Linky : quels enjeux ?
Lors de notre réunion de groupe local en avril dernier, nous avons échangé sur la question des compteurs Linky. Vous trouverez ci-dessous l’essentiel de notre point de vue, à ce jour, compte tenu des éléments en notre possession.
La question du déploiement des compteurs Linky est importante. Elle est à la confluence de quatre enjeux majeurs pour notre société.
– Sortir des énergies fossiles et fissiles
– Garantir un environnement sûr
– Se prémunir de l’exploitation néfaste des données personnelles
– Gagner la transparence, condition de la démocratie
Sortir des énergies fossiles et fissiles
Nous avons la conviction que la lutte contre le dérèglement climatique et le combat pour la santé et la sûreté doivent nous motiver à nous tourner à 100 % vers les énergies renouvelables.
Cette transition énergétique ne se fera pas seulement en développant des installations nouvelles. Elle suppose aussi de la sobriété (moins consommer) et de l’efficacité.
L’efficacité énergétique cela consiste non pas, comme maintenant, à produire suffisamment en permanence à la hauteur des pics de consommation, mais à réduire les pics en déplaçant la consommation, au moins en partie, vers les périodes de plus forte production.
Cette efficacité est largement une question d’éducation. Celle-ci peut être grandement facilitée par une meilleure prise de conscience de la consommation des différents appareils et dispositifs électriques utilisés par le foyer. Elle pourrait aussi être confortée par une automatisation dynamique des déplacements de consommation que permettrait une connaissance fine et continue.
Malheureusement les compteurs Linky ne fournissent pas ce niveau d’information (ils se contentent d’un relevé quotidien) et sont donc aujourd’hui d’un bien faible apport en matière d’efficacité.
Garantir un environnement sûr
Particules fines, pesticides et ondes constituent des facteurs de risques qui ont été multipliés au cours des cinquante dernières années. Nous n’avons pas maîtrisé ce développement et risquons de le payer cher.
Si nos informations sont exactes, les compteurs Linky envoient chaque jour, pendant quelques secondes, des données par CPL (courant porteur en ligne) à un concentrateur qui lui-même relaie ces données en utilisant le réseau de téléphonie mobile.
Ce faisant les compteurs Linky aggrave, de manière très marginale, un phénomène qui nous préoccupe à savoir l’accroissement de l’exposition aux ondes. Il nous semble très important de lutter contre ce phénomène, mais il ne faudrait pas que l’arbre Linky cache la forêt que constituent l’omniprésence du Wifi et l’intimité avec les téléphones portables.
Se prémunir de l’exploitation néfaste des données personnelles
GPS, téléphones portables, paiements dématérialisés, réseaux sociaux numériques, outils de partage et collaboration … ces dernières décennies ont vu la mise en place de commodités dont l’usage s’est installé de manière aussi rapide que massive.
Il est indispensable, dans ce contexte, de s’accorder sur des dispositions qui garantiront le respect de la vie privée. Pour cela il faut définir le cadre juridique et les techniques qui permettront par défaut l’anonymisation des métadonnées et prévoir l’encadrement des cas exceptionnels où l’anonymat n’est pas de mise ou peut être levé.
Jusqu’à présent cette définition ne semble pas avoir été menée pour ce qui concerne le déploiement des compteurs Linky.
Gagner la transparence, condition de la démocratie
L’affaire des compteurs Linky illustre bien, une nouvelle fois, les carences de notre démocratie. Le projet a été concocté sans concertation alors même qu’il soulève d’importantes questions qui auraient dû être débattues, avec les syndicats et avec les associations de consommateurs, notamment.
L’effort d’explication technique a été tardif et insuffisant. Comment justifier, par exemple, qu’une requête sur «Linky» sur le site http://data.gouv.fr ne donne aucun résultat ?
Quant à l’explication politique par laquelle il aurait fallu démontrer en quoi ce projet s’inscrivait dans la transition énergétique vers le tout renouvelable, elle s’est réduite à une pauvre communication sur le seul terme de «compteur intelligent».
En résumé nous estimons que l’absence de transparence, de garantie du respect de la vie privé et de gestion globale de la question des ondes hypothèquent une technique dont on peut penser que, à certaines conditions, elle pourrait être un élément de transition énergétique. Les carences de la démarche jusqu’à présent justifient en tout cas que les réticences à son sujet soient écoutées et les refus d’installation respectés.
contact: paysdelorient@eelv.fr