaise santé  financière et que France Télévisions est en récession budgétaire (300 millions  d’euros de ressources supprimés sur la période 2010-2015). Les perspectives  budgétaires prévoient des ressources toujours à la baisse. Nous craignons que le  financement régional supplémentaire annuel de 500 000 euros ne serve pas à  produire plus, mais à remplacer l’économie actuelle de production à France  Télévisions pour faire au mieux la même chose. Ne croyez-vous pas plutôt qu’il faut  commencer par mettre en œuvre la pleine utilisation en interne des moyens  techniques et humains de France 3, déjà financés par l’argent public ?

− Nous lisons dans ce protocole la volonté de conforter une filière audiovisuelle  régionale fragile en l’adossant à France Télévisions, mais avec un certain  déséquilibre. Nous avons le sentiment que ce « confortement » sera plus profitable  aux partenaires privés qu’à France 3 Bretagne à commencer par l’impact social : un  alignement par le bas du public sur les standards du privé avec des moindres  coûts, des externalisations, des conditions sociales moins-disantes, des abus  d’intermittence… mais aussi par des modes particuliers de production des  documentaires, films d’animation, magazines…

− Dans la limite de notre souhait de posséder une chaîne bretonne de pleine exercice  entièrement publique, seule à même d’offrir notamment une information indépendante, le projet devrait être mis en œuvre dans sa globalité, c’est-à-dire  avec un canal de diffusion de pleine exercice. Dans l’optique d’alimenter 12 à 24 h  d’antenne par jour, nous comprenons qu’il puisse y avoir nécessité de recourir à de  la production mutualisée, si tant est que ce ne soit pas possible en interne, mais il  nous apparaît que ce volet du projet est soumis à plusieurs aléas majeurs : changement de président de France Télévisions, négociation d’un nouveau Contrat d’objectifs et de moyens entre France Télévisions et l’Etat et donc au final, volonté de l’Etat de le faire aboutir. Au regard des tensions actuelles à Radio France et du  projet libéral de son directeur, permettez moi d’en douter…

Dans l’idéal nous aurions souhaité une inversion du modèle de France 3 selon l’exemple  de l’ARD allemand. Aussi, nous resterons vigilant à ce que la télévision publique régionale,  déjà bien limitée en termes de fenêtres de diffusion, ne soit pas encore diluée et affaiblie  par le fait de ce protocole.

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