Contribution d’EELV Limousin à la consultation SRCAE régionale.

EELV Limousin se félicite de la prise de conscience du changement climatique et de ses effets,
prise de conscience qui apparaît au travers du SRCAE, même si ce document répond à une
obligation institutionnelle. L’implication de nombreux acteurs dans l’élaboration de ce schéma
montre que les convictions et les idées progressent enfin de façon significative.
Les Verts, puis EELV, dans la continuité des valeurs de l’écologie politique, ont depuis fort
longtemps alerté sur les crises que les modifications climatiques engendrent et engendreront sur les
plans économiques, sociaux, environnementaux, sociétaux et géopolitiques.
EELV se réjouit également que ses préconisations dans plusieurs domaines soient enfin entendues,
et que les collectivités, en premier lieu les conseils régionaux, soient prêtes à les mettre en oeuvre,
que ce soit dans les domaines de la réduction de la consommation d’énergie, de la réduction des
GES ou de l’augmentation de la part des énergies renouvelables.
Concernant le SRCAE Limousin mis à consultation, le rapport présenté apparaît bien structuré et de
lecture fort accessible. Sur les objectifs généraux, EELV regrette cependant le manque d’ambition
sur la réduction des émissions de GES, qui, vu l’urgence extrême de la situation, ne peut être
simplement compensée par une ambition plus forte sur les deux autres points (consommation
d’énergie et énergies renouvelables).
Si les préconisations du SRCAE présentent les pistes nécessaires à la décarbonation de l’agriculture
voulue par l’union européenne, le point clef reste, à l’opposé de la formulation du document, la
diversification des productions limousines. Trop dépendantes des marchés mondiaux à la fois sur les
prix des productions (essentiellement bovins et ovins) et sur les prix des aliments importés, en
particulier des céréales, l’agriculture limousine se trouve en déficit majeur pour les productions
végétales. Si des dispositifs tendent à améliorer cette situation, tel que le dispositif régional d’aide à
la diversification (DIVA), ses effets restent limités et nécessiteraient des leviers plus efficients: une
gestion déterministe du foncier, la généralisation des appels d’offre locaux, un accompagnement
volontaire de la coopération verticale sur les exploitations, la généralisation des productions
conjointes tels que l’arboriculture associée aux élevages plein champs, la production végétale, et la
rotation des prairies avec des productions fixatrices d’azote organique telles que les légumineuses,
ainsi que des productions plus à même de tendre vers l’autonomie protéinique. La mise en oeuvre
d’une telle politique volontariste en faveur de l’équilibre agro-sylvo-pastoral diminuerait de manière
notable la sur-production de gaz à effets de serre, tout en répondant à la baisse constante des
revenus agricoles, et en assurant la durabilité de nos territoires par la présence accrue d’acteurs
agricoles. Ces préconisations sont reprises en partie dans le plan régional agriculture durable, ou des
préconisations législatives ont été transmises aux ministères concernés, telles que la plus grande
prise en compte de la qualité des eaux, la liberté rendue pour les semences fermières, et la nécessité
de la « fertilité des sols » au dépend de la fertilisation.
Le diagnostic relatif au bâtiment montre bien le fort potentiel d’économie d’énergie et de GES de la
rénovation des logements anciens. Il analyse en particulier les divers freins qui font obstacle aux
travaux de réhabilitation des bâtiments et les enjeux qu’ils constituent : mauvaise qualité thermique
de la majorité du parc existant, hausse du coût des énergies et de la précarité énergétique, respect de
la valeur patrimoniale d’une partie du bâti ancien, etc.
Par contre l’enjeu que représente la construction neuve pourrait être mieux mis en évidence (page
24) : on peut estimer qu’en 2050 le tiers des logements qui existeront auront été construits pendant
ce temps. Les améliorations successives obtenues de l’efficacité énergétique, de l’expérience acquise
des professionnels – en particulier sur la performance passive, le choix écologique de matériaux,
la ventilation et la qualité de l’air intérieur – seront à terme un atout important pour freiner le
changement climatique en cours. Leur nombre croissant en Limousin serait un atout afin de stimuler
la sensibilisation du public à la sobriété et à l’efficacité énergétique que favorisent ces logements.
De ce point de vue, le document d’orientations du SRCAE pour le bâtiment nous parait insuffisant.
Il se limite à demander, page 116, «une vigilance particulière (de) la construction neuve pour garantir
dès aujourd’hui un niveau de qualité environnemental satisfaisant», sans préciser d’objectifs
chiffrés ni d’indicateurs de suivi. Cette absence ne permettrait pas aux professionnels et au public
