Les compteurs communicants : quels progrès pour le consommateur ?

Le déploiement des compteurs communicants (Linky, Gazpar, Aquarius) a commencé partout en France. L’agglomération briochine est une des agglomérations pilotes pour le déploiement du compteur gaz « Gazpar ». Il est donc important que les communes concernées se positionnent sur le sujet.

Le groupe Europe Ecologie Les Verts de l’agglomération briochine souhaite affirmer son opposition à l’installation de ces compteurs communicants. Nous les jugeons inutiles, coûteux, dangereux pour les libertés publiques. Ils ont été imposés sans concertation et posent également des questions sur la santé publique.

Inutiles 

Plusieurs études ont montré que les compteurs communicants influent très peu sur la consommation des particuliers (environ 1%). Les informations sont mêmes insuffisantes pour faire baisser la consommation étant donné que le détail de notre consommation n’est pas indiqué. L’argument de la baisse de la consommation d’énergie ne tient donc pas.
D’ailleurs, aujourd’hui, le consommateur qui a accès à son compteur peut déjà surveiller sa consommation s’il le souhaite.

Une meilleure gestion des flux (du réseau) ne passe pas forcément par un suivi individuel des consommations. La prévision des consommations s’appuie sur des modèles qui supposent une bonne connaissance des comportements des clients. Les prévisions actuelles, nécessaires pour mettre en adéquation production et consommation, se font sur la base d’une connaissance statistique des comportements des consommateurs. La complexification du réseau et l’émergence de multiples producteurs rendent indispensable une meilleure connaissance de ces comportements. Mais pour ce faire, il est inutile d’implanter des compteurs soit disant intelligents partout : quelques dizaines de milliers suffiraient amplement.

Pour Linky, ERdF prétend que leur pose est rendue indispensable par la loi de transition énergétique et les directives européennes. C’est une escroquerie intellectuelle ! L’Europe souligne simplement qu’il sera nécessaire à l’avenir de piloter plus finement les réseaux. Cela ne rend pas obligatoire des millions de compteurs Linky.

Les ardents défenseurs de Linky, tel Jean Gaubert, médiateur national de l’énergie et ancien député des Côtes d’Armor, prétendent que grâce à lui seront évitées les erreurs de relève et les conflits entre les fournisseurs et leurs clients. Mais il aurait été plus judicieux en coût et en énergie que les fournisseurs martèlent le message : «  quand vous arrivez dans un nouveau logement, ou quand vous changez notablement vos consommations d’électricité, communiquez vos relevés très fréquemment à ERdF ».

Il faut aussi observer que plus le compteur est compliqué à relever, moins les clients sont incités à surveiller leur consommation. De ce point de vue, les compteurs « modernes » « électroniques » sont une régression. Pour aider les consommateurs à maîtriser leur consommation, rien de tel qu’un bon vieux compteur électromécanique !

La mise en Å“uvre de la transition énergétique se fera en premier lieu par des économies d’énergie et par un changement des sources d’énergie ; pas en installant des compteurs communicants.
Par exemple, l’Allemagne pourtant en avance sur France sur le sujet, a refusé l’installation de ces compteurs pour les particuliers.

Coûteux

Le déploiement de ces compteurs sera coûteux. Le déploiement de Linky est par exemple estimé à 5,5 milliards d’Euros par ErdF. Sur les Côtes d’Armor, la pose de Linky généralisée coûtera entre 50 et 80 millions d’euros.

Comme cela a été souligné par les associations de consommateurs, ces coûts se répercuteront sur la facture des usagers. S’ajoutent à ces sommes, les changements de compteurs rendus plus fréquents. En effet, on estime leur durée de vie à 10 à 15 ans contre plus de 40 ans auparavant. Là encore, l’usager payera la facture.

Ces milliards seraient également plus judicieusement dépensés à aider les ménages, notamment les plus modestes, à isoler leur habitations. Cela leur rendrait infiniment plus de services que la possibilité d’aller regarder le détail de leurs consommations sur internet. Soyons sûrs que peu d’usagers se donneront cette peine !

Enfin, que penser d’un groupe, EDF, qui souhaite investir plusieurs milliards dans des compteurs gadget alors que la Cour des comptes souligne le mauvais entretien des groupes électrogènes de secours des centrales nucléaires ?

Emploi

La dernière tempête a démontré une fois de plus la fragilité des réseaux électriques aériens.
Pour protéger la population, il est nécessaire d’investir dans l’enfouissement des réseaux.
Pourquoi donc ne pas investir sur l’enfouissement des réseaux pour créer de l’emploi local plutôt que d’investir dans ces compteurs inutiles ?

La mise en place des compteurs supprimera à terme plusieurs milliers d’emploi de releveurs.
C’est un pas de plus vers la déshumanisation.

Dangereux pour les libertés publiques

Ce sera au consommateur d’indiquer lui-même s’il souhaite que ses données restent anonymes (pas de protection par défaut donc).
Le garde-fou pour la protection de nos données apparaît donc plus que limité.

Ensuite, une incertitude demeure sur le traitement de ces données qui témoignent de nos habitudes de consommation et de vie. Vente de données à des entreprises, proposition de nouvel abonnement (plus cher bien sûr) en passant par la surveillance policière ; les possibilités sont multiples.
On peut aussi envisager le piratage des données par d’autres tiers.

Un risque pour la santé publique ?

D’une façon générale, et en omettant les différences technologiques entre les différents compteurs, les émissions d’ondes annoncées officiellement par les exploitants sont assez faibles.
La dernière étude de l’ANSES (contestée par des associations comme le CRIIREM) conclut par exemple « à une faible probabilité que l’exposition aux champs électromagnétiques émis par les compteurs communicants, dans la configuration de déploiement actuelle, engendre des effets sanitaires à court ou long terme ».

Ceci étant, il est important de ne pas écarter la question de la santé publique. En effet, les ondes sont omniprésentes autour de nous et les problèmes d’électro-sensibilité se développent.
De nombreuses études montrent par exemple leurs effet néfastes sur la population (notamment le récent rapport de l’OMS classant ce type d’ondes comme cancérigènes).
Il apparaît donc problématique de poursuivre le développement de ce type de technologies et de rajouter un risque supplémentaire.

Nous rappelons que l’agglomération briochine avait envisagé en premier lieu la pose des concentrateurs pour les compteurs « Gazpar » près des écoles. Choix pour le moins inacceptable connaissant la plus grande vulnérabilité des enfants vis à vis des ondes.

Il serait donc souhaitable que d’autres études épidémiologiques indépendantes et complètes (qui s’intéressent à l’ensemble du dispositif et pas uniquement aux compteurs) soient conduites dès le premier déploiement de ces compteurs.

Enfin, il est également indispensable que les personnes électro-sensibles puissent refuser ce type de compteurs. Une décision du TGI de Grenoble et une décision de la préfecture d’Ile et Vilaine sont déjà allées dans ce sens.

Non-démocratique

L’installation des compteurs est imposée sans concertation avec la population.
Sur l’agglomération briochine, aucune réunion publique n’a été organisée, comme le demandait l’inter-comité de quartier et collectif Stop Gazpar.
Il est important que la question du déploiement soit posée à la population. Les communes, en tant que propriétaire des compteurs, doivent pouvoir les refuser.

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