VIA : la signification
« Rhétorique de l’image » (1964). Roland Barthes
« La sémiologie de l’image (parfois encore nommée iconologie : de Eikonos = image) est cette science récente qui se donne pour objectif d’étudier ce que disent les signes (si ils disent quelque chose) et comment (selon quelles lois) ils le disent »
LE SIGLE Le sigle VIA est formé par les lettres initiales de trois verbes :
Vouloir, Imaginer, Agir.
Ces trois verbes décrivent le processus qui mène à l’action :
il faut d’abord que le désir, le besoin, se transforme en volonté, puis que cette volonté s’applique à un projet que l’on imagine, et enfin que la chose imaginée soit mise en œuvre par l’action.
Ces 3 lettres V.I.A. forment un sigle, et un sigle n’a de sens que si l’on complète chaque initiale par le mot complet. Par exemple : SNCM. Mais il se trouve que, dans le cas de VIA, elles ont aussi un sens propre car elles forment un mot : VIA, et se transforment en acronyme. Et que ce mot a le double sens de "voie", dans une langue corse littéraire que les poètes du chjama e rispondi utilisent fréquemment, et de "dégage , « vas-t-en ».
C'est parce qu’il faut jouer sur cette double signification qu'il ne faut pas l'écrire comme un mot, en cursives liées, mais en lettres capitales détachées: VIA. Ce qui a l'avantage, sur le plan du sens visuel des signes, de commencer par un signe descendant (V: la situation), d'être suivi par une ligne de démarcation (I: le passage de l'élection) et de se conclure par un signe ascendant (A: le projet). Ceci, bien sur, si l'on considère le V et le A comme des pointes de flèches!
Les lettres du sigle sont nées d’un geste dynamique dont la forme porte la trace, tout en gardant la douceur du pinceau.
L’AFFICHE
Les couleurs : le fond est jaune : c’est la couleur fondamentale la plus lumineuse, et qui est considérée par le théoricien de la couleur Benjamin Itten comme la couleur de la pensée.
Des 3 lettres de VIA, une est verte, l’autre est rouge. Le sens de ces deux couleurs n’échappera à personne. La troisième est noire, comme les personnages avec lesquels elle est donc en lien chromatique : c’est à eux d’imaginer l’avenir.
Les personnages sont noirs, traités comme des contre-jours, se détachant fortement du fond avec une forte présence, et ils portent en eux le message en blanc, pour une lisibilité maximale.
Les personnages : les affiches électorales sont en général un épouvantable trombinoscope, où chacun essaye de faire bonne figure devant l’objectif d’un photographe pressé par le temps. Passe encore pour une élection individuelle ou en duo, mais 51 tronches : impossible ! Donc, la solution de la silhouette laisse toute la place à l’identification par celui qui regarde, ce que confirme le texte : l’avenne si tù.