d’anticiper, dès maintenant, les évolutions, par exemple sur les constructions passives et la diffusion
des retours d’expérience. La fiche BATI-A-4 pourrait être améliorée dans ce sens, afin de souligner
les apports positifs de l’expérience acquise dans d’autres régions d’Europe (Vorarlberg, Belgique,
etc.) sur les technologies passives et l’expérience pratique acquise au cours de ces réalisations.
Concernant les transports, l’évolution des pratiques de mobilité devrait également considérer les
atouts que peuvent représenter les tracés et installations de réseaux ferroviaires existants mais sousutilisés,
voire abandonnés au profit du développement routier. Cette orientation devrait être considérée
en zone urbaine dense, pour la Sous-orientation TRANSP-A.2, parmi les solutions innovantes
qui méritent d’être explorées. La mention faite dans le SRCAE de la LGV Limoges-Poitiers est surprenante
sur le plan de la cohérence, car en contradiction avec plusieurs orientations du même documents,
comme la biodiversité ou la nécessaire limitation de la consommation d’espaces naturels et
agricoles. Par ailleurs, l’absence d’une politique volontariste en vue de développer la fibre optique
dans toute la région, afin de permettre un accès le plus large possible au très haut débit, nous paraît
préjudiciable. En effet, il nous semble plus pertinent de permettre une meilleure circulation des informations
par le biais des nouvelles technologies que de continuer à développer le transport des
personnes porteuses des mêmes informations !
Dans le domaine des énergies renouvelables, la progression envisagée est tout à fait intéressante.
Concernant l’éolien, la Région dispose d’une forte marge de progrès et les intentions affichées vont
dans le bon sens, à notre avis. La mise en oeuvre nécessitera cependant, outre les moyens
correspondant évidemment, la mise en place de gouvernances territoriales permettant de faire
preuve d’une grande pédagogie en direction des habitants, en les impliquant dans les projets et en
répondant à leurs éventuelles interrogations, en procédant à des visites de sites, afin de limiter au
maximum les réactions d’opposition et de rejet qui ont pu bloquer certains projets par le passé.
Pour le photovoltaïque, la volonté de prioriser les installations en toiture ou sur des espaces déjà
artificialisés est une préconisation allant dans le bon sens, les terres à vocation agricoles et/ou
forestières, ainsi que les espaces naturels devant être préservées. Il serait bon dans l’application de
cette orientation, de prévoir l’incitation à l’utilisation de panneaux de fabrication française ou
européenne, au fur et à mesure du développement de cette filière industrielle en Europe, ceci afin de
limiter également les GES par le biais des importations. L’utilisation du bois-énergie va
effectivement de pair avec une action sur la gestion durable des forêts, faute de quoi, cette ressource
bien présente sur notre territoire, pourrait devenir victime de son succès. Cette filière est également
source d’emplois non délocalisables. Le développement de réseaux de chaleur, avec donc
installation collective,devrait être privilégié dans tout habitat groupé même à l’échelle d’un
« village », ce qui augmenterait l’efficience globale du dispositif. Pour l’hydroélectricité, une grande
prudence semble nécessaire afin de trouver un équilibre permettant de préserver la qualité de l’eau.
S’orienter vers l’optimisation et l’amélioration des équipements existants, avec en particulier les
ouvrages nécessaires à la continuité écologique, plutôt qu’envisager de nouveaux ouvrages, semble
effectivement le plus cohérent. Sur la méthanisation, il est souhaitable, à notre avis, qu’elle soit bien
issue uniquement de déchets végétaux et non de cultures dédiées, ce qui entrerait en contradiction
avec la nécessité de réserver les terres agricoles à leur destination première qui est l’alimentation
humaine.
De nombreuses pistes intéressantes sont abordées dans ce projet de Schéma Régional Climat-Air-
Energie. La situation nécessiterait sur plusieurs volets des objectifs plus ambitieux et chiffrés, afin
que ce SRCAE puisse être un outil complètement efficace face aux enjeux auxquels nous sommes
confrontés et certaines orientations mériteraient d’être davantage précisées. Mais il va dans la bonne
direction et devrait permettre, avec l’intégration de compléments issus de la consultation en cours
tels que ceux que nous proposons ici, d’aborder les étapes opérationnelles à venir de façon positive.

Lien pour retrouver le SRCAE Limousin :

http://www.limousin.developpement-durable.gouv.fr/schema-regional-climat-air-energie-r355.html

http://www.region-limousin.fr/SRCAE-Schema-regional-climat-air

http://www.region-limousin.fr/SRCAE-Consultation-publique

 

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