L’action internationale de la Bretagne. Un socle solide
Yvette Rayssiguier est revenue sur la politique internationale de la Région. L’engagement régional répond à une double exigence: durabilité et partenariat. Pour les écologistes, la cohérence souhaitée entre développement économique international et développement durable ne doit pas réduire l’action internationale à la solidarité. Mais bien, l’étendre à la co-construction des actions.
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Monsieur le Président,
La Bretagne s’est engagée depuis plus de trente ans dans l’action internationale. Cette action se traduit par l’accompagnement des projets initiés par les Bretons eux-mêmes et à travers l’implication dans des accords de partenariat et de coopération décentralisée. Nous saluons la présentation de ce rapport d’étape qui porte un regard global sur l’action de la région et sur les dynamiques qui ont présidé à ses évolutions et à l’élargissement de ses interventions.
Cette analyse rétrospective indispensable pour inscrire cette politique dans le monde en changement et en crise où comme le dit Edgard Morin « l’interdépendance accrue de chacun et de tous, nations, communautés et individus sur la planète Terre » constitue à la fois un péril et une chance.
L’humanité est confrontée à des défis immenses. Si ces dernières décennies des progrès majeurs ont permis à des centaines de millions d’hommes et de femmes de sortir de la pauvreté, plus de 800 millions d’entre eux souffrent de faim et 1,3 milliards vivent avec moins de un dollar par jour. Selon le Haut Comité pour les Réfugiés , le nombre de réfugiées et déplacées dans le monde a connu une augmentation sans précédent en 2012 du fait de la conjonction dramatique des guerres et du changement climatique. Dans ce monde en mutation, la France a engagé la rénovation de sa politique de développement . L’adoption de la loi du 7 juillet 2014 d’orientation et de programmation relative à la politique de développement et de solidarité internationale en constitue une étape majeure en ouvrant de nouvelles perspectives. L’objectif général de cette politique est de promouvoir un développement durable dans les pays en développement dans ses trois composantes, économique, sociale et environnementale, elle donne tout son sens aux politiques conduites par les régions, aujourd’hui reconnues comme des acteurs à par entière de la politique internationale de la France .
Les quatre principes qui fondent l’engagement international de la Bretagne : le partenariat et la réciprocité, le développement durable , la solidarité et la promotion et l’engagement citoyen s’inscrivent pleinement dans cette vision. Ils constituent un socle solide à l’aune duquel l’ensemble des actions nous paraissent devoir être évaluées.
Ce rapport analyse la structuration progressive de la politique de la Bretagne de l’accompagnement de projets initiés par les associations bretonnes et soutenus financièrement dans les pays du Sud (en Afrique, à Madagascar et à Haïti) jusqu’ aux accords de partenariat dans le cadre de la coopération décentralisée qui s’est étendu à de nouvelles thématiques et à de nouveaux territoires y compris dans l’espace européen.
On perçoit le caractère transversal de l’action internationale de la région au vu des nombreux domaines d’intervention qui vont au-delà des actions liées à la mission IX . La Bretagne, forte de son histoire et de son ouverture sur le monde a été pionnière dans bien des domaines.
Les écologistes adhèrent à l’engagement de la Région de placer au cœur de l’ensemble des ses actions la double exigence de durabilité et de partenariat.
Cependant, nous avons des inquiétudes à exprimer sur certains projets notamment en Asie et en Afrique du Nord, qui plutôt que de s’inscrire dans une logique équitable et soutenable participent à exporter un modèle post-industriel qui fait bien des dégâts en Bretagne.
Dès lors quelle est la cohérence entre l’action régionale en la matière de développement économique à l’international et le principe de développement durable que la région dit défendre ?
En affirmant cette exigence de cohérence, notre intention n’est pas de réduire l’action internationale à la solidarité qui reste indispensable. Nous pensons au contraire qu’il est possible de développer des relations économiques qui répondent aux intérêts à court et à long terme des bretons et de leurs partenaires.
Enfin, notre groupe a une interrogation sur le niveau d’effort de la Région au titre du développement de la solidarité internationale :
en 2013, 17% des dépenses effectuées dans le cadre de la mission 9 l’ont été au titre du développement de la solidarité internationale
et comme l’a souligné M. Barbier, représentant des associations de solidarité internationale au CESER, la consommation des crédits votés au titre de la solidarité internationale est faible, de l’ordre de 40 %.