Crise agricole. La boussole du Président de la Région vire à 180°.

L’incendie couve depuis des années, la crise agricole s’amplifie; une large majorité d’experts s’accordent sur le diagnostic: la dérégulation des marchés au niveau communautaire et la surproduction,  provoquent, baisse et volatilité des prix, insupportables pour la majorité des éleveurs. Les prix agricoles destinés à l’alimentation humaine ne peuvent êtres assimilés à un minerai inépuisable et bas de gamme. La solution à cette crise ne peut se régler par l’addition de chèques sans fils conducteurs…

 

Le Président de la région Bretagne en 2010 avait, semble t-il, compris que la répartition des marges était une nécessité pour conserver des emplois nombreux sur un territoire, il avait engagé l’amorce d’un « contrat » portant sur l’évolution des modes productions afin de reconquérir confiance pour le consommateur et marché intérieur. Il avait pourtant, dans cette même période, refusé d’entendre la voix des écologistes sur la nécessité de conditionner les aides à l’agriculture et à l’agroalimentaire à la construction d’une filière régionale solidaire et responsable afin de remplacer progressivement les luttes fratricides entre les entreprises sur un même territoire, à une répartition des marges. Pourtant la facture due aux faillites et fermetures d’entreprises comme Doux et Gad n’est pas passée inaperçue.

Alors que la région Bretagne vient de culminer par une augmentation du chômage de plus de 6,5% en 2015, l’une des plus élevée au niveau national, le Président de la région version 2016 propose un plan de restructuration de l’agriculture bretonne, comme remède; pourtant le « ménage » été réalisé, puisque plus de 30% des fermes ont disparu ces dix dernières années !

Le « nouveau » Président de région opère un virage à 180°, cette fois, sa vision parisienne de la crise agricole pourrait, selon lui, se régler par une vaste de plan de restructuration; la modernisation-concentration des élevages assorti d’un plan social de formation et de reconversion professionnelle. Cette fuite en avant qui a échoué jusqu’ici , serait vraisemblablement le remède  à tous les maux d’un système à bout de souffle.

 

Après l’échec de la table ronde prévue à Rennes ou certaines organisations professionnelles jouent la montre et la surenchère, puisque le Ministre de l’agriculture a promis un chèque significatif sans obligation de la levée des barrages routiers, la situation agricole s’enlise un peu plus chaque jour… Le gouvernement et particulièrement son Ministre de l’agriculture, auront t-ils le courage de regarder en face la réalité de cette crise agricole d’une ampleur inédite, seront-ils en capacité d’aborder par une vision globale et européenne, de la production de biens alimentaires à l’aménagement de territoire en passant par les fonctions non marchandes comme l’environnement ou la lutte contre le réchauffement climatique….Ou vont-ils…répondre, bassement, aux exigences de lobbys peu scrupuleux, sans se préoccuper de la légitimité des soutiens publics ?

 

René Louail, ancien président du groupe EELV au Conseil régional de Bretagne

Mathilde Théry, responsable de la Commission nationale agriculture à EELV

Michel Forget, secrétaire régional d’EELV en Bretagne

Pascal Dallé, président de Bretagne Ecologie

Remonter