Des lycées pour tous et partout
Lors de la session d’avril 2015, Gaëlle Rougier revient sur l’une des plus importantes compétences du Conseil régional: la politique des lycées. Celle-ci intéresse l’ensemble des Bretonnes et des Bretons, car il s’agit d’offrir à notre jeunesse les meilleures conditions possibles pour lui permettre de réussir sa formation citoyenne, à trouver sa vocation professionnelle, à se cultiver et s’instruire. En un mot, à pouvoir prendre en main son émancipation.
Importante, la politique des lycées l’est aussi par son périmètre financier et humain. Elle représente près du quart du budget, et mobilise la majeur partie des ressources humaines régionales, notamment au sein des équipes techniques dans les établissements. Ce rapport, d’une très bonne facture, analyse de manière claire et précise cette machinerie complexe qu’est la politique des lycées.
La Région Bretagne peut se targuer d’avoir les meilleurs résultats scolaires de France, et l’action de la Région n’y est sans doute pas pour rien. Je ne reviendrai pas sur l’ensemble des dispositifs en place, vous savez déjà que vous pouvez compter sur notre soutien dans leur mise en oeuvre.
Toutefois, nous souhaitions particulièrement souligner l’effort fait pour maintenir les petits établissements en zone rurale ou dans les petites villes. Ce choix de la Région a certes un coût, mais celui-ci est un investissement sur l’avenir : il contribue au maintien du dynamisme dans des zones parfois en difficultés, il offre la possibilité d’une scolarité de qualité et de proximité à tous nos jeunes. Il s’agira donc d’être actifs pour que cette dynamique puisse perdurer, en continuant de réfléchir sur les façons de redynamiser les établissements en baisse d’effectifs, d’assurer une distribution équilibrée sur le territoire des filières et des formations, pour continuer d’offrir une valeur ajoutée à ces petits établissement et pérenniser leur existence.
Même si nous jugeons la politique des lycées globalement satisfaisante, l’action publique est une construction permanente, et la Chambre Régionale des Comptes pointe certaines marges d’amélioration.
Tout d’abord si les effectifs globaux restent constants, la dynamique démographique dans le bassin rennais implique à terme le projet d’un nouveau lycée au sud de Rennes. Nous attendons également toujours les arbitrages concernant un lycée au nord-est où les besoins démographiques poussent aussi en ce sens. On nous dira qu’entre les deux il faut choisir et pourtant l’offre de formation initiale générale et professionnelle de proximité est un engagement de notre Région pour les jeunes du territoire. Pour mettre en perspective les choix politiques qui nous incombent, disons que le coût d’un lycée équivaut à celui de 2 km de LGV. La subvention à NDDL de 29 millions d’euros aurait également financé un nouveau lycée breton. J’arrête là la démonstration, vous aurez compris mon propos.
La gestion des ressources humaines est sans doute l’aspect où il y a le plus à faire. Le rapport pointe les difficultés multiples des agents, entre une double hiérarchie complexe et des conditions de travail parfois difficiles, même si le transfert des agents techniques des lycées aux Régions à déjà permis de grandement améliorer leur situation avec notamment la présence d’une médecine du travail dont ils ne bénéficiaient pas avec L’Etat. Nous partions donc de loin en matière de conditions de travail mais il s’agira de continuer à travailler de manière étroite avec les agents, les chefs d’établissement et le Rectorat pour continuer à trouver des pistes d’amélioration.
Il en va de même pour la gestion du parc informatique, éternel serpent de mer, victime elle aussi d’une complexité du mécano institutionnel, mais nous savons que vous travaillez avec vos équipes pour rationaliser et optimiser le fonctionnement.
Je tenais aussi à évoquer un thème cher aux écologistes, celui d’une alimentation saine. Visiblement, les cuisines centralisées ne donnent pas satisfaction aux usagers. C’est la preuve qu’en la matière, la qualité d’un service public ne doit pas se juger uniquement à l’aune des réductions de coûts. Une alimentation de qualité, saine, qui donne plaisir à manger est aussi un vecteur pédagogique, pour éduquer au goût et lutter contre la malbouffe dont on sait qu’elle touche particulièrement les jeunes de milieux défavorisés et qu’elle est source d’un grand nombre de pathologies lourdes à terme. Redonner du sens à ce qui est dans notre assiette, en recréant du lien entre celles et ceux qui cuisinent et celles et ceux qui mangent, c’est aussi valoriser les savoir-faire de nos personnels de cuisine et ouvrir les lycéennes et lycéens à la diversité alimentaire et aux produits locaux et de qualité.
Enfin, deux points majeurs nous interpellent plus fortement.
Tout d’abord, la Chambre Régionale des Comptes pointe la méconnaissance par la Région de son patrimoine bâti des lycées : absence de base de donnée précise pour le suivi du patrimoine, pas de connaissance exacte des surfaces bâties des lycées. Cela ne permet pas un pilotage fiable, et la mise en place d’une véritable stratégie immobilière par les élu-es et les services. Plus de trente ans après le transfert du patrimoine immobilier des lycées, cela a de quoi étonner. Ajoutons que les opérations immobilières des lycées sont réalisées par la SEMAEB pour le compte de la Région, et c’est la SEMAEB qui réalise la plupart des grands travaux dans les lycées. Une évaluation approfondie de leur mise en oeuvre complèterait donc utilement le présent rapport.
Enfin, le rapport pointe le manque de transversalité entre la Direction de la formation initiale et la Direction de l’immobilier et de la logistique. Une unique direction des lycées, telle qu’elle existait autrefois, n’aurait-elle pas permis une meilleure mise en oeuvre de la politique des lycées, notamment en ce qui concerne les ressources humaines, la gestion du patrimoine et la stratégie immobilière ?
La politique des lycées mérite des services ad hoc qui soient à même de la traiter dans sa transversalité.