Alors que nous artificialisons chaque année 70 000 ha de terres, disposerons-nous d’assez de terres pour nous nourrir dans quelques décennies, mais aussi pour nous loger, nous déplacer, nous chauffer ?

Suffira-t-il de faire évoluer un régime alimentaire, très riche en viande (et en lait) réputé pour sa surconsommation d’espace ?

Pourrons-nous mobiliser de la biomasse pour produire des énergies et des matériaux renouvelables dans un monde qui devrait achever son sevrage au pétrole ?

Pouvons-nous résoudre ces équations tout en restaurant notre environnement et en affamant le changement climatique ?

Pour répondre à ces questions, Solagro a élaboré Afterres2050, un scénario qui construit la matrice d’un changement qui ne se nourrit ni de nostalgie, ni de science fiction.

Aboutissement de trois années de travail, Afterres2050 propose, chiffres à l’appui, une rupture « à l’amiable ». Si ce scénario soulève pour les uns des controverses passionnées, il est pour les autres une trajectoire porteuse d’espoir pour nos agriculteurs. Il permet le développement des agricultures des pays du Sud sans pour autant nous isoler du reste du monde.

De conférences en ateliers, Afterres2050 a mis en avant des questionnements récurrents ; fait émerger des controverses très passionnées.

Avec Christian Couturier, directeur du pôle Energie Solagro.

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Afterres2050, vu par la Fondation pour le Progrès pour l’Homme, fondation qui a soutenu Solagro dans ce travail.

(…)Face à la crise sociale et environnementale planétaire, la recherche d’indicateurs et la modélisation sont devenus des outils indispensables pour des politiques publiques. Les modélisations sont parfois même le support des négociations (…).

C’est un moyen aussi de dépasser les grandes déclarations d’intention qui ne mangent pas de pain – qui peut-être contre le développement durable ? – pour mettre le doigt sur les éléments du réel.

Le scénario Afterres2050 comble, de ce point de vue, un vide béant. Cela fait plus de vingt ans maintenant que l’on parle d’agriculture durable en confrontant des expériences locales – une ferme – et des enjeux globaux – le marché mondial des céréales ou du pétrole – mais sans jamais se représenter l’échelon intermédiaire et essentiel en terme de politiques publiques : le territoire, qu’il soit régional, national ou européen.

On parlait donc beaucoup mais sans jamais préciser de quoi. On faisait des politiques sur des intuitions et des intérêts mais pas sur une représentation de l’objet réel à gérer. Afterres2050 est bien sûr inexact et incomplet comme le sont TOUS les modèles. D’un modèle, on attend d’ailleurs qu’il soit fécond plutôt que vrai. Mais Afterres2050 est pour l’instant le seul modèle en son genre. Il peut se décliner selon les échelles de territoire.

Alors qu’on s’y intéresse et, si l’on trouve à y redire, qu’on le dise et… qu’on fasse mieux !

Matthieu Calame, Directeur de la FPH