CP Lons-Jura Sud : Center Parcs, la société Pierre et Vacances en perte de vitesse financière
COMMUNIQUE DE PRESSE
Center Parcs : la société Pierre et Vacances en perte de vitesse financière
A l’heure où les collectivités locales, Région, Département, Communes, s’apprêtent à soutenir financièrement l’implantation d’un Center Parc à Poligny, c’est-à-dire utiliser l’argent des Francs-Comtois pour créer cette structure, EELV est allé chercher des informations, notamment sur la situation économique du groupe « Pierre et Vacances », initiateur du projet de ce Center Parc à Poligny et sur son mode de fonctionnement. Nous avons également étudié les incidences économiques sur les territoires déjà concernés par l’implantation d’un Center parc afin que nos élus puissent se positionner autrement que sur des promesses.
Tout d’abord, ça marche comment un « Pierre et Vacances » ?
La société construit, via des filiales (à chaque site, une filiale spécifique), des hébergements touristiques qui sont vendus sur plan. Vous voulez investir dans le tourisme : rien de plus simple, Pierre et Vacances s’occupe de tout : vous achetez un logement « clefs en mains », la société se charge de le louer et d’en assurer l’entretien minimum. Votre contrat est établi sur 9 ans pendant lesquels la société s’engage sur un montant de loyer, donc de revenu et ce montage vous permet de défiscaliser 11% de votre investissement. Bonne affaire ? Pas si sûr. Au bout de 9 ans, le bail est reconduit, mais… les conditions ont changé : baisse du loyer (en moyenne 30%). Ajoutés à cela, des travaux d’entretien sérieux, ceux d’usage dans les habitations fréquentées par de nombreux utilisateurs. L’investissement lucratif du début devient souvent une galère. Pierre et Vacances propose alors le rachat, mais… c’est la société qui fixe le prix : généralement le montant de l’acquisition (9 ans avant) avec un indice de vétusté. Pendant ce temps-là, les propriétaires de gîtes ruraux et autres locations saisonnières, les hôtels, bref tout ce qui fait vivre un pays à fort intérêt patrimonial, reçoivent de plein fouet la place prise par ce « bulldozer » de l’industrie touristique. Certains chiffres nous questionnent quand on sait que le groupe Pierre et Vacances cumule les activités de tourisme à celles de promotion immobilière. Coté en bourse depuis 1999, ses résultats s’effondrent depuis 2011. En juillet 2007, l’action valait 116€. Depuis, elle est en baisse régulière : entre 15 et 20 € en 2013, elle semble remonter légèrement : 30 € aujourd’hui.
Un business lucratif… mais sur le dos de qui ?
Malgré des pratiques peu respectueuses des pays et des personnes, Pierre et Vacances connaît des soucis financiers. Jugeons-en : le groupe accuse 27 millions € de déficit sur l’exercice 2011-2012, et 47 millions € sur celui de 2012-2013, soit 3,1% du chiffre d’affaires. La société n’a pas le choix : pour survivre, elle doit continuer à investir, construire toujours plus de résidences touristiques. Pour ce faire, elle fait miroiter la création d’emplois, 300 pour le site de Poligny. Ce miroir aux alouettes attire les collectivités locales dont les responsables voient dans cette affaire une réponse au problème social de l’emploi. Il est alors aisé pour Pierre et Vacances de poser ses conditions : le poisson est ferré, il suffit de l’amener doucement dans l’épuisette. Un Center Parc coûte en moyenne 100 à 150 millions €. La négociation porte sur le montant des subventions directes (la moyenne est à 20 millions € d’aides publiques locales par implantation), auxquels il convient d’ajouter les travaux d’aménagement (adduction d’eau, électricité, routes, assainissement estimés à 18 millions € pour Poligny) et les éventuelles exonérations ou abattements d’impôts locaux pour un certain nombre d’années…
Le choix du site, la loi du plus offrant ?
Les enquêteurs de Pierre et Vacances repèrent des sites susceptibles d’accueillir un Center Parc : à proximité d’une grande ville (2 heures de voiture maximum de Lyon et de Genève) et une forêt. Ensuite, ils en retiennent deux. En ce qui nous concerne, il s’agit de Le Rousset en Saône et Loire et Poligny dans le Jura. Et Les enchères commencent, et les collectivités locales (communes, département, région) se plient en 4 pour attirer l’investisseur… Nous sommes inquiets du manque total de transparence de ce dossier. Où en sont les études économiques ? A-t-on mesuré l’impact de cette implantation sur la fréquentation des locations saisonnières actuelles ? A-t-on pesé la plus value sur l’existant d’un tel aménagement ? Certes, les Polinois auront une belle piscine, paradis artificiel chauffé, mais à quel prix ? Verront-ils la circulation en ville tripler ou quadrupler de volume (on imagine le train des voitures se rendant à Plasne) alors que cette nuisance est déjà quasiment insupportable ? A-t-on mesuré l’impact sur les commerces ? Il suffit de consulter la publicité des Center Parcs pour se rendre compte que tout est prévu sur place : commerces et activités. Quel bénéfice alors pour les commerces locaux implantés à Poligny ? Il n’est pas certain qu’ils soient gagnants. Mais peut-être une étude sérieuse a-t-elle été faite qui les rassurerait ? Bien des questions qui sont jusqu’à ce jour sans réponse. Les responsables politiques vont-ils lever le voile et informer avec transparence la population sur ce qui les attend ? Les impôts locaux des Polinois et des Jurassiens participeront-ils au relèvement du déficit du groupe Pierre et Vacances ? Et si oui, qu’est-ce que cela leur rapportera ? La question pourrait être posée autrement ; qu’est-ce qui est préférable : acheter des actions Pierre et Vacances au risque de voir son capital fondre, ou soutenir le projet Center Parc à Poligny par le biais de ses impôts locaux pour les voir augmenter ?
Véronique Guislain, porte-parole EELV Lons-le-Saunier