L’égalité femme/homme, un droit fondamental.

Première région de France à la signer, la Bretagne n’a pas attendu l’obligation faite à l’Etat, aux collectivités territoriales ainsi qu’aux établissements publics par la  la loi du 4 août 2004 pour engager une politique globale et intégrée pour l’égalité entre les femmes et les hommes.  Un rapport rend compte de l’action conduite par la Région depuis 2005. EELV salue en particulier la création d’un Conseil pour l’égalité entre les hommes et les femmes en Bretagne et l’organisation des Biennales de l’égalité, deux actions innovantes qui sont le fruit de la dynamique d’une politique co-construite avec les différents parties prenantes. Yvette Rayssiguier revient sur ces efforts et le chemin encore à parcourir…

Yvette Rayssiguier

Yvette Rayssiguier

 

Selon la Charte européenne pour l’égalité des femmes et des hommes dans la vie locale, « l’égalité entre femmes et hommes est un droit fondamental pour toutes et tous et constitue une valeur capitale pour la démocratie. Afin d’être pleinement accompli, ce droit ne doit pas être seulement reconnu légalement mais il doit être effectivement exercé et concerner tous les aspects de la vie : politique, économique, sociale et culturelle. ».

Le rapport rend compte de l’action conduite par la Région depuis 2005 pour passer de l’égalité en droit à l’égalité de fait. Son action à la fois pionnière et transversale trouve sa traduction dans le fonctionnement de notre  assemblée, dans sa responsabilité sociale en tant qu’employeur, et dans les politiques publiques qui relèvent de sa compétence ou à travers des actions dédiées.  
 

Nous saluons en particulier la création d’un Conseil pour l’égalité entre les hommes et les femmes en Bretagne et l’organisation des Biennales de l’égalité, deux actions innovantes qui sont le fruit de la dynamique d’une politique co-construite avec les différents parties prenantes.  

Au-delà de l’obligation législative, l’action volontariste de la Région dans ce domaine est d’autant plus nécessaire que les inégalités entre les femmes et les hommes ne se résorbent pas de façon naturelle. Certaines d’entre elles diminuent, les femmes sont mieux formées et sont plus nombreuses à travailler, mais d’autres se creusent comme le temps partiel subi et la précarité qui sont essentiellement féminines.  
A diplôme identique, le salaire des femmes reste inférieur à ceux des hommes, y compris dans le secteur public et perçoivent une pension inférieure à celle des hommes. N’oublions pas également que les familles mono parentales qui sont pour 80% d’entre elles des femmes sont trois fois plus exposées à la pauvreté que l’ensemble de la population. Ces disparités s’expliquent sans doute par les secteurs d’activités occupés par les femmes et par leur moindre représentation dans les postes de responsabilité, mais aussi par la persistance des stéréotypes qui restent prégnants dans l’ensemble de la population. Les dernières enquêtes réalisées en 2014 attestent que si une majorité de Français rejettent les opinions qui reflètent la supériorité d’un sexe sur un autre, c’est dans le rôle dévolu aux femmes et aux hommes que les préjugés sont les plus vivaces : pour la moitié des enquêtés, les femmes savent mieux prendre soin des enfants ou d’un parent âgé et 41% considèrent que, pour les femmes, la vie professionnelle est moins importante que la vie familiale.

La persistance de telles inégalités, malgré la consécration de l’exigence d’égalité par des textes de valeur constitutionnelle, s’explique par le caractère à la fois structurel et systémique de ces inégalités. Réaliser l’égalité implique de déconstruire le système constitué de l’ensemble des automatismes et stéréotypes ancrés dans les mentalités, tâche difficile s’il en est mais indispensable. On comprend pourquoi, l’élimination de telles représentations tout au long du parcours scolaire et de formation des jeunes est un enjeu clé. Les expérimentations en cours ou prévues en matière d’orientation professionnelle des jeunes notamment vont dans le bon sens.     

Mais garantir l’effectivité du droit à l’égalité suppose de pouvoir mieux quantifier et qualifier les inégalités et leur évolution. Nous approuvons le travail qui va être engagé dans le cadre de la convention annuelle passée avec l’INSEE pour disposer de façon plus systématique d’indicateurs de genre dans les études à venir.

Sans attendre la production de données plus fiables permettant d’appréhender l’état des inégalités de façon globale à l’échelle des différents territoires, la Région peut et doit s’engager de façon plus résolue dans l’intégration de l’égalité dans la commande publique. Enfin, la promotion de budgets « genrés » passe par un examen préalable de l’usage différencié des équipements financés par la Région.

Les études comparatives conduites dans quatre agglomérations françaises entre 2010 et 2013, mettent en évidence les grandes inégalités de moyens attribués par les collectivités et par l’Etat pour les équipements publics de loisirs, inégalités implicitement construites par des modes de gestion de la ville et des territoires construits par et pour les hommes. Cet exemple montre le chemin qu’il reste à parcourir et sur lequel, monsieur le Président la région Bretagne est engagée.

DONT ACTE

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