Communiqué Europe écologie Limousin sur le financement de la LGV

Les collectivités territoriales du Limousin, les agglomérations de Limoges et Brive la Gaillarde, les
départements de Corrèze et de Haute Vienne, vont avoir à décider de leur participation financière au
projet de ligne grande vitesse Tours Bordeaux, à hauteur de 0,89% du total du coût.

Il s’agirait du droit d’entrée du Limousin dans le Grand Projet Sud Ouest (GPSO) et donc du
raccordement sur ce GPSO par le barreau LGV Poitiers Limoges.

Il s’agit en fait d’un chèque en blanc, qui cache un chèque sans provision.

Nous n’avons aucune garantie sur le montant du coût de cette LGV, coût qui ne cesse d’augmenter
d’année en année et à mesure de l’avancée des projets LGV. Aujourd’hui proposé à 12 millions du
km, sur la portion Poitiers Limoges, il a déjà subi une augmentation de 92% en 3 ans, pour une
proposition aujourd’hui à 22 millions du km sur la portion Tours Bordeaux.

Par ailleurs, la LGV PACA est proposée à 44 millions € du km à ce jour. Nous pouvons considérer
au vu de la spécificité du relief de notre région, de la nature granitique du sol, des zones humides,
des zones naturelles à traverser, des zones urbaines de Limoges et de Poitiers à traverser, de la
dispersion de l’habitat rural, et des impératifs environnementaux exigés par la nouvelle loi
d’orientation Grenelle 2 que le coût actuel de 1 500 millions € proposé par RFF est largement sous
évalué.

Nous pouvons considérer, au vu de l’augmentation naturelle du prix de l’énergie, et des matières
premières consécutive au phénomène de raréfaction, et donc d’augmentation du prix d’extraction, et
d’autre part de développement économique des pays émergeants que le prix réel de ce projet LGV
dépassera les 4 milliards €.

Or, les collectivités territoriales sont mises à contribution de financement à hauteur du tiers du coût
de l’ouvrage. La région Poitou-Charentes a confirmé son refus de participer au financement du
projet LGV Poitiers Limoges. Qu’en sera-t-il de la région Limousin ?

Nous constatons que :

· RFF n’a à ce jour pas fait la preuve de la pertinence socio économique et environnementale
de ce projet.
· Nous nous interrogeons sur les écarts de données des études de trafic produites par RFF en
moins de 4 ans (2,6 millions de voyageurs prévues sur la ligne existantes POLT en 2006 sur
713 km de desserte, aujourd’hui 2,8 millions de voyageurs prévues sur 200 km de desserte
entre Cahors et Limoges vers le Barreau)
· Les coûts proposées par RFF paraissent largement sous estimées (1,5 milliards€ au lieu de 4
milliards € possible et proposés par ailleurs)
· Les études environnementales sont bâclées, et n’offrent aucune garantie de qualité optimale.
RFF n’offre aucune garantie de compensation des impacts négatifs pour les riverains. · RFF
refuse toujours une étude comparative socio économique et environnementale entre le projet
Barreau et le projet de modernisation de la ligne POLT, et le leurre de la concertation.
· L’expérience prouve que l’arrivée de la Grande Vitesse engendre une augmentation du tarif
voyageurs de 29% à 92%.
· L’option retenu à voie unique Poitiers Limoges pose des problèmes de sécurité, et de
fiabilité des horaires. · Cette voie uniquement voyageurs pose des problèmes de rentabilité
de sa gestion.
· Nous n’avons aucune expérience des conséquences de la privatisation d’une ligne
ferroviaire.
· Nous ne savons pas par qui et comment sera financé le matériel roulant TGV assurant les 12
ou 13 AR prévus dans le cahier des charges.
· La SNCF ne s’engage pas à pouvoir assurer un temps de voyage entre Paris et Limoges
inférieur à 2h 20
· Des études universitaires effectuées sur les impacts de la grande vitesse ferroviaire
démontrent que la desserte par une ligne grande vitesse n’apporte aucun développement
socio économique et touristique sur les territoires desservis, et encore moins uniquement
traversés.
· Des études scientifiques effectuées en Suède démontrent que l’impact énergétique de la
grande vitesse ferroviaire n’est pas probant, et qu’il ne justifie pas l’énorme déficit
énergétique provoqué par les grands travaux nécessaires.
· Le trajet Limoges Poitiers à 320 km/h par Poitiers est 4 fois plus énergivore qu’en TEOZ par
Orléans.
· Des incertitudes qui pèsent sur la capacité des collectivités territoriales à honorer leurs dettes
sont considérablement amplifiées par la suppression de la Taxe Professionnelle et par la
modification en profondeur du mode de financement départemental. Les recettes du
département seront directement dépendantes de la santé financière de l’Etat et du respect de
ses engagements.
Et pourtant c’est ce contrat que l’Etat et RFF nous propose de signer.
Comment peut-on comprendre que notre département décide de creuser sa dette pour financer un
projet qui ne relève pas de sa compétence et alors que la ligne actuelle peut fort bien et rapidement être améliorée ?

Car aujourd’hui la diminution des emplois génère moins de rentrées fiscales et crée des besoins
sociaux et de solidarité exceptionnels. Il est nécessaire pour l’avenir économique de notre région de
déployer un grand plan fibre optique qui apporterait enfin les solutions de communications du futur,
qui permette le travail à distance, la diminution des déplacements, l’accès de tous à la connaissance
et à l’information, La modernisation du réseau ferroviaire actuel sans création de nouvelles lignes à
grande vitesse répondrait parfaitement aux besoins. Tout en assurant une meilleure desserte du
territoire cette solution permettrait de rentabiliser à la fois les investissements et les infrastructures
d’une façon durable.

Avec de tels investissements, nous savons et nous mesurons leurs intérêts socio économiques et
environnementaux. Les citoyens ne comprendraient pas que nous votions la validation d’un
protocole d’intention de financement sans disposer des éléments financiers essentiels à sa
compréhension et de surcroît sans connaître le cahier des charges de la concession.
Les représentants des partenaires au financement (Vinci) ont en effet signé une clause de
confidentialité qui interdit l’accès à ces informations, portant ainsi une grave atteinte à vos droits et
responsabilités d’élus !

Nous demandons, en ces temps difficiles, de pratiquer une gestion responsable et lucide. Les
citoyens qui nous ont désignés pour les représenter seront attentifs aux votes de leurs élus.

Nous, Rassemblement Europe Ecologie Limousin et ses élus ne donnerons pas notre caution à
une politique économique et d’aménagement du territoire irresponsable et dénonçons cette
politique de débauche financière vers laquelle nous conduit l’Etat français.

Benoit BRULIN Porte parole Europe écologie Limousin

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