« Le vote utile » ne suffit plus….

C’était en avril 2015. EELV appelait à un sursaut démocratique au Conseil régional. Ce sursaut suppose d’élever nos attitudes. Nous en sommes théoriquement capables. Le voulons-nous ? Nous l’avons déjà dit lors de la session budgétaire 2014, un projet renouvelé et enrichi pour la Bretagne est possible. Construisons donc ensemble ce projet durable pour une Bretagne solidaire et écologique. Dans son intervention de politique générale, Guy Hascoët ouvre la porte et appelle à une coalition de projets avec toutes les forces progressistes de Bretagne.

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Monsieur le Président,

Devrons-nous attendre qu’il soit trop tard ? Nous sommes à la croisée des chemins : devant les défis de la crise démocratique, de la crise climatique et environnementale, de l’explosion des inégalités, quelles dynamiques voulons-nous enclencher ? Celles qui nous permettront de prendre en charge les enjeux essentiels pour ouvrir l’avenir, ou celles qui nous conduirons à l’impasse au cours de la seconde moitié de ce siècle ?
En politique comme dans tout domaine, l’équilibre peut prendre deux aspects : soit la résultante de la conjonction des forces en présence, soit un immobilisme mortifère.
Faire mouvement dans la bonne direction suppose non pas de se figer sur des positions, « tout va mal, ne changeons pas de ligne », mais d’accueillir les énergies, les dynamiques nouvelles et les forces qui partout, émergent et appellent au changement.
Notre système politique et nos institutions sont usées. Elles asphyxient le désir d’engagement de nos concitoyennes et concitoyens. Des évolutions institutionnelles sont impératives, pour organiser une représentation synonyme de diversité démocratique, sociale, de sexe, d’origine… Mais tout cela est pour l’instant sacrifié à l’autel de la sacro-sainte logique d’hégémonie inhérente au mécanisme impitoyable du fait majoritaire et du présidentialisme.
La cinquième République est une démocratie restée adolescente. Le débat y est impossible. Si le partenaire n’est pas en accord avec cent pour cent des choix arbitrés par le partenaire majoritaire, alors cet allié est infréquentable, pour la suite nous connaissons la chanson. D’un côté, les forces minoritaires au sein de la droite républicaine à se soumettre aux volontés de l’UMP et de l’autre, le Parti Socialiste a pris l’habitude de traiter ses alliés en vassaux et n’a finalement jamais pu ou jamais su trouver le chemin d’un partenariat politique véritable.

Aujourd’hui, quelle alternance de projet existe-t-il ? L’un attend le retour de la croissance comme certains attendent le Messie pour assurer sa réélection en 2017, tandis que celles et ceux qui ont laissé, voilà deux ans demi, les clés d’un pays avec un déficit budgétaire équivalent à 8% du PIB, des comptes publics totalement dégradés, des comptes de la protection sociale en situation de dangereux déséquilibre, se voient déjà de nouveau au pouvoir, oublieux de leurs échecs. Finalement, d’un côté comme de l’autre, ils ne s’intéressent qu’au fait de gouverner sans même plus se demander pour quoi faire !
Nous n’avons pas su évoluer et accueillir les différences, au point aujourd’hui d’être dans une situation de blocage qui met les fondamentaux de la République en danger.
Cette volonté de blocage du débat démocratique au niveau national comme au niveau local, risque finalement de faire le jeu de l’extrême-droite. N’ayons pas peur d’introduire de la proportionnelle.
Pour le scrutin régional qui vient, la prime majoritaire mise en place en 1999, et que j’avais combattu, va offrir au Front National une probabilité malheureusement non nulle, de gouverner l’une ou l’autre de nos régions.
Les résultats des départementales masquent mal la gravité de la crise politique profonde que nous traversons et dont les répercussions se feront sentir scrutins après scrutins.
La myopie électorale nous conduit dans le mur et peut amener à s’aveugler et se réjouir de défaites moins cinglantes que prévues et de quelques sauvetages hasardeux, conduira  à s’enliser plus profondément encore dans la crise démocratique dans laquelle nous sommes entrés de plain-pied.
Une nouvelle ère s’ouvre. Il est urgent d’aborder sur les bancs de toutes nos assemblées les séquences démocratiques qui s’ouvriront dans un tout autre état d’esprit. Il est urgent que les composantes dominantes acceptent l’idée qu’aucune alliance ne fonctionne que si les engagements pris sont respectés. Il est possible, dans le camp progressiste, de construire une alternative à l’impasse des dogmes de la croissance et du libéralisme, dans le respect des différences, en s’ouvrant véritablement aux apports et aux spécificités de toutes le composantes.
Nous avons aussi engagé cette réflexion tout en étant persuadées que les réponses passent nécessairement par de coalitions de projets sincères. Etre contre ensemble ne serait ni suffisant, ni efficient.

Au niveau national, comme au niveau local et au niveau régional, il est possible d’élargir et de constituer un socle majoritaire. Le temps des annonces de rejets par principe de ou des autres a vécu. Il ne sera plus possible de dire un an avant une élection, « je ne veux pas de tel ou tel », et d’espérer pour l’échéance électorale précédente une mobilisation et une dynamique de rassemblement.
Seul un travail collectif permettra de construire demain des majorités rassemblées. Je le dis aussi pour certains de mes amis, qui semblent s’écarteler entre deux postures : vouloir imposer une ligne majoritaire en tant que minoritaires,  où pour d’autres privilégier des destinées individuelles à une  stratégie collective. Chaque composante a le devoir de travailler en intelligence, et dans le respect mutuel, sur un projet partagé.

Les stratégies renouvelées d’hégémonie conduiront inévitablement à des lendemains qui déchantent. Elles ont épuisé le corps citoyen et électoral. En fermant la porte à tout débat pluraliste sur le projet pour la France et ses territoires, le gouvernement est responsable de la dérive du camp progressiste.
L’échec de la gauche aux élections départementales est le fruit de sa dispersion due à un désaccord de fond sur le projet politique. La population refuse la politique néolibérale du gouvernement. Celle-ci espère et attend des changements en contrepartie du vote qu’on lui réclame.

Ce sursaut démocratique que nous appelons de nos vœux suppose d’élever nos attitudes. Nous en sommes théoriquement capables. Le voulons-nous ? Nous l’avons déjà dit lors de la session budgétaire, un projet renouvelé et enrichi pour la Bretagne est possible. Construisons donc ensemble projet durable pour une Bretagne solidaire et écologique. »

Un commentaire pour “« Le vote utile » ne suffit plus….”

  1. Bretagne solidaire ou solitaire pour les Régionales de 2015 ? Ensemble avec qui et pour quel projet ? Les élu-e-s PCF ont encore clamé leur allégeance alimentaire avec la droite PS. Enième réaffirmation que le cartel électoral « Front de gauche » savère définitivement mort en Bretagne.

    Quel jeu veut nous jouer EELV Bretagne ? Poker menteur pour inviter les autres joueurs à abaisser leurs cartes et s’afficher en potentiel outsider crédible ? Quand on connait déjà les cartes des un-e-s et des autres, l’intelligence est de ne pas se tromper de partie ni d’adversaires. Chaque partie conditionnant la suivante.

    Quand on souhaite mettre au coeur de sa partie les enjeux écologiques, on arrête de faire un pas de deux. Après, ceux et celles qui veulent couler avec la droite PS, libre à eux d’embarquer sur le radeau de la Méduse socialiste. L’histoire nous a déjà montré qu’a la fin du périple, il n’y a pas eu beaucoup de rescapés dans l’aventure.

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