Divisée ou multiple ?

Plusieurs personnes rencontrées ces jours-ci nous expriment le regret que, pour les élections de dimanche prochain, «la gauche parte divisée».

Arrêtons-nous sur cette question. La gauche est multiple. La droite l’est aussi d’ailleurs (il y a de sacrées différences entre un Sarkozy et un Juppé, entre une Boutin et une Jouano, entre un Hortefeu et une Rama Yade).

Pour ne parler que de celle qui accepte de participer aux institutions, la gauche est multiple : certains pensent État et planification, d’autres assouplissement et ouverture aux marchés, certains appellent de leurs vœux la reprise de la croissance du PIB, d’autres veulent faire le tri entre les investissements, certains veulent que cesse l’austérité, d’autres veulent alléger les dépenses contraintes, certains soutiennent une Europe libérale, d’autres la veulent plus fédérale, d’autres encore la rejettent, certains veulent faire transition vers d’autres modèles, d’autres s’accommodent de l’existant.
La gauche est multiple et il est normal que ces débats la traversent. C’est pour que cela soit possible et que ces débats soient tranchés par les électeurs que nous demandons depuis longtemps des scrutins proportionnels, qui permettraient de former des majorités d’idées et de projets.

Avec la réforme territoriale, le gouvernement avait l’occasion d’aller dans ce sens. Il a saboté cette possibilité en conservant un scrutin de type majoritaire. Le scrutin majoritaire c’est très commode quand on est un des deux partis dominants, quand ce n’est plus le cas, ça se complique ! En le conservant, parce qu’il en avait profité précédemment, le PS a pris un gros risque … et nous n’y sommes pour rien !

Par ailleurs le PS a pris un deuxième risque considérable en accumulant les reculades et les renoncements par rapport au projet législatif dont nous étions porteurs ensemble il y a trois ans, quand nous préparions les élections législatives. Là encore ce n’est pas notre fait !

Les appels du PS à l’union fleurissent maintenant qu’il est trop tard,  après qu’il a refusé de discuter de quoi que ce soit avec des partenaires de gauche, comme ce fût le cas il y a un an à Lorient. À quoi servent les larmes de crocodile, quels desseins visent-elles ? Union ne veut pas dire hégémonie sous la bannière d’un parti dominant. Cela veut dire respect de la diversité, débat, discussions et compromis politiques sur les grands sujets sociaux, économiques, écologiques.  Et de ça il n’en est question nulle part.

Alors oui, il est bien regrettable d’être encore dans un scrutin majoritaire et dans une situation où dominent déception et rejet. Et ce n’est certainement pas en ce printemps 2015 qu’on fera basculer le département du Morbihan à gauche. À défaut, au moins, ayons les débats sur ce qui nous sépare, menons la réflexion sur les politiques qui nous permettront de sortir des impasses dans lesquelles nous avons été conduits, imaginons les nouvelles formes d’engagement et de solidarités qui redonneront envie à toutes et tous de s’unir pour agir.

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