Anne Vignot, adjointe EELV à la Ville de Besançon : la question de l’armement de la police municipale

Intervention au conseil municipal de Besançon du  19/01/2015

 

La question de l’armement de la police municipale

 

Aujourd’hui, lors de ce conseil municipal et après les attentas parisiens, la question de l’armement de la police municipale est posée par les uns et les autres.

Or, comme vient de le dire M. le maire, Jean-Louis Fousseret, s’il n’est aucunement tabou de parler de l’armement de la police municipale, pour autant, il ne faudrait pas escamoter les questions de fond qui s’imposent : il est essentiel de prendre en considération, en premier lieu, les facteurs à l’origine de l’expression de cette violence.

Je ne peux m’empêcher de penser que cette violence, inadmissible, trouve ses racines dans des injustices auxquelles la société n’a pas répondu, et jette les plus vulnérables dans un désordre intime, jusqu’à l’insoutenable. Les élus que nous sommes, à la hauteur de chacune de nos responsabilités, devront nous atteler à définir les moyens d’y palier.

Il est donc difficile de croire qu’aujourd’hui, les uns ou les autres, nous pourrions, vous pourriez dire la solution.

La réponse que nous devrons apporter sera conditionnée par une analyse sans déni et sans faiblesse mais établie hors du temps de l’émotion.

Lorsqu’il sera question de l’armement, la première des questions qu’il faudra se poser sera de savoir qui devrait être armé ?

La police nationale ?

Personne ne conteste jamais qu’elle puisse être en possession d’armes étant donné ses missions. D’ailleurs, les armes ont été calibrées, à travers le temps, pour répondre à des situations déterminées.

Par contre, le premier constat est qu’il est, dans tous les cas, nécessaire d’avoir des effectifs suffisants de la police nationale et donc des agents détenteurs d’une formation en adéquation avec les circonstances qui se présentent.

On ne peut que redire l’urgence d’avoir une police nationale en effectif suffisant, pour être efficace et efficient, sur nos territoires.

On ne peut continuer à nous imposer des territoires vides d’une présence nécessaire de représentants de la police nationale.

On ne peut que constater que rien ne pouvait justifier qu’une ville, comme Besançon voit ses effectifs réduits comme ils l’ont été. Les chiffres de délinquance, de trafics, d’agressions n’étaient pas particulièrement en baisse lorsqu’on nous a retiré de nombreux policiers de notre ville.

Et quand bien même la tranquillité s’installe sur un territoire, la police y joue un rôle majeur quant au rapport entre individus, quant au vivre ensemble, à la citoyenneté, au respect d’autrui… Car ces valeurs-ci sont des valeurs qui nécessitent un travail constant pour qu’elles s’appliquent.

La police municipale, quant à elle, est, avant tout, là, pour jouer un rôle de régulation, de garantie du respect des règles municipales. Elle constitue un échelon de dialogue complémentaire, mais radicalement différent à celui de la police nationale.

Nous ne pouvons transformer notre police municipale en police nationale de substitution, sinon nous serions sur une définition radicalement différente de son rôle, de son action actuelle.

L’équipement de cette police municipale doit donc répondre à ses missions, sinon nous risquerions de mettre en danger nos agents.

En outre, il faut rappeler que les personnels, qui subissent les agressions violentes, sont divers. Ils sont, ceux et celles qui représentent aux regards de certains individus une valeur symbolique forte et sont dans l’action sur la ville. Ils sont, à des degrés différents de risque, très nombreux : bien évidemment la police, les pompiers, les élus, les agents qui interviennent distinctement dans l’espace public comme les médiateurs, les agents de la voirie, ceux des espaces verts, mais aussi, ceux qui interviennent dans des espaces privés, comme les médecins, les assistantes sociales…

Comment protéger chacun d’eux.

Or, l’armement est une réponse qui intervient lorsque tout a échoué.

La question de l’armement interroge donc aujourd’hui sur la réalité de la puissance de l’autorité publique, sa légitimité à dire les limites non franchissables.

Personne dans cette salle du conseil n’imagine un seul instant que cette autorité pourrait être rétablie par la puissance de l’arme.

J’aurais aimé, qu’aujourd’hui, en premier, la question de la lutte contre la désespérance, le désoeuvrement, la dérive, l’extrémisme soit posée, en premier.

 

Anne Vignot

Adjointe au maire de Besançon

Transition énergétique, environnement, développement durable et cadre de vie

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